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Message  spike Jeu 14 Avr - 12:08



Prostitution: l’Etat veut faire payer le client
DECRYPTAGE
Dans un rapport rendu hier, des députés proposent de créer un délit d’achat de service sexuel.

Par ALICE GÉRAUD Lyon, de notre correspondante, MICHEL HENRY, THOMAS PONTIROLI


La mission parlementaire d’information sur la prostitution a un but ambitieux : «En finir avec le mythe du "plus vieux métier du monde"». Car la prostitution est une «violence» subie, en majorité par des femmes. «Dès lors, la perspective des politiques publiques ne peut être que celle d’un monde sans prostitution», écrit la mission. Qui a aussi une méthode, proposée hier en rendant son rapport: pénaliser le client.

[Lire ici le rapport en intégralité, en pdf]

Pourquoi pénaliser ?

Gauche et droite s’accordent sur le diagnostic. Il faut «s’intéresser au client, longtemps passé sous silence mais acteur central de la prostitution». Objectif : «Lui faire prendre conscience des implications de ces actes.» Et donc, le pénaliser. En créant, par une loi, un délit sanctionnant le recours à la prostitution d’une peine de six mois de prison et de 3 000 euros d’amende. «La responsabilisation du client ne constitue que l’un des aspects d’une politique d’ensemble», précise la mission, qui souhaite un meilleur accompagnement social des prostituées, et une lutte contre la traite.

Pour Guy Geoffroy, rapporteur de la mission, «neuf prostituées sur dix sont exploitées». La prostitution est donc d’abord, pour le député UMP, une question de dignité humaine et d’inégalité hommes-femmes.

Selon la mission, la prostitution «ouvrirait des droits sur le corps d’autrui, notamment féminin, entérinant dans les esprits l’idée qu’il s’agit d’un produit disponible que tout homme peut légitimement s’approprier». La pénalisation corrigerait cette idée.

Et elle peut se révéler efficace, assure Guy Geoffroy : d’après une évaluation réalisée en 2010 en Suède, la prostitution de rue a diminué de moitié, passant de 800 à 400 personnes en dix ans, après la loi de 1999 pénalisant les clients. Mais il y a eu un possible report dans les pays voisins ou à bord de ferrys sur la Baltique. La pénalisation peut aussi être populaire : si seulement 30% des Suédois l’approuvaient en 1999, ils sont 75% aujourd’hui, selon Geoffroy.

En France, un homme sur huit a déjà eu recours à une prestation sexuelle tarifée, selon le Nid (association de réinsertion des victimes de la prostitution). 18 000 à 20 000 personnes se prostituent dans l’Hexagone, dont près de 80% de femmes. Selon une étude du Nid en 2004, 37% des clients vivent en couple, 50% sont pères de famille.

Les clients iront-ils vraiment en prison ?

«Le but d’un tel délit ne serait pas, bien entendu, d’emprisonner tous les clients», indique la mission. En Suède, sur 650 clients punis depuis 1999, aucune peine de prison ferme n’a été prononcée, uniquement des amendes. Le but est plutôt «d’indiquer aux clients quelles sont les conséquences potentielles de leur acte». La première infraction ne donnerait lieu qu’à un rappel à la loi. La mission préconise une entrée en vigueur «différée» de la nouvelle infraction : pendant six mois après la promulgation de la loi, on se limiterait à faire de la «sensibilisation» auprès des clients.

Autre mesure proposée, en complément : prescrire au client de «fréquenter une structure par exemple associative, l’informant sur la réalité de la prostitution». Ce serait une «obligation de soin» comme celles qu’on inflige aux toxicomanes. On rencontre ce genre de structures aux Etats-Unis et au Canada sous le terme d’«écoles de clients». Petit hic, que Claude Guéant, le ministre de l’Intérieur, rappelait la semaine dernière : pénaliser les clients pose un problème de droit. «Il est difficile de faire de la pratique du client un délit puisque la pratique de la prostitution n’est, elle, pas un délit.»

Les prostituées seront- elles mieux protégées ?

Pour les associations et syndicats de défense des droits des prostituées, très majoritairement opposés, la pénalisation est une mesure «liberticide». Elles relèvent que les parlementaires de la mission, présidée par la socialiste Danièle Bousquet, confondent trop souvent prostitution et exploitation. Or, selon Tiphaine Besnard, du Strass (syndicat des travailleurs du sexe), «90% des prostituées le sont par choix». Selon lui, seule «la légalisation de la prostitution permettrait de mieux déceler l’exploitation et de lutter contre».

Les associations sont surtout inquiètes des risques de précarisation (lire ci-dessous) : avec un client devenu délinquant, les prostituées n’auront plus le temps de le choisir, elles devront s’isoler. «La pénalisation des clients risque de baisser leur nombre et d’amoindrir les revenus des prostituées. Celles-ci craignent une augmentation du non-paiement des passes, donc des viols, accompagnés d’actes violents», explique Tiphaine Bernard. Sans compter les «conséquences sanitaires»: Act-up craint un recul dans l’utilisation des préservatifs.

«Il y a aussi derrière ce projet une vraie injustice sociale, ajoute Karen, porte-parole des prostituées lyonnaises. Cette mesure ne touchera pas la prostitution de luxe. Mais les petites prostituées et leurs petits clients.» Il y a quelques semaines, Sarah-Marie Maffesoli, du collectif Droit et prostitution, concluait ainsi les assises nationales de la prostitution à Lyon : «Pénaliser le client est un moyen détourné pour prohiber la prostitution. Cela pose la question de la liberté sexuelle de chacun. C’est une loi symbolique, portée par des féministes d’arrière-garde.»

http://www.liberation.fr/societe/01012331616-prostitution-l-etat-veut-faire-payer-le-client

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Message  Chabane's rds Jeu 14 Avr - 12:41

***avis perso n'engageant pas le collectif CR*** (comme tout ce que je poste ici hors contenu officiel du label)

flicage et ordre moral, c'est tout.
si la prostitution est actuellement pour une bonne partie (mais pas tout) un facteur d'oppression et d'exploitation, c'est en énorme part à cause de la répression et de l'hypocrisie. les lois répressives n'ont fait qu'empirer la condition des prostitué-e-s et favoriser l'esclavage et les criminels. c'est un cadeau de l'état aux autres maffias, exactement comme le traffic des produits dit "stupéfiants". il y a une politique systématique de maximisation des risques (qui s'observe même dans le domaine du tabac : les formes de consommation quasi-inoffensives , comme le SNUS sont illégales).
comme ça, une fois la situation bien pourrie, on peut dire la bouche en coeur : "vous voyez bien que c'était dangereux / condamnable !". "eux", ils savent, et le peuple est trop con, comme d'habitude.
c'est du judéo-christianisme bourgeois hygiéniste oppressif en action, rien de plus. et c'est cette vision qui est responsable des nombreux abus et problèmes qui servent ensuite à justifier encore et toujours plus de répression.

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Message  spike Jeu 14 Avr - 16:02



PROSTITUTION - Dans son rapport rendu hier, la mission d’information parlementaire sur la prostitution, préconise de pénaliser le fait d’avoir recours aux services d’un ou d’une prostitué(e)s. Pour la député socialiste Danièle Bousquet, qui a présidée les travaux de cette mission, la pénalisation, inspiré du modèle suédois, repose sur une équation simple : «s’il n’y a plus de demande, il n’y a plus de prostitution». L’objectif est lui aussi clair : «diminuer la prostitution en France».
Sur le sujet de la prostitution, droite et gauche n’ont pas toujours eu, de loin, la même approche. L’UMP, qui a repris le dossier en main à l’arrivée de Nicolas Sarkozy au ministère de l’intérieur, a développé une attaque délibérément répressive. A l’exemple de la loi de 2003 qui, en sanctionnant le racolage passif, faisait de la question de la prostitution une question de sécurité publique, et de la prostituée une délinquante potentielle. Quand le PS, toujours opposé à la loi sur le racolage, plaidait au contraire pour une plus grande protection des prostituées, en mettant en exergue leur statut de victime. Entretien avec Najat Vallaud-Belkacem, adjointe PS au maire de Lyon, conseillère générale du Rhône et sécrétaire nationale du PS en charge des questions de société.

Quelle est aujourd'hui la position du PS sur la question de la prostitution ?

Il y a aujourd'hui, me semble-t-il, un vrai consensus au sein du PS sur le thème suivant : si certaines prostituées font librement le choix de faire commerce de leurs charmes, néanmoins dans l'écrasante majorité des cas, il s'agit de femmes contraintes et forcées et ça, c'est insupportable à nos consciences. C'est d'abord sous l'angle de ces femmes qu'il faut envisager la question de la prostitution. La priorité des pouvoirs publics doit donc être la protection des prostituées. La lutte contre la traite des femmes et le proxénétisme doit de ce point de vue être implacable. Je serais pour ma part favorable a une option abolitionniste (et c'est ce vers quoi le projet du PS - cf convention égalité - tend en réalité) dès lors qu'elle vise à mettre fin a une pratique, en s'intéressant aux dimensions sanitaires et sociales du problème, et pas seulement à réprimer pour des raisons d'ordre public, ce qui ne fait que déplacer le problème.

Pour quelles raisons faut-il pénaliser les clients ?

La loi pour la sécurité intérieure de 2003 qui pénalise le racolage a signifié une pénalisation des prostituées et conduit, selon les témoignages convergents des associations, les prostituées à modifier leurs pratiques, à se déplacer, rendant la prévention plus difficile. C'était une erreur de pénaliser les prostituées. La prostituée n'est pas une coupable, c'est d'abord et avant tout une victime. Dans ce dispositif, la question du client n'avait pas été posée. Or, le client n'est pas exempt de responsabilité.
Il était donc grandement temps qu'on mène enfin ce debat sur le "client prostitueur" et sa pénalisation et je salue de ce point de vue les conclusions de la mission présidée par Danielle Bousquet. Je veux croire que la société française échaudée par l'echec et la contre-productivité d'une loi fondée sur la répression des victimes (les prostituées) sera favorable à cette proposition sur le modèle suédois : éducation, prévention, réinsertion des prostituées et pénalisation des clients. Et d'ailleurs, même si l'opinion publique n'y adhérait pas, il faudrait le faire parce que c'est cela le sens du progrés.

Jusqu'ici, il y a avait un vrai clivage droite-gauche sur le sujet de la prostitution. Ce clivage semble semble avoir disparu…

La vraie différence en l'occurrence entre la gauche et la droite , c'est que si nos débats internes (depuis plusieurs années) ont permis de dégager un vrai consensus entre les socialistes, cela manque cruellement à droite où, entre les répressionnistes, les partisans du laisser-faire, les adeptes de la réouverture des maisons closes, et plus généralement tous les spécialistes des effets d'annonce qui ne résolvent rien, on a un peu de mal à y voir clair.

Propos recueillis par A.Gd.
http://www.libelyon.fr/info/2011/04/quelle-est-aujourdhui-la-position-du-ps-sur-la-question-de-la-prostitution-il-y-a-aujourdhui-me-semble-t-il-l-un-vrai.html
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Message  Chabane's rds Jeu 14 Avr - 17:11

Et d'ailleurs, même si l'opinion publique n'y adhérait pas, il faudrait le faire parce que c'est cela le sens du progrés.

heureusement que not' bon maître est là pour nous expliquer le sens du progrès.
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Message  Invité Jeu 14 Avr - 18:50

Et si on arrêtait de considérer les prostitué(e)s comme des victimes, mais plutôt comme des travailleurs/euses du sexe, avec les mêmes droits que tout un chacun(e)... Si le mot "pute" n'était plus une insulte par exemple. Peut-être que ça, se serait déjà un progrès...
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Message  niouze Jeu 14 Avr - 18:54

chabannes : suis assez partager sur le probleme de la prostitution , bien sur je ne suis aucunement pour sa pénalisation ou sa répression comme voulu par le gouvernement , le probleme est que fort souvent d'un autre coté la prostitution est l'asservissement de la femme pour le bien de quelques uns
les maisons closes n'arrange pas obligatoirement le truc (bon apres coté sanitaire c'est largement mieux que la rue ) mais coté asservissement sa reste taille de glauque il parait par exemple qu'en espagne les meuf ont des quotas ..... quand a la belgique ou la hollande je sais pas si t'a mis les pied la bas mais les femmes en vitrine affraid plus femmes objets tu fait pas ...

edit oui nyark le probleme c'est combien le font vraiment volontairement (et je ne met pas dans sa celle qui le font pour l'argent ) pour combien le font soit parcequ'elle se font niquer par des mafieux; soit par ce qu'elles n'ont trouvé que ce moyen pour subvenir a leur besoins
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Message  Chabane's rds Jeu 14 Avr - 19:29

je suis d'accord avec Nyark Nyark.
Niouze, je comprends tt à fait et je ne défends ni le système actuel ni celui des autres pays européens où c'est plus "encadré" mais pas forcément beaucoup mieux. si les choses tournent comme ça, c'est aussi pas mal dû au rapport au sexe des sociétés occidentales, compliqué par le fait que c'est un secteur qui brasse du fric et donc soumis aux méthodes capitalistes.
par contre, renforcer encore la pression, inventer encore des lois, des mobiles de controle, de répression etc, ça ne fait que favoriser les criminels et les exploiteurs. ça fait tellement longemps qu'on le constate dans tous ces domaines qu'il est impossible que ça ne soit pas voulu, qu'il n'y ait pas un calcul du pouvoir pour ses propres intérêts. de toute façon, la répression contre les prostituée et/ou les clients, c'est encore les plus pauvres qui la sentiront le plus passer...
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Message  Eloipo Jeu 14 Avr - 19:44

Je vous conseille la lecture d'un dossier sur le sujet, paru dans Alternative Libertaire de Juillet dernier, et lisible en ligne :
http://www.alternativelibertaire.org/spip.php?rubrique196

(les articles du dossier sont en bas de la page)
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Message  niouze Jeu 14 Avr - 19:45

par contre, renforcer encore la pression, inventer encore des lois, des mobiles de controle, de répression etc, ça ne fait que favoriser les criminels et les exploiteurs. ça fait tellement longemps qu'on le constate dans tous ces domaines qu'il est impossible que ça ne soit pas voulu, qu'il n'y ait pas un calcul du pouvoir pour ses propres intérêts. de toute façon, la répression contre les prostituée et/ou les clients, c'est encore les plus pauvres qui la sentiront le plus passer...
sur ce point je te rejoint completement (j'avais d'ailleurs commencer par dire mon désaccord sur les methodes répressive)
maintenant la question que personnellement je me pose c'est comment (vu que il parait que c'est un métier vieux comme le monde) pouvons nous faire pour qu'il se passe dans de bonne condition et que comme le dirait nyark nyark la prostitué qui le souhaite puisse exercer son metier sans etre asservi par une boite ou un mafieux (bien qu'a ce niveau je croit que certaine par le biais de site net et de petites annonces ont trouver une piste a creuser )

yeap merci Eloipo j'irais lire sa
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Message  spike Ven 15 Avr - 0:50

Pas encore lu mais ça doit être intéressant:




«C'est une politique moraliste qui ne se soucie pas des travailleurs du sexe»
Maîtresse Gilda, porte-parole nationale du syndicat du travail sexuel (Strass) a répondu à vos questions.

La mission d'information sur la prostitution, qui a rendu mercredi son rapport, propose d'en finir «avec le plus vieux métier du monde», en pénalisant le client.
Maîtresse Gilda, porte-parole nationale du syndicat du travail sexuel (Strass) a répondu à vos questions:

FMB: Dans Libé du jour, Tiphaine Besnard (du Strass) indique que «90% des prostituées le sont par choix». D’où vient ce chiffre?
Maitresse Gilda: De notre expérience, de notre constat. Les chiffres présentés la plupart du temps par les tenants de l’abolition de la prostitution sont orientés et biaisés. Nous, nous avons une expérience de terrain.

Aldo: Etes-vous favorable à des bordels d’Etat avec des prostituées fonctionnaires?
C’est absurde et insultant. On a déjà fait des réponses à ce sujet. Nous sommes des travailleuses, indépendantes, libres et autonomes. Il n’est pas question de s’aliéner ni pour un patron, et encore moins pour l’Etat! Nous ne sommes pas des fonctionnaires et nous n’avons pas vocation à le devenir. Pourquoi pas un «kolkhoze» du cul tant qu’on y est!

Benoît XVI: bonjour, à quand les vitrines en France? Qu’en pensez-vous du point de vue de la sécurité de l’hygiène et du confort des demoiselles…?
C’est à elles qu’il faut le demander. Nous ne pensons pas qu’il existe une solution universelle qui convient à tout le monde. Que ce soit des vitrines, des maisons closes qui me paraissent anachroniques, Internet ou autre part… Il existe autant de façon de travailler que de travailleuses. On devrait laisser le choix à chacun de choisir la façon de travailler.

FMB: Quels sont les différentes législations en vigueur en Europe? Avec quels résultats?
Hophophop: est-ce qu’il y a des pays où les bordels sont «nationalisés»? Quel est pour vous le pays exemplaire en matière de gestion de la prostitution par les pouvoirs publics?

Vous trouverez des infos détaillées sur le site de notre syndicat Strass. Un pays où les choses sont parfaites n’existent pas. Mais il existe des législations locales, par exemple en Suisse ou en Nouvelle-Zélande, où les choses vont dans le bon sens. Je pense notamment aux maisons auto-gérées où il y a un partage des frais et des lieux, cela pourrait être une piste possible mais ce n’est pas un modèle unique. Un statut de travailleur indépendant qui n’excluerait pas de s’associer, comme par exemple pour les kinés, pourrait représenter un progrès. Mais il ne nous est pas interdit d’être innovant, plutôt que de chercher à faire des copier-coller...

ccdl: Travailleuse indépendantes, libres, autonomes, ok. Vous payez des impôts? Vous côtisez à la sécu? Pour les retraites?
Aujourd’hui, en France, tout le monde est tenu de déclarer ses revenus. Les travailleurs du sexe sont tenus de déclarer leurs revenus, comme tout citoyen. Il suffit de remplir sa déclaration de revenu en indiquant «péripatéticienne» pour payer des impôts. C’est le seul droit qu’on ait en France: payer des impots.

Pour le reste, notre travail n’étant pas reconnu, nous n’avons pas de droit. On ne peut pas cotiser pour la retraite, ni bénéficier d’une couverture sociale classique de travailleur, ni même d’élever nos enfants: l’ordonnance de 1960 considère que nous sommes des «inadaptées sociales». C’est dans le texte.

Uwereiter: Que répondez-vous à ceux qui disent que la plupart des prostituées sont forcées de le faire?
Il faudrait faire la distinction entre les personnes qui sont exploitées, victimes de l’esclavage et les travailleurs indépendants. Il faut renforcer la lutte contre toutes les formes d’exploitation. Ce qui est inacceptable c’est que des personnes soient exploitées, que ce soit sur un trottoir ou devant une machine à coudre. Ces personnes exploitées, quelles qu'elles soient, doivent bénéficier de l’aide et de toute la protection du droit.

Hophophop: Que proposez-vous pour lutter contre le trafic d’êtres humains?
Il faut absolument renforcer la coopération des polices des différents Etats, au sein de l’Europe et à l’extérieur. Il faut revoir toutes nos politiques migratoires. C’est parce que nos législations sont trop répressives que des réseaux organisent le trafic. Il faut donc renforcer la coopération entre les Etats, c’est vraiment important.

Poil: N’y a-til pas des sanctions contre clients qui existent déjà dans certaines grandes villes comme Bordeaux par exemple?
Dans le droit français, aujourd’hui, seuls les clients de prostituées mineures sont passibles d’une peine de prison, sauf les conseillers politiques d’un ancien Premier ministre, si certains se souviennent de l'épisode auquel je pense...

Rototo: Pourquoi vouloir pénaliser le client alors que la prostitution n’est pas un délit? C’est comme si on pénalisait le fumeur alors que la vente de tabac est autorisée.
C’est comme si on prohibait la vente d’alcool alors que l’achat est autorisé! Nous sommes bien d’accord, il s’agit d’une politique moraliste et culpabilisatrice mais qui ne se soucie pas du sort des travailleuses du sexe.

FMB: Ce projet, s’il était appliqué, ne générerait-il pas un simple changement «commercial», incitant à un autre «démarchage», sur internet par exemple?
C’est probable que nous nous réorganisions de manière plus discrète. C’est déjà une conséquence de la loi de 2003 qui interdit le racolage passif. A ce titre, nous contraindre à nous cacher, c’est nous pousser vers des dangers potentiels. C’est très probablement ce que le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, a à l’esprit en organisant notre traque sur Internet. L’ombre ne protège que les criminels... Et nous expose aux dangers.

FMB: Vous demandez la «légalisation» de la prostitution, ce n’est pourtant aujourd’huipas un délit. Qu’entendez-vous exactement par légalisation?
Nous réclamons l’égalité des droits. On ne réclame pas la légalisation du travail sexuel puisqu’aujourd’hui ce n’est pas illégal. Seuls les moyens d’exercer le sont aujourd’hui. On réclame donc que l’on reconnaisse le travail sexuel. Et que nous soyons protégés par le droit du travail, que nous ayons accès aux droits sociaux élémentaires.

Oim: Danielle Bousquet, présidente de la mission d’information parlementaire, est également membre du groupe Sida à l’Assemblée, comment expliquer qu’elle soit à ce point déconnectée des enjeux de santé publique?
zezetta: La mission parlementaire de Madame Bousquet vous a t-elle vraiment écoutée?
FMB: Les représentant(e)s des travailleurs du sexe ont-ils été consultés pour établir ce projet et les précédents?
Mme Bousquet est totalement déconnectée de la réalité, elle ne nous a reçus que pour se donner bonne conscience mais elle n’a tenu aucun compte de nos remarques et nos considérations.

Cette mission d’information nous a trahi. Vraiment. C’était la première fois qu’on nous étions reçus en tant que représentant par l’Assemblée nationale mais aujourd’hui, nous sommes profondément indignés d’avoir été trahis.
Nous soutenons la position d’Act-Up qui réclame la démission de Mme Bousquet du groupe Sida de l’Assemblée.

Noé: avez-vous des policiers qui vous ont fait part de leur désaccord sur cette future loi (et sa gestion)?
Non, pas directement. Mais j’ai lu dans la presse que certains policiers craignent que cela ne complique leur travail.

Sarrda: pensez-vous comme le comédien Philippe Caubère (témoignage à lire dans Libé) que le théâtre est une forme de prostitution?
Il y a des analogies entre le théâtre et le travail du sexe, les deux sont des formes d’art. Et les deux ont été très mal considérés à des époques pas si lointaines… A l’époque de Molière et jusque dans les années folles, les comédiennes étaient parfois aussi des courtisanes et des cocottes. En tout cas, elles étaient solidaires.

Philippe Caubère est un homme dont nous sommes très fiers, que l'on respecte énormément. On est réconforté par son humanisme et son courage. Une dernière chose sur le théatre: il ne faut pas oublier que notre syndicat Strass est né dans un théatre: 19 mars 2009, théatre de l’Odéon à Paris, grâce à un autre homme de théatre, Olivier Py qui est maltraité en ce moment par son ministre de tutelle.

Angelito: existe-t-il des associations de clients (moins médiatiques que Caubère)? Si oui avez-vous déja reçu des commentaires ou des soutiens de leur part?
Lorsqu’on nous avons créé le Strass, certains clients nous avaient à l'époque apporté leur soutien et exprimé le souhait de créer une association. Cela n’a toujours pas été formalisé je pense, mais nous espérons qu’ils y parviennent.

Ann: Que les travailleur du sexe aient les même droits c’est normal. Mais ne cherche-t-on pas à banaliser la prostitution et gommer les particularités du métier? Peu de gens se penchent sur le berceau de leur enfant en lui disant «tu seras péripatéticienne».
Je pense qu’il y a aussi peu de gens qui se penchent sur le berceau de leur fille en lui disant: «tu videras des poulets pendant 8 heures par jour pour un salaire de merde et en plus tu te prendras une main au cul par ton patron».

FMB: N’y a-t-il pas une forme de sexisme dans le débat sur la prostitution? On entend rarement parler de la condition des gigolos ni de «l’atteinte à leur dignité»…
La question du travail du sexe n’est pas une question de genre, c’est une question humaine. Nous sommes des travailleurs et des travailleuses du sexe, que nous soyons homme, femme, trans. Même s’il y a une majorité de femmes bien sûr.
Nous regrettons la mainmise de certaines féministes sur le sujet. Ce n’est pas une question de genre, mais de droits sociaux et humains. Voir le travail du sexe par le genre, c’est voir les choses par le petit bout de la lorgnette. Nous défendons les droits de tous les travailleurs du sexe.

Merci à vous pour vos questions. Toutes les volontés sont les bienvenues pour nous aider à faire avancer nos droits. Elles peuvent prendre contact avec nous par mail: contact@strass-syndicat.org. Ou via notre site internet.
http://www.liberation.fr/societe/1201449-prostitution-penaliser-encadrer-quel-choix-de-societe
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Message  Lib Ven 15 Avr - 10:00

Nyark nyark a écrit:Et si on arrêtait de considérer les prostitué(e)s comme des victimes, mais plutôt comme des travailleurs/euses du sexe, avec les mêmes droits que tout un chacun(e)... Si le mot "pute" n'était plus une insulte par exemple. Peut-être que ça, se serait déjà un progrès...

Totalement d'accord.

Quand à ma position sur la prostitution, l'idée de réouvrir les bordels ne me dérange pas dans le sens où l'exercice de leur activité se ferait avec plus de sécurité pour eux physiquement, pour l'hygiène, je ne crois pas que la majorité des putains femmes ou hommes la laisse de côté. Ca ne doit pas être facile tous les jours de vendre son corps. Et j'ai un respect considérable pour cette profession. Pas pour les maqueraux mafieux.
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Message  Lib Ven 15 Avr - 12:45

La chute d’Henri Botey, le parrain de Pigalle

On le surnommait le « premier proxénète de France », il a fait la Une des journaux dans les années 80 et si les macchabées ont jalonné son environnement, lui s’en est toujours sorti. Même si parfois les balles ont sifflé à ses oreilles. Aujourd’hui, à 77 ans, il encourt dix ans de prison, en tant que tenancier (en sous-marin) de deux bars de Pigalle où les hôtesses, dit-on, travaillaient au bouchon. « Le client devait payer une bouteille de champagne, facturée entre 200 € et 300 € avant de pouvoir monter avec une fille. Il devait ensuite débourser 200 € pour la passe », raconte Le Parisien.

Un drôle de personnage que ce Botey. Pendant des dizaines d’années, lui et sa femme, Carmen, ont tenu le haut du pavé du Paris des noctambules. Pratiquement aucune boîte de nuit, aucun bar louche, pas un hôtel de passes de la capitale n’échappaient alors à l’emprise du couple - même s’il ne possédait aucun titre de propriété. Et cela semblait dans l’ordre des choses. Les policiers laissaient faire, certains même en croquaient, et les politiques y trouvaient leurs comptes. À tel point que Mitterrand, au début de son premier mandat, s’en étonne et tonne. Il charge Pierre Touraine, le directeur de la PJ parisienne, de faire le ménage. Ce qui va entraîner pas mal de remous. Car bien sûr, ce proxénétisme quasi officiel, transformé en un business lucratif où chacun s’y retrouve, n’est possible que si les autorités ferment les yeux. Une myopie justifiée par la mine de renseignements que les RG soutirent à ces messieurs-dames et, plus curieusement, par la préservation du folklore crapoteux de Pigalle.

Quand même, le proxénétisme classé patrimoine national, cela laisse rêveur…

Pour être honnête, il n’est pas exclu qu’avant Mitterrand, Giscard d’Estaing ait eu lui aussi la même attitude. On dit que le réseau de Botey l’avait activement soutenu lors de sa campagne électorale. En tout cas, peu après les élections de 1974, il y a remise à l’heure : le seigneur des julots se retrouve dans le collimateur de la Brigade mondaine, avec à la clé une inculpation pour proxénétisme. Une procédure toutefois gentillette, avec au passage un sérieux redressement fiscal. Un bon moyen de pression. Une somme qui équivaudrait à près de 3 millions d’euros, qu’il aurait, murmure-t-on, intelligemment négociée…

Et ses affaires reprennent. Mais dans la police, certains commencent à traîner les pieds. Ils ont du mal à comprendre la protection dont bénéficient les époux Botey. Mauvais flics, va ! Entre la BSP, le nouveau nom de la brigade mondaine, et les services de la rue du Faubourg-Saint-Honoré (l’Office central pour la répression de la traite des êtres humains), le torchon brûle. Et les chefs de service ont bien du mal à éviter les chausse-trappes parfois tendues par leurs propres collègues. Comme toujours en cas de guéguerre des polices, les informateurs sont pressurés. Du coup, les proxénètes ne savent plus à quel saint se vouer et leur situation devient moins confortable. Ce qui n’est pas bon pour les affaires. Côté positif : quelques flics ripoux, victimes collatérales de ce manège, sont priés de faire leurs valises.

Mais pas à dire, sous la gauche, il devient plus difficile de gérer sa petite entreprise, car les protecteurs de Botey ne sont plus aux manettes. Du coup, il se trouve affaibli. Et dans le milieu, c’est comme dans la jungle, cela ne pardonne pas. Ou tu es prédateur ou tu te retrouves au mauvais bout de la chaîne alimentaire. En 1987, l’un de ses anciens employés, Alain Picaud, pense qu’il est grand temps pour le vieux (il a 54 ans) de prendre sa retraite. Ce qui ne serait pas très inquiétant si derrière ne se dessinait l’ombre de Jacky Imbert, alias Le Mat. Botey demande protection à André Gau, dit Dédé Gode, qui a le tort de ne pas prendre l’affaire au sérieux. Lui qui est l’un des derniers survivants de la guerre des gangs entre Tany Zampa, Francis le Belge, les frères Zemour et le clan des Siciliens, va mourir bêtement dans une cabine téléphonique de Neuilly, flingué par un demi-sel. Picaud sera d’ailleurs arrêté peu après et passera aux aveux sans trop se faire prier.

Quant à Botey, qui se trouvait également dans la cabine téléphonique, il s’en sort indemne (voir sur ce blog « La petite histoire de la PJ »).

Henri Botey n’est pas un dur, mais plutôt un homme d’affaires. Des affaires très spéciales. De mémoire, il n’a jamais été inscrit au fichier du grand banditisme. Et le fait d’apprendre aujourd’hui qu’il a tenu Marine Le Pen sur les fonts baptismaux a dû en faire sourire plus d’un : d’anciens truands, d’anciens policiers, et surtout de très actuels politiciens qui en ont sans doute marre de voir la dame s’envoler dans les sondages…

Décidemment, ces temps-ci, les vieux truands sont sur la sellette. Comme si la PJ raclait ses fonds de tiroir. A moins qu’à la DCRI on soit en train d’expurger l’ancien fichier des RG… Entre nous, j’ai comme l’impression que dans les mois à venir, bien d’autres squelettes vont sortir des placards.

http://moreas.blog.lemonde.fr/2011/04/15/la-chute-d%E2%80%99henri-botey-le-parrain-de-pigalle/#xtor=RSS-3208
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Message  Chabane's rds Ven 15 Avr - 14:34

Ann: Que les travailleur du sexe aient les même droits c’est normal. Mais ne cherche-t-on pas à banaliser la prostitution et gommer les particularités du métier? Peu de gens se penchent sur le berceau de leur enfant en lui disant «tu seras péripatéticienne».

Je pense qu’il y a aussi peu de gens qui se penchent sur le berceau de leur fille en lui disant: «tu videras des poulets pendant 8 heures par jour pour un salaire de merde et en plus tu te prendras une main au cul par ton patron».

excellement bien dit !
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Message  spike Jeu 26 Mai - 17:20

Un survol historique de la prostitution:

http://www.helmo.be/esas/mapage/euxaussi/marginal/evolprost.html
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Message  spike Ven 10 Juin - 0:32


13 avril 2011
MANIFESTE

Nous ne sommes pas des inadapté-e-s sociales
Nous refusons les ordonnances de 1960 qui nous désignent comme telles. Nous ne sommes
pas des victimes, nous sommes actrices et acteurs de nos propres vies et de nos choix.
Nous sommes libres, indépendant-e-s et responsables.
Nous sommes des victimes de l’Etat, et non des victimes de nos clients.
Nous sommes des citoyen-ne-s à part entière
Nous ne sommes pas des délinquant-e-s. La prostitution n’est pas un délit, c’est une activité
légale à part entière.
Nous payons, pour certain-e-s d’entre nous, des impôts sur nos revenus et nous participons
par le biais des impôts indirects à l’économie de la Nation. Notre argent ne va pas dans la
criminalité mais dans les caisses de l’Etat.
Nous avons des devoirs envers la cité mais aussi des droits. Nous sommes aussi des électeurs et
des électrices, nos clients aussi.
Nous voulons un cadre social et un statut qui nous reconnaissent une véritable identité, nous
permettent d’obtenir des formations professionnelles, des logements sans tricherie ni pots de
vin et des droits sociaux.
Nous voulons sortir de l’exclusion et de la marginalisation dans laquelle on souhaite nous
garder.
Nous ne voulons plus que les décisions qui nous concernent se prennent sans nous.
Nous existons silencieux-ses dans la cité depuis la nuit des temps. A l’aube du 21ème siècle,
nous souhaitons continuer à y être mais débâillonné-e-s.
Nos convictions :
Nous sommes contre toutes formes de proxénétisme, toutes formes d’exploitation,
d’esclavage et de trafic humain. Nous voulons que soient dégagés des moyens efficaces pour
lutter contre l’exploitation et la prostitution forcée.
Nous ne sommes ni parias, ni criminel-le-s.
Nous sommes des femmes, des trans et les hommes libres de leurs choix de vie et de la gagner
comme nous le souhaitons.
Citoyen-nes avant tout, nous sommes aussi des chef-fes de famille. Nous avons-nous aussi
une vie sociale, familiale et amoureuse.
Ce n’est ni en rendant la prostitution délictueuse, ni en votant des lois sur la parité que vous
supprimerez la domination de l’homme.
Nous souhaitons être reconnu-e-s comme des marchand-e-s de rêves et de fantasmes.
Nous ne voulons plus vivre dans la crainte de votre morale déplacée et de votre tolérance
dépassée.
http://site.strass-syndicat.org/wp-content/uploads/2011/04/manifeste2011.pdf
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Message  spike Sam 11 Juin - 18:27

Je souhaiterais élargir un peu le débat.
Si la prostitution c'est vendre son corps contre de l'argent ou des biens matériels, qu'est-ce que le travaille à la chaîne?
Je sais que cette question a été posée pas mal de fois sur des forums, mais je n'ai jamais pris le temps de les lire...
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Message  Chabane's rds Dim 12 Juin - 16:48

posté à titre personnel

à la chaîne ou pas à la chaîne. travail salarié = prostitution. les idéologies techno-industrielles ont tenter d e faire uen distinction entre le "bon" travail qui "ennoblirait" et l'exploitation "dégradante". mais en réalité , il n'y en a pas.
ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas avoir d'activité productive socialement utile, mais le concept de travail devrait être éliminé d'une société anarchiste. l'utilité pour le groupe et pour l'individu doivent aller de paire et aucune ne doit prendre le pas sur l'autre.
dans la société communiste libertaire imaginée par Ursula K. Le Guin dans "les dépossédés" , le mot qui désigne l'activité productive socialemnt utile est le mêm que celui qui désigne le jeu. (je recommande ce bouquin d'ailleurs, c'est pas vraiment une utopie, tout n'est pas parfait, au contraire dans les sociétés décrites )
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Message  Invité Dim 12 Juin - 22:25

Vous connaissez sûrement ce texte de Raoul Vaneigem (chanté par les Binamé notamment) : il résume assez joliment les choses...

LA VIE S'ECOULE,
LA VIE S'ENFUIT

La vie s'écoule, la vie s'enfuit
Les jours défilent au pas de l'ennui
Parti des rouges, parti des gris
Nos révolutions sont trahies

Le travail tue, le travail paie
Le temps s'achète au supermarché
Le temps payé ne revient plus
La jeunesse meurt de temps perdu


Les yeux faits pour l'amour d'aimer
Sont le reflet d'un monde d'objets.
Sans rêve et sans réalité
Aux images nous sommes condamnés

Les fusillés, les affamés
Viennent vers nous du fond du passé
Rien n'a changé mais tout commence
Et va mûrir dans la violence

Brûlez, repaires de curés,
Nids de marchands, de policiers
Au vent qui sème la tempête
Se récoltent les jours de fête

Les fusils sur nous dirigés
Contre les chefs vont se retourner
Plus de dirigeants, plus d'État
Pour profiter de nos combats
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Message  spike Lun 13 Juin - 13:11

Le texte est très beau, mais j'ai du mal à comprendre le rapport qu'il a avec le sujet...
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Message  spike Lun 13 Juin - 15:42



Pourquoi refuser la prostitution ?


Parce qu’elle est une violence

La prostitution institutionnalise les rapports de violence et de domination. Elle équivaut à une ritualisation sociale de la violence, en sacrifiant une partie des individus pour - soi-disant - protéger l’autre, à travers le mythe de la prostitution regulatrice des viols.

Le milieu de la prostitution est un monde parallèle où la violence et la peur sont omniprésentes.

Fermé sur soi, chacun des protagonistes du rapport prostitutionnel transforme l’autre en objet manipulable, d’où les risques latents de violence. Violence des proxénètes, violence des clients, violence des personnes prostituées circulent à l’intérieur d’un circuit fermé et se nourrissent mutuellement. La barbarie, les actes de torture sont une dimension inséparable de la logique prostitutionnelle. Acheter le sexe comme une marchandise est la porte ouverte au sadisme et aux perversions.

Parce qu’elle est fondée sur des rapports d’inégalité et de domination

Domination des hommes sur les femmes, des adultes sur les enfants, des riches sur les pauvres, des pays du Nord sur les pays du Sud.

Parce qu’elle repose sur l’exploitation des détresses et des carences affectives

On ne se prostitue pas par hasard, mais en réponse à un itinéraire personnel douloureux, lié à des difficultés socio-économiques et à la rencontre de personnes ou de groupes relais permettant l’entrée dans la prostitution.

La grande habileté du système prostitutionnel consiste à récupérer ces malaises, ces détresses -y compris ceux des clients - pour les intégrer dans le circuit de l’argent et en faire du profit.

Les bénéficiaires réels ne sont, bien entendu, ni la personne qui se prostitue, ni le client, plus ou moins floués l’une et l’autre, mais bien le proxénétisme, à tous les niveaux du système.

Le système prostitutionnel met en jeu une exploitation en chaîne : de la personne prostituée par le client, du client par la personne prostituée, des deux par le proxénétisme.

Parce qu’elle constitue, dans le silence, une violation des droits humains élémentaires :

Égalité, dignité, interdiction des abus sexuels, de la torture, etc...

Parce qu’elle est rétrograde, qu’elle nuit à l’évolution du statut des femmes et des rapports hommes - femmes

Le système prostitutionnel demeure le vecteur privilégié du mépris contre les femmes. "Putain", "pute" reste l’injure suprême. La femme continue d’y apparaître comme éternelle servante, soumise au service sexuel, figée dans son rôle le plus traditionnel, sans expression aucune de son propre plaisir et de son propre désir.

Réduite à son sexe, elle est renvoyée à sa fatalité de toujours, l’anatomie comme destin, raison majeure du mépris et de la haine des hommes. Sa sexualité est niée, celle de l’homme réduite à sa plus simple expression.

A l’heure où les femmes bataillent pour être pleinement intégrées à la société, pour entrer au Parlement, la prostitution contribue à les maintenir dans la marginalité et les sous-statuts. En France, les maisons closes ont été supprimées (1946) à l’heure où le droit de vote a été accordé aux femmes.

La lutte d’aujourd’hui pour la parité ne saurait aboutir pleinement sans la lutte contre la prostitution.

Miroir grossissant des rapports hommes - femmes tels qu’ils existent dans la société, la prostitution contribue à les maintenir dans des schémas figés. Elle répand et entérine des idées falsifiées sur la sexualité féminine et masculine : femme éternellement disponible, besoins masculins irrépressibles, ce dernier mythe ayant longtemps servi d’argument pour justifier le viol.

La prostitution accrédite l’idée d’un accès au corps féminin, et maintenant masculin ou enfantin, qui serait un droit conféré par l’argent, un "service" normalement dû. Elle enferme l’homme dans un rôle traditionnel, où il se défend d’une rencontre réelle avec la femme, fait la démonstration de son pouvoir, et se dégage du risque de la rencontre et de la réciprocité. Les hommes et les femmes restent figés dans l’ignorance réciproque, le mépris, voire la haine. En encourageant la prostitution, nos sociétés perpétuent l’inégalité des rôles sexuels et bloquent toute évolution vers une sexualité réciproque.


Extrait de:
http://www.mouvementdunid.org/La-banalisation-de-la-prostitution
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Message  spike Lun 13 Juin - 16:26


Fier-e-s d’être abolitionnistes !
L’abolitionnisme caricaturé
Réponses à nos détracteurs

- Vous voulez interdire la prostitution.

L’abolitionnisme n’a jamais voulu interdire la prostitution. Il a toujours considéré le prohibitionnisme comme une hypocrisie et affirmé son refus des mesures discriminatoires infligées aux personnes prostituées.

C’est bien davantage le réglementarisme, pourtant présenté aujourd’hui sous un jour libertaire ou "tolérant", qui induit un système policier. Il prétend en effet contrôler et poursuivre toutes celles - l’immense majorité, comme le prouvent les expériences allemandes et néerlandaises - qui refusent de se faire enregistrer.
C’est lui qui, en légalisant la prostitution prétendument libre au nom du pragmatisme et de la lutte contre la traite, aboutit en réalité à traquer les étrangères en situation irrégulière et à les vouer à l’expulsion.

- Vous ne connaissez que la prostitution sordide des trottoirs.

De plus en plus, les personnes prostituées qui s’adressent à nous sont issues des bars à hôtesses, des salons de massage ou de la prostitution par Internet, y compris des escorts girls. Prostitution étudiante, prostitution "de luxe", prostitution masculine ou transgenre, il n’est guère de forme de prostitution qui nous soit inconnue. Les témoignages que nous publions le prouvent d’ailleurs largement.

- L’abolitionnisme est une forme de racisme.

Une nouvelle étape dans l’escalade verbale de certains groupuscules de défense de la prostitution.
A notre tour, alors, de nous étonner que ces accusateurs ferment les yeux sur la dimension profondément sexiste et raciste de cette institution, toujours prête à monnayer le corps des femmes les plus vulnérables, partout sur la planète ; en priorité celles appartenant aux pays les plus pauvres et aux minorités ethniques.

Quoi de plus rentable que la pauvreté pour ce marché prêt à offrir aux plus aisés le pouvoir de payer ce que d’autres sont condamnés à monnayer pour survivre ?

Quoi de plus affriolant que les stéréotypes colonialistes (Africaines "folles de sexe", Latino-américaines "faites pour ça", Asiatiques "si soumises"...) qui sont un puissant moteur pour encourager la "consommation" ?

Nos pourfendeurs ont l’indignation sélective.

- Vous parlez d’abolir la prostitution. En fait, vous voulez abolir les prostituées.

Nous serions soupçonnés, puisque nous refusons la prostitution, de vouloir supprimer les personnes prostituées. Depuis quand ceux qui ont lutté pour l’abolition du travail des enfants ont-ils été accusés d’être contre les enfants ?

Il s’agit une nouvelle fois d’entretenir la confusion. Notre combat contre la prostitution n’a jamais été un combat contre les personnes prostituées que le Mouvement du Nid écoute et accompagne quotidiennement. Nous sommes pour les personnes prostituées, et à leurs côtés, mais contre la prostitution.

- En refusant de reconnaître la profession des personnes prostituées, c’est vous qui exercez des violences à leur égard. Vous êtes la cause du stigmate qui pèse sur elles.

En dénonçant la prostitution, la chosification qu’elle induit, nous serions les responsables de la violence ou du stigmate qui pèsent sur les personnes prostituées ! On est là pour le moins dans la confusion entre la lune et le doigt qui la montre.

Loin d’être notre fait, le stigmate n’est-il pas plutôt renforcé par les réglementaristes qui, en instituant l’obligation d’inscription en échange d’un "contrat de travail", aboutissent en réalité à étiqueter les personnes en tant que "travailleuses du sexe" - ce que refusent d’ailleurs la majorité des personnes prostituées ?

En refusant une légalisation du métier qui achèverait de déculpabiliser l’opinion publique et de la renvoyer à son indifférence, nous affirmons notre souci de leur itinéraire, des logiques qui les ont amenées à la prostitution, et notre refus de leur marquage et de leur parcage, quelles qu’en soient les formes. Chacune d’entre elles a droit à un autre avenir, dispose d’autres compétences.

Oui, l’abolitionnisme est une exigence : le contraire d’une résignation qui s’orne un peu facilement de l’alibi du "pragmatisme", valeur refuge de ceux qui ont perdu tout espoir de changer la société dans le sens de plus de justice.

- Vous parlez à la place des personnes prostituées.

Le Mouvement du Nid part au contraire de la parole des personnes prostituées, entendue chaque jour sur les lieux de prostitution ou dans les permanences d’accueil. C’est bien à partir de leur expérience, marquée par une violence omniprésente, qu’il a conçu sa critique de fond du système prostitutionnel.
Le Mouvement du Nid sait à quel point l’immense majorité d’entre elles est privée de parole, paralysée par la honte et le mépris qui socialement ne pèsent que sur elles.

La parole de quelques privilégiés, qui vantent la libéralisation du "marché" et s’arrogent le droit de parler au nom de toutes, aujourd’hui largement relayée par les médias, est bien accueillie par l’opinion puisqu’elle évite tout questionnement, toute culpabilisation et qu’elle se situe dans la logique de l’individualisme et du profit.

Utilisée politiquement par les pro-prostitution, cette parole émotionnelle, érigée en vérité ultime, est destinée à nous intimider. Il faut certes l’entendre.
Mais est-il interdit de se demander si ces personnes ont vraiment la possibilité de pousser l’analyse au-delà de la justification, bien compréhensible au plan individuel, de ce qui reste leur gagne-pain ? En ce qui nous concerne, nous luttons pour donner la parole à celle qui ne la prennent jamais.

- Vous êtes des tenants de l’ordre moral. Vous êtes contre la liberté sexuelle.

Notre combat est au contraire un combat pour la liberté. Il porte contre la logique d’une société qui propose comme idéal la consommation des objets et d’autrui, et impose la marchandisation de toutes les sphères de nos vies : santé, éducation, culture et désormais êtres humains.

Loin de vouloir rétablir une police des mœurs, nous luttons contre cette marchandisation croissante à laquelle une prétendue liberté sexuelle sert aujourd’hui de moteur. Seul ce combat sera garant de la liberté de toutes et de tous de disposer de leur corps et de leur sexualité, sans êtres contraints de les mettre sur le marché pour survivre.

Nous sommes contre une liberté qui n’est que celle des plus puissants, qui s’exerce d’abord sur les plus en détresse.
Ce que nous combattons n’est pas la liberté sexuelle mais bien sa liquidation au nom du libre-échange et sa récupération par le contrat marchand.
Jamais nous n’intervenons sur la sexualité des personnes dans leur vie privée. Mais la prostitution ne relève pas de la vie privée : il s’agit d’un commerce, d’un marché, d’une institution sociale et c’est cet ensemble que nous remettons en cause. On cherche à nous enfermer dans des questions de morale afin d’éviter que soit abordée la vraie dimension du débat, qui est fondamentalement politique.

Lire également :
Rhéa Jean, philosophe : "Être abolitionniste, c’est défendre la liberté sexuelle !"

- Vos idées sur la prostitution et la pornographie rejoignent celles de l’extrême droite, vous êtes des cathos intégristes.

Notre association est issue du christianisme social, qui dès le 19e siècle a mené un combat en faveur de la condition ouvrière ou contre le travail des enfants. Notre souci est la justice sociale. Si nous luttons contre la banalisation du discours pornographique et de la prostitution, c’est d’abord par respect des droits humains face à toutes les machines d’oppression.

Notre projet est égalitaire et fondé sur le refus de la marchandisation des personnes. L’extrême droite condamne la pornographie ? Peut-être. Mais tout comme être contre l’intervention américaine en Irak, comme Jean-Marie Le Pen, ne suffit pas à faire de vous un allié du Front National, nous sommes aux antipodes des « valeurs » défendues par l’extrême droite. Cette dernière ne rejette pas tant la prostitution que les personnes prostituées, qu’elle méprise profondément. Quant à nous, notre souci d’égalité des personnes et d’émancipation des femmes suffit à faire de nous les adversaires résolus des intégristes, qui partout sur la planète montrent quotidiennement en quelle estime ils les tiennent.

Ajoutons que l’Anela, le syndicat des tenanciers des nouveaux bordels de Catalogne, si modernes, si exemplaires, a été fondé par un avocat qui n’est autre que le président d’un parti d’extrême-droite...
En France, le programme de 2001 du Front national prône le contrôle médical et sanitaire des personnes prostituées, une mesure éminemment réglementariste.

- Vous stigmatisez les clients, vous voulez les dénoncer sur la place publique.

Nous refusons toute méthode consistant à publier le nom ou l’image d’un homme qui recourt à la prostitution, tout esprit de vindicte. En revanche, nous exigeons d’en finir avec la complaisance sociale qui autorise ces hommes, en toute indifférence, irresponsabilité et mépris, à exploiter sexuellement des personnes dont ils ignorent tout.

« Quand je mange un bifteck, je ne me demande pas si la vache a souffert » répond un client au réalisateur de documentaires Hubert Dubois, qui l’interroge sur les prostituées victimes de la traite.

Tout est dit. N’est-il pas temps pour ces hommes d’assumer leurs responsabilités ainsi que l’exigent d’ailleurs les textes internationaux ? Leur comportement nuit à autrui, il a des conséquences sociales. C’est à leur profit que les proxénètes et les trafiquants organisent, par tous les moyens, le "marché". Peuvent-ils continuer à l’ignorer ?

- Vous voulez "civiliser la sexualité masculine", vous avez une conception normative de la sexualité.

L’aveu serait-il dans l’accusation ? Serait-ce qu’elle ne l’est pas, "civilisée" ? Nous souhaitons en tout cas interroger cette croyance désuète et normative, précisément voulant qu’une société ne puisse fonctionner qu’à la condition de fournir à sa partie masculine des exutoires sexuels.

Nous questionnons l’idée universellement admise d’un désir prédateur, d’une sexualité violente, d’une pulsion prétendument irrépressible qui autoriserait l’exploitation d’autrui. Quand Robert Badinter plaide pour excuser "les pulsions obscures qui gouvernent la sexualité", nous rappelons quant à nous que les violeurs aussi ont longtemps bénéficié de l’indulgence sociale parce qu’ils auraient été les victimes de ces "pulsions"… Ajoutons en outre que les clients prostitueurs ne sont pas tous les hommes mais des hommes qui n’ont pas encore évolué dans leur rapport aux femmes.

- Vous victimisez les personnes prostituées.

Il est dans l’air du temps de déplacer l’attention, non sur les faits dénoncés, mais sur ceux qui les dénoncent, accusés des pires maux, surtout s’il s’agit de violences touchant aux questions sexuelles, décidément dérangeantes.
Et ainsi de censurer nos dénonciations.

Ces accusations soulèvent plusieurs questions : pourquoi ne dit-on pas de ceux qui luttent contre le racisme qu’ils victimisent les personnes qui le subissent ? Faut-il s’abstenir de dénoncer les violences conjugales pour ne pas "victimiser" les femmes concernées ? Pourquoi le mot de victime est-il devenu péjoratif et honteux ?

L’abolitionnisme considère les personnes prostituées, non comme des êtres incapables, mais comme les victimes d’un système d’exploitation. Ce fait n’enlève rien à leur énergie, leur résistance, leurs capacités. Beaucoup de celles que nous rencontrons ont besoin d’être reconnues comme victimes, elles qui se sentent tellement coupables, afin de pouvoir se reconstruire. Elles ne sont pas pour autant à enfermer dans le seul statut de victimes réduites à leur oppression.

En cherchant à nous intimider, on nous empêche surtout de dénoncer les logiques qui produisent des rapports de domination comme le système prostitutionnel. Et on maintient le statu quo sur les violences, les exploitations, les humiliations qui en font le quotidien. Pour le plus grand profit des proxénètes et le "bon plaisir" des clients.

- Vous mélangez la prostitution et la traite, ce qui aboutit à dénier aux femmes étrangères le droit à la migration.

La traite a toujours été l’un des canaux d’approvisionnement de la prostitution. Aujourd’hui, c’est pour des raisons politiques – pour libéraliser le marché de la prétendue prostitution libre - que le lien a été soigneusement rompu entre prostitution et traite.

Tant que la prostitution sera légitimée, les trafiquants s’emploieront pourtant à pourvoir le « marché » et à renouveler la « marchandise » offerte, toujours plus jeune et plus exotique. Les politiques anti-traite, qui peuvent aboutir à réduire les libertés migratoires, ne sont pas de notre fait. L’idée d’une Europe forteresse fermée aux plus démunis n’est pas la nôtre. Mais nous ne saurions nous satisfaire d’un droit à la migration qui se révèlerait en réalité un "droit" à l’esclavagisme sexuel accordé aux nantis.

- Vous êtes les complices de la loi Sarkozy (LSI).

Nous avons toujours affirmé, et réaffirmé, notre opposition totale à toute mesure de répression des personnes prostituées. Pour nous, la répression – et la prévention - doivent porter sur les bénéficiaires du système : ceux qui en tirent un profit financier, les proxénètes et profiteurs, et ceux qui assouvissent leurs pulsions sexuelles et de domination, les "clients" qu’il nous semble plus juste d’appeler les prostitueurs. En aucun cas, sur celles et ceux qu’une forme ou une autre de détresse, de précarité ou de vulnérabilité (sociale, économique, culturelle, psychologique, ethnique) a amenés à la prostitution.

- En vous attaquant aux clients, vous voulez priver les personnes prostituées de leurs revenus.

Il n’est pas de profond changement social sans tournants douloureux. La fin de l’apartheid a engendré la faillite pour certains commerçants noirs, privés d’une clientèle devenue libre de fréquenter les commerces blancs. Faut-il pour autant regretter l’abolition ?
À une autre échelle, les débitants de tabac se plaignent de la baisse des ventes de cigarettes. Faut-il alors ré-encourager la consommation du tabac ?

Ces exemples montrent que le problème n’est pas dans la lutte contre des phénomènes nocifs mais bien dans l’insuffisance de préparation qui l’accompagne et dans l’abandon des personnes concernées.

La pénalisation des clients prostitueurs n’est qu’un volet d’un ensemble de mesures. Précisément, nous refusons une politique qui abandonnerait les personnes prostituées à leur sort, sans souci de leur avenir. Il n’est pas question de penser un projet global de prévention sans l’assortir de mesures concrètes concernant celles et ceux qui vivent jusqu’ici des revenus de la prostitution.

- Vous refusez aux personnes prostituées les droits les plus élémentaires sur le plan de l’hygiène, de la sécurité et de la santé.

Hygiène, sécurité, santé, telle est la trilogie des nouveaux marchands de femmes. Les lobbys de tenanciers (Catalogne par exemple) avancent ces arguments pour "moderniser" leur archaïque commerce : vigiles et signaux d’alarme, serviettes propres et examens médicaux obligatoires suffiraient à régler définitivement tout problème de conscience.

Outre le fait que la densité des sonnettes d’alarme est l’aveu le plus cru de la dangerosité de l’activité, il faut rappeler que les clients prostitueurs, qu’il s’agit de ne pas effaroucher, sont exemptés, eux, de tout contrôle sanitaire.

Le client est roi. Qu’importe le fait qu’il puisse être porteur du VIH, payer plus cher pour une passe sans préservatif et contaminer la personne qu’il utilise. Ce cas de figure n’est pas consigné dans la présentation flatteuse de nos nouveaux rois du marketing.
Qu’importe que les tenanciers eux-mêmes exercent des pressions sur leurs recrues pour des passes non protégées et des cadences effroyables… La majorité des personnes prostituées que nous rencontrons sont farouchement hostiles au prétendu "confort" de ces établissements dont elles redoutent la logique carcérale.

Le credo des pro-prostitution
L’arme des mots et des concepts, décryptage

L’arme des mots est au cœur de l’offensive néo-réglementariste. Leur choix contribue à construire la perception de la réalité (service, métier, choix…). Il relève d’objectifs politiques précis.

Une première étape, dans les années 1990, a abouti, sous l’impulsion politique des Pays-Bas, à banaliser les termes de "prostitution forcée", ouvrant la voie à la prostitution "libre", et de "travail du sexe", entérinant la normalisation de la prostitution comme secteur de l’économie.

- Nous ne vendons pas notre corps, nous vendons un service et rien de plus.

Un simple service, vraiment ? Si le "service sexuel" est équivalent au service soignant ou au service domestique, il faut en tirer les conséquences et rayer définitivement les acquis liés aux décennies de luttes menées par les femmes pour ne plus voir leur droit à l’emploi inséparable du droit de cuissage pour leur employeur. Les défenseurs de la prostitution comme métier ordinaire cautionnent en réalité le retour au droit à l’exploitation sexuelle.
Quelle secrétaire, quelle ouvrière, quelle infirmière pourra encore refuser d’offrir des services sexuels dans le cadre de son emploi si ces derniers deviennent un service parmi d’autres, un métier banal et reconnu ?

- C’est un métier comme un autre : on se vend toujours plus ou moins, que l’on soit ouvrière ou prostituée.

Tout acte commercial n’est pas un acte de prostitution. Le penser est le fait de nantis qui ne savent plus ce que les mots veulent dire. Qui est prêt à soutenir qu’une fellation à un inconnu est l’équivalent de la frappe d’un ticket de caisse ?

Il est vrai que l’on peut être largement exploité dans de multiples activités marquées par la précarité et la sous-rémunération. Le système marchand capitaliste n’hésite pas à exiger aliénation de soi et "objetisation" croissante. Ces faits ne dédouanent en rien la prostitution qui n’est que cette logique portée à son point extrême. Comment lutter encore contre le travail précaire et aliénant si l’on accepte que la prostitution devienne "un travail comme un autre" ?

- Certaines prostituées ont choisi de l’être, en toute connaissance de cause.

Le choix est ici une notion sans objet. On peut aussi "choisir" d’aller travailler dans les mines ou d’émigrer dans les pires conditions pour survivre.

Si les personnes prostituées expriment un choix, celui-ci est contraint par leurs besoins financiers et n’a rien à voir avec une quelconque autonomie sexuelle. Le concept de "choix" a surtout pour but, en détournant l’attention sur la seule dimension individuelle, d’occulter l’ensemble du système prostitutionnel, ses causes réelles (sociales, culturelles, politiques) et son impact sur les rapports sociaux et les mentalités.

- La prostitution, ce n’est pas pire que le mariage. Les violences sont partout.

Certes, le mariage a longtemps été une institution d’oppression pour les femmes. Il peut encore l’être lorsqu’il est le cadre de violences. Mais la comparaison est surtout destinée à déqualifier et banaliser ces violences au lieu de les combattre. Or, nulle part elles n’atteignent un degré aussi insupportable que dans la prostitution : injures, humiliations, harcèlement, agressions, viols, meurtres… Il est pour le moins excessif aujourd’hui d’entretenir la confusion.

Le mariage a cessé d’être le lieu d’enfermement qu’il était traditionnellement, la preuve en est la reconnaissance du divorce et du viol conjugal. Rappelons également un "détail" : la sexualité dans le mariage peut être désirée et réciproque ! On ne peut pas en dire autant de la prostitution.

- Beaucoup d’entre nous sont libres. Nous n’avons pas toutes un proxénète.

Toutes, non. Mais les faits sont têtus. Et les proxénètes sont de plus en plus difficiles à identifier à l’heure où ils n’ont plus le veston à carreaux cher au cinéma des années 50. Rois du camouflage, ils ont su s’adapter : responsable de site Internet, compagnon monnayant sa présence attentive, dealer, patron-ne de bar, manager en costume cravate… L’argent de la prostitution continue d’attirer les profiteurs de tout poil. Et l’endettement organisé, et le racket... sont des données qui résistent à toutes les évolutions.

- La reconnaissance de notre profession nous rendra notre dignité.

La revendication d’un statut, d’une profession est d’abord le moyen trouvé par des personnes stigmatisées, de croire conquérir dignité et solidarité. On peut comprendre ce légitime besoin de reconnaissance. Mais la question est mal posée.

En réalité, la "dignité" engendrée par la normalisation de la prostitution servira les proxénètes et leur industrie ; pas les personnes prostituées, définitivement stigmatisées, parquées en ghettos, en tant que "travailleuses du sexe". Les personnes prostituées sont dignes, l’institution prostitutionnelle est indigne.

L’escalade

Aujourd’hui, une autre étape est franchie avec une nouvelle génération de mots et de concepts.

- « Fières d’être putes »

Retourner le stigmate en fierté : on a observé ce mouvement chez les homosexuels, illustré par la parade de la Gay pride. La "Pute Pride" prend le relais. Puisque les homosexuels ont acquis leur droit à la reconnaissance de l’homosexualité, les prostituées gagneraient celui d’exercer un "métier" injustement stigmatisé.

Le rapprochement est audacieux. L’homosexualité d’une personne relève de sa vie privée et ne fait aucun tort à autrui. La prostitution est un commerce porteur de profits considérables, bien souvent organisé par des proxénètes et des trafiquants, où s’exercent des violences de toutes sortes. L’habile confusion avec le combat d’une autre catégorie d’opprimés sert surtout à endormir toute velléité de critique.

- « Putophobie »

Qui s’avise de dénoncer la prostitution et de s’opposer à sa légalisation est désormais taxé de "putophobe". A l’oreille, la putophobie sonne comme l’homophobie. Stratégie de l’amalgame, volonté d’intimidation, exercice d’une totale malhonnêteté mais procédé efficace auprès des personnes mal informées. La putophobie est construite sur le même modèle que l’islamophobie, récemment créée par les intégristes dans le but de discréditer leurs opposants, en faisant peser sur eux le soupçon de racisme. Un bel exemple de tour de passe-passe idéologique.

- « Mouvements pro-sexe »

Pro-commerce, pro-profits, serait plus juste. Mais le choix du terme "pro-sexe", plus vendeur, a l’avantage de renvoyer les opposants au statut d’anti-sexe, de gens coincés, boutonnés jusqu’au menton. Il y aurait d’un côté de joyeux hédonistes, et de l’autre, de tristes moralistes éteints.
Comme si, sur un tout autre registre, se battre contre la malbouffe revenait à être un triste sire qui déteste les plaisirs de la table…

L’abolitionnisme, une idée progressiste

La prostitution serait naturelle, intemporelle, éternelle, entend-on également... Elle ne mérite pourtant pas cet excès d’honneur. La prostitution n’est rien d’autre qu’un produit de la culture, une expression de l’inégalité et du réflexe qui pousse le plus puissant à exploiter le plus faible. Elle est certes ancienne, mais l’ancienneté suffit-elle à conférer une légitimité ? L’excision aussi est une pratique ancienne. Tout comme "l’infériorité" des femmes, presque partout dans le monde. Faut-il donc renoncer à faire évoluer les idées ? Est-il illusoire de vouloir inventer de nouvelles formes de vivre ensemble, de construire des valeurs nouvelles ?

C’est toute la raison d’être de l’abolitionnisme, idée moderne, humaniste et progressiste. Depuis sa création, il y a plus d’un siècle, l’abolitionnisme s’inscrit dans la lutte pour le respect des droits humains. Il a été activement soutenu par ses plus ardents défenseurs, Jean Jaurès et Victor Hugo. Il est également inséparable du combat des femmes pour l’égalité. On devrait se souvenir de la concomitance du droit de vote féminin (1944) et la fermeture des maisons closes (1946)...
Aujourd’hui, le texte majeur de l’abolitionnisme, la Convention internationale pour la répression de la traite et de l’exploitation de la prostitution d’autrui (1949), subit une destruction orchestrée par les lobbys réglementaristes pressés d’ouvrir la voie aux profits immenses liés à la prostitution.

Ce texte, adopté dans une période éprise de liberté et de dignité, celle de l’après-nazisme, abolissait toute réglementation, toute discrimination à l’égard des personnes prostituées et faisait peser toute la répression sur les proxénètes et les organisateurs de la prostitution.
Aujourd’hui, la régression est en marche. De grands états européens légitiment le prétendu "travail du sexe" et les revenus de ses puissants managers en costume-cravate. La prostitution est en passe de devenir, dans l’indifférence générale, un métier possible dans le cadre du "service public".

Face à ce cynisme libéral qui semble devenir le seul horizon de la pensée, nous ne baisserons pas les bras. Les abolitionnistes se sont battus pour en finir avec la réglementation de la prostitution. Ils continueront pour refuser la prostitution elle-même, un archaïsme indigne de nos démocraties.

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Message  spike Lun 13 Juin - 16:29


Psychologie : les chemins de la prostitution

Des pistes de réflexion sur l’itinéraire des personnes prostituées. Sans condamner ni victimiser.



Faut-il aborder la question du profil psychologique, psychique, des personnes prostituées ? Le sujet est délicat.

En aucune façon, il ne s’agit de les affubler d’un " profil-type " qui n’existe pas.

L’entrée dans la prostitution est la conséquence de facteurs multiples, d’un enchevêtrement de raisons, certes personnelles, mais aussi -il est essentiel de le rappeler- sociales, tant la prostitution est non seulement tolérée mais organisée et encouragée par nos sociétés.

L’un des piliers de cette exploitation vivace est la détresse personnelle. L’acte prostitutionnel apparaît en effet comme un symptôme de souffrances profondes et une tentative de recherche de solution face à ces souffrances.

Les recherches, les interrogations dont il sera question dans ce dossier, rejoignent celles du Mouvement du Nid depuis sa création. Elles ne prétendent pas énoncer des vérités absolues mais jeter des pistes de réflexion sur l’itinéraire des personnes prostituées, qu’il ne s’agit pas de montrer du doigt ni de réduire à l’état de simples victimes.

Nous aborderons ici essentiellement la question sous l’angle des femmes prostituées. Non par oubli des hommes prostitués mais parce que leur situation, si elle présente des caractéristiques identiques, renvoie néanmoins à une problématique particulière.

Approches psychiatrique et psychologique

Là où le XIXe siècle ne voyait que pathologie mentale ou fatalité héréditaire, personnalités "dégénérées" ou "vicieuses", le XXe siècle a eu le mérite d’étendre la recherche au domaine psycho-social.

Un important travail a ainsi été effectué par des personnalités engagées dans le courant abolitionniste, par des associations créées dans les années 40 : l’Abri Dauphinois à Grenoble, la Bienvenuë et le Mouvement du Nid à Paris.

Rencontrant des femmes prostituées dans le milieu prostitutionnel, les accueillant, les accompagnant dans leur démarche de réinsertion, elles ont été conduites à l’étude et à la recherche, dans le contexte du développement des sciences humaines, avec le concours de spécialistes - psychologues, psychanalystes, travailleurs sociaux, médecins... -

Les études et les hypothèses qui en sont issues ont contribué aux changements survenus en 1960. Rappelons qu’à cette époque, la France ratifie son adhésion à la Convention Internationale du 2 décembre 1949. Modifiant sa législation, elle met l’accent sur la prévention et la réinsertion.

En 1965, le docteur Le Moal aborde la question des traumatismes affectifs et sexuels de l’enfance, les carences affectives et éducatives du père et de la mère. Les mineures, qu’il rencontre au Centre d’Observation de Chevilly-Larue après décisions judiciaires, lui apparaissent surtout comme souffrant de frustrations graves, avec un grand besoin de sécurité, de valorisation, de plaisir. Le côté dépressif et l’auto-punition ne sont pas rares, conséquences des perturbations de l’affectivité.

A la même époque, l’analyste Anne-Marie Avril entreprend une recherche universitaire sur la prostitution féminine. Si elle montre bien qu’il n’existe pas de personnalité-type, elle retrouve chez toutes les femmes de son enquête une importante fragilité affective et une certaine immaturité. Selon elle, les traits dominants sont l’angoisse d’abandon, le rejet, les frustrations affectives intenses et les difficultés d’identification sexuelle.

Les pères ont presque toujours des images d’hommes très faibles et les mères -qui lui semblent particulièrement déterminantes- apparaissent comme dévorantes et très possessives ; les jeunes femmes se trouvant face à elles dans un rapport complexe où se mêlent la haine et une demande éperdue d’amour. Pour Anne-Marie Avril, il y aurait dans la prostitution, sorte d’exagération de l’image de la femme, une recherche d’identité, une quête du féminin. Elle aussi met l’accent sur les importants traumatismes de l’enfance, parmi lesquels le viol par le père ou son substitut.

L’argent, lui, semble avoir une valeur symbolique, censée permettre une revalorisation par rapport à des sentiments d’indignité et d’infériorité très forts. C’est également un moyen de faire payer aux hommes un dommage, de croire acquérir le pouvoir, le phallus. Par ailleurs, elle note que la dépression et le besoin d’excitations sont massifs. Toutes ces raisons incitent ces femmes à chercher une solution dans la prostitution, milieu qui, rappelle Anne-Marie Avril, les met aussi en danger.

Itinéraire personnel et dimension collective

Au-delà de l’approche individuelle, le Mouvement du Nid, dont l’expérience se fonde sur six décennies passées aux côtés des personnes prostituées, insiste sur l’approche globale du phénomène prostitutionnel.

Aussi tient-il à rappeler l’importance des rouages intermédiaires entre l’itinéraire personnel et l’institution sociale qu’est la prostitution.

Médiateurs de tout ordres et proxénètes sont des maillons essentiels du système. Les pressions peuvent être de différents ordres, provenir d’un individu ou d’un réseau organisé, utilisant aussi bien la violence et la menace que l’influence, le conditionnement affectif.

Proxénète et personne prostituée ne se rencontrent pas par hasard. Le premier a en général connu lui-même un parcours problématique, fait de carences et d’échecs, et cherche dans le "milieu" un lieu de valorisation et de pouvoir. La seconde établit avec lui des relations illusoires - est-il père, amant ou mari ? - destinées à combler un manque affectif.

A côté de la psychologie des personnes qui se prostituent, il faudrait également parler de psychologie du "milieu", de son emprise physique et affective. Le "milieu" représente en effet un pôle attirant en ce qu’il semble remplir une fonction de reconnaissance sociale et de revalorisation de soi. Lieu de suppléance, il renvoie à un lieu manquant, à quelque chose qui a profondément fait défaut.

Pseudo-sécurisant, pseudo-chaleureux, il fait office de famille, comme le montre d’ailleurs le choix d’un certain vocabulaire : mère maquerelle, fille de joie, "maison" close... Il attribue un nom, transmet un système de valeurs, un code de conduite, il propose des lois, un ordre à respecter.

La prostitution, une recherche de sens ?

Aujourd’hui encore, psychologues et psychanalystes s’interrogent sur les processus psychiques pouvant contribuer à l’entrée dans la prostitution. Ce que leurs travaux révèlent confirme plus que jamais le fait que l’on n’y entre pas par hasard.

L’acte prostitutionnel apparaît comme un symptôme mais aussi comme une recherche éperdue de sens, une tentative de solution à des conflits psychiques profonds.

Ce que les lieux communs interprètent comme une réponse instantanée à un besoin d’argent prend en réalité sa source jusque dans la petite enfance. Psychologue à l’Association nationale de réadaptation sociale (ANRS), Viviane Dubol, auteur d’un important travail de recherche, déduit de l’analyse des cas étudiés qu’"une hostilité très importante a existé, à la naissance, de la part de l’entourage familial."

Dans toutes les observations qu’il a pu faire au cours de trente années de participation aux activités de réinsertion de l’Amicale et du Mouvement du Nid, le psychiatre Pierre Safar conclut au "mauvais climat affectif" qui a entouré l’enfance des personnes, particulièrement au stade le plus précoce, en plus des carences au niveau moral (au sens large) et éducatif.

En 1992, lors d’un colloque organisé par l’Amicale du Nid, le psychanalyste Charles Melman affirmait : "Celles qui se prostituent sont celles qui n’ont pas été comme enfants symboliquement reconnues".
Selon lui, elles cherchent alors à "se faire reconnaître dans la réalité comme un objet de désir".

Tout se passe comme si, dans la prostitution, les jeunes femmes cherchaient un regard qu’elles n’avaient pas eu. Guy Maury, psychiatre, insistait lors du même colloque sur l’angoisse d’abandon, qu’il liait à des comportements de dépendance : à l’alcool, à la drogue, au proxénète. La plupart des travaux soulignent par ailleurs la défaillance quasi générale de la fonction paternelle.

Ces éléments ne suffiraient toutefois pas à rendre compte d’un comportement qui touche de très près au corps et à la sexualité.

Pierre Safar est ainsi "frappé par le fait qu’il y a toujours dans l’histoire des personnes quelque chose de sexuel" ; "Il faut la conjonction de facteurs psycho-affectifs et sociaux, mais aussi une blessure du corps."

Viviane Dubol note également la forte concentration des événements sur le corps, la sexualité omniprésente. Une "effraction sexuelle" est à l’oeuvre. Il peut s’agir d’événements réels comme des incestes, des abus sexuels ou de simples paroles ou attitudes relatives à la sexualité prononcées par des personnes incarnant l’autorité ; ces paroles et ces attitudes, souvent insultantes, agissent comme des messages, des ordres, qui pourront pousser l’enfant, beaucoup plus tard, vers la prostitution.

Le psychanalyste Olivier Douville insiste beaucoup sur le fait que les maltraitances sexuelles ne sont pas forcément des actes, mais qu’elles peuvent être aussi des mots ; par exemple, "un verbiage insultant sur les premiers émois du corps".

Des attitudes de l’entourage dénient à l’enfant une sexualité propre. Les traumatismes à caractère sexuel viennent s’ajouter aux autres, mort des proches, accidents, ruptures violentes, abandons...

De ces difficultés de mise en place de la sexualité, subsiste selon Viviane Dubol un doute sur l’identité sexuelle : "suis-je une femme ?"

Pour Guy Maury, la femme prostituée veut prouver sa séduction, elle engage un "véritable effort de représentation de la féminité, un effort de construction et de destruction de la femme, entre pulsion de vie et pulsion de mort."

La prostitution serait un lieu de recherche du masculin et du féminin, une expérience de la différence sexuelle. Olivier Douville estime quant à lui que les femmes prostituées "règlent des comptes avec le féminin plus qu’avec le masculin" et qu’"elles tiennent les hommes pour rien" ; tandis que Viviane Dubol aboutit à l’idée que le comportement ostentatoire de la prostitution est adressé à quelqu’un, un personnage féminin, bien souvent la mère.

Les carences précoces, les manques vécus dans l’enfance poussent la personne à une recherche de complétude. "Elle a quelque chose à combler", dit Pierre Safar. "C’est ainsi qu’elle en vient à castrer le client, sur le plan de l’argent comme du plaisir, dans une castration qui n’aboutit jamais."

Viviane Dubol voit là une "volonté d’emprise sur l’autre" : "Autrefois victimes, elles deviennent agents d’une castration agie sur le client", position qui peut leur sembler de domination, même si elle est illusoire.

Ces tentatives d’explication du comportement prostitutionnel par l’itinéraire personnel ne doit pas faire oublier la dimension sociale du phénomène, largement relevée par tous les chercheurs. Parlant de l’"acte-symptôme" qu’est la prostitution, Viviane Dubol écrit : "Comme acte, il est rendu possible parce qu’une société autorise la pratique de la prostitution, organise son exploitation et fait écho à un type de fonctionnement chez ces sujets."

Ce sont là toutes nos représentations sociales qui sont en jeu, l’ensemble des mythes concernant la prostitution et toute une conception de la sexualité, une image des hommes et des femmes.

Les abus sexuels

À lire les recherches portant sur la population prostituée, les abus sexuels, viols et incestes subis dans l’enfance pourraient constituer une des raisons majeures qui contribuent à l’entrée dans la prostitution.

Dans ce domaine, on avance beaucoup de chiffres, plus ou moins fiables. Ainsi, une enquête menée à San Francisco en 1995 sur 130 personnes prostituées aboutissait à la conclusion que 55 à 90 % d’entre elles (pourcentage bien approximatif) avaient été victimes d’abus sexuels dans l’enfance. En France, on avance ici ou là des estimations allant de 40 à 80 %.

Pour Michel Dorais, sociologue québecois,"la prostitution est paradoxalement une façon de s’adapter aux traumatismes causés par les abus sexuels antérieurs." [1] Selon ce sociologue, être traités en objets sexuels, c’est, pour certains "continuer de faire ce qu’ils ont appris lors d’agressions sexuelles subies."

Psychologue spécialisé dans les affaires d’agressions sexuelles, Christian Besnard insiste également sur le fait que l’agression sexuelle provoque une effraction de l’enveloppe corporelle et affective :
"Il y a à la fois un sentiment de honte, de culpabilité et de salissure. Si ce sentiment de culpabilité perdure, il peut créer la répétition, ce qui fait que le corps va être sali en permanence. C’est ce qui se passe par exemple dans la prostitution. Dans certains cas, les jeunes filles vont avoir l’impression de faire payer les hommes. En réalité, elles se déstructurent en pensant se venger. Elles payent le fait d’avoir été victimes."

Pour ce psychologue, "la violence subie se reproduit : soit en conduite active de destruction, soit en état de dépendance et de passivité. Seul l’argent, comme versant social de la prostitution, permet de faire croire à la prostituée qu’elle ne subit pas."

A l’appui de la thèse insistant sur le caractère déterminant des abus sexuels, il faut encore citer l’enquête de l’ANRS menée auprès de jeunes de 18 à 25 ans sur les facteurs de risque prostitutionnel (1996) et qui confirmait "l’influence des événements traumatiques et particulièrement des violences sexuelles."

Plus récemment, l’anthropologue Rose Dufour, dans son ouvrage Je vous salue. Le point zéro de la prostitution, met en évidence, à travers vingt biographies de personnes prostituées, la constance des violences sexuelles qui appararaît dans chaque parcours.

En revanche, Olivier Douville, psychanalyste et membre du Groupe de Recherche Altaïr, estime que l’abus sexuel est un peu la tarte à la crème de notre époque en matière d’explication à la prostitution. Pour lui, "les abus sexuels n’ont pas vraiment été repérés".
Mais il souligne que les formes de maltraitance peuvent prendre des formes multiples et conclut : "Quelqu’un qui aura été bien traité dans sa sexualité ne deviendra pas prostitué."
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Message  spike Ven 17 Juin - 2:26



En s’appuyant sur l’expérience de ses nombreuses délégations à travers la France, le Mouvement du Nid prend quotidiennement connaissance d’informations rapportées par les personnes qui connaissent le mieux le système prostitutionnel : les personnes prostituées en premier lieu, mais également les acteurs sociaux et militants associatifs.
Issu d’une connaissance précise du terrain, notre bilan s’enrichit également d’une reflexion amorçée il y a 70 ans aujourd’hui. Une réflexion alimentée des travaux de sociologues, psychologues, philosophes, journalistes et essayistes féministes.



Si nous éprouvons le besoin de faire la synthèse de toutes ces informations, c’est pour permettre l’élaboration de propositions concrètes. Un bilan - et particulièrement lorsqu’il met à jour des situations si révoltantes - ne vaudrait rien s’il ne permettait pas de faciliter l’émergence d’une action efficace, ambitieuse, émancipatrice.

C’est pourquoi nous soumettons nos 50 propositions abolitionnistes pour 2007 accompagnées de ce bilan qui leur a donné naissance. Nous espérons que les partisans d’une société débarassée du système prostitutionnel, l’un des plus odieux mécanismes d’oppression des femmes, tireront profit des allers et retours entre ces deux documents de travail et nous feront part de leurs propres suggestions : partagez avec nous votre point de vue et vos idées !
Au fil de votre lecture, des liens entre les deux articles sont signalés afin de mettre en valeur le dialogue entre les constats et les solutions que nous préconisons.

N.B
Ce symbole vous indique une passerelle vers 50 propositions abolitionnistes pour 2007, au paragraphe qui décrit les mesures demandées par le Mouvement du Nid et correspondant au constat que vous êtes en train de lire.

Sommaire :

1/ Accompagnement social des personnes prostituées : un parcours du combattant
Une vulnérabilité et une précarité omniprésentes
Des droits bafoués, des violences quotidiennes
Des textes non appliqués
Le règne de l’arbitraire et du coup par coup
Des situations insolubles
Un accès aux soins mis à mal
Des aberrations de la machine fiscale
Des étrangères victimes de la traite en manque de protection
Une prostitution des mineur-e-s mal identifiée
Des commissions départementales chancelantes
2/ Responsabilisation des "clients" ou prostitueurs
Une société complice
Des lois non appliquées
3/ Répression réelle du proxénétisme
Proxénétisme : tout sauf une priorité
Des victimes mises en danger
Un laxisme sur les établissements de prostitution
Un manque de volonté au plan international
4/ Prévention, éducation, information
Jeunes : des relations garçons-filles détériorées
Médias, une absence d’éthique

Accompagnement social des personnes prostituées : un parcours du combattant



Une vulnérabilité et une précarité omniprésentes

Femmes, hommes, transgenres, mineur-e-s ou majeur-e-s, Françaises ou étrangères, victimes ou non de la traite, sont des personnes en grande vulnérabilité au plan socio-économique et psychologique.
L’immense majorité a connu un parcours chaotique fait de maltraitances, d’errances et d’abandons.

Des droits bafoués, des violences quotidiennes

La LSI - Loi sur la sécurité intérieure - , qui a rétabli en 2003 le délit de racolage passif, a fait des personnes prostituées des coupables poursuivies par la police.
Expulsées de plus en plus systématiquement, sans souci aucun de leur point de chute, les étrangères se trouvent souvent sans possibilité de défense. Même celles qui dénoncent leurs proxénètes peuvent être renvoyées au motif que leurs dépositions sont insuffisantes. Agressées, injuriées, en proie au mépris, aux vexations, aux humiliations — de la part de prostitueurs (ou "clients") mais aussi de policiers —, les personnes prostituées vivent sous la menace permanente de la violence.

Des textes non appliqués

Les structures d’accueil et d’hébergement sont notoirement insuffisantes. Le maquis des dispositifs sociaux, le manque d’outils et de ressources, en particulier pour le logement et l’insertion professionnelle, rendent très difficile l’accès aux droits.

Le règne de l’arbitraire et du coup par coup

Les professionnels du champ social et médico-social montrent une grande méconnaissance de la réalité prostitutionnelle. Ils ne sont pas formés à l’écoute et l’orientation de ces personnes.
Cette ignorance peut se révéler catastrophique : refus de RMI au motif qu’ "une personne prostituée a assez d’argent", retrait d’enfant alors qu’il motive l’arrêt de prostitution, suppression arbitraire de droits, etc.

On relève un comportement parfois hostile dû aux clichés, au niveau judiciaire ou administratif : personnes étiquetées comme "prostituées", doutes sur leurs compétences, leur parole, leurs plaintes, sur leur droit à élever leurs enfants...

L’absence de politique cohérente de l’État contraint à traiter les dossiers au cas par cas, à effectuer des démarches lourdes, de service en service. Comme d’autres associations, le Mouvement du Nid est bien souvent tenu de trouver des solutions de fortune, dans l’urgence. Lui-même en butte à une précarité croissante - subventions ponctuelles et aléatoires -, il est soumis au bon vouloir individuel de ses interlocuteurs. L’obligation de sensibiliser les travailleurs sociaux un à un, de négocier, d’argumenter et de recommencer dès qu’il ya un changement de personne, est un challenge intenable.

Des situations insolubles

Qui veut quitter la prostitution se heurte à la quadrature du cercle. Comment survivre le temps des démarches ou de la formation ? Comment faire valoir ses droits sans pouvoir attester d’une domiciliation ? Comment bénéficier du RMI, qui exige une déclaration de ressources ?

Un accès aux soins mis à mal

Des restrictions croissantes nuisent à l’obtention de la CMU (Couverture médicale universelle) ou de l’AME (Aide médicale d’État). Les justificatifs sont quasi impossibles à fournir, par exemple les preuves de résidence.

Des aberrations de la machine fiscale

Contraintes à se déclarer, des personnes prostituées sont imposées au titre des Bénéfices non commerciaux : sur des calculs arbitraires visant à évaluer le nombre de passes effectué !
Poursuivies par le fisc et les Urssaf, elles doivent faire face à des rappels astronomiques qui viennent entraver les démarches d’insertion. Des exonérations sont certes accordées si la personne prouve qu’elle est réinsérée. Mais elle ne peut l’être qu’à la condition d’être exonérée...

Des étrangères victimes de la traite en manque de protection

Malgré les engagements de l’État, on note un manque criant de mesures légales de protection et d’hébergements sécurisés. Les personnes en situation irrégulière sont abandonnées. En cas d’expulsion, les recours arrivent trop tard. Les délais d’attente des titres de séjour, une demande d’asile par exemple, peuvent entretenir le recours à la prostitution, faute de moyens de subsistance.

La nécessité de donner une adresse se heurte à l’interdiction d’héberger des étranger-e-s en situation irrégulière. Les titres de séjour de six mois accordés en cas de dénonciation sont trop courts pour permettre aux victimes de se reconstruire et de trouver un emploi.

L’obligation de dénonciation, qui donne théoriquement droit à un titre de séjour, est impossible à remplir pour beaucoup d’entre elles : menaces, chantages, liens "affectifs" avec les trafiquants, rites d’intimidation (comme le "vaudou" utilisé par les traficants de certains pays africains), etc.

Une prostitution des mineur-e-s mal identifiée

De jeunes étranger-e-s mais aussi de jeunes français-e-s, souvent âgés de 14 à 18 ans, sont prostitués.
Les représentations courantes font que ces jeunes en rupture sont davantage traités comme des délinquants que comme des victimes à protéger.

Des commissions départementales chancelantes

Les commissions sur la prostitution se sont raréfiées. Même les commissions Violences faites aux femmes, qui les intègrent parfois, sont en danger du fait d’une volonté de regroupement avec les commissions départementales de lutte contre la délinquance et la toxicomanie, et les sectes.


Responsabilisation des clients prostitueurs

Une société complice

La LSI est le symbole d’un réflexe séculaire : la prostituée est la coupable, le "client" - sauf exception - est innocent.

Le corps social continue de garantir à ce dernier une tacite complicité. Comme le montre l’enquête menée pour le Mouvement du Nid, le discours de ces hommes, banals, souvent en couple, exprime pourtant une adhésion à des idées rétrogrades sur les femmes, les hommes et la sexualité.

Les "clients" continuent de ne pas avoir de nom, et ce qui n’a pas de nom n’existe pas.
Cet "oubli" doit être réparé afin d’identifier ces acteurs clés.
C’est bien à leur bénéfice qu’existe ce système d’exploitation des personnes et la traite destinée à l’alimenter.

Des lois non appliquées

Les lois qui pénalisent les "clients" de prostitué-e-s mineur-e-s (2002) ou de personnes vulnérables (2003) restent très peu appliquées.


Répression réelle du proxénétisme

Proxénétisme - tout sauf une priorité

Durement réprimé dans les textes, le proxénétisme est toléré dans les faits. Peines légères, sursis et libérations prématurées sont monnaie courante et les effectifs policiers demeurent insuffisants.

Certaines étrangères, elles-mêmes prostituées et utilisées par les réseaux comme intermédiaires, tombent en revanche couramment pour proxénétisme.
D’autres se voient parfois refuser un dépôt de plainte, au motif que les faits de proxénétisme remontent à plusieurs mois.

Des victimes mises en danger

Citons seulement le cas d’un proxénète arrêté suite à la plainte d’une personne prostituée - un an après le dépôt de plainte - et relâché pendant l’instruction. La justice lui permet ainsi de faire disparaître les preuves de ses activités et de susciter des faux témoignages.
Non seulement la plaignante risque de se trouver en situation d’accusée, mais nul ne sait comment assurer sa sécurité.

Un laxisme sur les établissements de prostitution

Une grande complaisance entoure le proxénétisme des bars, salons de massage, sex shops, clubs échangistes, ainsi que les annonces proposées dans la presse. Certains établissements sont manifestement protégés. On ne constate pas le même zèle policier qu’à l’encontre des personnes prostituées de la rue vis-à-vis desquelles on n’a pas hésité à faire voter une loi répressive.

Des créations d’entreprise pour des "masseuses" et "relaxologues" sont délivrées par des chambres de commerce. Des ANPE proposent des emplois à risques dans des bars.

Un manque de volonté politique au plan international

Au plan international, les poursuites judiciaires se heurtent aux lois et aux frontières nationales et compromettent le démantèlement des réseaux.


Prévention, éducation, information

Jeunes : des relations garçons/filles détériorées

Le durcissement des relations garçons-filles est relevé depuis plusieurs années.

La récupération marchande de la libération sexuelle, la banalisation de la pornographie et de la violence sexuelle, entraînent, dans un contexte de précarisation croissante, la multiplication de comportements pré-prostitutionnels et de conduites à risque.

De plus en plus de jeunes seraient concernés par une prostitution en bars à hôtesse, salons de massage, hôtels, appartements, par Internet... La prostitution masculine augmente, et notamment une prostitution homosexuelle facilitée par Internet.

Médias, une absence d’éthique

Certains journalistes songent surtout à faire de l’audimat et traitent de la prostitution de manière événementielle et sans analyse de fond.
L’ignorance et les clichés habituels poussent un certain nombre d’entre eux au mépris des personnes prostituées, au manque de respect de leur intimité et de leur image, et à la promotion de la prostitution ("informations" sur les prix et adresses).

Globalement, le discours médiatique, friand de propagande sexiste, incite de plus en plus à la "consommation" du corps d’autrui et au culte de la femme comme objet de plaisir sexuel.

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Réouverture des maisons closes, mise au point sur la position du STRASS.
Communiqué de presse :
Réouverture des maisons closes, mise au point sur la position du STRASS.

Le 24 novembre 2009, Christine Boutin relance le débat en se déclarant “pas défavorable à la reouverture des maisons closes” mais se rétracte ensuite très rapidement sous la pression des lobbys anti prostitution dont le mouvement du Nid.

Le Syndicat du TRAvail Sexuel qui compte plus de 250 membres travailleuses et travailleurs du sexe de toute la France aimerait que ce débat important ne soit pas clos aussitôt qu’initié parce que des professionnels de la lutte contre la prostitution font pression pour maintenir le dogme abolitionniste qui leur garantit de nombreuses subventions et la survie de leur organisation.

Le STRASS récuse le système abolitionniste actuel qui est en fait un système répressif à l’égard des travailleuSes du sexe sous prétexte de dignité humaine et de morale.
Nous sommes opposéEs au concept de maison close tel qu’elle existait aux XIXème et XXème siècles car elle était un moyen de contrôle et une entrave à nos libertés, et dénonçons l’hypocrisie des lois actuelles qui nous interdisent de travailler en intérieur, en particulier quand nous voulons travailler à plusieurs pour notre sécurité.

Nous sommes contre les maisons closes parce que :

Nous refusons de travailler au profit du tenancier d’une maison close comme nous nous opposons à toute forme d’exploitation et parce que 100% des revenus issus du travail du sexe doivent revenir au travailleur lui-même.

Nous refusons qu’une personne tierce nous impose ou influe dans le choix de nos clients, de notre prévention, de nos pratiques et de nos tarifs.


Nous considérons que le dépistage obligatoire aux IST souvent préconisé avec la réouverture des maisons closes ne protège en rien les travailleuSes du sexe et leurs clients puisqu’il ignore les fenêtres de séroconversion lors des transmissions de ces maladies.

Seul le port du préservatif protège et le dépistage obligatoire n’est en fait utilisé que pour inciter les travailleurs du sexe à accepter des rapports non protégés et à appliquer des politiques d’exclusion à l’égard des travailleurs séropositifs. Les scandales de contaminations dans l’industrie du porno sont un exemple flagrant de la contre productivité du dépistage obligatoire en matière de santé.

Nous refusons d’être mis à l’écart de l’espace public dans des endroits fermés et espaces réservés ou cachés. Nous faisons partie de cette société et nous voulons que nos lieux de travail soient des espaces ouverts à tout public adulte et non des maisons closes.

Nous ne voulons pas qu’un système réglementariste divise les travailleurs du sexe entre des réguliers qui travailleraient en maison closes et d’autres qui continueraient d’être criminalisés pour refuser de se plier au contrôle de l‘Etat. Nous voulons les mêmes droits pour tous quelle que soit notre nationalité.
Ce que nous voulons :

Le droit de travailler où nous voulons.
Le droit de nous associer avec qui nous voulons.
Le droit de travailler avec qui nous voulons.
Le droit de travailler comme nous le voulons.

Cela inclut donc d’abroger les lois sur le racolage et le proxénétisme qui nous empêchent d‘organiser notre travail et de nous loger de manière indépendante. En voulant dissuader l’existence de la prostitution, ces lois ne nous protègent pas, elles nous mettent en danger.

Note : Ce sont aussi les conclusions de la Déclaration et du Manifeste pour les Droits des Sexworkers en Europe, rédigés à l’issue de la conférence européenne de 2005, par plus de 300 travailleuSes du sexe de tout l’europe.
http://site.strass-syndicat.org/2009/11/reouverture-des-maisons-closes-mise-au-point-sur-la-position-du-strass/
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