Milieu montagnard : les oubliés

Libertad Lun 7 Jan - 22:47

Les Pyrénées et ses oubliés

Loin des turbulences citadines, loin des centres étatiques où se prennent les décisions, un petit monde évolue, survit dans l’indifférence.

Actuellement, nous entendons, nous lisons certaines argumentations sur le secteur agricole, sur le monde « paysan » (terme qui peut blesser certains d’entre nous, mais vu que nous régressons et revenons à une époque moyenâgeuse…. Pourquoi pas…). Mais parle-t-on de tous ? Le milieu montagnard a ses spécificités, spécificités oubliées, négligées…

Oui, depuis quelques années le nombre de tête (tout élevage confondu) n’a pas évolué, mais le nombre d’éleveurs, lui, est en diminution constante. Les petits éleveurs condamnés à la survie ont en grande partie cessé leur activité (exploitation non reprise par les enfants, changement d’activité…). Et ceux qui ont résisté ? Des troupeaux avec un minimum de 200 brebis n’est plus un signe de richesse. C’est un combat de tous les jours pour faire survivre la famille avec pour certains l’obligation de diversifier leurs activités : accompagnement montagne, restauration, gîtes, fermes pédagogiques… La vente directe ne suffit pas toujours… Comment cela se fait ? Comme tous les secteurs, vous enlevez les impôts, différentes taxes. Vous rajoutez certains cotas, la fierté pyrénéenne de ne pas dépendre d’aides de l’Etat pour d’autres et voilà le résultat : ce qui fut à une époque un des revenus principaux du milieu montagnard passe en second voir dernier plan pour certaines zones.

Les emplois liés à l’activité ? Ils ont du mal à extraire un salaire pour eux-mêmes après avoir enlevé toutes les charges…. Comment engager un berger ou un vacher ? Les aides de l’Etat est en effet leur seule solution. Ces aides ont été un des résultats de la réintroduction de l’ours qui a permis la revalorisation du métier, la création d’un diplôme professionnel. Mais un constat a été fait : oui, nous avons des professionnels connaissant les différentes races d’ovins, de bovins… Oui, nous avons des professionnels connaissant les soins à apporter et comment gérer un troupeau. Mais ? Mais peu sont issus de la zone où ils exercent et leurs risques. Pourquoi ce ne sont pas des personnes embauchées localement ? Quand on grandit dans un village de montagne, les parents poussent les enfants à poursuivre les études le plus loin possible même s’il faut faire des sacrifices, en espérant qu’ils auront une meilleure vie que la leur, qu’ils vivront et pas survivront. Mais, de plus en plus tous les secteurs se bouchent. Les enfants au bout d’un temps reviennent au village où ils savent qu’ils auront au moins un toit et grâce à la solidarité des copains, de la famille, ils arriveront à survivre… un temps. Donc ? Nous avons des diplômés connaissant parfaitement le milieu montagnard et les troupeaux, mais ce n’est pas le diplôme professionnel correspondant exactement à l’activité. Et ? Et bien, nous avons des jeunes, amoureux des bêtes et de la nature venant de la région parisienne, Bretagne, Charente…qui restent un an, voir deux. Et les enfants des villages continuent à lutter pour leur survie chaque jour qui passe…

Qu’est ce qui fait donc vivre les Pyrénées ? Qu’est ce qui maintient une activité dans nos vallées ?

Il y a bien la production d’électricité qui crée un peu d’emploi. Mais les autres retombées ? Attendez, nous regardons nos factures… Nous avons des notes aussi lourdes que le reste de la France que nous devons payer malgré nos revenus de misère.

Les Pyrénées réservoir d’eau ? Oui effectivement, mais attendez nous regardons à nouveau nos factures… On paye aussi, et bien : nous avons pourtant les sources là… Oui juste là… au dessus des villages… « Nous devons êtres solidaires » disent-ils… Oui, bon, pour l’instant on donne et beaucoup.

Que reste-t-il pour faire vivre ces villages ? Le tourisme, le premier revenu de toute la chaîne pyrénéenne. Mais est-ce que cela fait vivre correctement tout le monde ? Clairement, non. Les petites stations se savent menacées par le manque de neige. Seul le tourisme vert sauve certaines communes qui développent des initiatives de plus en plus variées. Les grandes stations arrivent à maintenir une activité saisonnière, mais là aussi l’heure est à l’innovation, cellules de crise pour trouver de nouvelles idées. Nous vivons et subissons les aléas du temps et d’une politique qui a mené le peuple européen à la misère. En outre, là encore, ce n’est forcément la population locale qui est bénéficière de ces emplois saisonniers, certaines stations, certains restaurants jouent la carte de la solidarité locale. Mais sur l’ensemble des Pyrénées, et nous pouvons généraliser à tous les massifs, c’est loin d’être le cas partout. Dans une France, pour ne pas dire une Europe de misère, les esclavagistes n’ont qu’à se servir sans état d’âme …. Ils trouveront toujours quelqu’un qui acceptera des conditions de travail parfois inhumaine (logement en camping-car ou en colocation car les loyers sont, en plus, inabordables… Vous acceptez, vous assumez !!! Cadeau, vous aurez des forfaits gratuits !! Le top !!!).

Les projets pour développer les vallées, nous en avons. Mais deux problèmes. Pour le financement, la réponse est clairement annoncée : débrouillez-vous, nos intérêts sont ailleurs. Et ? Et nous avons « l’intégrisme écologique ». C’est qui ? C’est quoi ? Ce sont ces individus qui s’opposent à tous les projets… sans les connaître vraiment. Un projet d’élargissement d’un tunnel, et des hurlements aux scandales se font entendre en se moquant éperdument du fait que le tourisme espagnol est important pour nous. Un projet de télécabine pour relier un fond de vallée à une station de ski et c’est encore des cris alors que le projet a été pensé par des gens vivant dans cette vallée et donc dans le respect de leur cadre de vie tout en pensant à l’avenir de leurs enfants. Un équipement d’un site d’escalade ou le développement d’une via ferrata et Ô outrage, c’est une falaise susceptible d’accueillir des faucons pèlerins… Comme si l’escalade datait d’hier… Avec la faune, nous avons toujours très bien cohabité… en tout cas avec cette faune là, qui a toujours été présente dans nos massifs. Qui d’entre eux a proposé une solution permettant à la fois le développement touristique (qui nous le rappelons est devenu le premier revenu pyrénéen) et le respect de nos chères montagnes ? Aucun. Pourquoi ? Ils ne vivent pas ici ou depuis peu.

Du côté espagnol, la situation est encore plus grave et tout aussi ignorée, négligée par les instances étatiques.

En conclusion ? On s’étonne que des mouvements indépendantistes ou tentant de multiplier des expériences d’autogestion prennent de l’ampleur en ces temps difficiles. On s’en inquiète. Mais y-a-t-il un vrai dialogue entre les décideurs et la population locale ? Est-ce que l’avis des gens sur le terrain est pris en compte ? Connaissent-ils vraiment les difficultés des pyrénéens, leur besoin ?

Nous ne voulons plus subir. Nous voulons vivre, et non survivre dans nos Pyrénées.

Libertad avec la participation de P. L.

ivo Jeu 10 Jan - 14:45

c'est vrai aussi ailleurs.
toutes les zones de (moyenne)montagne un peu excentrées par exemple.

Libertad Ven 11 Jan - 22:22

Et oui...

Nous en sommes conscients et en contact pour des échanges d'expériences...

France, Espagne, Italie, Grèce..... pays du tiers monde.... bien cachés

A nous de réagir de nous organiser tu vas nous dire..... c'est ce qu'on tente de faire

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