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Message  ivo Sam 14 Avr - 11:00

NUCLEAIRE - Moruroa réclame « le droit de savoir »
http://www.ladepeche.pf/actu/nucleaire-moruroa-reclame-%C2%AB-le-droit-de-savoir-%C2%BB

La dissuasion nucléaire, le crime oublié
http://www.reporterre.net/spip.php?article2817
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Message  niouze Sam 14 Avr - 23:17

De l’uranium et des infos appauvris
Le 13 avril 2012 Claire Berthelemy

Sur des blogs, des habitants du Cher dénoncent les maladies provoquées par des activités militaires menées près de Bourges, sur des sites du ministère de la Défense où sont testées des armes à l'uranium appauvri. OWNI a voulu en savoir plus et s'est rendu sur place. Enquête sur des données médicales qui dérangent.

Non loin de Bourges, une parcelle longiligne d’une dizaine de milliers d’hectares appartient à la Direction générale de l’armement (DGA). Alors que le débat sur le nucléaire civil fait rage, la DGA et ses prestataires continuent tranquillement leurs essais de munitions à uranium appauvri. Mais, depuis peu, la population et les élus demandent des comptes, à commencer par une étude d’impact sur les populations.
Fin de l’anesthésie locale

La bande de 30 kilomètres de long sur 4 à 5 de large, de Bourges à Crosses, touche une quinzaine de communes. Au centre de cette bande, une zone de tir pour effectuer un contrôle des stocks de munitions françaises, en prélevant deux ou trois obus pour les tester. Autour, des champs de blé et autres céréales et des routes fermées pendants les séances de tirs de la DGA.

Depuis les années 1970, le Polygone de Bourges sert aussi à la fabrication de munitions pour les armées. Jusqu’aux années 90, les employés manipulaient les produits sans protection particulière et aujourd’hui certains veulent savoir quelles ont été les conséquences de l’uranium appauvri sur l’environnement et leur santé. Joël Frison, porte parole d’Alerte uranium, une des branches du Mouvement de la paix, est sans appel :

"Nous sommes à la recherche de la vérité sur les effets de l’uranium dans le Cher. À la fois sur la population alors que les tirs continuent et à la fois sur ceux qui ont passé des années à fabriquer les munitions sans protection. Entre 1970 et 1990, les essais ont été réalisés en plein air et sans protection."

Aujourd’hui, les habitants concernés par la fabrication des munitions et les tirs à l’uranium appauvri toujours en cours se mettent à chercher des réponses à leurs questions. Pour Joël Frison, “les langues commencent à se délier, certains retraités ont accepté de nous parler et nous ont apporté de nombreux témoignages.” L’attitude des militaires, qu’il juge “criminelle”, a en effet touché la population locale mais aussi les employés – majoritairement des civils – pour un site qui emploie près de 700 personnes.

Pascal Barillet, employé du groupe d’armement Giat Industries entre 1973 et 2000 (rebaptisé Nexter) est mort d’une leucémie il y a quelques années. Michelle Barillet, sa femme, appartient à l’association et veut connaître les raisons de la mort de son mari. Elle témoigne sur le blog de Jean-Pierre Gilbert :

Des conversations, l’énoncé de plusieurs faits auxquels je n’avais pas prêté attention à l’époque, me sont revenus en mémoire. Je m’interrogeais, j’avais des doutes, cette leucémie était-elle due à l’environnement professionnel ? Était-elle due à une autre cause ? Je voulais savoir. [...] Quand mon mari travaillait chez Giat, il citait le cas de collègues tombés malades et avait remarqué le décès de quatre d’entre eux. Il ajoutait “ils vont tous nous faire crever”, mais ne soupçonnant rien de particulier, j’attribuais ces paroles à des problèmes rencontrés au travail, ou aux soucis causés par les restructurations.

L’association, qui essaye d’apporter un éclairage et des informations à la population aux alentours du Polygone, s’attelle aussi à sensibiliser les élus, y compris ceux du conseil général du Cher. Et visiblement ça fonctionne. Ces derniers ont présenté en début d’année un vœu à l’attention du ministère de l’Écologie et de celui de la Santé demandant la levée du silence sur les tirs de la DGA.

Pour le président du Conseil Général du Cher, Alain Rafesthain, la collectivité territoriale ”n’a pas la responsabilité du Polygone”, mais ça ne l’empêche pas de se saisir des questions et inquiétudes de la population locale :

Le ministère de la Défense n’est pas enclin à délivrer des informations spontanément. Alors les élus au Conseil général ont adopté unanimement et indépendamment de leur couleur politique un vœu transmis au préfet pour la mise sur pieds d’une CLI [Commission locale d'information, NDLR]. Nous demandons qu’une étude épidémiologique soit faite à proximité du Polygone. On peut penser que l’uranium appauvri peut avoir des conséquences sur la santé. Mais notre marge de manœuvre c’est d’alerter, pas de prendre une décision.

Alors que les routes sont fermées ou ouvertes au rythme des exercices des militaires – mais “on peut toujours accéder aux villages, parfois faut juste faire un crochet” précise le Président du Conseil général – l’acceptation du Polygone par la population locale s’explique avant tout par l’ancienneté du lieu et l’évolution lente des types de munitions. Dans ses souvenirs, il y avait ”des tirs presque toutes les nuits”.

Entre les tirs et la fabrication de munitions, des efforts ont été effectués. Si aujourd’hui les essais sont plus sécurisés, ils n’en restent pas moins des tirs de munitions d’uranium appauvri, parfois jusqu’à 3 kilomètres de la cible. Munitions qui atterrissent dans un tunnel de 50 mètres où peuvent être confinés les éclats de l’explosion.
Silences gênés

Difficile aussi de remettre en question la présence d’un tel champs et de telles activités de fabrication de munitions. Présente depuis longtemps et forte source d’activités et d’emplois, la DGA n’en est que plus légitime. Irène Felix, élue au Conseil général du Cher, contextualise la relation que les habitants proches ont du champ de tirs et de la DGA :

Ça fait partie de leur vie quotidienne, la préoccupation n’est pas la même que si un site s’ouvrait. Travailler pour l’armée, pour la défense, pour des choses dangereuses et qui exigent une certaine discrétion, ça fait partie de la culture de Bourges. Une sorte d’héritage. Mais tout ce qui est secret suscite une suspicion. Nous, comme élus du Cher, nous soutenons l’idée que l’information reste au coeur de la démocratie mais est aussi utile pour faire le point, positif ou négatif, sur une question.

Hormis la culture de la ville, même pour des recherches, il est difficile de travailler sur le Polygone. Ainsi, le Centre national du machinisme agricole, du génie rural, des eaux et des forêts, (CEMAGREF – aujourd’hui Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture ou IRSTEA1 ) a mené des études sur les chevreuils, entre 1986 et 2005. Chargés de compter les chevreuils au nombre de kilomètres parcourus en effectuant des rondes à heures et dates fixes, les équipes, principalement des chasseurs du coin et avec l’aide de la fédération départementale de chasse du Cher, parcouraient en voiture les routes à proximité des zones latérales du champ de tir.

Christophe Bouilly, technicien cygénétique sur le secteur, a participé à différents recensements. Il sourit à l’évocation de ces rondes et constate surtout que “c’est désagréable pour les gens qui habitent à proximité de la zone, mais les chevreuils ne se sentent pas menacés”. Le souci dans ces comptages ? L’entente nécessaire avec la DGA et le Polygone, dont les gardes accompagnaient les voitures de ronde. Un chercheur qui a travaillé sur le sujet se souvient :

Nous avions quelques difficultés pour circuler sur le Polygone. Il arrivait qu’au dernier moment, on nous dise : ‘Désolés mais la séance de tirs n’est pas finie’. Les routes que nous empruntions pour compter la population de chevreuils ne pouvaient être ouvertes et, une fois ouvertes, il était trop tard.

Mais parmi les autres institutionnels, la question agace et les réponses oscillent entre enthousiasme pour le site et perte de mémoire. Exemple avec le maire d’Avord, l’une des communes concernées, Pierre-Etienne Goffinet :

Pas question de le fermer, voire même plus question de le fermer puisqu’il s’étend à l’heure actuelle.

L’ancienne préfète, Catherine Delmas Comolli – nommée préfète hors-cadre en septembre dernier -, renvoie la balle à son homologue en poste, Nicolas Quillet2 :

Bien sûr, en début de mission, nous nous sommes occupés du dossier. Mais le préfet actuel serait mieux placé que moi pour vous en parler.

Même son de cloche pour Olivier Geffroy, à l’époque directeur de cabinet de Catherine Delmas Comolli et aujourd’hui au cabinet du ministère des Collectivités locales, qui n’a ”pas de souvenirs précis”. Sans agressivité aucune, les bouches se ferment.

Pourtant, la polémique sur l’uranium appauvri ne date pas d’hier et a valu en mai 2008 une prise de position du Parlement européen. Qui a adopté une résolution appelant des efforts pour interdire l’utilisation de l’uranium appauvri et des études scientifiques sur leur utilisation. De quoi appuyer les demandes de la population locale et des élus.
http://owni.fr/2012/04/13/dga-uranium-appauvri-armement/
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Message  ivo Jeu 26 Avr - 13:00

Tchernobyl se paie un nouveau sarcophage, 26 ans après l'accident
fr info
L’anniversaire du plus grave accident nucléaire de l’histoire marque le début du chantier d’une nouvelle enceinte de confinement. Le dôme de métal et de béton devra empêcher toute fuite d’éléments radioactifs vers l’extérieur, mais aussi permettre de démanteler le réacteur, un jour.

Un chantier hors du commun : gigantesque, en milieu hostile et urgent
Le reportage d'Anne-Laure Barral

Nucléaire mon amour ... - Page 9 RTR2LM1T
L'actuel sarcophage du réacteur quatre © Reuters Gleb Garanich

L’appel d’offres a été remporté par deux sociétés françaises. Bouygues et Vinci sont les maîtres d’oeuvre du futur dôme. Le chantier inauguré aujourd’hui par le président ukrainien Viktor Ioukanovitch doit durer trois ans. Le contrat représente 1,5 milliard d’euros, dont 550 millions apportés par la communauté internationale.

Il y a urgence, en raison de l’état de l’actuel sarcophage. Les fissures ne cessent de s’élargir, le toit présente des “faiblesses” de l’aveu même des autorités ukrainiennes, et l’ensemble pourrait même s’effondrer.

Un deuxième couvercle sur la cocotte-minute

Il s’agit donc d’ajouter un couvercle étanche au-dessus du premier sarcophage, en béton, construit dans la foulée de l’accident. La charpente métallique du dôme est construite par morceaux en Italie. L’assemblage va se dérouler sur un terrain voisin, bétonné à l’avance pour protéger les ouvriers des radiations émanant du sol. L’ensemble sera ensuite glissé au-dessus de la vieille chape de béton. Une membrane spéciale doit assurer l’étanchéité de l’ensemble pendant un siècle.

A l’intérieur, un système de grues doit permettre de mener un autre chantier, celui du démantèlement. Seul le déblaiement du site et le démontage de ce qui reste du réacteur permettra de garantir qu’un nouveau nuage radioactif ne survolera pas l’Europe.

"Des coûts abyssaux pour essayer de contenir une radioactivité qui s'est déjà dispersée"
Stéphen Kerckhove, délégué général d’Agir pour l’environnement
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Message  ivo Jeu 26 Avr - 19:46

Après l’incendie à Penly, déchargement anticipé du combustible nucléaire
fr info
Il était initialement prévu en juin. Le déchargement du combustible du réacteur numéro deux de la centrale nucléaire de Penly (Seine-Maritime) commencera dans deux semaines, le 9 mai. Un début d’incendie avait touché le bâtiment réacteur le 5 avril, après une fuite d’huile sur une pompe du circuit primaire. Le réacteur est arrêté depuis.

"Pour finaliser l'expertise il faut démonter la pompe et pour démonter la pompe il faut abaisser le niveau de l'eau dans le circuit primaire. Cela n’est possible qu'en déchargeant le coeur du réacteur", selon un porte-parole d’EDF.

L’Autorité de sûreté nucléaire, qui a mené plusieurs inspections dans la centrale ces dernières semaines, n’a pas encore établi le classement définitif de cet incident, pour l’instant placé au niveau 1 de l’échelle Ines, qui en compte 7.
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Message  Chabane's rds Sam 5 Mai - 12:11

source : http://www.mad-movies.com/forums/index.php?s=1974ab1d2a20a87353cebd7f0457754a&showtopic=30553&st=660&p=1821428&#entry1821428

sérieux , lisez ça. ça date de 1996.

Voici un texte relativement long (17 pages word), mais dont je
recommande TRES CHAUDEMENT la lecture. Vraiment. Attention, ca fait
assez mal au bide parfois!

C'est le texte le plus pertinent que j'ai lu sur le nucleaire depuis un
bout bout de temps. (avec le bouquin de mon frere bien sur Nucléaire mon amour ... - Page 9 Icon_mrgreen).
Donc prenez un p'tit moment pour lire ca, c'est drolement instructif.
Et c'est vu de l'interieur (mec qui a bosse comme chaudronnier en chef).
Et ca date de 16 ans mais oh putain c'est toujours pertinent quoi
(voire premonitoire)

Voici la presentation :

Citation


Bonjour la Gazette,
Ma femme qui est Japonaise a eu connaissance sur le web japonais de ce témoignage et vient de le traduire en français.
Il a été rédigé il y a 14 ans au Japon par HIRAI Norio, technicien
chaudronnier travaillant pour la construction et l'entretien des
centrales nucléaires.
Il relate son expérience de la réalité du terrain et les conclusions qu'il en a tirées.
La dernière catastrophe de Fukushima et la mise en lumière des coulisses
du nucléaire confortent le récit prémonitoire de ce témoin.
Les années passent et malgré les signaux d'alarme lancés par une
multitude de personnes bien informées, l'utilisation de l'énergie
nucléaire perdure de catastrophes en catastrophes, toujours plus
dramatiques.
Gabriel DUFILS (ancien membre de la Gazette)

(Je me souviens plus ou j'ai pris ce texte, mais ca doit bien etre La Gazette du Nucleaire ou ailleurs)

Par contre c'est pas toujours tres bien traduit, ca se sent un peu.

J'ai rajoute des photos pour agrementer.

Témoignage de Mr HIRAI Norio, technicien chaudronnier, rédigé en en 1996
(mort du cancer en 1997)

Je ne suis pas militant contre les centrales nucléaires
J’ai travaillé pendant 20 ans dans des centrales nucléaires. Il y a
toujours des polémiques sur les centrales nucléaires où les personnes
disent qu’ils sont pour ou contre, ou alors que c’est dangereux ou pas.
Mais aujourd’hui, je veux simplement vous raconter ce qui se passe dans
les centrales. Vous allez comprendre qu’il y a une grande différence
entre la réalité et l’idée que vous en avez. Vous allez en même temps
découvrir que les centrales nucléaires irradient (contaminent) tous les
jours de plus en plus de personnes et sont à l’origine de
discriminations.
Vous allez certainement découvrir des choses que vous n’avez jamais
entendues. S’il vous plaît, lisez mes textes jusqu’à la fin et
réfléchissez par vous-même. Quand on parle des centrales nucléaires,
beaucoup de gens parlent du plan de construction. Mais personne ne parle
des travaux effectués. Sans connaître le chantier, on ne peut pas
savoir la réalité des centrales.
J’ai fait ma formation de tuyauteur dans les ensembles industriels et
les grandes usines chimiques. J’ai été embauché pour construire
(participer à la construction des) les centrales nucléaires à la fin de
mes vingtièmes années, puis j’ai longtemps travaillé comme chef de
chantier. Je connais presque tout sur les centrales nucléaires, plus
qu’un simple employé ne pourrait jamais savoir.


La sécurité, une perspective chimérique

L’année dernière, le 17 Janvier 1995, il y eut un grand tremblement de
terre à Kobé. Et le peuple japonais a commencé à s’inquiéter si les
tremblements de terre ne présentaient pas de danger pour les centrales
nucléaires japonaises. Résisteront-elles vraiment contre tous les
tremblements de terre? Ce n’est pas du tout sûr. Le gouvernement et les
compagnies d’électricité soulignent que les centrales sont bien conçues
et construites sur des sols bien stables. Mais c’est une perspective
chimérique.
Le lendemain du séisme, je me suis rendu à Kobé. Les nombreuses
relations entre les dégâts à Kobé et la problématique des centrales
nucléaires m’ont dérouté. Jusqu’à ce jour, qui avait imaginé que les
rails du Shinkansen et les poteaux de l’autoroute pourraient tomber?
En général, nous imaginons que les constructions des centrales
nucléaires, du Shinkansen ou des autoroutes sont soumises à des
contrôles rigoureux de l’administration. Mais à Kobé, nous avons
découvert des coffrages laissés dans les poteaux en béton du Shinkansen.
Les armatures de l’autoroute avaient été mal soudées: (elles avaient
été collées par le métal de la soudure mais les bords de l’armature
eux-mêmes n’avaient pas été fusionnés). Elles ont toutes été disloquées
avec le séisme.
Pourquoi une telle chose s’est-elle produite? Parce qu’on a accordé trop
d’importance au plan, au bureau, mais on a négligé la surveillance sur
le chantier. Si ce ne fut pas la cause directe, on peut dire que cette
négligence a provoqué l’ampleur de la catastrophe.


Les centrales nucléaires construites par des gens sans qualification

Comme pour les constructions de Kobé, il y a aussi trop d’erreurs
humaines dans les centrales nucléaires. Par exemple, connecter des
tuyaux en laissant des outils à l’intérieur. Il n’y a pas beaucoup
d’ouvriers très compétents. Ils n’arrivent pas à suivre parfaitement un
plan de construction bien conçu. Ce plan chimérique part de l’idée que
ce sont des ouvriers experts qui le réalisent, mais nous ne nous sommes
jamais posé des questions sur la qualité des ouvriers et leurs
conditions de travail.
Pour les centrales nucléaires comme pour les autres chantiers, la main
d’œuvre et même les inspecteurs sont constitués par des gens sans
qualification suffisante. C’est compréhensible qu’un grave accident se
produise dans les centrales nucléaires, les Shinkansen ou sur les
autoroutes.
La conception du plan des centrales nucléaires est bien faite. Il y a de
nombreuses mesures de protection et de secours de prises. S’il y a
quelque chose qui fonctionne mal, ça s’arrête comme il faut. Mais ce
n’est qu’au niveau du plan. Les travaux de construction mal faits
fragilisent ce plan.
Par exemple, pour construire une maison, même si le plan est dessiné par
un dessinateur de première qualité, si elle est construite par des
charpentiers et des plâtriers qui ne sont pas compétents, on aura des
fuites d’eau et des cloisons mal installées. Malheureusement cette
maison ce sont les centrales nucléaires japonaises.
Avant, il y avait toujours un contremaître qu’on appelle «Boushin» pour
superviser les travaux. Il avait encore plus d’expérience que le chef de
chantier qui était moins âgé que lui. Le Boushin était fier de son
travail et il considérait l’accident et la négligence comme une honte.
Il savait bien sûr la dangerosité de l’accident.
Depuis environ 10 ans, il n’y a plus de manœuvres compétents. On ne
demande aucune expérience au moment du recrutement. Les ouvriers sans
compétence ne savent pas le danger de l’accident. Ils ne savent même pas
quels sont les travaux non réglementaires et mal faits. C’est la
réalité des centrales nucléaires japonaises.
Par exemple à la centrale de Fukushima de TEPCO, nous avons démarré la
centrale en laissant un bout de fil de fer et on a échappé de peu à un
grave accident qui aurait pu avoir une répercussion sur le monde entier.
L’ouvrier savait qu’il avait fait tomber ce fil de fer mais il ne
savait pas à quel point la conséquence de son acte était dangereuse.
Dans ce sens, une centrale nucléaire toute neuve construite par ces gens
incompétents est aussi bien dangereuse qu’une vieille centrale.
Depuis qu’il n’y a plus beaucoup d’ouvriers compétents, on a standardisé
la construction des centrales. Ça veut dire qu’ils ne regardent plus le
plan mais ils montent simplement des pièces préfabriquées en usine, en
assemblant la pièce numéro 1 avec la pièce numéro 2 comme dans jeu de
dominos. Alors ils ne savent plus ce qu’ils sont en train de construire
et à quel point ces travaux doivent être précis. C’est une des raisons
pour lesquelles le nombre d’accidents et de pannes augmente dans les
centrales nucléaires.
Dans la centrale nucléaire, il y a aussi le problème de l’irradiation
qui empêche de former les successeurs. Quand on travaille dans la
centrale nucléaire, il fait très sombre et chaud et avec la protection
c’est impossible de parler. Alors les ouvriers se communiquent par
gestes. Comment peuvent ils dans ces conditions transmettre leurs savoir
faire? En plus, on envoie d’abord les gens compétents travailler et ils
s’exposent très vite à la quantité de radioactivité annuelle autorisée
et ne peuvent plus travailler, ça accentue encore l’incompétence des
ouvriers.
Par exemple pour les soudeurs, ils fatiguent leurs yeux en travaillant.
Après 30 ans, ils ne peuvent plus faire de travaux précis et ils ne
trouvent plus d’embauche dans la pétrochimie. Et c’est comme ça qu’ils
arrivent aux centrales nucléaires.
Vous avez peut-être une fausse image comme quoi les centrales nucléaires
sont quelque chose de très sophistiqué. Mais ce n’est pas une
construction aussi sûre qu’on l’imagine.
Je pense que vous avez bien compris pourquoi les centrales nucléaires
sont construites par des gens incompétents et que ça ira de pire en
pire.


Les contrôles et les inspecteurs d’apparence

Vous pensez peut-être que les contrôles rigoureux évitent des problèmes
même si les ouvriers des chantiers ne sont pas assez compétents. Mais
ces systèmes de contrôle sont encore problématiques. Pour les contrôles
japonais, les inspecteurs viennent vérifier la construction déjà
achevée. C’est la raison pour laquelle ça ne marche pas. Il faut venir
regarder les travaux en cours, sur place.
Les inspecteurs doivent être spécialistes de la soudure s’ils sont les
inspecteurs pour la soudure. Et ils doivent être capables de montrer le
travail correct aux manœuvres, en disant: Non, il ne faut pas faire
comme ça. Regardez comment je fais. S’ils ne savent pas comment faire
les travaux, comment ils peuvent faire des contrôles corrects? En l’état
actuel, ils auditionnent l’entreprise qui a commandé la construction et
celle qui l’effectue, et ils leur demandent de fournir les papiers
nécessaires. Voilà le système de l’inspection aujourd’hui.
Il y a quelques années, on a eu des accidents dans les centrales
nucléaires très souvent. Alors le gouvernement a décidé d’envoyer des
conseillers de sécurité spécialisés dans chaque centrale nucléaire pour
donner l’autorisation du démarrage après la construction ou du
redémarrage après les contrôles réguliers. Je savais que ces conseillers
ne connaissaient pas grande chose du nucléaire mais je n’imaginais pas à
quel point.
Quand j’ai fait une conférence à Mito, il y a un homme du Ministère de
la science et la technologie qui s’est présenté en public en disant: «Je
me sens tellement mal à l’aise d’avouer ce fait, mais je ne connais
rien du nucléaire», et il a continué: «De la peur d’être irradiés, les
inspecteurs n’ont pas voulu travailler dans les centrales en marche.
Comme on vient de supprimer des places dans le ministère de
l’agriculture avec le remaniement gouvernemental, ils ont envoyé des
fonctionnaires qui donnaient des conseils aux éleveurs du ver à soie ou
de la sériole (poisson), sans aucune formation. Voilà pourquoi les
conseillers qui n’y connaissent rien du tout, donnent l’autorisation du
démarrage dans toutes les centrales. Le conseiller de la centrale de
Mihama, contrôlait la qualité du riz jusqu’à il y a 3 mois».
Cet homme a raconté une telle histoire en donnant les noms de ces
conseillers. Est-ce que vous pouvez avoir confiance en l’autorisation de
démarrage accordée par tous ces gens qui n’y connaissent rien?
Quand il y a eu un grave accident dans la centrale de Fukushima de TEPCO
qui a entraîné le démarrage du système de refroidissement de secours,
le quotidien Yomiuri a publié un article «Le conseiller spécialisé n’a
pas pu participer à l’équipe de la centrale». Effectivement c’était le
journal qui lui a appris la nouvelle de ce grave accident le lendemain
matin. Pourquoi le conseiller n’était au courant de rien? Parce que tous
les gens de TEPCO savaient qu’il n’y connaissait rien du tout. Dans la
pagaille totale, ils n’avaient pas le temps de lui expliquer de A
jusqu’à Z. Donc l’équipe ne lui a même pas demandé de venir sur place.
Au-dessous de ces fonctionnaires irresponsables du ministère, dans la
hiérarchie nucléaire, il y a le service de l’inspection nucléaire. Ce
sont des gens du Ministère du Commerce et de l’Industrie qui ont pris
leur retraite et sont embauchés dans ce service. Ils occupent des postes
importants et enrichissent le service en demandant des contrats à des
anciens subordonnés. Ils n’ont jamais travaillé dans ce domaine. Ils
possèdent tous les pouvoirs sur l’inspection de la centrale nucléaire et
on ne peut rien faire sans leur autorisation bien qu’ils n’y
connaissent rien. Ils viennent au contrôle mais, bien sûr, ils ne font
que regarder. Malheureusement, ils ont quand même un pouvoir colossal.
Encore au-dessous de la hiérarchie, il y a les compagnies d’électricité
et les trois fabricants de réacteurs nucléaires qui suivent: Hitachi,
Toshiba et Mitsubishi. Moi, j’ai travaillé chez Hitachi. Après les
fabricants, il y a encore des sous-traitants de la construction dont
j’ai parlé tout à l’heure. Ca veut dire qu’au dessus des fabricants, ils
ne sont pas compétents et au dessous des fabricants non plus, il n’y a
pas beaucoup de gens compétents. C’est aussi pour cela que les
compagnies d’électricité ne peuvent pas expliquer les détails au moment
des accidents.
  Je disais toujours, avant et après ma retraite, qu’il faut que ce
soient des organismes compétents et indépendants qui s’occupent de
l’inspection mais non pas des entreprises nationalisées ou des services
où les anciens fonctionnaires du ministère travaillent. Et indépendants
de l’influence du Ministère du Commerce et de l’Industrie qui préconise
l’installation des centrales nucléaires. Je disais qu’il fallait
réclamer toujours des conseillers qui ont de l’expérience et des
inspecteurs qui contrôlent et expliquent sur le chantier pour trouver
des mauvaises soudures ou des travaux mal faits. Mais jusqu’à
aujourd’hui, rien n’a changé. Vous voyez à quel point les centrales
nucléaires japonaises sont administrées avec irresponsabilité et
approximation!


Le plan antisismique bâclé

Après le grand séisme de Kobé, on a très vite vérifié le plan
antisismique de toutes les centrales nucléaires du Japon. Le résultat
absurde publié en septembre 1995 disait que toutes les centrales
résisteront aux tremblements de terre de n’importe quel niveau. Au moins
pour celles dont je me suis occupé pour mon travail, les premières
centrales nucléaires, on n’avait pas prévu le grand tremblement de
terre. C’est aberrant de confondre les nouvelles et les vieilles
centrales pour leur résistance contre les tremblements de terre, en
disant de n’importe quel niveau. En 1993 quand il y a eu le séisme de
degré 4, la centrale numéro 1 d’Onagawa s’est arrêtée automatiquement
suite à l’augmentation subite de la puissance. C’était un accident très
grave. Très grave parce que la centrale qui a été construite en 1984
pour que ça s’arrête à un degré de sismicité 5 s’est arrêtée avant
d’atteindre le niveau. C’est comme si le blocage du frein a arrêté la
voiture subitement sur l’autoroute sans appuyer sur le frein. Tohoku EPC
ne reconnaît pas la gravité de la chose en disant «tant mieux si ça
s’est arrêté». Mais l’affaire n’est pas si simple. Si l’arrêt s’est
effectué au degré 4 bien qu’il avait été conçu pour que ça s’arrête au
degré 5, on ne peut pas nier la possibilité que ça ne s’arrête pas au
degré 5. C’est un signe qu’il y a des choses qui ne fonctionnent pas
comme prévu.
La centrale de Fukushima s’est arrêtée également d’une façon
imprévisible au moment du séisme en 1987. Au Japon, il y a 10 centrales
qui sont du même modèle. C’est vraiment terrifiant quand on pense au
danger que les tremblements de terre présentent vis-à-vis des centrales
nucléaires.


Le contrôle régulier est fait également par les gens incompétents

On arrête à peu près tous les ans les réacteurs pour procéder au
contrôle régulier. Dans le réacteur nucléaire, la pression de l’eau
chaude et de la vapeur monte de 70 à 150 atmosphères, mais ce n’est pas
une simple eau chaude car la température monte jusqu’à 300°C, elle
circule très vite et use les tuyauteries. Au moment du contrôle
régulier, on ne peut pas éviter la nécessité de changer des tuyaux et
des soupapes qui sont des fois usés jusqu’à la moitié de leur épaisseur.
Mais l’irradiation accompagne inéluctablement cette procédure.
Le démarrage du réacteur émet plein de radioactivité et de radiations.
Les gens qui y travaillent subissent des radiations. Avant de se rendre
auprès du réacteur, ils se déshabillent et se mettent en combinaison de
protection. Peut-être vous imaginez que cette combinaison protège le
corps de la radioactivité mais en réalité, ce n’est pas le cas. La
preuve, on place le radiamètre, sous la combinaison, sur le gilet. La
combinaison de protection est un simple vêtement de travail qui sert à
ne pas emporter la radioactivité à l’extérieur mais il ne protège pas
les manœuvres de l’irradiation. Donc après le travail, ils doivent se
mettre en slip pour vérifier s’ils ne sont pas contaminés. Si la
radioactivité reste uniquement sur la peau, c’est ce qu’on appelle la
contamination externe, on peut l’enlever presque entièrement avec la
douche. Ils se lavent minutieusement jusqu’à ce qu’ils ne soient plus
radioactifs avant de sortir dehors.
Les manœuvres mettent aussi des chaussures qui ont été préparées par
l’entreprise mais on n’est pas sûr de trouver la bonne taille. Alors,
leurs pas sont mal assurés. En plus ils doivent mettre un masque qui
couvre la tête. Ils travaillent avec ces combinaisons et l’angoisse de
la radioactivité. Pratiquement, personne ne peut faire de bon travail
avec cet équipement. C’est complètement différent d’un chantier normal.
En plus, plus que 95% des personnes qui s’occupent de ce travail n’ont
aucune expérience. Ce sont des agriculteurs et des pêcheurs désœuvrés en
dehors de la saison. Ces gens qui n’ont pas d’expérience, travaillent
sans savoir le danger que ça représente.
Par exemple, pour serrer une cheville avec un écrou, on dit au manœuvre
«serrez la en diagonale, sinon ça fuit». L’opération se déroule dans une
zone de radiations contrôlée, un endroit très dangereux plein de
rayonnements. Les manœuvres amènent le radiamètre. Mais comme la
quantité de radiations varie d’une pièce à l’autre, la durée du temps
acceptable en minutes change chaque fois.
Avant de rentrer au chantier, on explique aux ouvriers le travail
d’aujourd’hui et la durée de ce travail décidée en fonction de la
quantité autorisée journalière d’irradiation. S’ils vont travailler au
chantier où on peut rester 20 minutes, on leur donne une minuterie qui
sonne au bout de 20 minutes en disant «Vous devez sortir quand ça
sonne». Mais ils ne sont pas munis d’une montre car elle serait polluée
par la radioactivité. Ils doivent donc deviner le temps restant. C’est
comme ça qu’on les envoie au travail.
Là-bas, ils n’arrivent pas à se concentrer pour serrer la cheville car
ils se demandent toujours combien de temps est déjà passé. Est ce que
c’est 10 minutes? Ou peut-être déjà 15 minutes? Ils ont très peur de
l’alarme de la minuterie, cela les fait plus que sursauter. Le bruit de
l’alarme est assez fort pour rendre tout pâle quelqu’un qui ne l’a pas
jamais entendue. Quand ça sonne, ils ont déjà reçu une irradiation
équivalente à des dizaines de radiographies. C’est bien normal qu’ils ne
puissent pas fournir des prestations assez correctes comme tout
simplement serrer des chevilles en diagonale. Pouvez-vous imaginer les
conséquences?


Le déversement de radioactivité dans la mer

Le contrôle régulier se fait souvent en hiver. Mais à la fin du
contrôle, on verse dans la mer des tonnes d’eau contaminée par la
radioactivité. Honnêtement, il n’y a pas beaucoup de poissons pêchés en
bordure des îles nipponnes que l’on peut manger sans craindre le risque
de la contamination radioactive. La mer du Japon est déjà contaminée par
la radioactivité.
Ce n’est pas uniquement au moment du contrôle régulier que l’on effectue
le rejet d’eau irradiée dans la mer. Pour baisser la température que la
centrale dégage, au Japon, on utilise l’eau de la mer. Elle devient de
l’eau chaude qui contient de la radioactivité. Ainsi on rejette des
tonnes d’eau par minute à la mer.
Même s’il y a des accidents dans les centrales nucléaires, les états
déclarent immédiatement qu’il y n’a aucun problème. D’ailleurs, les
compagnies d’électricité essayent de les cacher. Avec la population
japonaise très peu sensible à ce sujet, la mer du Japon se pollue sans
cesse. On lave d’abord les vêtements de protection couverts de
radioactivité à l’eau. On la déverse également dans la mer. La quantité
de la radiation mesurée à l’orifice d’évacuation est très élevée.
Savez-vous que des sites d’élevage de poisson se trouvent à proximité?
Ainsi, les gens qui cherchent la nourriture de bonne qualité doivent
être intéressés par la sûreté des centrales nucléaires. Si on n’agit pas
tout de suite, on ne pourra plus trouver de poissons qui ne sont pas
contaminés.
Il y a quelques années, à l’exposé du procès qui demandait l’arrêt de la
centrale de Shiga dans la préfecture d’Ishikawa, une vieille
colporteuse de 80 années toute déconcertée, a raconté cette histoire.
«Je ne connaissais rien de la centrale nucléaire jusqu’à maintenant.
Mais aujourd’hui, une jeune dame qui était toujours fidèle a refusé mes
algues. Elle m’a dit Je suis désolée mais je ne peux plus acheter vos
algues. La centrale de Shiga a démarré aujourd’hui. Je ne connaissais
rien au nucléaire, mais maintenant je sais ce que c’est. Qu’est ce que
je vais devenir alors? » Même aujourd’hui, on continue de polluer la mer
du Japon sans que vous le sachiez.


Le plus horrible, c’est l’irradiation interne (la contamination)

Dans le bâtiment de la centrale, tout devient radioactif et émet des
radiations. Parce que les radiations peuvent traverser même une paroi de
fer d’une grande épaisseur. Les radioéléments qu’on reçoit sur la peau,
la contamination externe c’est horrible, mais le pire c’est la
contamination interne.
Par exemple, la poussière. Une simple poussière qui se trouve n’importe
où devient radioactive dans une centrale nucléaire à cause de la
radioactivité qu’elle reçoit. Le fait d’inspirer cette poussière
radioactive par le nez ou la bouche, c’est de la contamination interne.
En faisant le nettoyage dans la centrale, on est exposé le plus, au
danger de la contamination interne. Avec cette contamination interne on
reçoit les radiations de l’intérieur du corps c’est beaucoup plus
dangereux que l’irradiation externe, car le corps est en contact direct
avec la source des radiations.
Les radioéléments sont évacués du corps au bout de environ 3 jours par
la voie transpiratoire et urinaire. Mais pendant ces 3 jours, ils
restent dans le corps. En plus, quand on parle d’élimination, c’est un
langage humain, il en reste toujours un peu, et ça c’est très dangereux.
Même si ce sont des petites quantités à la fois, elles s’accumulent
dans le corps.
Vous devez le savoir, si vous avez déjà visité une centrale nucléaire,
c’est très bien nettoyé où il y a des accès au public. Peut-être le
guide vous a même vanté «regardez, comme c’est propre». Mais c’est bien
normal. Ça serait dangereux s’il y avait de la poussière radioactive
dans l’air.
Moi, j’ai développé un cancer à cause de la contamination interne que
j’ai reçu plus que cent fois. Quand le docteur m’a diagnostiqué un
cancer, j’avais très peur. Mais je me suis rappelé ce que ma mère disait
toujours «rien est plus grand que la mort». Ca m’a donné envie de faire
quelque chose. Alors, j’ai décidé de mettre au jour tout ce que je
connais des centrales nucléaires.


Rien à voir avec le chantier normal

La radioactivité s’accumule. Même si ce sont des petites quantités, si
vous travaillez 10 ans dans une centrale, vous accumulez la
radioactivité de 10 ans et c’est très dangereux. Le règlement pris par
le gouvernement exige de ne pas dépasser la limite de 50 millisiverts
(mSv) par an. Cela veut dire que l’on peut tout faire si on respecte
cette limitation.
Par exemple, les travaux au moment du contrôle régulier demandent
environ 3 mois. Donc on divise la limite de 50 mSv par cette durée des
travaux pour avoir la limite autorisée journalière. Mais, dans un
endroit où il y a beaucoup de radiations, on ne peut travailler que 5 à 7
minutes par jour. On ne peut pas faire grand chose avec si peu de
temps. Alors on rassemble les temps de travail sur 3 jours ou une
semaine afin de travailler 10 ou 20 minutes de suite, bien que ce soit
une méthode inadmissible. Au moins, si les ouvriers savaient qu’il y a
un grand risque de leucémie ou du cancer… Mais les compagnies
d’électricité n’avertissent d’aucun de ces risques.
Une fois, une grande vis qui se trouvait sur le réacteur s’est desserrée
quand la centrale nucléaire était en plein fonctionnement. Comme la
centrale émet une colossale quantité de radioactivité en état de marche,
on a préparé 30 personnes pour serrer une seule vis. Ils ont fait la
queue devant la porte. Ils devaient courir jusqu’à la vis qui se situait
à environ 7 mètres de là. Après 3 secondes, l’alarme sonnait. Il y eu
même des ouvriers qui ont passé tout leur temps ouvrable en cherchant la
clé. Finalement, ça a coûté 4 millions de yens, l’équivalent de salaire
de 160 personnes, pour faire uniquement quelques tours de vis.
Vous vous demandez peut-être pourquoi on n’a pas arrêté la centrale pour
serrer la vis. Mais la compagnie d’électricité veut l’éviter autant que
possible car l’arrêt d’une journée de la centrale lui cause des
milliards de perte. La radioactivité est quelque chose de très
dangereux, mais pour l’entreprise, l’intérêt financier passe avant la
sécurité humaine.


Le lavage de cerveau «absolument sûr» qui dure 5 heures

Les gens qui travaillent où il y a de la radioactivité s’appellent les
ouvriers nucléaires. Au Japon, 270.000 personnes ont déjà travaillé
comme ouvriers nucléaires, dont la plupart dans les centrales
nucléaires. Ainsi, 90.000 personnes y travaillent aujourd’hui. Tous ces
gens assurent le fonctionnement des centrales nucléaires, comme le
contrôle régulier qui a le lieu une fois par an, en subissant de la
radioactivité.
Avant de commencer à travailler dans les centrales nucléaires, on donne
aux ouvriers 5 heures de cours de formation sur la sécurité face aux
radiations. Le but de ces cours est tout d’abord d’atténuer leur
angoisse. On ne leur dit jamais qu’il y a des dangers. L’Etat surveille
la quantité de la radioactivité et donc il n’y a pas de danger, «les
anti-nucléaires parlent du risque de cancer et de la leucémie à cause de
la radioactivité mais ce sont que des gros mensonges, si on respecte
bien les normes imposées par le gouvernement il n’y a aucun problème».
Un tel lavage de cerveau dure 5 heures.
Les compagnies d’électricité procèdent à ce lavage de cerveau également
avec les gens qui habitent à côté des centrales. Elles font venir les
personnes connues pour faire des conférences, elles donnent des cours de
cuisine, ou insèrent des encarts publicitaires imprimés en couleur dans
les journaux. Peut-être les accidents dans les centrales angoissent les
habitants, mais grâce à toutes ces propagandes de l’Agence de sécurité
nucléaire, ils ne peuvent pas penser autrement que «nous ne pouvons pas
nous passer du nucléaire pour avoir suffisamment d’électricité».
Moi-même, pendant presque 20 ans en tant que responsable de terrain,
j’ai procédé au lavage des cerveaux, une plus grande manipulation
mentale que celles d’Asahara [le gourou de la secte Aum] et d’Aum, vis à
vis des ouvriers. Je ne sais pas combien de personnes j’ai tué. Il y a
des gens qui me demandent si les ouvriers ne sont pas inquiets. Mais
comme ils ne sont pas avertis des dangers de la radioactivité ou de la
contamination, la plupart ne sont pas inquiets. Ils ne pensent même pas
que c’est à cause de leur travail dans les centrales, quand ils tombent
malades. Tous les ouvriers sont irradiés quotidiennement. Le travail des
responsables consiste de cacher cette réalité à ceux-ci et à
l’extérieur de la centrale. Si les ouvriers ou même n’importe qui
s’inquiète du problème de l’irradiation, vous n’êtes pas digne d’être
responsable sur place. Ainsi, sont les conditions de travail dans les
centrales nucléaires.
J’ai exercé un tel travail longtemps. Il m’arrivait souvent que je ne
pouvais plus le supporter sans aide de l’alcool et j’en buvais de plus
en plus. Ainsi, je me posais souvent des questions. Pourquoi, et pour
qui, il faut vivre des jours plein de mensonges? Au bout de 20 ans, je
me suis aperçu que mon corps lui même était déjà gravement détruit par
les radiations.


Qui va sauver les ouvriers du nucléaire?

Une fois, dans la centrale de Fukushima de TEPCO, un ouvrier s’est
blessé gravement le front avec un polissoir automatique. Comme il
saignait beaucoup, on a appelé l’ambulance pour l’emporter à l’hôpital
de toute urgence. Pourtant, ce blessé était plein de radioactivité.
TEPCO s’est tellement précipité qu’ils n’ont pas ôté ses combinaisons de
protection ni l’ont lavé à l’eau. Les secouristes connaissant peu de la
contamination radioactive, alors ils l’ont fait entrer dans l’hôpital
sans enlever la radioactivité. Les secouristes ont été contaminés,
l’ambulance a été contaminée, le docteur et les infirmières ont été
contaminés, et les clients de l’hôpital ont été contaminés, et ils sont
sortis de l’hôpital avec de la radioactivité... Cet événement a pris une
telle ampleur qu’il a mis une ville entière dans la panique. Ils
voulaient tout simplement sauver aussi vite que possible un homme qui
portait une grande blessure. Mais comme la radioactivité ne se voit pas,
personne n’a eu le temps de penser à la contamination radioactive.
Avec une seule personne, c’était déjà une grande panique. Si un grand
nombre d’habitants devenait contaminé par la radioactivité à cause d’un
grave accident, qu’est ce que ça pourrait donner? Pouvez-vous
l’imaginer? Vous devez vous sentir concerné. Il s’agit de tout le monde
au Japon.


L’accident de la centrale Mihama a été une mauvaise surprise

Nucléaire mon amour ... - Page 9 Mihama1

Nucléaire mon amour ... - Page 9 Mihama5
Le tuyau en question... Bilan : 4 morts, 7 blesses


J’ignore si vous ne le savez pas ou si vous n’êtes pas simplement
intéressés, mais les centrales nucléaires japonaises ont déjà connu
plusieurs accidents qui doivent faire peur à tout le monde. Ils
pourraient être équivalents à ceux de Three Mile Island et de
Tchernobyl. Par exemple, en 1989 dans la centrale de Fukushima Daïni, la
pompe de recyclage a volé en éclats. C’était un accident qui n’était
jamais été arrivé dans le monde jusqu’à alors.
Ainsi, l’accident de la centrale de Mihama de la compagnie de
l’électricité du Kansai en 1991, avec l’éclatement d’une canalisation, a
été un accident très grave. Il a rejeté une énorme quantité de
radioactivité directement dans l’air et dans la mer.
L’accident de Tchernobyl ne m’a pas beaucoup surpris. En construisant
des centrales nucléaires, je savais qu’on ne peut pas éviter une telle
catastrophe. «Par hasard, c’est arrivé à Tchernobyl. Par hasard, ce
n’est pas arrivé au Japon». C’est ce que j’ai pensé. Mais au moment de
l’accident de Mihama, la peur a fait flageoler mes jambes et je ne
pouvais pas me lever de ma chaise.
On peut dire que cet accident a été très grave car on a dû démarrer le
système de refroidissement de secours à la main. Ce système de
refroidissement est le dernier rempart pour protéger la sécurité de la
centrale nucléaire. Si ce système ne marche pas, il ne reste plus rien à
faire. Cet accident où il a fallu utiliser le système de
refroidissement de secours est pour moi comme un autocar qui roule à
100km par heure sur l’autoroute avec 120 millions personnes à bord, dont
le frein de service ne fonctionne pas, ni le frein à main, et enfin on
réussit à l’arrêter en le précipitant contre le rocher.
Au moment de l’accident, l’eau radioactive qui se trouvait dans le
réacteur s’est échappée dans la mer et on était sur le point que le cœur
se retrouve à sec. Toutes les soupapes de sécurité, autrement dit les
innombrables mesures de précautions dont le Japon était fier, n’ont pas
donné suffisamment d’effet et un autre Tchernobyl aurait pu se produire à
0,7 seconde près. Heureusement, un ouvrier expérimenté était là, bien
que ce fut le samedi. Le système d’arrêt automatique n’ayant pas
fonctionné, c’est lui qui a jugé la gravité de la situation et arrêté
manuellement le réacteur. Ainsi, on a échappé de justesse à un grave
accident qui aurait pu concerner le monde entier. On peut dire que tous
les japonais, ou même, tous les humains ont eu vraiment de la chance ce
jour-là.
Cet accident a été causé par une mauvaise installation d’une des
entretoises qui sert à tenir les milliers de tuyaux d’un diamètre de 2mm
pour qu’ils ne se touchent pas à cause de la vibration. C’était un
défaut de construction. Cet accident a en même temps dévoilé
l’incertitude des contrôles systématiques, car personne n’a remarqué
cette mauvaise installation pendant plus de 20 ans. On s’est également
aperçu que les ouvriers du chantier pratiquaient des choses que le
concepteur n’a jamais pu imaginer comme: si c’est trop long on le coupe,
si c’est trop court on l’allonge.


L’accident de Monju


Redimensionnée à 75% (1280 x 960) - Cliquez pour agrandirNucléaire mon amour ... - Page 9 Monju.exterior+flowers1
Monju avant...

Nucléaire mon amour ... - Page 9 Monju-reactor-leak-video-1
Et pendant...

Le 8 décembre 1995 à Kouga du département de Fukui, il y a eu un
accident grave, une fuite de sodium dans le surrégénérateur de Monju, du
Centre de recherche des réacteurs et des combustibles nucléaires. Ca
faisait déjà plusieurs fois qu’on avait des accidents à Monju.
D’ailleurs, on m’a appelé au chantier de Monju, 6 fois, car mes anciens
subordonnés y sont devenus directeurs ou superviseurs ou ouvriers de la
construction de Monju et ils m’appelaient chaque fois qu’ils avaient des
problèmes. A l’époque, j’avais déjà pris ma retraite, mais je ne
pouvais pas laisser tomber car je savais que même un seul accident est
inacceptable dans les centrales nucléaires.
Un jour, on m’a donc demandé de venir au chantier de Monju, car ils
n’arrivaient pas à emboîter les tuyaux. En arrivant, j’ai bien constaté
que tous les tuyaux qui sont préfabriqués comme ceux qui sont faits sur
commande étaient de la bonne taille et installés en respectant le plan.
Mais ils ne pouvaient tout de même pas les emboîter. J’ai beaucoup
réfléchi mais je n’arrivais pas à trouver la cause. En cherchant toute
la nuit, j’ai enfin compris. Monju était construit par plusieurs
fabricants comme Hitachi, Toshiba, Mitsubishi et Fuji. Et chaque
fabricant employait des normes de plan différentes.
Pour dessiner les plans, chez Hitachi où j’ai travaillé, on négligeait
moins que 0,5mm. Mais chez Toshiba et Mitsubishi, on l’arrondissait à la
valeur supérieure. Et chez Nihongenken on arrondissait à la valeur
inférieure. Ce n’est que 0,5mm, mais quand il y a 100 fois, ça fait une
grande différence. C’est pour cela qu’on ne pouvait pas emboîter les
tuyaux bien que tous respectaient le plan.
Comme ça n’allait pas, on leur a fait refaire des pièces. C’était le
prestige du pays qui était en jeu. Pour ça, on ne dépensait jamais trop
d’argent.
Pourquoi une telle chose est arrivée? Parce que chaque entreprise
gardait ses savoir-faire et ses propres informations. Ils n’ont pas
discuté pour se mettre d’accord sur la façon de traiter ces 0,5mm, pour
garder leurs secrets. Je suppose aussi qu’ils n’ont rien non plus
discuté sur le thermomètre qui a été la cause directe de l’accident de
1995.
Dans n’importe quel ensemble industriel, on installe le même type de
thermomètre dans les tuyauteries. Mais je n’ai jamais vu de thermomètre
qui était aussi long que celui de Monju. Je suis sûr qu’il y avait
quelqu’un qui avait remarqué que c’était dangereux au moment de la
construction. Mais il n’a rien dit car ce n’était pas son entreprise qui
s’en occupait et il n’en était pas responsable.
Le fabricant du surrégénérateur était formé d’une équipe composite comme
le Centre de recherche, lui même était une équipe composite des
compagnies d’électricité. Dans une condition pareille, l’accident est
inéluctable. Je ne vois pas comment ça ne pouvait pas arriver.
Ce qui est encore incroyable, c’est que le gouvernement ne le reconnaît
toujours pas comme un accident bien que ça a été un accident très grave.
Il a expliqué que «il y a eu un phénomène» comme pour l’accident de la
centrale de Mihama. Peu après l’accident de Monju, j’ai été appelé par
le Conseil Général de Fukui. Dans le département, on compte 15 réacteurs
nucléaires. Ce sont les députés du parti Libéral-Démocrate qui les ont
acceptés et je leur disais toujours «S’il y a un accident, ce sera de
votre faute. Ceux qui étaient contre le nucléaire ne sont pas
responsables». Et bien cette fois-ci, ils m’ont demandé conseil en
disant «Cette fois, on a décidé de se battre contre le Centre de
recherche. On ne peut plus fermer les yeux».
Je leur ai dit d’abord «C’est un accident. Il ne faut pas se laisser
duper par le mot phénomène». A la télévision, au moment du compte rendu
fait par le Centre de recherche au Conseil Général, le porte-parole du
Centre a employé le mot «le phénomène de cette fois-ci», et aussitôt un
député a crié «Non, c’est un accident!». Mais, si on n’avait rien dit,
le Centre et le gouvernement l’auraient passé comme un simple phénomène.
Non seulement les riverains, mais aussi tout le monde doit faire
attention à ce mot qui présente les choses à la légère.
Les peuples comprennent les choses d’une façon complètement différente
selon qu’on dit un accident ou un phénomène. C’est parce que le
gouvernement joue avec les mots que le peuple japonais n’est pas
sensible au risque d’accident nucléaire, c’est une tromperie.


Le plutonium japonais dans les armes nucléaires françaises?

Le plutonium qu’on utilise dans le surrégénérateur de Monju est extrait,
sur commande du Japon, à partir du recyclage effectué en France. Le
recyclage du combustible nucléaire consiste à extraire du plutonium des
déchets d’uranium, déjà brûlés dans les centrales. Le plutonium est une
matière que l’on peut produire uniquement de manière artificielle.
A Monju, on utilise environ 1,4 tonnes de plutonium (à la fois dans le
réacteur). La bombe de Nagasaki contenait environ 8kg de plutonium.
Alors, combien de bombes nucléaires peut-on produire à partir du
plutonium de Monju? Le plutonium est une matière très dangereuse qui est
capable de provoquer le cancer des poumons à partir de quantités très
faibles. Sa demi-vie radioactive est de 24.000 ans, presque l’éternité
(pour nous). C’est ainsi que l’on a choisi le mot Pluton: le nom du roi
des Enfers, pour sa racine. On a bien raison de le considérer comme la
matière la plus dangereuse du monde.
Mais combien de gens savent qu’il y a une grande probabilité pour que le
plutonium japonais ait été utilisé dans les essais nucléaires français
effectués dans le Pacifique Sud jusqu’en 1995? Dans le centre de
recyclage français, ils ne distinguent pas le plutonium destiné aux
armes nucléaires du plutonium à utiliser dans les centrales. C’est donc
quasiment sûr que du plutonium japonais a été utilisé dans les essais
nucléaires.
C’est la raison pour laquelle le gouvernement japonais ne pouvait pas
déclarer ouvertement son opposition contre les essais nucléaires
français. Si le Japon voulait arrêter la France, c’était très facile. Il
lui suffisait de renoncer au contrat de recyclage. Mais il n’en a rien
fait.
Le marché du recyclage nucléaire prend la deuxième place dans l’ensemble
des transactions commerciales entre ces deux pays. A quoi cela sert de
crier «non aux essais nucléaires» sans savoir cette réalité? Le Japon
avance son statut de seul pays irradié. Mais nous avons certainement
contribué indirectement à irradier les habitants de Tahiti et à
contaminer l’Océan Pacifique.
La communauté internationale a déjà abandonné le plutonium. Il n’y a que
le Japon qui persiste à essayer de produire de l’électricité avec une
matière si dangereuse. Ils essaient maintenant d’utiliser le combustible
MOX, mélange d’uranium et de plutonium, dans les réacteurs ordinaires.
Mais c’est excessivement dangereux, c’est un peu comme brûler de
l’essence dans un chauffage à fioul. Les centrales n’ont pas été conçues
pour brûler du plutonium. La fission nucléaire du plutonium dégage
beaucoup plus d’énergie que celle de l’uranium. C’est pour cette raison
qu’on l’utilise pour fabriquer la bombe atomique.
Le Japon est un pays qui ne possède pas beaucoup de ressources
énergétiques naturelles. Mais cela ne justifie pas une telle erreur. Si
l’on n’arrête pas les centrales nucléaires, si l’on n’abandonne pas le
plutonium, le nombre des gens irradiés va augmenter partout dans le
monde.


Le Japon qui n’ose pas interrompre le projet

Dans le monde, le temps de l’énergie nucléaire est bientôt terminé. En
février 1996, les Etats-Unis ont déclaré leur projet de diminuer le
nombre de centrales nucléaires américaines de moitié d’ici 2015. Le
président a également ordonné d’arrêter l’extraction du plutonium. Il
est si redoutable qu’ils ont arrêté même les recherches scientifiques.
Les Etats-Unis, comme l’Angleterre et l’Allemagne, ont déjà arrêté les
centrales surrégénératrices où l’on brûle du plutonium comme celle de
Monju. L’Allemagne a stoppé celle qu’elle avait achevée (Kalkar) et a
construit un parc de loisir (Wunderland) à la place. La plupart des pays
ont renoncé car ils ont compris que c’est impossible de produire de
l’électricité à partir du plutonium. Le gouvernement japonais doit
savoir qu’il a commis une erreur. Mais il n’a pas encore abandonné le
plutonium. Il a même annoncé la reprise du projet.
Pourquoi le Japon n’abandonne pas? Parce que c’est un pays qui n’a pas
assez de courage pour interrompre les projets déjà votés. C’est vraiment
dangereux, mais je peux vous donner beaucoup d’exemples montrant ce
caractère du gouvernement.
La politique nucléaire du Japon est vraiment mal organisée. Le
gouvernement n’a pas réfléchi aux conséquences. Il espérait toujours que
la situation s’arrangerait avec le temps. Il était toujours
irresponsable dans ses décisions. Des décennies sont déjà passées, et il
n’a même pas trouvé de solution pour traiter ses déchets nucléaires.
Un autre problème: auparavant, il y avait toujours beaucoup d’étudiants
dans le domaine de l’énergie nucléaire. Désormais, les jeunes ne
choisissent plus cette spécialité, qui a disparu de presque toutes les
universités, comme de l’Université de Tokyo. Les étudiants ne veulent
même plus faire de recherche fondamentale dans ce domaine.
Ainsi les laboratoires de recherche d’Hitachi et Toshiba ont été réduits
par trois. Ils se consacrent plus pour la recherche sur les turbines à
gaz de la cogénération, des réacteurs plus efficaces pour produire de
l’électricité et de l’eau chaude en même temps. Même les fabricants
commencent à abandonner le nucléaire.
Mr Takehisa Shimamura, ancien chef du Centre du nucléaire, a publié un
livre intitulé «Le sermon du nucléaire». Il y écrit: «Le gouvernement
japonais s’amuse à justifier ses actes du passé sans réfléchir. Ce n’est
pas qu’il n’y a pas assez d’électricité. C’est qu’il possède trop
d’uranium et de plutonium inutiles, l’uranium et le plutonium qu’il n’a
pas osé refuser. Et maintenant, pour prouver qu’il ne produit pas des
armes nucléaires, il construit de plus en plus de centrales, la
démonstration de l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire». Je
pense qu’il décrit très bien la nature de ce pays.


On ne peut ni démonter, ni démolir

La première centrale nucléaire commerciale au Japon a démarré en 1966
dans la commune de Tokaido, dans le département d’Ibaraki. C’était un
réacteur anglais d’une puissance de 160 mégawatts. Depuis, des centrales
américaines ont été installées, et le Japon s’est même mis à construire
ses propres centrales. Actuellement, 51 centrales nucléaires
fonctionnent dans ce petit pays, la plus grande étant de 1.350
mégawatts.
On les a mises en route sans savoir concrètement comment les démonter ni
les démolir, ni comment traiter leurs déchets. Le réacteur en acier,
bien que d’une grande épaisseur, se fragilise à cause des quantités
colossales de radioactivité, on les avait donc construites pour une
exploitation de 10 ans, après quoi le démantèlement et la démolition
étaient prévus. Mais en 1981, on s’est aperçu que les plans de
démantèlement et de démolition de la centrale nucléaire de Fukushima,
qui avait alors fonctionné 10 ans, n’étaient pas du tout réalisables. Le
Parlement a même discuté sur le fait que ce réacteur ne pouvait plus
résister aux rayonnements ionisants.
A l’époque, j’ai participé aussi à la recherche de solutions. Nous avons
tous les jours étudié différents modes de démolition. Mais nous avons
seulement compris que, pour démonter et démolir cette centrale nucléaire
pleine de radioactivité, des dépenses représentant plusieurs fois le
budget de sa construction seraient nécessaires, et qu’une irradiation
trop importante des ouvriers serait inévitable. Car on ne peut
travailler que quelques dizaines de secondes près du réacteur si l’on
veut respecter la norme.
Tout est réalisable sur le papier, mais concrètement, les ouvriers
doivent tout faire à la main, avec l’irradiation que cela implique. On
ne peut donc rien faire avec cette radioactivité, ni démonter, ni
démolir la centrale. Certaines personnes parlent d’envoyer des robots,
mais les nombreuses recherches n’ont pas encore réussi à produire des
robots qui ne se dérèglent pas à cause de la radioactivité.
Finalement, concernant la centrale de Fukushima, on a conclu que la
démolition était irréalisable. Le fabricant américain qui a vendu cette
centrale a envoyé des ouvriers au Japon, et il les a fait réparer le
réacteur en les exposant à des quantités de radioactivité inimaginables
par rapport à la norme japonaise. Aujourd’hui, cette centrale fonctionne
toujours.
Alors qu’on avait prévu de l’utiliser 10 ans, elle a déjà fonctionné
plus de 30 ans. Au Japon, il y a 11 centrales que l’on exploite toujours
malgré leur vieillissement, cela m’inquiète beaucoup.
Le réacteur nucléaire de 100 kilowatts destiné à la recherche s’est
arrêté suite à une fuite de radioactivité dans l’Université Industrielle
Musashi à Kawasaki, dans le département de Kanagawa. On estime qu’il
aurait fallu 2 milliards de yens pour la réparation et 6 milliards de
plus pour le démantèlement. Le budget annuel de l’Université ne suffit
même pas pour la démonter. Ils sont donc obligés de l’arrêter et
l’entretenir jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de radioactivité.
Si cela avait été un grand réacteur de 1.000 mégawatts, on n’aurait vraiment rien pu faire.


La surveillance et l’entretien après la fermeture

Pourquoi on ne peut pas démonter une centrale nucléaire? Comme elle
fonctionne avec de l’eau et de la vapeur, on ne peut pas la laisser sans
entretien après l’arrêt. Elle se rouillerait très vite et il y aurait
des fuites de radioactivité par des trous. Un seul démarrage avec du
combustible nucléaire suffit pour polluer la centrale. Et une fois
polluée, on ne peut plus la laisser se reposer, ni la démonter, ni la
démolir.
Il y a beaucoup de centrales nucléaires qui ont été fermées dans des
pays développés. Elles sont fermées car ils ne peuvent pas les démonter
ni les démolir. Fermer une centrale nucléaire, ça veut dire qu’on arrête
de produire de l’électricité et qu’on retire le combustible. Mais il y a
encore beaucoup de choses à faire.
Actuellement, le Japon compte 54 réacteurs nucléaires pour produire de
l’électricité, 51 en fonctionnement et 3 en construction. Il y en a
plusieurs qui sont trop dangereux pour continuer à les exploiter. Il ne
faut pas oublier les réacteurs pour la recherche possédés par des
universités et des entreprises. Donc dans tout le Japon, il y a 76
réacteurs, de 100 kilowatts à 1.350 mégawatts.
Mais je me demande si les compagnies d’électricité vont continuer à
surveiller sérieusement les centrales fermées qui ne produisent plus
d’électricité ni d’argent. D’un autre côté, elles cherchent à construire
de nouvelles centrales et à agrandir celles qui sont déjà construites.
Par exemple, elles veulent ajouter un 5ème réacteur sur le site de
Hamaoka qui se trouve sur un endroit très dangereux par rapport à la
faille qui provoque souvent des tremblements de terre dans la région de
Tokai. A Fukushima, elles ont ajouté un nouveau réacteur sur le terrain
de football. Pour des nouvelles installations, elles veulent construire
des centrales à Makimachi dans le département de Niigata, Ashihama de
Mie, Kaminoseki de Yamaguchi, Suzu de Ishikawa, et Ooma et Toudu de
Aomori. Elles envisagent d’avoir de 70 à 80 réacteurs d’ici 2010. J’ai
peur que mes mots soient brutaux mais je n’arrive pas à m’empêcher de
penser que ce pays est devenu fou.
Bientôt, la fermeture des vieilles centrales nucléaires va sûrement
venir. C’est un grand problème. Imaginez des centrales nucléaires
fermées qui apparaissent partout dans le Japon dans l’avenir assez
proche. Vous ne pensez pas que c’est non seulement inquiétant mais
macabre?


Les déchets nucléaires qu’on ne sait même pas traiter

Il faut aussi parler des déchets nucléaires qu’on produit chaque fois
qu’on fait tourner les réacteurs, ça veut dire tous les jours. En
parlant déjà des déchets nucléaires de faible activité, il y en a
800.000 fûts dans le Japon. On utilise le mot faible mais il y en a qui
sont tellement forts en radioactivité qu’on peut recevoir la dose létale
en restant uniquement 5 heures à côté.
Depuis le démarrage de la première centrale nucléaire au Japon jusqu’en
1969, dans toutes les centrales, on mettait tous les déchets nucléaires
dans des fûts et les jetait dans les mers à proximité. A l’époque,
c’était normal. Quand je travaillais dans la centrale de Tokai du
département d’Ibaraki, les sous-traitants emportaient les fûts en camion
et ils les jetaient au large de Chiba en bateau.
Mais justement c’est avec cette histoire que j’ai commencé à douter
qu’il y a quelque chose qui n’est pas clair dans les centrales
nucléaires. Les fûts métalliques se rouillent au bout de 1 an dans la
mer. Je me suis demandé ce qui se passerait avec les déchets nucléaires
qui étaient dans les fûts et les poissons qui habitent dans la mer.
Maintenant, on rassemble les déchets nucléaires à Rokkasyo dans le
département d’Aomori. Ils prétendent surveiller 3 millions de fûts de
déchets nucléaires pendant 300 ans. Mais je me demande déjà s’il existe
le fût qui fait de l’usage pendant 300 ans. Et durera-t-elle aussi cette
entreprise sous-traitante pendant si longtemps? Qui peut assurer tous
ces problèmes?
Et puis, parlons des déchets nucléaires de haute activité. C’est le
déchet qui reste après l’extraction du plutonium du combustible usé. Le
Japon commande cette extraction à l’Angleterre et à La France. En 1995
la France a retourné 28 barres de déchets de haute radioactivité. Ce
sont des mélanges de déchets de haute radioactivité et de verre enfermés
dans un container métallique. J’ai entendu que le fait de rester 2
minutes à côté de ce container suffit pour tuer quelqu’un. Le
gouvernement dit qu’il va garder ces barres fortement radioactives
pendant 30 ou 50 ans tout en les refroidissant à Rokkasyo du département
d’Aomori et les transporter quelque part ailleurs pour les enfouir en
profondeur. Quelque part qu’il ne sait pas encore où ça pourrait être.
Dans tous les autres pays, ils planifient l’enfouissement des déchets
nucléaires de haute radioactivité, mais il y en a aucun qui l’a déjà
accompli. Personne ne connaît la solution.
Pour le bâtiment de la centrale nucléaire elle même, le gouvernement
japonais envisage de la fermer hermétiquement pendant 5 ou 10 ans et
l’enterrer en dessous du terrain où la centrale a été, après l’avoir
démolie en petits morceaux et mis en fûts métalliques. C’est un projet
très optimiste mais la démolition d’un seul réacteur donnera des
dizaines de milliers de tonnes de déchets plein de radioactivité.
Comment peut-on trouver la place pour tous ces déchets dans un pays où
on manque même de place pour jeter les ordures ménagères? En tout cas,
c’est bien clair que le Japon sera encombré de déchets nucléaires un
jour. Il faut faire quelque chose. Il faut qu’on arrête les centrales
nucléaires aussi vite que possible.
Il y a environ 5 ans, j’ai été faire une conférence sur mon travail à
Hokkaido. Quand j’ai dit «on va continuer à surveiller les déchets
nucléaires pendant 50 ans ou 300 ans», une collégienne a levé sa main.
Elle a crié «J’ai une question. En parlant de la surveillance des
déchets qui dure 50 ou 300 ans, est ce que c’est vous qui allez le
faire? Non, ce n’est pas vous, les adultes d’aujourd’hui, c’est nous, la
prochaine génération, et les générations qui suivent. Mais nous, nous
n’avons pas envie de le faire !» Est-ce que quelqu’un peut donner une
réponse à cette fille?
Quand on dit «surveiller 50 ans ou 300 ans», peut-être ça vous donne
l’impression que tout sera fini au bout de ces durées. Mais s’il y a
toujours des centrales nucléaires qui fonctionnent, ce sont des 50 ans
et 300 ans qui se renouvellent pour toujours.


L’irradiation et la discrimination affreuse des habitants

Le gouvernement et les compagnies d’électricité ont menti pendant des
dizaines d’années en disant que les centrales nucléaires japonaises
n’avaient jamais émis de radioactivité à l’extérieur. Mais depuis
quelque temps, ils ne peuvent plus continuer leurs mensonges.
Il y a de la radioactivité qui sort des cheminées très hautes des
centrales nucléaires. Très précisément, c’est la compagnie qui la
rejette volontairement. Comme elle la rejette 24 heures sur 24, les
habitants à côté prennent de la radioactivité tout au long de l’année
J’ai reçu une lettre d’une jeune femme de 23 ans. J’ai vu des traces de
larmes sur l’enveloppe. Elle m’a écrit «J’ai trouvé un travail à Tokyo
et rencontré un homme. Nous nous sommes fiancés et nous avons déjà fini
la pré-cérémonie du mariage avec la famille. Mais il a subitement rompu
nos fiançailles. Il m’a expliqué que ce n’est pas du tout de ma faute et
il aimerait bien aussi se marier avec moi. Mais ses parents se sont
aperçus que j’ai grandi à Atsuga dans le département de Fukui et qu’il y
a plus d’enfants leucémiques à côté des centrales nucléaires. Comme ils
n’ont pas envie d’avoir leur petit enfant leucémique, ils ne sont plus
d’accord avec notre mariage. Dites-moi, pourquoi je dois subir une telle
chose?». Qui a droit de faire vivre un tel drame à cette jeune femme?
En plus, je connais plein d’autres histoires pareilles.
Cette histoire n’est pas arrivée à côté d’une centrale nucléaire. Elle
est arrivée à Tokyo. Est ce que vous pouvez approuver sans aucun souci
le mariage entre un homme qui a déjà travaillé dans les centrales
nucléaires avec votre fille ou la femme qui a vécu à côté d’une centrale
nucléaire comme elle avec votre fils? Les jeunes doivent également se
sentir concernés car vous pouvez très bien tomber amoureux de quelqu’un
d’irradié. Je sais qu’en parlant de cette discrimination, je pourrais
provoquer encore plus de discrimination. Mais il faut que je vous
informe. Pour les gens qui sont déjà opposés aux centrales nucléaires,
j’aimerais bien que ce problème soit un de leurs arguments et pas
seulement parce qu’ils ont peur des accidents. Ce n’est pas seulement la
Nature et la santé humaine que les centrales nucléaires détruisent,
elles détruisent aussi le cœur des hommes.
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Message  Chabane's rds Sam 5 Mai - 12:15

suite (le post est trop long pour forumactif)


Puis-je avoir des enfants?

Pour finir, je vous raconte une histoire qui m’a beaucoup choqué. Une
histoire qui m’est arrivée au cours d’une conférence organisée par le
syndicat des instituteurs à Kyowa de Hokkaido qui se situe à côté de la
centrale Tomari. Je ne manque pas d’en parler chaque fois. J’aimerais
bien que vous vous rappeliez de cette histoire même si vous oubliez les
autres.
La conférence a eu lieu le soir. Il y avait environ 300 personnes, à peu
près moitié de parents et moitié d’instituteurs et professeurs. Mais il
y avait aussi quelques collégiens et lycéens car ils pensaient que les
centrales nucléaires sont des problèmes de leur génération et pas
seulement ceux des adultes.
Une fois que j’ai eu fini mon discours, j’ai demandé s’il y avait des
questions. Une fille de deuxième année de collège a levé sa main en
pleurant et elle s’est exprimée:
«Vous, les adultes qui se sont réunis ce soir, vous êtes tous des
menteurs et des hypocrites. Je suis venue ici aujourd’hui pour voir
quelle tête vous faites. Les adultes d’aujourd’hui, notamment ceux qui
sont là, vous êtes toujours en train de faire semblant d’agir pour les
enfants pour tous les choses. Le problème des pesticides, les terrains
de golf, les centrales nucléaires. Moi, je vis à Kyowa juste à côté de
la centrale de Tomari. Je reçois de la radioactivité sans cesse. J’ai lu
qu’à Sellafield en Angleterre, à côté de l’usine nucléaire, il y a plus
d’enfants leucémiques qu’ailleurs. Moi, en tant que fille, je rêve de
me marier un jour. Est ce que je peux avoir des enfants?»
Cette fille a demandé en pleurant aux 300 adultes qui se trouvaient devant elle. Mais personne ne pouvait lui répondre.
Elle a continué: «Si vous savez que les centrales nucléaires sont
dangereuses, pourquoi vous n’avez pas manifesté au moment de la première
construction? Pourquoi vous ne manifestez que maintenant? En plus, vous
avez même laissé construire le deuxième réacteur. Je préfère ne pas
avoir d’électricité qu’avoir la centrale nucléaire». Justement, le
deuxième réacteur de la centrale Tomari venait d’entamer sa mise en
route.
«Je ne comprends pas pourquoi vous faites cette conférence si tard. Si
j’étais un adulte qui avait des enfants, j’arrêterais la centrale même
au risque de ma vie». Elle a ajouté en pleurant «Maintenant avec le
deuxième réacteur, je reçois 2 fois plus de radioactivité. Mais je
n’abandonnerai pas Hokkaido».
Je lui ai demandé si elle avait déjà confié son inquiétude à sa mère ou à
son professeur. Elle m’a répondu «Je sais que ma mère et mon professeur
sont ici aujourd’hui. Je ne leur ai jamais posé des questions. Mais
entre les filles de la ville on en parle tout le temps qu’on ne peut pas
se marier ni avoir des enfants».
Les professeurs n’étaient pas au courant que leurs élèves ressentaient une telle inquiétude.
Ce ne sont pas uniquement les 8 ou 10 km de rayon autour de la centrale
qui sont concernés. Beaucoup de collégiens et lycéens ressentent la même
chose dans la zone des 50 ou 100 km autour de la centrale. J’aimerais
bien que vous pensiez toujours à ces jeunes.

On ne peut jamais être en sécurité si la centrale nucléaire ne disparaît pas.
J’espère que vous avez bien compris ce qu’est une centrale nucléaire, en lisant ce texte.
Certainement, l’accident grave de Tchernobyl a aussi effrayé beaucoup de
Japonais. Mais j’imagine que beaucoup de gens, surtout ceux qui
habitent au loin, dans les grandes villes, ont peur de manquer
d’électricité si on ferme les centrales nucléaires.
Mais c’est le résultat des propagandes qu’ils font en dépensant beaucoup
d’argent. «Les centrales nucléaires, c’est une utilisation pacifique de
l’énergie atomique» «Vous n’avez pas besoin d’avoir peur. Les accidents
n’arriveront jamais dans les centrales nucléaires japonaises» «Le Japon
manque de sources d’énergie. Les centrales nucléaires nous sont
indispensables». Ce sont des propagandes du gouvernement et des
compagnies d’électricité. Et la réalité, comme l’accident de Monju, ils
essayeront toujours de la cacher.
C’est bien vrai que les centrales nucléaires produisent de
l’électricité. Mais j’ai constaté en travaillant 20 ans, avec mes yeux
et même avec mon corps qu’elles fonctionnent toujours en irradiant les
ouvriers. Et puis les gens qui habitent à côté souffrent, en se
débattant entre ceux qui sont pour et contre avant l’installation, et en
étant irradiés et discriminés après la construction.
Vous ne devez pas croire qu’un accident dans une centrale nucléaire ne
provoque pas des terribles conséquences, ni qu’il n’y a pas de problème
si jamais l’accident arrive, ni que c’est une utilisation pacifique!
Non, tout cela n’est pas vrai. Ce n’est pas pacifique s’il y a des
ouvriers qui meurent à cause de l’irradiation, comme moi, et des gens
qui souffrent à côté des centrales. En plus, il ne faut pas confondre la
sûreté et la sécurité. S’il y a des centrales nucléaires, il n’y a plus
rien de sûr.
En plus, même si le nucléaire produit de l’électricité en ce moment,
l’entretien des déchets nucléaires pour des dizaines de milliers
d’années demandera une énorme quantité d’électricité et de pétrole.
C’est sûr que ça demandera plus d’énergie qu’on en a produit jusqu’à
maintenant grâce au nucléaire. D’ailleurs, ce sont nos descendants qui
seront obligés d’entretenir toutes les centrales fermées et leurs
déchets.
Pour toutes ces raisons, je vous demande de regarder le visage de vos
enfants et vos petits-enfants tous les matins, et réfléchir si le Japon
peut continuer à construire des centrales nucléaires. Ce n’est pas
uniquement le risque de l’accident, mais il y a aussi le risque du
tremblement de terre. Le désastre irrémédiable va arriver si on continue
ainsi. Je veux que vous sachiez cette réalité.
Je manifeste pour ne plus construire de centrales nucléaires. Je suis
contre les nouvelles installations de centrales nucléaires avec
conviction. Et je pense qu’il faut arrêter celles qui sont en
fonctionnement.
Tant que les centrales nucléaires existeront, la tranquillité n’existera pas sur la Terre.
Laissons la Terre jolie pour nos enfants.
HIRAI Norio


Traduction du Japonais en Français effectuée par Tomomi DUFILS en avril 2011



nous sommes des morts
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Message  ivo Jeu 10 Mai - 14:16

thx chab
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Message  ivo Ven 11 Mai - 12:39

La famille d'un mort de l'uranium fait condamner Areva pour "faute inexcusable"
fr info
Le tribunal des affaires de Sécurité sociale (TASS) de Melun reconnaît la "faute inexcusable" d'Areva après la mort d'un ex-salarié d'une mine d'uranium au Niger. Âgé de 59 ans, il avait succombé à un cancer du poumon.

Areva, le géant français du nucléaire, est condamné à verser plus de 200.000 euros de dommages et intérêts à la famille de la victime. Et la rente accordée à la veuve de Serge Venel sera doublée.

Le tribunal des affaires de Sécurité sociale (TASS) de Melun reconnaît la "faute inexcusable" d'Areva dans cette affaire.
Serge Venel est mort en juillet 2009, à 59 ans, d'un cancer du poumon. "Quand mon père a vu le pneumologue en mars 2009, il a tout de suite dit que ce n'était pas la cigarette qui était la cause du cancer, mais bel et bien l'inhalation de poussières d'uranium", avait expliqué à la sortie de l'audience sa fille Peggy.

Maladie professionnelle reconnue

De son côté, Areva avait tenté de rejeter la responsabilité sur la société Cominak, l'employeur "officiel" de la victime. Une société dans laquelle le groupe français "n'a pas une action", avait expliqué l'avocat d'Areva au cours de l'audience.

Mais la Sécurité sociale avait reconnu la maladie professionnelle de Serge Venel durant sa période de travail au Niger, dans cette mine d'extraction d'uranium qui fournissait Areva. "La Caisse primaire d'assurance maladie avait adressé ses conclusions à Areva, considérant donc qu'Areva est l'employeur", avait ajouté Me Jean-Paul Teissonnière, l'avocat de la famille Venel.
Ce sont ces arguments que le TASS aura retenus.
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Message  ivo Ven 11 Mai - 19:20

Condamnation d'Areva : le groupe a accepté la mise en place d'observatoires des sites miniers
fr info
Le géant de l'énergie Areva a été condamné ce matin après la mort d'un ancien salarié d'une mine d'uranium du Niger. L'homme était décédé d'un cancer du poumon causé, d'après les médecins, par l'inhalation de poussières d'uranium. Le groupe nucléaire français est en train de faire passer des examens médicaux à l'ensemble de ses employés des mines d'uranium dans ce pays.

Serge Venel est mort d'un cancer en juillet 2009 à l'âge de 59 ans. Quelques mois avant ce drame, un pneumologue avait expliqué à la famille que sa maladie était due à l'inhalation de poussière d'uranium. Il avait travaillé de 1978 à 1985 au Niger pour le compte d'une filiale d'Areva, la Cominak qui exploite des mines d'uranium dans le nord-ouest du pays. Jean-Paul Tessonnière, l'avocat de la famille, explique que "la sécurité sociale a enquêté sur les conditions de travail au Niger pour confirmer que l'absence de protection et la poussière d'uranium étaient responsables de sa maladie". Mais il lui fallait prouver que le responsable était la société mère, soit Areva. "Il est important que l'on puisse faire remonter la responsabilité chez le véritable décideur" ajoute-t-il.

Le tribunal a ainsi jugé qu'Areva avait commis "une faute inexcusable". Il a condamné l'entreprise à verser des dommages et intérêts de plus de 200.000 euros. L'entreprise doit également doubler la rente de la veuve de l'ex-salarié. Elle pourrait faire appel.

D'autant plus peut-être qu'elle a déjà pris des mesures pour que ce drame ne se renouvelle pas grâce à des négociations avec l'association Sherpa. Le groupe nucléaire français a ainsi accepté la mise en place d'observatoires dans les groupes miniers avec le concours des ONG locales. Les employés seraient en train de subir des examens médicaux.

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Message  ivo Mar 22 Mai - 10:40

je ne fais que vous renvoyer à l'article, il y a trop de liens ...


Alerte à Fukushima !
C’est un général américain qui a sonné l’alarme : ce qui était à craindre est en train de se profiler à l’horizon, menaçant tout l’hémisphère nord.
...
Que ce soit par l’évaporation de l’eau dans les piscines, ou en raison de l’effondrement possible de la structure, ce serait d’après lui tout l’hémisphère nord qui pourrait devenir en grande partie inhabitable, si le pire arrivait
>>>>>>>>>>>
http://www.agoravox.fr/actualites/environnement/article/alerte-a-fukushima-117001

..............
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Message  ivo Lun 6 Aoû - 19:10

Quatre jours de jeûne contre les armes nucléaires
http://www.franceinfo.fr/societe/quatre-jours-de-jeune-contre-les-armes-nucleaires-699097-2012-08-06
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Message  ivo Mar 28 Aoû - 15:28

Arnaud Montebourg dit-il vrai sur le nucléaire "pas cher" ?
http://www.franceinfo.fr/economie/le-vrai-du-faux/arnaud-montebourg-dit-il-vrai-sur-le-nucleaire-pas-cher-719313-2012-08-28
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Message  ivo Lun 3 Sep - 19:35

Contrefaçon nucléaire en Corée du Sud
http://www.franceinfo.fr/monde/contrefacon-nucleaire-en-coree-du-sud-727279-2012-09-03
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Message  ivo Mer 5 Sep - 18:23

Incident à la centrale nucléaire de Fessenheim, deux personnes légèrement brûlées selon EDF
fr info
Un incident a eu lieu mercredi à la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin), la plus ancienne du parc électronucléaire français. Plusieurs personnes ont été blessées, selon les pompiers, qui sont toujours en intervention. Le groupe EDF indique qu'il ne s'agit pas d'un incendie mais d'un "dégagement de vapeur" et que deux personnes ont été "légèrement blessées" aux mains.

Nucléaire mon amour ... - Page 9 IDEweb-Fessenheim

Dans un premier temps, les pompiers du département ont fait état d'un incendie de nature chimique qui s'est déclaré mercredi après-midi vers 15h45 à la centrale nucléaire de Fessenheim, dans le Haut-Rhin. Toujours selon les pompiers, plusieurs personnes ont été blessées, mais ils ne peuvent pas pour l'instant préciser leur nombre et l'état des victimes.

Les pompiers du Haut-Rhin "sont en cours d'intervention, avec une cinquantaine d'hommes sur place", a précisé un officier du Codis.

Deux personnes légèrement brûlées aux mains, selon EDF

EDF indique pour sa part que deux personnes ont été légèrement brûlées aux mains "à travers leurs gants". Le groupe indique qu'il ne s'agit pas d'un incendie mais d'un "dégagement de vapeur qui a sans doute déclenché les systèmes incendie", lors d'une opération de maintenance, explique une porte-parole.

"Il ne s'agit pas d'un incendie, c'est un petit problème" qui a eu lieu "dans des bâtiments auxiliaires de la zone nucléaire, mais pas dans le bâtiment du réacteur", a-t-elle ajouté.

La préfecture a également réagi indiquant qu'il s'agissait "d'un dégagement de vapeur d'eau oxygénée produit par l'injection dans un réservoir de peroxyde d'hydrogène qui a réagi avec l'eau".

La plus vieille centrale de France

La centrale de Fessenheim, la plus ancienne du parc électronucléaire français, doit être fermée d'ici 2017 selon une promesse faite aux écologistes par François Hollande lors de la campagne des élections présidentielles. Installée au bord du Rhin, elle comprend deux réacteurs de 900 mégawatts qui ont été mis en service en 1977.
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Message  ivo Sam 8 Sep - 8:37

La dangereuse imposture nucléaire
http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/09/07/la-dangereuse-imposture-nucleaire_1757119_3232.html?google_editors_picks=true
L'information commence à émerger : dans la centrale nucléaire de Fukushima, la piscine du réacteur 4, remplie de centaines de tonnes de combustible très radioactif, perchée à 30 mètres, au-dessus d'un bâtiment en ruine, munie d'un circuit de refroidissement de fortune, menace l'humanité d'une catastrophe pire encore que celle de Tchernobyl. Une catastrophe qui s'ajoute à celle de mars 2011 à Fukushima : 3 réacteurs percés qui déversent leur contenu mortel dans l'air, dans l'océan et dans la terre.
Les ingénieurs du nucléaire ne savent pas quoi faire face à tous ces problèmes. Ils ont déclamé que la sécurité, dans le nucléaire, était, est et sera totale, que, lorsqu'une catastrophe majeure a lieu, personne n'a de solution à proposer. Telle est l'effroyable vérité que révèle Fukushima. Tchernobyl avait été mis au compte de l'incompétence technique des Soviétiques. Impossible de resservir la même fable politique.

Si l'on fait usage de sa raison, il ne reste qu'une seule conclusion : l'incompétence des ingénieurs du nucléaire. En cas de panne du circuit de refroidissement, si l'échauffement du réacteur atteint un seuil de non-retour, il échappe au contrôle et devient un magma en fusion de radionucléides, de métal fondu et de béton désagrégé, très toxique et incontrôlable (le corium).

La vérité, posée par Three Miles Island, Tchernobyl et Fukushima, est que, une fois ce seuil franchi, les ingénieurs sont impuissants : ils n'ont pas de solution. Ils ont conçu et fabriqué une machine nucléaire mais ils ignorent quoi faire en cas d'accident grave, c'est-à-dire "hors limite". Ce sont des prétentieux ignorants : ils prétendent savoir alors qu'ils ne savent pas. Les pétroliers savent éteindre un puits de pétrole en feu, les mineurs savent chercher leurs collègues coincés dans un tunnel à des centaines de mètres sous terre, etc. Eux non, parce qu'ils ont décrété qu'il n'y aurait jamais d'accidents très graves.

Dans leur domaine, ils sont plus incompétents que les ouvriers d'un garage dans le leur. S'il faut changer le cylindre d'un moteur, les garagistes savent comment faire : la technologie existe. Si la cuve d'un réacteur nucléaire est percée et si le combustible déborde à l'extérieur, les "nucléaristes" ne savent pas ce qu'il faut faire. On objectera qu'une centrale nucléaire est plus complexe qu'une voiture. Certes, mais c'est aussi plus dangereux. Les ingénieurs du nucléaire devraient être au moins aussi compétents dans leur propre domaine que ceux qui s'occupent de la réparation des moteurs de voiture en panne : ce n'est pas le cas.

Le fait fondamental est là, affolant et incontestable : les radionucléides dépassent les capacités technoscientifiques des meilleurs ingénieurs du monde. Leur maîtrise est partielle et elle devient nulle en cas d'accident hors limite, là où on attendrait un surcroît de compétence : telle est la vérité, l'incontestable vérité. D'où l' aspect de devin à la boule de cristal des ingénieurs et des "spécialistes" du nucléaire. La contamination nucléaire ? Sans danger, affirment-ils, alors qu'ils n'en savent rien. L'état du réacteur détruit sous le sarcophage de Tchernobyl ? Stabilisé, clament-ils, alors qu'ils n'en savent rien. La pollution nucléaire dans l'océan Pacifique ? Diluée, soutiennent-ils, alors qu'ils n'en savent rien. Les réacteurs en ruine, percés, détruits, dégueulant le combustible dans le sous-sol de Fukushima ? Arrêtés à froid et sous contrôle, assurent-ils, alors qu'ils n'en savent rien.

Les effets des radionucléides disséminés dans l'environnement sur les générations humaines à venir ? Nuls, clament-ils, alors qu'ils n'en savent rien. L'état des régions interdites autour de Tchernobyl et Fukushima ? Sans nocivité pour la santé, aujourd'hui, comme pour des décennies, proclament-ils, alors qu'ils n'en savent rien. Pour qui les radiations sont-elles nocives ? Seulement pour les gens tristes, avancent-ils, alors qu'ils n'en savent rien. Ce sont des devins. L'art nucléaire est un art divinatoire. C'est-à-dire une tromperie.

Le nucléaire, qui s'annonçait comme la pointe avancée du savoir technoscientifique au point de se présenter comme une sorte de religion du savoir absolu, se révèle d'une faiblesse extrême non pas par la défaillance humaine mais par manque de savoir technoscientifique. Quelle que soit la cause contingente du dépassement du seuil de non-retour (attentat terroriste, inondation, séisme), l'incapacité de réparer et de contrôler la dissémination des radionucléides manifeste un trou dans le savoir qui menace la certitude de soi de la modernité. Les modernes prétendaient avoir rompu avec les conduites magiques. Le nucléaire est l'expérience d'une brutale blessure narcissique dans l'armature de savoir dont s'entoure l'homme moderne ; une souffrance d'autant plus grande que c'est sa propre invention qui le place en situation de vulnérabilité maximale.

En effet, le refus de considérer la possibilité réelle d'un accident hors limite a pour conséquence la négligence pratique et l'indisponibilité de fait des moyens techniques appropriés à ces situations hors limite. Ces moyens n'existent pas ; et personne ne sait si l'on peut les fabriquer. Peut-être qu'un réacteur en "excursion" est incontrôlable ou irrécupérable.

Je ne le sais pas et aucun "nucléariste" ne le sait; mais il est sûr que personne ne le saura jamais si l'on n'essaye pas de fabriquer ces outils techniques. Or l'affirmation d'infaillibilité empêche leur conception. Sans doute, ouvrir ce chantier impliquerait d'avouer une dangerosité jusqu'ici tue et de programmer des surcoûts jusque-là évités. Ainsi, l'infaillibilité des papes du nucléaire a plusieurs avantages : endormir les consciences et accroître les profits, du moins tant que tout va bien ; l'inconvénient majeur est de nous exposer sans aucun recours à des risques extrêmes.

Tout savoir scientifique ou technique est, par définition, incomplet et susceptible de modification. Affirmer l'infaillibilité d'un savoir technoscientifique ou se comporter comme si cette infaillibilité était acquise, c'est ignorer la nature du savoir et confondre celui-ci avec une religion séculière qui bannit le doute et nie l'échec. D'où l'effet psychotique de leurs discours (infaillibles et certains) et de leurs pratiques (rafistolages et mensonges). Tout observateur est frappé par cette contradiction et plus encore par son déni. Chacun est sommé d'un côté de leur reconnaître une science et une technique consommées et de l'autre côté de se taire malgré le constat de leur échec. Bref, le nucléaire rend fou. Mais ce n'est qu'un aspect de notre condition nucléaire. Contaminés de tous les pays, unissez-vous !

Jean-Jacques Delfour, professeur de philosophie en CPGE, ancien élève de l'ENS de Saint-Cloud
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Message  ivo Ven 21 Sep - 19:07

La centrale nucléaire de Chinon reste sous surveillance renforcée
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Épinglée pour la deuxième année consécutive par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) pour ses manquements en matière de radioprotection et de formation des personnels, la centrale atomique de Chinon (Indre-et-Loire) va rester "sous surveillance renforcée".

Nucléaire mon amour ... - Page 9 Chinon

"Le site a arrêté de plonger. Nous constatons quelques signes de progrès, mais ils ne sont pas à la hauteur de ce que nous attendions", juge le gendarme du nucléaire. L'ASN pointe notamment "un manque de culture" des intervenants en matière de radioprotection, ainsi que "des fragilités du site dans ce domaine."

Avec Saint-Alban (Isère), la centrale atomique de Chinon fait partie des deux unités les moins performantes du parc nucléaire français. Et elle va rester "sous surveillance renforcée" durant un an encore, le temps de mener à son terme le plan de rigueur mis en œuvre par EDF depuis 2010.

Mise en service entre 1982 et 1987, la centrale de Chinon compte quatre réacteurs à eau pressurisée de 900 MW. Le réacteur B2 subira l'an prochain une visite décennale afin de décider de la prolongation éventuelle de son exploitation pour dix années supplémentaires.

Les 27 sites inspectés par l'ASN en 2011 doivent subir une visite approfondie en octobre de cette année.
commentaire
Comme tous ceux qui habitent proche de cette centrale, je sais de sources sûres que ce n'est que la partie visible de l'iceberg concernant cette centrale... quand on sait certaines anecdotes, c'est "juste" une épée de Damocles nucléaire au dessus de nos têtes mais à part ça, elle continue de fonctionner comme si tout allait bien.
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Message  ivo Sam 29 Sep - 19:44

La Suisse prépare sa sortie du nucléaire
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Après la catastrophe de Fukushima en mars 2011, la Suisse a approuvé la sortie progressive du nucléaire d'ici 2034. Pour tenir cet engagement, le gouvernement a proposé vendredi une première série de mesures.

D'ici 2035, les Suisses ambitionnent de réduire de 35% la consommation moyenne d'énergie par personne et par an, par rapport à 2000. Pour se faire, le projet de révision de la loi présenté par le gouvernement mise sur les énergies renouvelables. Ce lot de mesures est mis en consultation jusqu'en janvier 2013.

Développements

L'accent sera mis sur la production annuelle de la force hydraulique et l'autorisation des installations photovoltaïques décentralisées pour les particuliers. Mais en attendant que ces mesures couvrent intégralement les besoins énergétiques du pays, le gouvernement envisage de développer temporairement la production d'électricité fossile grâce au couplage chaleur-force (CCF) ou aux centrales à gaz à cycles combinés. Et pour maximiser l'énergie produite, Berne entend également promouvoir les assainissements énergétiques des bâtiments et durcir les normes de construction.

Restrictions

Côté transports, les Suisses pourraient se voir imposer des prescriptions d'émissions de CO2 plus sévères sur les nouvelles voitures de tourisme. Côté industrie, les autorités pourraient négocier des "conventions d'objectifs contraignantes" avec les entreprises pour fixer des plafonds de consommation d'énergie plus strictes.

Financements

Le gouvernement ne chiffre pas encore le coût de cette réforme, mais la ministre de l'Energie et de l'Environnement prévoit déjà une augmentation de 20 à 30% du prix de l'électricité selon le journal Le Matin, justifiant que "le prix augmenterait de toute manière avec le nucléaire, en regard des investissement nécessaires." Par ailleurs, d'ici 2014, le ministère des Finances devra plancher sur une réforme fiscale écologique qui impliquera probablement l'application de diverses taxes.
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Message  ivo Lun 1 Oct - 19:30

Japon : reprise des travaux de construction d'un réacteur nucléaire
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D'ici 30 ans le Japon ne tournera plus à l'énergie nucléaire, avait annoncé le gouvernement voici deux semaines. Dès le lendemain, le ministre de l'Economie se désavouait, et autorisait la poursuite de la construction de deux réacteurs déjà en chantier. Les travaux viennent de débuter.

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C'est à Oma, dans la préfecture d'Aomori, que les travaux de construction d'un réacteur nucléaire ont repris © Maxppp Kyodo

C'était une promesse solennelle. Le Japon, traumatisé par la catastrophe de Fukushima, en mars 2011, s'engageait à abandonner le nucléaire d'ici 30 ans.

Le 14 septembre, le gouvernement annonçait l'arrêt progressif et complet de la production. Il édictait trois principes : arrêter les réacteurs existants au bout de 40 ans, n'accepter le redémarrage des tranches suspendues qu'après des examens de sécurité, et ne plus construire de centrales.

Reprise du chantier sur un réacteur nucléaire

Mais, dès le lendemain, Yukio Edano, ci-devant ministre de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie, annonçait que le gouvernement allait tout de même autoriser la poursuite de la construction des deux réacteurs déjà en chantier.

Electric Power Development indique aujourd'hui avoir repris les travaux sur le site d'Oma, au nord de l'archipel, après avoir reçu le feu vert du gouvernement. En l'occurence, celui du ministre Yukio Edano qui a souligné que ce réacteur devrait répondre à toutes les nouvelles exigences de sécurité des autorités avant d'être autorisé à fonctionner.

Le maire a demandé devant la justice l'arrêt des travaux.

Les travaux ont repris sur le site d'Oma, avec 18 mois de retard sur l'échéance initiale. Frédéric Charles
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Message  ivo Mar 2 Oct - 8:48

Les centrales nucléaires françaises inquiètent Bruxelles
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Le Figaro a pu consulter un rapport de la Commission européenne sur la sécurité du parc nucléaire européen. La plupart des critiques concernerait 19 centrales françaises.

Nucléaire mon amour ... - Page 9 WEB-parc-nucleaire-francais
Les 19 centrales françaises où il y aurait des "insuffisances" © IDÉ

La Commission européenne est en train de réaliser un rapport sur la sécurité dans les centrales nucléaires d'Europe. La situation est "en général satisfaisante", mais le commissaire à l'Energie Gunther Oettinger reconnait "des centaines d'insuffisances". Surtout en France. La commission ne montrera à cet égard "aucune complaisance".

Des défaillances dans 19 centrales françaises

D'après le Figaro, qui confirme ce que le journal Die Welt a publié dans un premier temps, Gunther Oettinger chiffre à 25 milliards d'euros les travaux de mise en conformité des centrales.

Les "insuffisances" notées dans le rapport concerneraient, entre autres, 19 centrales nucléaires françaises, "mais aucune fermeture n'est préconisée par Bruxelles" écrit le quotidien français. Quatre centrales ont également été visitées par des experts européens (Cattenoun, Chooz, Fessenheim et Tricastin).

Le Groupe des régulateurs européens dans le domaine de la sûreté nucléaire (ENSREG), qui a mené les tests, parle "d'un coût d'investissements en France de l'ordre de 100 à 200 millions d'euros par centrale", selon Philippe Jamet, un de ses représentants.

Rapport en cours de finalisation

Les informations publiées dans les journaux allemand et français n'ont pas été démenties. Mais la porte-parole du commissaire à l'Energie tempère : "nous sommes en phase de finalisation de rapport". Le document publié serait un document de travail dont les éléments ne seront pas nécessairement repris dans le rapport final.

Le commissaire à l'Energie présentera son rapport à ses collègues de la Commission mercredi. Il espère que la commission sera en mesure de le soumettre aux dirigeants de l'UE lors du sommet des 18 et 19 octobre.

Que dit le rapport ? Les précisions à Bruxelles de Quentin Dickinson

"Ce rapport vient confirmer que le nucléaire français n'est pas plus sûr que les autres" (Greenpeace)

Pour Greenpeace-France, "ces résultats démontrent une nouvelle fois qu'il va falloir aller bien au-delà de la fermeture de Fessenheim. Le débat sur l'énergie qui arrive doit être l'occasion de discuter et d'acter une véritable sortie du nucléaire en France", explique Yannick Rousselet, chargé de campagne nucléaire de l'ONG, ajoutant, "ce rapport vient confirmer que le nucléaire français n'est pas plus sûr que les autres, bien au contraire".
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Message  ivo Ven 26 Oct - 9:19

Une fuite radioactive à la centrale de Flamanville
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Alors qu'il était en phase de redémarrage après des opérations de maintenance, un des réacteurs de la centrale nucléaire de Flamanville, dans la Manche, a dû être arrêté à froid jeudi. En cause : une fuite radioactive de près de six heures à l'intérieur d'un bâtiment. Aucun blessé n'a été signalé.

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La centrale de Flamanville, située en bord de mer, compte deux réacteurs. Un troisième, de type EPR, est en construction. © Maxppp

L'incident a été classé provisoirement au niveau 1 sur l'échelle INESqui va de 0 à 7, précise l'Autorité de sûreté nucléaire dans un communiqué. Jeudi soir, le gendarme du nucléaire indiquait avoir été informée dans la matinée par EDF "qu'une fuite est survenue sur une ligne auxiliaire du circuit primaire du réacteur n°1 de Flamanville" la veille, à 23h15.

7.000 litres d'eau contaminée par heure

Si l'Autorité affirme que la fuite "a été confinée dans le bâtiment réacteur tout au long de l'événement" et a été "arrêtée à 5h00", le débit de la fuite (7.000 litres par heure selon EDF) a imposé la mise en œuvre des consignes de mise à l'arrêt à froid du réacteur, pour permettre de faire baisser rapidement la pression et la température de l'eau.

Aucune contamination selon EDF

EDF précise dans un communiqué que la fuite était survenue "à la suite de l'éclatement de la vitre d'un instrument de mesure relié à un circuit auxiliaire du circuit primaire". Toujours selon EDF, "Les trois intervenants présents au moment de l'opération de redémarrage n'ont pas été blessés, les examens médicaux ont montré qu'ils n'avaient subi aucune contamination"
. Le coût de la journée d'arrêt, lui, est évalué à un million d'euros.
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Message  Libertad Lun 14 Jan - 17:47


Comment Areva laisse mourir ses travailleurs au Niger


Par Emmanuel Haddad (14 janvier 2013)


Les Français s’éclairent et se chauffent grâce à leur travail : ces centaines de mineurs nigériens qui ont passé 20 ou 30 années de leur vie à extraire de l’uranium pour Areva. De l’uranium qui, importé en France, alimente ensuite nos 58 réacteurs nucléaires. Souvent victimes des effets des radiations, ils souffrent et meurent aujourd’hui dans l’indifférence. Pas question de reconnaître leurs maladies professionnelles. Combien de temps le leader français du nucléaire continuera-t-il à les mépriser ? Reportage.
Nucléaire mon amour ... - Page 9 Arton2858-9ad55

L’extraction minière d’uranium au Niger serait-elle l’une des activité les plus sûres au monde ? Le leader français du nucléaire y exploite deux mines depuis le début des années 1970, et emploie aujourd’hui 2 600 personnes. Or, en un demi-siècle, seuls sept dossiers de maladies professionnelles d’employés travaillant dans les mines d’uranium d’Arlit et Akokan, dans le Nord-Niger [1], ont été validés par la sécurité sociale nigérienne. Et sur les sept travailleurs victimes de pathologies professionnelles, cinq sont des expatriés français, indique Ousmane Zakary, du Centre de sécurité sociale de Niamey. Seuls deux mineurs nigériens sont concernés, alors que le personnel nigérien constitue 98% des employés d’Areva sur place. Une performance sanitaire !

L’extraction d’uranium ne serait-elle pas plus dangereuses pour la santé des travailleurs que la culture d’oignon ou de mil ? Les Français, dont une large part de l’électricité est produite grâce au minerai nigérien – qui alimente un tiers des 58 réacteurs nucléaires – doivent-ils se réjouir de l’attention portée par Areva à la santé de ses salariés ?« Les mineurs d’uranium sont exposés à des radiations ionisantes tant par irradiation externe qu’interne. Ils sont exposés dans les carrières d’uranium, les mines souterraines, les usines d’extraction de l’uranium, mais aussi à leur domicile et en ville », décrit pourtant Bruno Chareyron, directeur du laboratoire de la Commission d’information et de recherche indépendantes sur la radioactivité (Criirad). L’organisme a réalisé de nombreuses analyses sur la présence de gaz radioactifs dans l’air, l’eau et l’alimentation à Arlit. Dans cette zone, 35 millions de tonnes de déchets radioactifs sont empilés à l’air libre depuis le début de l’exploitation. Au gré du vent, du gaz radon et ses dérivés s’en échappent. Des substances « classées cancérigènes pour l’homme par l’IARC [Centre international de recherche sur le cancer] dès 1988 », précise l’ingénieur en physique nucléaire.

Pas de suivi médical pour les anciens mineurs

Pourquoi n’y a-t-il pas plus de maladies professionnelles déclarées ? Soit Areva est effectivement exemplaire, soit ces maladies professionnelles sont dissimulées, écartées des études et des statistiques. Au Centre de sécurité sociale de Niamey, la capitale nigérienne, Ousmane Zakary esquisse une réponse. C’est le médecin des filiales d’Areva en charge de l’extracion (la Somaïr et la Cominak) qui doit alerter la sécurité sociale de l’existence d’une maladie professionnelle au sein de son personnel. Puis un médecin du travail mène une contre-expertise. Or « de nombreux ouvriers se plaignent que le médecin de la Cominak leur pose des problèmes pour déclarer leur maladie professionnelle. On essaye de leur cacher leur situation de santé », témoigne Ousmane.

Pire : seuls les mineurs en activité peuvent recevoir une prise en charge sanitaire de l’État nigérien. « Il n’y a pas de suivi médical pour les anciens mineurs. Pourtant les maladies liées à la radiation se déclarent souvent des années plus tard, décrit Ousmane. « Il y a quatre ans, le directeur adjoint d’Areva au Niger et son DRH sont venus pour en savoir plus sur la situation des anciens mineurs ». Cette visite n’a rien changé : les anciens travailleurs des mines d’uranium du Niger ne sont toujours pas couverts par leur ancienne entreprise ou par l’État.

« Ils sont tous morts ! »

Pourtant, les témoignages de malades ou de familles d’anciens mineurs décédés affluent.« Mon mari faisait partie des premiers agents de la Somaïr. Tous ses collègues sont morts, de cancers, de problèmes de reins, de foie… Parmi ceux qui sont restés, beaucoup sont malades ou paralysés. Mais on ne peut pas dire que c’est lié directement à l’irradiation, il aurait fallu faire des études ! », se désole Hamsatou Adamou, sage-femme, responsable de la maternité du centre médical d’Arlit, puis de la Cominak.

Elle participe chaque semaine à la réunion de l’Association des anciens travailleurs du secteur minier et leur famille (ATMSF), créée en 2009 par Boureima Hamidou. Cet ancien échantillonneur de la Cominak, victime de ce qu’il considère comme un licenciement abusif, cinq ans avant sa retraite, a décidé de se mobiliser pour les mineurs. Dans le local exiguë de l’association, des sexagénaires patientent, tous atteints de paralysie, souffrant d’insuffisance rénale ou de troubles pulmonaires. Des survivants. La plupart des mineurs d’Arlit et Akokan qui ont travaillé entre les années 1970 et 1990 pour le compte d’Areva ne sont plus là pour témoigner. « Ceux qui ont pris leur retraite début 1990 n’ont pas tenu deux ans. Ils sont tous morts ! C’était comme une épidémie ! », décrit Cissé Amadou, qui a travaillé vingt ans comme cadre pour la Somaïr à Arlit.

De l’uranium à pleines mains

Ancien ouvrier de la Cominak, Mamane Sani fait partie de ces chanceux qui ont survécu. Mais à quel prix… C’est l’heure de la prière. Le frêle homme vêtu de son boubou ne parvient pas à laver son pied gauche, selon le rituel musulman des ablutions. Depuis 1992, il est paralysé du côté gauche. Une maladie qui s’est déclarée « trop tard » pour être reconnue. La Cominak n’a pris en charge aucuns frais de santé, malgré 25 ans passés à travailler pour la société minière. Dans son travail, Mamane était au contact direct avec le « yellowcake », un concentré d’uranium qui, une fois enrichi, permet de produire de l’énergie nucléaire.

Plusieurs anciens mineurs pointent l’absence de protection : « Je maniais directement l’uranium. Au début, les gants, on ne savait même pas ce que c’était. Il n’y avait pas non plus de masques. Tout ça est venu après », raconte Islam Mounkaïla, président de l’ATMSF, et opérateur de fabrication dans l’usine de transformation de la Cominak pendant 20 ans. Des témoignages assez éloignés des déclarations d’Areva, premier employeur privé du pays, qui affirme avoir « intégré la sécurité comme une composante de son métier et [mettre] en place une politique de prévention depuis le début de son implantation au Niger. »

Areva condamnée pour « faute inexcusable »

Areva a bien créé un comité de santé et sécurité au travail… En 1999, 45 ans après l’ouverture de sa première mine. Le port de gants et de masques de protection est aujourd’hui obligatoire pour tous les travailleurs miniers, souligne Boureima Hamidou, qui dénonce cependant le manque de formation chez les employés. Un progrès bien tardif. « Pour une maladie professionnelle reconnue chez un salarié français ayant travaillé au Niger, combien de morts et de malades dus à la radioactivité – rendus invisibles par les choix d’organisation du travail – chez les travailleurs du Niger et dans la population riveraine des mines et des usines d’uranium dans ce pays ? » s’interroge Philippe Billard, de l’association Santé sous-traitance du nucléaire-chimie. L’ancien « nomade du nucléaire » réagissait à la mise en accusation d’Areva, devant le tribunal des Affaires sociales de Melun, concernant le décès de Serge Venel, cadre de la Cominak de 1978 à 1985, mort d’un cancer. Areva a été jugée coupable de « faute inexcusable » par la justice française. L’entreprise s’est empressée de faire appel.

Vers une action juridique d’envergure ?

Islam Mounkaïla, le président de l’ATSMF, se souvient bien de Serge Venel : « C’était mon chef opérateur. Nous étions beaucoup plus exposés que lui : en tant que mécanicien, il n’intervenait qu’en cas de panne ou d’incident, tandis que nous étions en permanence en contact avec le minerai », explique-t-il, entre deux crises de toux. Si les anciens mineurs nigériens ont souffert des mêmes pathologies que celle qui a emporté Serge Venel, une action juridique d’envergure serait envisageable pour obtenir réparation. « S’ils dédommagent la veuve de Serge Venel, nous sommes des milliers de personnes au Niger à partager son sort, en pire », avertit Boureima, qui attend avec impatience le résultat du procès en appel, qui aura lieu le 4 Juillet 2013 à la Cour d’appel de Paris.

Ce procès servira-t-il la cause des travailleurs nigériens ? « La jurisprudence du Tribunal des Affaires de sécurité sociale de Melun pourrait parfaitement être transposée (…). Dans ce cas, la juridiction compétente serait le Conseil de Prud’hommes, en considérant, comme l’a fait le tribunal de Melun, que la société Areva était leur co-employeur. Cette demande pourrait être présentée par les travailleurs eux-mêmes ou par leur famille en cas de décès », explique l’avocat Jean-Paul Teissonnière, spécialisé sur ces questions.

Toujours aucune trace de maladie liée à l’uranium

Une véritable bombe à retardement qu’Areva s’est empressé de désamorcer en créant en décembre 2010 l’Observatoire de Santé de la région d’Agadez (OSRA), en réponse aux revendications croissantes de la société civile d’Arlit, de Médecins du Monde et de l’association Sherpa. Ces ONG dénoncent depuis 2003 les atteintes à l’environnement et à la santé des travailleurs des mines d’Areva au Gabon et au Niger. L’objectif : offrir « un suivi post-professionnel des anciens collaborateurs exposés à l’uranium », décrit Areva sur son site internet. Avec une consultation médicale – examen clinique, radiographie pulmonaire pour ceux exposés au minerai, analyse sanguine – tous les 2 ans. L’OSRA doit également assurer un suivi sanitaire des populations de la zone minière, avec une analyse des données indépendantes et scientifiques (registres médicaux des maladies constatées, rapports des hôpitaux, études de cas…) disponibles. Et doit conduire « une étude sur la mortalité des mineurs de 1968 à 2005 afin d’assurer une totale transparence sur l’impact sanitaire de l’activité minière actuelle et passée ».

Transparence, donc. Mais après un an de consultations médicales, toujours aucune trace de maladie liée à l’uranium ! « Nous avons relevé quatre dossiers problématiques, dont deux révélant des anomalies. Après analyse, le comité médical de l’OSRA a indiqué qu’il n’y avait pas de lien avec l’exposition à l’uranium, mais nous avons souhaité les prendre en charge tout de même. Et là, on entre dans l’action de santé publique, car on leur un offre un suivi médical, même s’il s’avère qu’ils n’ont pas de maladie professionnelle », se félicite Alain Acker, directeur médical d’Areva.

Le sable, plus dangereux que l’uranium...

Dans un rapport [2], Greenpeace met pourtant en évidence une pollution radioactive dans l’air, dans l’eau et dans les nappes phréatiques, et un manque de sensibilisation de la population à Arlit, où « le taux de mortalité des maladies respiratoires (16%) est deux fois plus élevé que la moyenne nationale (8,5%) ». Areva réagit en publiant son propre rapport, Areva et le Niger, un partenariat durable. On y apprend que « la communication de Greenpeace repose essentiellement sur les peurs du public et la désinformation », tandis que les affections allergiques sont dues « aux actions agressives du sable pour les yeux et les poumons et non à l’activité minière comme le laisse supposer Greenpeace » !

Quand le journaliste Dominique Hennequin revient du Niger et du Gabon avec un reportage à charge, Uranium, l’héritage empoisonné, diffusé sur la chaîne Public Sénat, il est rappelé à l’ordre par le porte-parole d’Areva pour avoir osé affirmer que l’accueil organisé par la société minière lui rappelait la Corée du Nord… Mais comment parler de transparence, quand l’OSRA est financé à 100 % par Areva ? « Moins d’un tiers des anciens travailleurs des mines a été recensé : 472 à Arlit et 39 à Agadez. Sur ce tiers, seule une centaine a reçu une visite médicale, décrit Cissé Amadou, l’ancien cadre de la Somaïr.

Opération de communication

« Le pire, c’est que les visites ont été supervisées par le docteur Barazé, médecin de la Cominak pendant des années. Comment un docteur qui n’a jamais relevé de pathologie liée à l’irradiation chez des ouvriers, qui ont tous trépassé deux ans après leur départ de la mine, pourrait revenir sur son diagnostic aujourd’hui ? », poursuit Cissé Amadou. Après trois ans de partenariat avec l’OSRA, l’association Sherpa a annoncé le 18 décembre 2012 son retrait. Pour l’ONG, la nouvelle direction d’Areva a « réduit pour l’essentiel l’exécution des accords à une opération de communication, sinon d’affichage. ». L’avenir ce « dialogue exemplaire et sans précédent entre des Autorités nationales, les organisations non gouvernementales (ONG) et un partenaire industriel responsable », selon les mots d’Alain Acker, directeur médical d’Areva, semble bien compromis.

Pour Bruno Chareyron, de la Criirad, le suivi post-professionnel de l’Observatoire de santé est de toute manière biaisé, Areva ne prenant en compte qu’une « liste périmée et incomplète » de maladies professionnelles induites par la radioactivité, estime l’ingénieur. « Les connaissances actuelles sur les effets des expositions chroniques à de faibles doses de rayonnement montrent que les atteintes à la santé concernent de nombreux types de cancers et l’ensemble des fonctions vitales. Il peut s’agir d’atteintes cardiovasculaires, de maladies rénales ou d’affections neurologiques, et pas seulement de cancer broncho-pulmonaire, de sarcome osseux ou de leucémie. » Autant de mots posés sur les maux d’Islam, qui souffre de « lourdeur dans la joue, la main et le genou droit », de Mamane, à moitié paralysé, d’Aboubacar Ilitimine, foreur à la Somaïr depuis 1976, qui souffre d’insuffisance rénale… Comme de nombreux anciens travailleurs miniers nigériens.

Ces anciens travailleurs pourraient aussi faire jouer leur « préjudice d’anxiété », pour obtenir des dommages et intérêts, comme ceux reconnus [3] pour les salariés non malades exposés à l’inhalation de poussières d’amiante. « Dans l’hypothèse où le lien de causalité serait trop difficile à établir, nous pourrions envisager devant le Conseil de Prud’hommes des demandes au titre du préjudice d’anxiété lié à une exposition fautive à la radioactivité, dans des conditions de danger que l’employeur, en l’occurrence Areva, ne pouvait ignorer », expose Jean-Paul Teissonnière. L’avocat, spécialisé sur les questions sanitaires vient d’obtenir entre 5.000 et 30.000 euros de dommages et intérêts pour les salariés de la société Eternit non malades exposés à l’amiante. Qu’elle soit juridique ou politique, la solution qui permettra aux anciens travailleurs miniers nigériens d’obtenir une prise en charge médicale doit être trouvée au plus vite.

Emmanuel Haddad

Lire aussi : L’industrie nucléaire française procède à un véritable pillage au Niger


Notes


[1] Gérées par les sociétés Somaïr et Cominak, dont Areva est l’actionnaire principal respectivement à 63,4% et 34%.

[2] Abandonnés dans la poussière

[3] Par la chambre sociale de la Cour de Cassation du 11 mai 2010
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Message  ivo Mer 16 Jan - 8:46

Véolia se lance dans le traitement de déchets radioactifs
fr info
Le marché du démantèlement des centrales nucléaires fait des envieux. Aujourd'hui un nouvel acteur tente de concurrencer les professionnels historiques du nucléaire. C'est Véolia.

L'entreprise vient de signer cet après-midi avec le CEA : le Commissariat à l'énergie atomique, un accord pour le démantèlement de deux de ses sites.
Une façon surtout de se faire la main avant de se lancer dans un marché plus vaste.

Plus de 300 réacteurs nucléaires devront être démantelés dans le monde d'ici 20 à 30 ans. Et 74 % de ce juteux marché est en Europe : au Royaume-Uni, en Allemagne et bien sûr en France.
Véolia a déjà une petite expérience dans le nucléaire notamment avec Areva sur la décontamination d'eau radioactive à la centrale de Fukushima, au Japon, l'an dernier. Mais l'entreprise veut se développer pour proposer des chantiers plus complets : découpe, dépollution des sols, traitement des déchets... Cet accord avec le CEA va lui permettre de parfaire son expérience.
Ainsi, Véolia espère bien récupérer 20 à 25 % du marché du démantèlement d'ici quatre ans.
ivo
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http://gravos.110mb.com/

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Message  niouze Mer 16 Jan - 14:02

sa promet entre les fuites non réparer de son service "d'assainissement " de l'eau http://www.eauxglacees.com/Beaucaire-Veolia-fait-des-miracles
les factures abusive payé par l'usagé comme par exemple http://www.eauxglacees.com/Montpellier-un-usager-de-Veolia
et celle payé par la communauté : http://owni.fr/2011/03/22/%C2%AB26-moins-cher-que-veolia-et-6-fois-plus-dinvestissement-quavec-le-prive%C2%BB/
il vont encore s'en mettre plein les poches
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Message  niouze Jeu 17 Jan - 11:15

Fukushima : le CNRS tait la vérité et domestique les masses
Thierry Ribault | Economiste au CNRS


Tribune

Le CNRS a rendu accessible le 7 janvier un dossier scientifique multimédia sur l’énergie nucléaire, destiné au « grand public ». Chercheur au CNRS en poste au Japon, où je travaille sur les modalités de la protection humaine dans le contexte du désastre de Fukushima, je tiens à me dissocier des propos tenus dans cette « animation », destinée à domestiquer les masses et taire la véritable situation à Fukushima.

Dans ce dossier « scientifique » aux desseins animés, les affirmations dénuées d’argumentation et prenant des allures d’évidences indiscutables sont légion. Ainsi, il y est certifié que :

« Le nucléaire est un investissement politique sur le très long terme, qui impose des décisions sur plusieurs décennies, difficiles à remettre en cause même après un accident nucléaire majeur comme celui de Fukushima. »

On apprend également que :

« Le rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sur la catastrophe de Tchernobyl, paru en 2005 sous l’égide des Nations unies, a évalué le nombre de décès de victimes immédiates de l’accident à moins de 50, et à 2 200 celui de l’excès de décès entraîné par l’exposition à la radioactivité des 200 000 “liquidateurs” les plus exposés. »

Des estimations remises en question

Rappelons que ces estimations ont été contestées par l’Union of Concerned Scientists (qui annonce 25 000 morts), ou par l’Académie des sciences de New York (qui en annonce entre 211 000 et 245 000, 15 ans après la catastrophe).

En Ukraine, un rapport gouvernemental de 2011 rend compte de 2 254 471 personnes affectées par le désastre de Tchernobyl, dont 498 409 enfants. Entre 1992 et 2009, chez les enfants ukrainiens, les maladies endocriniennes ont été multipliées par 11,6, les pathologies de l’appareil locomoteur par 5,3, les maladies du système gastro-intestinal par 5, les maladies cardiovasculaires par 3,7 et les troubles du système urogénital par 3,6.

La proportion d’enfants présentant des maladies chroniques est passée de 21% à 78%, et sur les 13 136 enfants nés des « liquidateurs » de Tchernobyl de 1986-1987, 10% présentaient des malformations congénitales à la naissance.
Parodie de « neutralité scientifique »

Les Nations unies constituant par ailleurs manifestement l’unique source accréditée par les contrôleurs scientifiques du CNRS, pourquoi ces derniers ne se réfèrent-ils pas au rapport radionégationniste de 2011 de l’United Nations Scientific Committee on the Effects of Atomic Radiation (UNSCEAR) ?

Ce dernier fait état de 62 morts – 15 morts du cancer de la thyroïde et 47 morts parmi les secours d’urgence – en tout et pour tout en lien avec l’irradiation due à la catastrophe de Tchernobyl.

Faire état de quelques nuisances radio-induites supplémentaires ne peut, il est vrai, que servir la déplorable parodie de « neutralité scientifique » à laquelle ils s’adonnent, en concubinage avec leurs « partenaires » (CEA [Commissariat à l’énergie atomique], ANDRA [Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs], IRSN [Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire], EDF, AREVA).
« Domestiquer les masses »

A Fukushima, selon le même dossier, « une zone rouge de 20 km a été délimitée, dans laquelle le gouvernement travaille à la dépollution : nul ne sait quand les quelque 110 000 habitants seront autorisés à rentrer », sans que soit fait mention des vastes zones inhabitables situées à 40 km de la centrale et bien au-delà, et sans que soit rappelé que le critère de définition de la zone de migration obligatoire a été fixé à une dose de 20 millisieverts par an, soit quatre fois plus qu’à Tchernobyl et vingt fois la norme internationale d’inacceptabilité.

La fameuse « non-imposition des valeurs », à laquelle faisait référence Max Weber dans sa conférence de 1917, « La science, profession et vocation » (si chère à certains chercheurs du CNRS qui, récemment réunis en colloque, l’y revendiquaient encore), ne s’est, de fait, pas imposée dans l’élaboration de ce dossier sur le nucléaire, destiné plutôt, comme dirait Weber lui-même, à « domestiquer les masses ».

Ce que le dossier du CNRS se devait d’établir concernant le désastre de Fukushima, et que ses exécutants académiques ont choisi de ne pas dire, je souhaite le dire aujourd’hui après bientôt deux ans de travail sur place.
Fukushima : les silences du CNRS

Le désastre de Fukushima, c’est une diffusion de césium 137 dans l’atmosphère 500 fois plus importante qu’à Hiroshima, d’après le physicien artisan du nucléaire japonais Anzai Ikuro. C’est aussi, selon le Norwegian Institute of Air Research, la plus grande émission de gaz rare xénon 133 connue en dehors des essais nucléaires : plus de deux fois les émissions de ce gaz à Tchernobyl.

C’est un tiers du département de Fukushima contaminé à un taux supérieur à 37 000 becquerels par mètre carré (pour le seul césium 137), et au moins treize départements contaminés, le tout représentant 8 à 10% du territoire japonais.

C’est 1 532 barres de combustible de 3 tonnes et de 4 mètres de long chacune, stockées dans la piscine du réacteur n°4, au cinquième étage d’un bâtiment qui menace, à la première secousse, de s’effondrer, suscitant ce commentaire laconique du Pr. Hiroaki Koide, spécialiste des réacteurs à l’université de Kyoto : « Ce serait la fin ».


Le 4 janvier 2013, le Pr. Koide reconnaît dans un entretien qu’il nous a accordé qu’« il existe une marge de manœuvre, car selon TEPCO, si la piscine du 4ème réacteur s’effondrait, ou même si toute l’eau de refroidissement s’échappait, tant que la disposition des barres n’est pas modifiée, la température peut monter jusqu’à 170°C ».
100 000 habitants de Fukushima qui ne peuvent pas partir

Le désastre de Fukushima, c’est 24 000 employés ayant travaillé sur les lieux depuis mars 2011, dont seulement 3,7% peuvent bénéficier d’un examen de détection de cancer proposé par les autorités et TEPCO. C’est, sur les deux millions d’habitants du département, seulement 100 000 réfugiés du nucléaire ayant migré à l’intérieur du département et 63 000 autres l’ayant quitté.

C’est seulement 10% des enfants du département déplacés en dehors de celui-ci. C’est un tiers des 300 000 habitants de la ville de Fukushima affirmant vouloir partir sans pouvoir le faire
. Ce sont les aides au retour mises en place par le gouvernement, pour inciter les réfugiés à revenir dans des zones pourtant identifiées comme contaminées, et c’est depuis décembre 2012 la suppression de la gratuité des logements publics pour les nouveaux réfugiés hors du département.

Le désastre de Fukushima, c’est la mise en place de la plus grande enquête sanitaire sur les effets des radiations jamais conçue, qui permettra de collecter, d’ici 2014 et sur trente ans, les données relatives aux habitants du département, dont 360 000 enfants, les objectifs de l’équipe en charge étant de « calmer l’inquiétude de la population » et d’« établir un record scientifique ».

Sur les 80 000 enfants examinés pour la thyroïde, 39% présentent des nodules de moins de 20 mm et des kystes de moins de 5 mm d’épaisseur. Un premier cas de cancer de la thyroïde a été officiellement déclaré chez un enfant de moins de 18 ans le mardi 11 septembre 2012.
« Les gens regardent ailleurs »

Le désastre de Fukushima, c’est cet habitant de la ville de Fukushima qui nous déclare lors d’un entretien, en novembre 2012, que le ghetto de Varsovie et les zones contaminées de Fukushima, c’est une seule et même chose :

« Les gens de l’extérieur savent que s’y trouve l’antichambre des camps de la mort, regardent ailleurs et continuent de certifier que le nucléaire, c’est incontournable. »

Voilà la « protection » mise en œuvre à Fukushima, qui ne suscite que silence dans le dossier nucléaire du CNRS. « L’ignorance c’est la force », disait Orwell. Dans cette situation d’effondrement de la conscience humaine, de grande inversion où le désastre est nié dans ses conséquences négatives, pour être transmué en opportunité d’affaires dans un milieu morbide auquel chacun est sommé de se soumettre, la prise de position en faveur de la vie est devenue un programme révolutionnaire.

Raccourcir la période de nocivité des managers de l’organisation des apparences, mettre en cause l’ensemble des intérêts qui gouvernent la dégradation du tout, tromper les trompeurs, renverser les inverseurs, évacuer les évacuateurs : voilà ce que, à mes yeux, doit « chercher » à faire un chercheur au CNRS.

Non pas se contenter d’un engagement, piètre variante de la mise au service du nucléaire attestée ici par la mobilisation des scientifiques de caserne, mais, face aux actes déraisonnés des producteurs d’ignorance et à la déshumanisation qu’ils promeuvent, faire preuve d’un véritable enragement.
http://www.rue89.com/rue89-planete/2013/01/16/fukushima-le-cnrs-tait-la-verite-et-domestique-les-masses-238627
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Message  niouze Lun 28 Jan - 15:36

Les escadrons de la mort d’ Aréva, vont protéger les verrues mortifères du Niger
Posted on 24 janvier 2013 | in ACTUALITÉS FUKUSHIMA-INFORMATIONS | by admin

Comme nous l’écrivions il y a quelques semaines c’est confirmé ce jour , Le commandement français des opérations spéciales va envoyer des commandos et du matériel pour protéger les sites miniers d’Areva au Niger. Du jamais-vu, comme l’écrit Jean Guisnel dans le point.fr.

Ainsi cette société privée Aréva, qui rappelons le a créé au Niger des dommages environnementaux et aux populations considérables, va recevoir le soutien de l’état Français (et d’un gouvernement socialiste, comportant des écologistes ), pour protéger ses mines d’ Uranium, qui constituent autant de verrues mortifères dans le paysage Nigériens.


J’espère qu’un jour tout ce beau monde se retrouvera devant les instances internationales pour répondre de crime contre l’humanité où il n’y a plus de justice !

Un crime contre l’humanité rappelons le est une « violation délibérée et ignominieuse des droits fondamentaux d’un individu ou d’un groupe d’individus inspirée par des motifs politiques, philosophiques, raciaux ou religieux »

Le droit des citoyens du Niger est délibérament violé par l’ Etat Français qui vient de décider de protéger des intérêts privés, intérêts privés qui nuisent gravement à la fois aux populations locales, contaminée par l’exploitation de l’ uranium, et à l’environnement.

Cette violation des droits des citoyens Nigériens entre dans le cadre de l’article 7 du Statut de Rome:

le meurtre ;
l’extermination ;
la réduction en esclavage ;
la déportation ou le transfert forcé de population ;
l’emprisonnement ou autre forme de privation grave de liberté physique en violation des dispositions fondamentales du droit international ;
la torture ;
le viol, l’esclavage sexuel, la prostitution forcée, la grossesse forcée, la stérilisation forcée ou toute autre forme de violence sexuelle de gravité comparable ;
la persécution de tout groupe ou de toute collectivité identifiable pour des motifs d’ordre politique, racial, national, ethnique, culturel, religieux ou sexiste, ou en fonction d’autres critères universellement reconnus comme inadmissibles en droit international, en corrélation avec tout acte visé dans le présent paragraphe ou tout crime relevant de la compétence de la Cour ;
la disparition forcée de personnes ;
le crime d’apartheid ;
d’autres actes inhumains de caractère analogue causant intentionnellement de grandes souffrances ou des atteintes graves à l’intégrité physique ou à la santé physique ou mentale.

A l’heure où les populations Japonaises sont contraintes d’habiter dans des zones contaminées, par la faute de société privées et où le pays des droits de l’homme s’apprête à lui aussi à bafouer les droits des populations locales au Niger, il est temps que le droit international se prononce rapidement sur la légitimité de tels actes. En attendant cette prise de conscience, il est très facile pour nous citoyens Français de mettre fin à ces exactions: ne consommons plus un KW d’énergie nucléaire et passons aux fournisseurs d’électricité verte, comme l’a fait Alain de Halleux réalisateur de longs métrages sur les castastrophe de Tchernobyl et de Fukushima, car l’électricité nucléaire à de plus en plus la couleur du sang !
http://fukushima-informations.fr/?p=5653
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