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6 février 1934

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6 février 1934 Empty 6 février 1934

Message  ivo Lun 15 Nov - 21:02

Crise du 6 février 1934
La date du 6 février 1934 fait référence à une manifestation antiparlementaire organisée à Paris par des groupes de droite et les ligues d’extrême droite et qui tourne à l'émeute sur la place de la Concorde.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_du_6_février_1934
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6 février 1934 Empty Re: 6 février 1934

Message  alangaja Lun 15 Nov - 23:09

Drieu la Rochelle, écrivain faf s'il en est, affirme qu'il n'y avait pas exclusivement des gens de son camp mais aussi des ouvriers, du populo.
faut voir ce que les historiens on trouvé.
alangaja
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http://www.freewebs.com/alangaja/fascisme2.html

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6 février 1934 Empty Re: 6 février 1934

Message  ivo Jeu 6 Fév - 12:36

6 février 1934 617594-sur-la-place-de-la-concorde-le-6-fevrier-1934

Le 6 février 1934, «un mythe fondateur» de l'extrême droite
http://www.liberation.fr/politiques/2014/02/06/le-6-fevrier-1934-un-mythe-fondateur-de-l-extreme-droite_978118?xtor=rss-450
Il y a quatre-vingts ans, des émeutes impliquant les ligues nationalistes éclataient à quelques pas de l'Assemblée nationale. L'historien Olivier Dard revient sur ces événements et leur postérité.

L'évènement est emblématique d'une époque, les années 1930, que certains comparent à la nôtre. Il y a quatre-vingt ans jour pour jour, le 6 février 1934, des manifestations emmenées par les ligues nationalistes dégénéraient en émeutes à quelques pas de l'Assemblée nationale. Celles-ci faisaient quinze morts, et laissaient croire à une tentative de coup d'Etat de la part de l'extrême-droite. Etait-ce le cas ? Quelles furent les conséquences du 6 février, et quelle place occupe-t-il aujourd'hui dans l'imaginaire droitier ? Les réponses d'Olivier Dard, professeur à la Sorbonne, auteur de Charles Maurras (Armand Colin, 2013) et de Les années trente - Le choix impossible (Le Livre de poche, 1999).

Que s’est-il passé au juste le 6 février 1934 ?

Pour le comprendre, il faut commencer quelques jours plus tôt. Eclaboussé par le scandale Stavisky [la mort douteuse d’un escroc lié à plusieurs parlementaires, ndlr], le gouvernement Chautemps a démissionné le 28 janvier. Le 6 février est la date à laquelle le nouveau gouvernement, présidé par Edouard Daladier, doit être présenté à l’Assemblée. Or, avant cette échéance, Daladier a limogé le préfet de police Jean Chiappe, réputé proche des ligues d’extrême-droite, ce qui provoque la fureur de celles-ci et leurs appels à manifester. On a donc une conjonction d’éléments qui provoquent les évènements du 6 février.

Contrairement à ce qu’ont pensé les contemporains de gauche, il ne s’agissait pas d’un coup d’Etat fasciste. Mais ce ne fut pas non plus une simple manifestation. D’ailleurs, au départ, il y a plusieurs cortèges : les mouvements participants ont donné des lieux de rendez-vous différents à leurs membres. Une partie d’entre eux se sont regroupés rive droite, d’autres rive gauche, avant de converger sur la place de la Concorde. On voit affluer des gens ayant répondu l’appel des ligues, mais aussi de simples curieux. Et bientôt les cortèges refoulés de la rive droite. Puis, des arbres sont arrachés, des bus incendiés, des grilles de fonte descellées. La manifestation tourne à l’émeute.

A cause du changement de tête à la préfecture de police, les forces de l’ordre sont désorganisées, et vite dépassées par les évènements. Au matin, le bilan est de 14 morts chez les manifestants – 18 si l’on compte les blessures fatales. On relève sur les victimes des blessures par balles, par coups de matraques, mais aussi des traces de sabots et de sabres. Du côté des forces de l’ordre, on compte un mort et des blessures suite à des jets de projectiles.

Qui sont les émeutiers ?

Il s’agit de ligues nationalistes, aux profils assez divers. L’Action Française est en pointe : depuis janvier, cette ligue monarchiste mobilise régulièrement ses adhérents étudiants. Il y a aussi les Jeunesses patriotes de Pierre Taittinger, la Solidarité française, et surtout les Croix de Feu du colonel de La Rocque, qui font bande à part. On trouve également les anciens combattants de l’UNC, classés à droite, et ceux de l’ARAC, proche des communistes – ces derniers préfèreront faire le coup de poing sur les Champs-Elysées. Ces organisations seront elles-mêmes débordées par la violence de l’émeute, qui exprime l’indignation de leurs membres vis-à-vis de la République parlementaire.

Quelles ont été les conséquences politiques de ces émeutes ?

La gauche défile les 9 et 12 février, ce qui crée un sentiment d’unité à la base. Toutefois, la naissance du Front populaire doit surtout à la nouvelle stratégie de Staline, qui, face à la menace allemande, demande désormais aux partis communistes de s’unir avec les sociaux-démocrates. Du côté de l’extrême-droite, deux discours s’opposent. Pour la plupart des dirigeants, il aurait été impossible de prendre le pouvoir : même si les manifestants avaient envahi l’Assemblée, qu’auraient-ils fait ?

Chez une partie des militants, ce discours provoque une prise de distance avec les ligues. On les retrouvera parmi les fascistes français, par exemple au Parti populaire français de Jacques Doriot. Enfin, le colonel de La Rocque choisira, lui, de créer un Parti social français : celui-ci deviendra un vrai parti de masse, avec de 800 000 à 1 million de membres avant la guerre. Quant aux ligues, elles ont été interdites en 1936 : pour elles, le 6 février 1934 était donc une queue de comète.

En janvier 2011, Bruno Gollnisch, alors vice-président du FN, a rendu hommage aux «morts du 6 février 1934». Quelle est la place de cet évènement dans la mémoire de l’extrême droite ?

Pour la génération de Gollnisch, c’est toujours un mythe fondateur. D’autant que le 6 février 1945 correspond à l’exécution de l’écrivain collaborationniste Robert Brasillach, et le 6 février 1956 à la «journée des tomates» d’Alger, où le Président du conseil, Guy Mollet, fut chahuté par les partisans de l’Algérie française. Jusqu’aux débuts du FN, en 1972, le souvenir du 6 février est très présent. Jean-Marie Le Pen est d’ailleurs un héritier des ligues, que le pouvoir n’intéresse pas plus que ça. Cela dit, il a toujours préféré les urnes à la rue. Pour sa fille, en revanche, le 6 février 1934 n’a sûrement pas la même importance.

La comparaison entre les années 1930 et notre époque vous semble-t-elle justifiée ?

Pas vraiment, car la France a considérablement changé. A l’époque, c’était un pays rural, ne connaissant pas le chômage de masse et vivant sous la menace d’une guerre avec l’Allemagne. Il y a cependant deux points communs entre les deux époques : un malaise profond de la société et la crise de l’identité nationale. Dans les années 1930, les élites avaient les solutions en main, mais hésitaient à les prendre. Quant aux discours politiques, ils ressemblaient souvent à des rodomontades. On peut avoir la même impression aujourd’hui.

Et le parallèle entre les ligues et la manifestation «Jour de colère», agglomération de mouvements radicaux opposés au «système» ?

Pourquoi pas : c’est le même ras-le-bol qui est exprimé. La différence, c’est qu’un mouvement comme l’Action française avait un socle doctrinal beaucoup plus élaboré. L’hymne de l’Action française disait : «Si tu veux sauver la France, pense clair et marche droit.» Il faut donc commencer par penser clair... Je doute de toute façon que l’on puisse revoir un 6 février, ne serait-ce que parce que les forces de police ont considérablement amélioré leurs procédés.


A LIRE aussi l'interview de l'historienne Danielle Tartakowsky, «C'est une France maurassienne, même sans le savoir»
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Message  ivo Ven 7 Fév - 10:59

6 février 1934 N0404909_jpeg_1_1em

Dites, vous n’auriez pas besoin d’une petite révision sur le 6 février 1934 ?
http://rue89.nouvelobs.com/2014/02/06/dites-nauriez-besoin-dune-petite-revision-6-fevrier-1934-249703
Que se passe-t-il vraiment le 6 février 1934 ? Est-ce un coup d’État fasciste ?

Olivier Dard : Le 6 février 1934 n’est nullement un coup d’Etat fasciste. Serge Berstein l’avait montré il y a près de 40 ans. C’est une émeute, très violemment réprimée (quatorze morts chez les civils – dix-huit en comptant les décès consécutifs aux blessures – contre un chez les forces de l’ordre, et des centaines de blessés).

Le déroulement de ce qu’on appelle le 6 février doit être rappelé car au cours de cette soirée et nuit, où les manifestants ont d’abord tenté de se diriger sur le Parlement, les théâtres d’opérations sont multiples.

Il y a bien sûr la rue parisienne, mais la situation y est très diverse entre la rive droite où les différentes manifestations des ligues (de l’Action française aux Croix-de-Feu) ont été contrôlées par des forces de l’ordre dont les barrages ont tenu.

Il en va très différemment à la Concorde, où le dispositif policier est beaucoup plus léger et où à partir de seize heures se rassemblent des manifestants aux profils bigarrés (y compris de simples curieux) rejoints tout au long de la soirée par des manifestants, en particulier par ceux qui ont reflué de la rive droite.

Comment expliquer ce grand dégoût de la IIIe République, pourtant solide et sortie victorieuse de la Première Guerre mondiale ?

Les raisons en sont variées, mais la chronologie doit d’abord être précisée. Les élections législatives de 1932 ont été remportées par le « néo-cartel » radical et socialiste, et cette victoire peut s’interpréter comme celle de la République parlementaire contre les projets de réforme de l’État (portés par André Tardieu) qui entendaient renforcer le pouvoir exécutif et promouvoir une modernisation conservatrice.

Dix-huit mois après cette victoire des gauches, la situation semble enlisée tant au plan économique qu’institutionnel ou diplomatique, en dépit de l’arrivée d’Hitler au pouvoir. La crise économique et sociale de 1929 touche durement la France en 1932. Le « modèle » auquel votre question fait allusion peine à s’adapter aux enjeux du temps, malgré un bouillonnement politico-intellectuel impulsé par les relèves des années 30.

S’ajoute à cela l’affaire Stavisky qui de scandale financier devient un scandale politique après le suicide de « monsieur Alexandre » le 8 janvier 1934 (suicide auquel personne ne croit – à tort – même à gauche). La presse nationaliste – à commencer par l’Action française dont les dirigeants sont des spécialistes des campagnes de presse – s’emparent du dossier qui devient un véritable feuilleton à rebondissements, où nombre de dirigeants radicaux, dont le président du conseil, Camille Chautemps, sont mis en cause.

L’affaire est aussi une occasion idéale pour attaquer un régime honni en principe ou dans son fonctionnement. La République parlementaire est associée à la corruption et à l’impuissance. La rue est donc sollicitée, ce qui explique que chaque jour ou presque, à partir du 9 janvier, les principales ligues (Action Française en tête et Croix-de-Feu exceptées) mobilisent leurs militants en début de soirée.

L’Arac, qui est l’organisation des anciens combattants fondée par Henri Barbusse en 1917 et contrôlée par les communistes, participe à la manifestation. Pourquoi ?

Les communistes ne prisent nullement la République parlementaire, même si leurs raisons sont différentes de celles des droites. Si le parti ne manifeste pas le 6, ès qualité, il est présent effectivement par le biais de l’Arac. Cette dernière appelle dans L’Humanité à « protester de la façon la plus énergique contre le régime du profit et du scandale en même temps que contre son mandataire, le gouvernement de M. Daladier, auteur de la révision des pensions ».

Rendez-vous est donc fixé à 20 heures au rond-point des Champs-Elysées. De fait, le commissaire spécial de Saint-Lazare a consigné la présence de 250 communistes arrivés de Puteaux, conspuant Chiappe, chantant L’Internationale et faisant le coup de poing avec la police deux heures durant.

Ajoutons encore que le 6 février au soir, à la Chambre des députés, si la charge est menée contre Daladier par les droites, en particulier Tardieu, Maurice Thorez n’est pas inactif dans l’hémicycle. En même temps qu’il s’accroche très violemment avec Tardieu, le député d’Ivry lance à l’occasion de son interpellation et à destination de Daladier et des siens : « Il faut les sortir ».

Quels sont les effets à long terme du 6 février sur les droites, dont vous suggérez l’importance dans votre livre « Les années 1930 » ?

Il s’agit de savoir de quelles droites on parle car les modérés de l’alliance sont très divisés, Flandin étant concentrationniste alors que Tardieu radicalise ses positions contre la République parlementaire. Disons que pour les « nationaux », le 6 février est une date importante à trois points de vue.

D’abord, parce que pour une partie des ligueurs, en particulier d’Action française, il signifie une frustration profonde. La distorsion entre le discours sur le coup de force et l’échec du passage à l’acte sont mal vécus par des militants, qui comprennent très vite que rien n’avait été préparé.

Ajoutons encore que ces militants regrettent de voir l’AF retourner à la routine. Ce constat n’est pas propre à la ligue monarchiste et c’est au sein de ces éléments les plus mobilisés des ligues que se développe un « fascisme français » que Lucien Rebatet, pourfendeur de « l’inaction française », a résumé d’une formule dans « Les Décombres » : « Que vienne enfin le temps de l’action. »

En second lieu, d’autres sensibilités « nationales » pensent que le gouvernement d’union nationale de Gaston Doumergue va enfin entreprendre la réforme de l’Etat tant espérée. On sait que ce dossier est la grande affaire de l’année 1934, mais le résultat n’est nullement à la hauteur des espérances. Le texte proposé par Doumergue est minimaliste, et le président du conseil se trouve mis en échec à la chambre par une coalition concentrationniste, dont émerge Flandin. Que ce dernier, en catimini, entame une réforme des pratiques gouvernementales en renforçant la présidence du conseil ne change rien au constat retenu par ces nationaux : le régime ne peut se réformer.

En dernier lieu, le 6 février est un moment clé dans la constitution d’une mémoire des droites nationalistes, et les « morts de février », chantés par Robert Brasillach dans ses « Poèmes de Fresnes », ont déjà été célébrés durant les années 30. Les « fascistes » des gauches sont des vaincus, des victimes et des martyrs de la « Gueuse » pour cette frange de l’opinion. [...]

La manifestation du « Jour de colère », dans laquelle certains journalistes spécialistes de l’extrême-droite ont perçu l’influence de l’Action Française, a révélé à la fois la force et les limites de la « plus extrême droite ». Quel a été le rôle de l’AF le 6 février 1934 ? Est-il en quoi que ce soit comparable à son rôle dans l’ultra-droite aujourd’hui ?

J’ai déjà évoqué l’Action française, mais vous avez raison d’insister sur son cas car c’est une forme de cas d’école. On connaît son rôle dans la mobilisation en janvier, mais l’appel à manifester paru dans l’Action française du 6 février est banal : il s’agit de se rassembler « devant la Chambre, au cri d’“A bas les voleurs !” pour signifier au ministère et à ses soutiens parlementaires qu’ils en ont assez du régime abject. »

L’AF donne rendez-vous classiquement à ses troupes vers l’Odéon et non place de la Concorde, où tout s’est joué et où nombre de militants se sont rendus ensuite par petits paquets. La suite est connue. J’ajouterai que c’est du côté de l’AF que se comptent le plus de morts : sept, dont trois des suites de blessures (deux pour les Jeunesses Patriotes et deux pour la Solidarité française).

Le lendemain, le choc est profond et Maurras, recherché, tonne dans l’Action française : « […] Ces pauvres gens nous échafaudent un complot. Complot ? Complot eux-mêmes ! […] Nous disions : À bas les voleurs ! Il nous faut dire : À bas les Assassins ! »

Je ne reviens pas sur l’inanité du complot que j’ai évoquée dans une récente biographie consacrée à Maurras. Il me paraît plus utile d’écouter les explications données en interne par Maurice Pujo qui souligne après coup, et à raison, la solidité du régime et l’absence de « conditions objectives » pour le renverser. Mais dans ce cas, pourquoi avoir poussé les feux…

En réalité, les Mémoires récemment parus du colonel de La Rocque (ennemi juré de l’AF), « Pourquoi je suis républicain » (qui s’ouvrent par un texte sur le 6 février écrit dix ans plus tard) donnent un tableau éclairant de la situation des ligues en répondant par la négative à la question de savoir si un coup d’État était possible le 6 février.

Le lieutenant-colonel met en avant son républicanisme mais aussi l’impréparation de son mouvement – tant sur le plan de ses cadres que de son implantation en province –. Bien entendu, c’est un plaidoyer pro domo et après coup, mais le constat d’impréparation des ligues qu’il dresse est juste.

Rapporté à l’AF, d’autres questions se posent :

la première est celle des buts et donc de ses alliances : l’AF est la seule à avoir comme objectif de renverser le régime républicain alors que pour les autres mouvements il s’agit de « réformer l’État » ;
par ailleurs, l’AF n’a en réserve ni un général Monk ni une base militante suffisante, notamment en province ;
en dernier lieu, la confrontation des engagements et des résultats est cruelle pour l’AF. Si elle a mené la campagne de presse et créé une dynamique contestataire, elle n’a pu déboucher sur le coup de force tant attendu.
Si on veut comparer les choses avec aujourd’hui, c’est délicat, mais surtout très différent car si certains groupements s’emploient à occuper la rue, ils n’ont pas la puissance militante ni surtout propagandiste de l’Action française dont Albert Thibaudet, sans avoir de sympathie maurrassienne, disait qu’il était un journal « admirablement fait ».

Ajoutons surtout la présence d’une formation, le Front national, qui privilégie les urnes sur la rue : le système partisan a en effet profondément changé du fait de la disparition des ligues.

Pensez-vous que la France soit aujourd’hui dans une situation analogue à celle du 6 février 1934 ?

Le parallèle est dressé fréquemment par la presse ou certains dirigeants politiques, comme encore le week-end dernier. Je ne commenterai pas les arrière-plans partisans de telles déclarations et me tiendrai au strict plan historique.

À l’évidence, il est très difficile de comparer le pays à 80 ans d’intervalle tant la situation a changé au plan géopolitique (la « puissance impériale » n’est plus, la menace de guerre franco-allemande et européenne est absente…), institutionnel (la 5e République n’est pas la IIIe), démographique, économique et social etc.

Ce que l’on observe cependant à travers ces références répétées, c’est l’image négative des années 30, associée à l’idée de déclin voire de décadence, de dérèglements. Elle s’est constituée très vite chez les contemporains et on peut constater que les travaux, plus mesurés, des historiens sur le sujet, n’ont guère changé une perception amplifiée par le syndrome de Munich, qui gagnerait à être étudié.

Je ne veux pas cependant me dérober à votre question et on peut sans doute voir au moins deux points communs :

le premier est un pessimisme profond, associé à l’idée de déclin voire de décadence, et qui résonne comme en écho entre les années 30 et aujourd’hui. Il y a bien une crise d’identité, même si elle est formulée différemment ;
j’y ajouterai, en m’excusant de me citer, la question du « choix impossible », sous-titre que j’ai donné il y a quinze ans à l’ouvrage que vous mentionnez. J’entendais signifier par là que les décideurs avaient une meilleure connaissance des enjeux et des mesures à prendre pour redresser le pays que la mémoire, très négative sur cette période, en avait retenu. Pourtant, un mélange de fatalisme et d’impuissance – qui n’excluait pas chez certains les rodomontades – régnait sur le pays et se traduisait par une crise de la décision. Je vous avoue qu’en observant l’actualité, je ne suis pas sans y penser.
liens sur la page.

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