Stockage des déchets radioactifs : le jeu des chaises musicales

Les déchets de l'étang de Compreignac vont être déplacés à Bellezane. Les défenseurs de l'environnement contre-attaquent.

L'intervention en mai de l'association "Sources et Rivières du Limousin" pour faire retirer les boues radioactives issues de l'étang de Rode à Compreignac (87) et entreposées près du Vincou, a eu une conséquence immédiate. Le 1er juin, la société Areva a été mise en demeure par la préfecture, de régulariser ce stockage considéré comme illégal.

Du provisoire qui dure

Mais au grand dam des défenseurs de l'environnement, l'arrêté ad hoc qui a suivi n'a pas obligé Areva à créer un centre de stockage mais l'a autorisé à procéder à un nouveau stockage provisoire pour une période de trois ans, cette fois sur le site de Bellezane, à Bessines.
« On déplace le problème avec l'accord de l'administration », peste "Sources et Rivières", qui a saisi hier le tribunal administratif de Limoges pour faire constater l'illégalité de ce nouvel arrêté et le faire réformer afin de réduire la période provisoire de 3 ans à 6 mois renouvelable une fois. Le temps de lancer le chantier d'un vrai centre de stockage, « indispensable pour qu'Areva puisse continuer à assurer la dépollution à laquelle elle s'est engagée ».
L'association a parallèlement décidé d'engager une action en responsabilité contre l'État et de porter plainte contre Areva. Après l'affaire de "La Boutonnière" (stockage déclaré illégal à Bessines) et celle de Bellezane (pas aux normes, deux dossiers toujours en cours), le cas de l'étang de Rode (4.000 m3 de déchets supplémentaires) est celui de trop.

Santé publique ?
Pour le porte-parole de "Sources et Rivières", Antoine Gatet, l'argument employé régulièrement par la préfecture et consistant à assurer que le danger immédiat pour l'homme est minime, ne peut suffire : « Si je balance mon frigo dans la forêt, ça ne représente pas non plus de danger immédiat pour la santé publique ! Une pollution ne se juge pas seulement par rapport à l'impact sanitaire. Le problème c'est simplement qu'il y a des produits potentiellement dangereux qui sont entreposés sur des sites où ils n'ont rien à faire ».

Stéphane Marmain

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