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Retraites et medias : comment on nous bourre le crâne

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Message  Invité Mar 11 Mai - 9:06

La réforme des retraites ? Urgente, unique,inévitable

Publié le 3 mai 2010 par Denis Perais, Mathias Reymond

Les grands médias se chauffent la voix. Cet automne le gouvernement devrait soumettre au parlement la « grande réforme » des retraites, afin de « sauver »le régime par répartition. Mais la bataille sociale, politique, et… médiatique a déjà commencé.
« Urgence » de la réforme

« Il y a urgence ! » s’exclame Alain Genestar sur France Info,le 20 février 2010. C’est « une réforme inévitable » insiste Patrick Bonazza dans Le Point le 25 février. « Incontournable »,nuance Jean-Pierre Bel, « indispensable », tempère François Ernenwein, « inéluctable », réplique Jacques Camus [1]. Pour Alain Duhamel, « laréforme des retraites, c’est la plus urgente, la plus nécessaire » (RTL, 23 mars 2010). Même point de vue pour Luc Ferry : « C’est vital et s’il y a encore une réforme à faire, c’est celle-là. Il faut acter qu’on travaillera plus. » (lejdd.fr, 26 mars 2010). C’est vital, c’est fatal – ce sont « Les retraites de la peur », comme l’indique la « Une » de Métro le 15 avril 2010.

On l’aura compris, les médias dominants nous resservent la soupe unanimiste de l’urgence de la réforme. Depuis 1993 et la première réforme des retraites instaurée par Edouard Balladur, les gouvernements successifs ont trouvé sur leur route des médias enthousiastes, saluant et soutenant la marche triomphale vers la « modernisation » des régimes
de retraites (2003, 2007). La prochaine réforme, annoncée à l’automne 2010, devrait s’accompagnerd’unemballement éditorial similaire. En attendant, les vedettes du journalisme marquent leur territoire.

Ainsi, Jean-Michel Aphatie insère la (bonne) réponse dans la question qu’il pose à Dominique Strauss-Kahn : « L’âge légal de la retraite, il faut quand même le revisiter un peu partout pour faire face aux déficits ? » (RTL, 4 février 2010). Idem, lorsque deux mois plus tard, il est face à Jean-Luc Mélenchon : « Comment peut-on combler ce trou financier sans augmenter la durée du travail des cotisants ? » Résumant la pensée du chœur des ténors médiatiques, Christophe Barbier propose de mettre « un grand coup d’accélérateur, immédiat et irréversible (...) afin d’accomplir les réformes les plus essentielles. Celle des retraites et des coûts sociaux, d’abord : que la franchise des débats sauve le système français une fois pour toutes ! » (L’Express,25 mars 2010).

« La seule solution »

Les éditorialistes veulent voir les Français travailler plus longtemps, et sur ce point ils ne transigeront pas. Car il n’y a là
aucune idéologie : ils se soumettent simplement au principe de « réalité », et, comme l’explique Dominique Seux, « la réalité est qu’il est impossible d’échapper au relèvement de l’âge légal de départ à la retraite » (Les Echos, 9 avril 2010). Et pour Alain Genestar, « tout le monde sait, c’est une évidence , il faut travailler au-delà de 60 ans » (France Info, 24 avril). Même son de cloche pour Philippe Frémeaux, directeur de la rédaction d’Alternatives Économiques :« Il n’est pas absurde de penser qu’onva travailler plus longtemps » (France Info, 26 janvier 2010).

Pour Laurent Joffrin, sur France Info, ça ne fait pas de doute, « la seule solution , c’est d’allonger la durée de cotisation » (15 février 2010). Et Sylvie Pierre-Brossolette, sa consœur du Point, censée lui apporter la contradiction en direct, acquiesce : « Moi, je pense qu’il faut les deux, allonger la durée de cotisation [mais aussi] repousser l’âge légal de la retraite, (...) ce n’est pas aussi antisocial que ça ». Laurent Joffrin peut alors conclure ce faux-débat : « L’idée d’accepter l’augmentation du nombre d’annuités, on est d’accord là-dessus ».

D’accord aussi avec Dominique Seux qui, sur son blog, explique que « en France, grâce à la démographie dynamique, l’idée serait d’aller "seulement" vers 63 ans » (Blog, Les Echos, 15 février 2010).« La logique démographique et économique plaide pour un allongement de la durée de cotisation » tranche Le Monde dans son éditorial du 16 février 2010. La providentielle « logique démographique » a le dos large, et Gaëtan de Capèle du Figaro recopie ses confrères : « Au rythme où évolue la démographie française, il est inéluctable et urgent de repousser l’âge légal de la retraite et d’allonger la durée de cotisation si l’on veut préserver notre système par répartition » (15 février 2010).

Trois mois plus tard, Jean-Michel Aphatie opine : « Le gouvernement récuse par avance l’idée d’augmenter les cotisations. Son argument ? Elles pèsent déjà pour le tiers du salaire versé par les entreprises, inégalement réparties entre employeurs et employés. En gros, nous sommes au seuil du supportable. C’est objectivement vrai » (RTL, blog, 14 avril 2010). La vérité « objective » sortant de la bouche des gouvernements, pourquoi envisager d’autres solutions que les leurs ? N’en parlez pas, ce n’est pas sérieux… Ainsi, àpropos de l’initiative d’Olivier Besancenot appelant à un front uni de la gauche contre la réforme gouvernementale des retraites, Laurent Joffrin semble très clair : « C’est une plaisanterie. Besancenot, il dit : y a qu’à taxer les riches, c’est tout simple. Mais comme les riches ne sont pas extrêmement nombreux, il n’y aura pas assez d’argent, ça ne suffira pas » (France Info, 15 février 2010). Sur ce point, il est rejoint par la quasi-totalité des éditorialistes de la presse régionale à l’instar d’Olivier Picard : « Sur la ligne de la retraite à 60 ans, la CGT, FO et la CFTC auront de plus en plus de difficulté à tenir cette position économiquement intenable... même en inventant des taxations supplémentaires des bénéfices des entreprises pour trouver de nouvelles ressources » (Les Dernières Nouvelles d’Alsace, 20 janvier 2010).

« Une seule solution », donc – et une seule « grande question », posée, pour l’ensemble de ses confrères, par Bruno Dive : « La grande question porte pour l’heure sur la méthode» (Sud Ouest, 15 février 2010).

« Conservatisme » et « privilèges »

Les premiers signes d’un alignement du Parti socialiste sur les positions médiatiquement dominantes sont aussitôt salués par les porte-voix des grands médias comme des « avancées », ou des « tabous »et des « dogmes » enfin brisés, à l’instar de ce qu’écrit Jean-Francis Pécresse [2] dans Les Echos: « La conversion de la première responsable d’opposition à un recul de l’âge légal de la retraite est en tout cas de bon augure » (20janvier 2010) [3].
Parallèlement, le « conservatisme » des syndicats et les « privilèges » des fonctionnaires sont vilipendés avec vigueur...

Claude Imbert par exemple, toujours égal à lui-même, ne fait pas dans la demi-mesure : « La réforme des retraites, d’une nécessité mathématique [4], constituera un test majeur. Qu’elle s’enlise dans les arguties politiciennes ou le conservatisme syndical, et elle enlisera la France » (Le Point, 1er avril 2010). Rien de moins… Pour Jean-Francis Pécresse, encore lui, c’est plutôt affaire de génétique : « Bien que les Français aient gagné sept ans d’espérance de vie depuis 1983, FO ne voit toujours pas le problème économique que pose un âge légal de départ dès 60 ans. Quant
à la CGT, son refus de « toper » avec un gouvernement est inscritdans son code génétique » (Les Echos, 12 avril
2010). Et de son côté, Franz-Olivier Giesbert, privé de tout privilège, fustige « ces privilégiés de la Nation [les
aiguilleurs du ciel], qui ne travaillent que 24 heures par semaine - moins de 100 jours par an et bénéficient de retraites juteuses – et profitent de leur situation stratégique pour demander toujours plus »(RTL, 24 février 2010). Toujours à propos des fonctionnaires, Jean-Michel Aphatie, « interroge » Jean-Luc Mélenchon : « Les retraites des fonctionnaires sont calculées aujourd’hui sur les six derniers mois ; celles des salariés du secteur privé sur les 25 dernières années. Ceci peut-il rester en l’état, Jean-Luc Mélenchon ? C’est un peu inégalitaire ! » (RTL, 13 avril 2010).

La « logique démographique », « l’urgence de la réforme »,la « seule solution », le « corporatisme », les «privilèges»
La novlangue de l’éditocratie ne s’enrichit guère, mais accompagne « la réforme » avec le même entrain et la même insistance. Comme nous l’écrivions déjà à propos de celle des régimes spéciaux en septembre 2007 : « À chaque réforme libérale, à chaque réforme anti-sociale, lebataillon des ténors médiatiques envahit les colonnes des journaux, lesécrans et les radios car il ne faut pas laisser le moindre espace à l'’adversaire. Ils orchestrent le débat, et surtout se posent en gardiens du consensus. » [5]

« La réforme » est de retour ? Les gardiens du consensus aussi.

À suivre…

Mathias Reymond et Denis Perais


Notes

[1] Respectivement, La Nouvelle République du Centre Ouest du 16 juin 2009, La Croix du 22 mars 2010 et La République du Centre du 16 juin 2009.

[2] Dont le programme a au moins le mérite de la clarté : « Il faudra travailler beaucoup plus longtemps pour gagner moins, et moins longtemps, une fois à la retraite » (Les Echos, 14 avril 2010).

[3] À ce propos, on admirera l’analyse d’Alain Duhamel concernant la crédibilité d’un présidentiable PS : « A l’intérieur du PS, à propos de la réforme du financement des retraites, il faudra que les présidentiables se définissent individuellement. Qu’on voie qui est courageux, qui est compétent, qui prend des risques, qui n’en prend pas ! Bref,
qui est le plus présidentiable. »
(RTL, 16 février 2010). Comprendre : assez « courageux » et « compétent » pour prendre le « risque » de penser comme Duhamel.

[4] À laquelle est aussi sensible Chantal Didier, qui exige des « réformes nécessaires[...] dont l’équation est connue » (L’Est Républicain, 15 février 2010).

[5] Voir notre article : Régimes spéciaux : le retour des gardiens du consensus

Source Acrimed
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Message  Invité Ven 11 Juin - 11:06


Réforme des retraites : « Résignés, résignés, il faut se résigner ! »
(Sur l’air de « Motivés » de Zebda)

Depuis une vingtaine d’années, à chaque réforme des retraites les médias, dans leur grande majorité, commencent par tirer le signal d’alarme devant l’urgence de la situation [1], puis fustigent les salariés archaïques qui osent s’y opposer. En mai 2010, ces mêmes médias ont enrichi leur vocabulaire antigrève d’un nouveau mot : résigné. Selon eux, les Français se sont résignés à perdre leur droit de prendre la retraite à 60 ans. Toute lutte est par conséquent inutile.

« Les temps ont changé »

Le 3 avril 2003, au soir de la journée d’action contre la réforme des retraites initiée par le gouvernement Raffarin, une dépêche de l’Agence France Presse établit le nombre de manifestants sur toute la France à 256.000 selon la police et à 500.000 selon les organisateurs. Toujours selon l’AFP, à Paris les chiffres oscillent entre 26.000 et 80.000, à Bordeaux entre 10.000 et 20.000, à Toulouse entre 12.000 et 35.000.

Le 27 mai 2010 dernier, la journée de mobilisation contre la fin programmée de la retraite à 60 ans rassemble entre 395.000 manifestants selon le ministère de l’Intérieur et un million selon la CGT, à Paris entre 22.000 et 90.000, à Bordeaux entre 6.500 et 40.000, à Toulouse de 10.000 à 35.000. Devant la logique des chiffres, un observateur même peu avisé n’a aucun mal à affirmer que la mobilisation du 27 mai 2010 a été supérieure à celle du 3 avril 2003.

Mais la presse ne calcule pas de la même manière.

Le 3 avril 2003, elle insistait en « une » sur l’importance des cortèges : « Mobilisation réussie pour la défense des retraites » (AFP, le 3 avril 2003) ; « Succès des manifestations, réussite plus variable des grèves » (Les Echos, 4 avril) ; « Les retraites stimulent la mobilisation » (Libération, 4 avril) ; « Le rapport de force se muscle » (Sud Ouest, 4 avril) ; « Retraites : un cortège imposant » (La Nouvelle République du Centre-Ouest, 4 avril) ; « Retraites : le public mobilise, Raffarin maintient le cap » (Le Figaro, 4 avril).

Sept ans plus tard, ce n’est plus la même histoire : les grands médias s’empressent d’enterrer la mobilisation. « Les manifestations contre la réforme des retraites n’ont pas fait le plein », clame ainsi David Pujadas, en ouverture du 20 heures de France 2, dès le 27 mai au soir. « La faible mobilisation ouvre la voie à la réforme », claironne Le Figaro du lendemain. « Réforme des retraites : avantage Sarkozy », surenchérit Libération. « Retraites : Sarkozy passe le premier obstacle de la rue », confirme Les Echos. « La mobilisation n’a pas été massive », titre Ouest France. Pour les journalistes, le cours du manifestant a considérablement chuté. Assurément, la crise boursière est passée par là... À moins que, à l’instar de Jacques Camus, éditorialiste de La République du Centre – « Comment imaginer que l’avenir des retraites puisse encore se jouer dans la rue ? (…) les temps ont changé » –, ces mêmes médias aient quelques intérêts à discréditer toute mobilisation sociale.

La veille de la journée d’action, la situation est dramatique : « Les syndicats joueront leur va-tout dans la rue demain » (Les Echos, le 26 mai 2010) ; « Journée test demain pour les syndicats » (Aujourd’hui en France, 26 mai) ; « Les syndicats jouent gros demain » (L’Est Républicain, 26 mai) ; « Pari difficile pour les syndicats » (BFM - site Web, 26 mai) ; « Retraites, emploi... Les syndicats jouent gros jeudi » (La Dépêche, 25 mai). Le lendemain, la messe est dite. Les syndicats ont perdu.

« Résignation »

On assiste en réalité, depuis l’annonce officieuse du report de l’âge de la retraite à 62, voire 63 ans, à une campagne médiatique partant du principe que la retraite à 60 ans est bel et bien enterrée : « Partir à 60 ans, ce paradis qu’on sait perdu » (Libération, le 28 mai 2010) ; « La fin de la retraite à 60 ans est proche » (AFP, 25 mai) ; « Nous ne partirons plus à la retraite à 60 ans » (Ouest France, 26 mai) ; « La fin de la retraite à 60 ans » (L’Est Républicain, 26 mai) ; « Retraites : 60 ans, derniers instants » (Charente Libre, 26 mai) ; « La retraite à 60 ans sur la fin » (20 Minutes, 26 mai) ; « La retraite à 60 ans, c’est bientôt fini ! » (Le Progrès, 4 mai). Il ne fait pas de doute alors que face à cette certitude : la mobilisation des salariés ne sert à rien. Et l’explication à cette débandade salariale tient en un mot : résignés.

Il est même touchant de constater avec quelle belle unanimité les éditorialistes vont entonner en chœur le couplet de la renonciation. « Résignation », s’égosille ainsi le plus fort Jean-Francis Pécresse dans Les Echos du 28 mai : « cette faible mobilisation persistante traduit surtout comme un état de résignation de l’opinion, étape sur le chemin qui mène de la désapprobation à l’acceptation ». Pour Bruno Dive (Sud Ouest), il n’y a pas de doute : les Français sont « plus ou moins résignés » car « conscients de la nécessité de faire quelque chose pour les retraites ». Pour Paul Burel (Ouest France), ils « se calfeutrent aussi dans une acceptation plus ou moins résignée du report de l’âge légal ». Pour Patrick Fluckiger (L’Alsace), la grande masse des salariés est « résignée de toute façon, à travailler plus longtemps, en voyant ce qui se passe dans les pays voisins ». Pour Dominique Seux (France Inter et Les Echos), les salariés certes n’adhèrent pas vraiment à la réforme, « mais évidemment il y a de la résignation ». Pour Jean-Michel Aphatie (RTL, blog), « les manifestations d’hier n’ont pas été un succès », et cela est dû à une « résignation perceptible ».

Mais les éditorialistes ne suffisent pas. Par souci de pédagogie et de sérieux, les médias font appel – une nouvelle fois – à la pensée complexe d’universitaires en mal de notoriété. « Beaucoup sont résignés », ose un historien du syndicalisme, Stéphane Sirot, dans 20 Minutes. « Les Français sont résignés à l’idée de devoir travailler plus longtemps », avance courageusement un chercheur du CNRS, Bruno Palier, au micro de BFM. Mais ce tir de barrage ne s’est pas limité à la journée du 28 mai. À bien y regarder, cela fait plusieurs semaines que les première notes du petit air de la renonciation ont fait leur apparition dans les médias, histoire comme toujours de préparer le terrain : « Retraite : les Français résignés à l’idée de travailler plus » (La Tribune.fr, le 6 janvier 2010) ; « Les Français résignés sur les retraites » (Europe 1 - site Web, 11 avril) ; « La résignation, c’est sans doute l’analyse que l’on peut faire » (Erik Izraelewicz, La Tribune, 27 mai) ; « Peu à peu, les Français, plus ou moins résignés, se familiarisaient avec la nécessité incontournable de cotiser plus longtemps » (Olivier Picard, Dernières Nouvelles d’Alsace, 27 mai) ; « La résignation et le pragmatisme pourraient bien l’emporter sur la révolte » (Jacques Camus, La République du Centre, 27 mai). Etc.

À bas la grève !

Il ne faut pas être grand clerc pour présager que ce tube du printemps devrait être repris dans les colonnes de la presse et sur toutes les antennes durant le reste de l’année. Les syndicats ont tout intérêt de mobiliser en masse, et les manifestants de défiler en nombre à la prochaine journée d’action prévue le 24 juin 2010. Autrement, les grosses caisses médiatiques résonneront en chœur une nouvelle fois : les Français sont résignés. Après tout, ces journalistes – dont le mépris à l’égard des manifestants n’est plus à démontrer [2] – ont quelques intérêts à déclamer le couplet de la résignation, une version édulcorée de l’ode à la dérégulation. Il ne faut pas oublier cet étrange paradoxe : la plupart des commentaires cités dans cet article sont les produits de journalistes qui… n’étaient pas en grève, et même pour certains, comme Jean-Michel Apathie, Erik Izraelewicz, Laurent Joffrin, David Pujadas ou Jean-Francis Pécresse, ne font jamais grève. Il n’est pas vraiment surprenant alors que ceux-ci ne voient pas d’un bon œil le combat collectif de salariés, puisque pour obtenir le poste de leur rêve ils n’hésitent pas à emprunter des voies individuelles et solitaires.
Voilà, ça m'évitera un c/c hasardeux...

[edit] Very Happy [/edit]


Dernière édition par Lib le Ven 11 Juin - 13:08, édité 1 fois (Raison : Edition du post.)
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Message  Invité Jeu 7 Juil - 11:28

09h15 le
neuf-quinze


Retraites, retour au fond

A la demande générale, parlons
donc d'autre chose, chassons la boue, le superficiel,
l'anecdotique, l'énervant fait-divers. Regagnons les rivages
enchantés du débat de fond. Revenons donc sur
cette passe d'armes Royal-Cohen, sur France Inter, ce jeudi matin:
Sarkozy, en 2007, avait-il promis d'augmenter les retraites de 25%, ou
seulement le minimum vieillesse ?
"La promesse portait sur toutes
les retraites, il ne l'a donc pas tenue"
, argumente Royal.
"Pas du tout, la promesse portait seulement sur le minimum
vieillesse, et elle a été tenue"
, réplique
Cohen. Heureusement, aux désintoxicateurs débaratineurs
démenteurs débidonneurs débleuffeurs (je vous
rappelle que le concours terminologique lancé par
Anne-Sophie (1) tient encore) du matin, papa Google offre ses
secours. Verdict (2): la promesse portait bien sur le
minimum vieillesse et elle a été tenue. Source de la
confusion: une vidéo de campagne de Sarkozy en 2007 (3),
dans laquelle la promesse finale du candidat est bien ainsi
formulée "j'augmenterai vos retraites de 25%". Mais
cette promesse suit elle-même un long dégagement sur les
"trois millions de retraites inférieures au minimum
vieillesse"
. Le "vos retraites", en toute logique, s'applique
donc bien aux retraites inférieures au minimum vieillesse
(contrairement à ce que pourrait laisser penser le trompeur
arrêt sur image qui illustre cette chronique). Cette
vidéo est notamment propagée par Désirs d'avenir.
Peut-être Royal ne l'a-t-elle pas assez attentivement
regardée.

Ce bref état des lieux suggère plusieurs
questions.
La confusion entretenue par Sarkozy dans sa
vidéo de 2007 était-elle volontaire ? L'erreur de Royal
au micro de France Inter est-elle tout aussi volontaire ? S'il est
répondu par l'affirmative à cette dernière
question, Royal s'imagine-t-elle que les auditeurs ne disposent pas du
moyen de la rectifier, en moins de temps qu'il en faut à un
matinaute pour solliciter papa Google ? Dernière question, la
plus troublante: et si tous deux, l'un avec ses promesses
ambiguës, l'autre avec ses mensonges, tous deux pariant donc sur
l'ignorance, l'indifférence, l'amnésie, le "un clou
chasse l'autre", le vacarme, les diversions, et si tous deux avaient
raison ? Les rectifications pointilleuses, les scrupuleuses approches
de la vérité, de toutes les rubriques "Désintox"
que multiplient très opportunément les journaux, combien
d'électeurs touchent-elles vraiment ?

C'était notre retour au débat de
fond.


Retraites et medias : comment on nous bourre le crâne Original.39278.demi
Certains clients de courrier électronique bloquent l'accès direct
aux liens. Aussi, vous trouverez ci dessous et en clair l'ensemble des
adresses web de ce présent message :

(1) http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=4146
(2) http://www.liberation.fr/politiques/0109628832-aubry-en-fait-trop-sur-le-minimum-vieillesse
(3) http://desirdavenirlacanau.over-blog.net/article-31267566.html


Daniel Schneidermann
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