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La chute du Mur a-t-elle sauvé l’Europe ?

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La chute du Mur a-t-elle sauvé l’Europe ? Empty La chute du Mur a-t-elle sauvé l’Europe ?

Message  ivo Lun 2 Nov - 12:28

La chute du Mur a-t-elle sauvé l’Europe ?
Les controverses du Progrès

http://www.liberation.fr/politiques/0101600150-la-chute-du-mur-a-t-elle-sauve-l-europe
Il y a vingt ans, le mur séparant l’Europe communiste et l’Europe démocratique s’effondrait comme un château de cartes, les dix ans de résistance non violente du syndicat Solidarité avaient donné le premier coup de pioche. Un avenir radieux s’annonçait. L’Europe arbitrairement divisée en deux par le Rideau de fer, menacée quotidiennement par la guerre froide était sauvée. Qu’en est-il aujourd’hui ? La crise, l’immobilisme, l’Europe brocardée comme une nouvelle bureaucratie sans âme et victime d’un désamour persistant… En fin de compte, la chute du Mur a-t-elle sauvé l’Europe ?

Georges Mink : Si on parle de la réunion démocratique de l’Europe, incontestablement oui ! Avant 1989, c’était une totale asymétrie de deux mondes. Derrière le rideau de fer, il était interdit de s’exprimer, de se déplacer, de se réunir. L’économie était en berne. L’échec du projet socialiste réside dans le modèle de développement appliqué. Les croissances étaient négatives, les gens faisaient des files d’attente pendant des heures pour un rouleau de papier toilette. Le papier toilette est devenu le symbole de la pénurie à l’Est. C’était incroyable, la disette de ces pays ressemblait à celle de la Deuxième Guerre mondiale.

Rémi Brague : Il est important d’opposer pays démocratiques et pays communistes plutôt que l’Est et l’Ouest. Il y a là un piège d’autant plus pernicieux que les oppositions entre l’Occident et l’Orient sont déjà nombreuses. Il y a l’Occident des Grecs par rapport à l’Orient des Perses, l’Orient du monde dit barbare jusqu’à une certaine époque de notre histoire. Ensuite, l’Occident chrétien et l’Orient musulman, situé si bizarrement de façon géographique que la Mauritanie fait partie de l’Orient et Vladivostok de l’Occident. Il y a aussi un Occident catholique où la langue de culture était le latin et un Occident orthodoxe dans lequel cette même langue était le grec. Et enfin, le bloc communiste comme «Est» et les pays de l’Otan comme «Ouest». Cela faisait que Prague était censée être à l’Est et Vienne à l’Ouest, alors que géographiquement c’est le contraire. Il vaut donc mieux appeler les choses par leurs noms, à savoir le nom des régimes politiques qui dominaient ces régions. Par ailleurs, il est amusant que l’on emploie le verbe sauver. Aucun événement politique, même s’il est de vaste portée et positif, ne peut apporter le salut.

G.M. :Il ne faut pas oublier qu’à l’Est, on se sentait toujours européens. Les gens à l’Est n’aiment pas le terme employé par la technocratie bruxelloise qui parle d’«élargissement». Eux considèrent que c’est une réunification. Pour Bronislaw Geremek et Vaclav Havel, ce type de langage était scandaleux. L’Occident avait une dette vis-à-vis de l’Est, après avoir sacrifié les citoyens de l’autre partie de l’Europe lors de la conférence de Yalta. La chute du Mur n’était que la réparation historique du «kidnapping de l’Europe». Avant 1989, il y avait un télescopage extraordinaire de stéréotypes faisant abstraction de la réalité. A l’Est, Gorbatchev construisait un projet d’Europe comme «notre maison commune». Il y voyait une dilution des deux régimes avec néanmoins une domination communiste. En face, Kissinger souhaitait une «finlandisation» de l’Europe centrale.
N’y a-t-il pas une grande imposture dans la façon dont l’Europe occidentale se représente la chute du Mur, comme si cela avait été sa victoire sur le communisme ?

R.B. : Effectivement, il s’agit d’un écroulement intérieur, de l’explosion d’une bulle idéologique qui prenait acte du fait qu’il n’y a jamais eu de socialisme réel. La pression exercée par Reagan avec son projet d’initiative de défense stratégique a joué un rôle mais ce sont les mouvements populaires à l’Est qui ont été décisifs. Les Européens des pays démocratiques n’ont pas beaucoup aidé. Ce qu’ils appelaient élargissement risque de recevoir un nom bien plus cruel, celui de phagocytose. De nombreux «Occidentaux» pensaient trouver à l’Est de nouveaux marchés, une main-d’œuvre moins chère tandis que les gens de «l’Est» voyaient cela comme l’abattage d’une cloison qui les séparait de manière artificielle de leurs voisins et amis-ennemis.

G.M. :Le mérite de la fin du partage de l’Europe revient à ceux qui étaient opprimés, les pays d’Europe centrale. Chaque révolte réprimée accroissait la fracture. Les dirigeants communistes se sont rendu compte de cet irréalisme du socialisme réel, d’où le réformisme de Gorbatchev. Il y a eu une multiplicité de facteurs. Il y a eu Reagan, les mouvements sociaux qui se sont accumulés, nourris par la décroissance économique. Et puis, Jean-Paul II bien entendu, qui est venu pour dire «N’ayez pas peur». Un «Oriental» qui a utilisé une massue occidentale, le Vatican, pour atteindre ses objectifs. Il savait très bien ce qu’était le communisme et connaissait ses vulnérabilités. Il s’est adressé aux Polonais, et à tous les peuples d’Europe centrale en leur disant «auto-organisez-vous, c’est le seul moyen de combattre l’ennemi».
Vous avez évoqué Jean Paul II qui parlait des deux poumons de l’Europe. Est-ce que ce n’est pas finalement le premier qui, venant de l’Est, a pris conscience de la possibilité d’une réunification de l’Europe ?

G.M. : Beaucoup de gens avaient cette conscience, mais peu avaient les mêmes moyens que Jean Paul II. C’était le premier qui, du fait de sa constellation d’attributs, pouvait forcer le Mur. Sa parole, oui, ce qu’il transmettait aux gens certainement, mais ce sont les peuples qui ont fait le boulot.

R.B. :Cette formule de Jean Paul II ne portait pas tellement sur les deux moitiés politiques, sociales ou économiques de l’Europe mais sur celles de l’Eglise chrétienne, catholique et orthodoxe. Les mouvements dont sont partis les prodromes de l’écroulement final sont plutôt venus de pays de tradition latine comme la Pologne, la Hongrie, l’ex-Tchécoslovaquie et l’Allemagne. Ça a plus cassé au milieu que sur les périphéries.

G.M. : On faisait souvent cette distinction entre les églises de type julien et les églises de type joséphin ; c’est-à-dire les églises proches du peuple et celles proches du pouvoir. L’Eglise orthodoxe qui avait des liens avec le pouvoir était moins prompte à pousser vers le changement que l’Eglise polonaise en relation directe avec la population. Le plus emblématique est le père Popieluszko qui a été assassiné par la police communiste et qui refusait tout compromis en disant : «Moi, je suis de ce peuple-là, je resterai avec ce peuple-là jusqu’au bout.»


Aujourd’hui, dans le désamour que connaît l’Europe associée trop souvent à la bureaucratie sans âme de Bruxelles, n’y a-t-il pas une amnésie de l’histoire ?

R.B. : Jacques Delors a été l’instigateur de l’initiative «Donner une âme à l’Europe». Avoir une âme c’est le fait d’une personne, mais une institution ? Une civilisation c’est une mémoire commune, des souvenirs réels ou en partie imaginaires. Les références culturelles majeures de l’Europe, les Grecs et les Romains d’une part et la référence biblique d’autre part, sont en train de s’effacer, par un processus qui semble parfois voulu. L’Europe peut-elle se passer d’une mémoire commune au profit d’un projet commun, ou a-t-elle besoin d’un minimum de savoir sur ce qu’elle est ?

G.M. : Le système technique de fonctionnement de l’Union européenne ne peut pas être modifié ni spiritualisé davantage. Ce sont des décisions accompagnées de flux d’argent, de filtrages des décisions et des normes appliquées. Sur la question de la mémoire et celle de la citoyenneté, il y a un véritable problème. L’Europe s’est constituée sur le «plus jamais ça». C’est une réponse à la Shoah, au refus de guerre entre les peuples européens, pour vivre ensemble dans un système de solidarité. Il y a aussi un problème d’asymétrie mémorielle, le sentiment de privation spirituelle et idéologique persiste. Les pays de l’Est exigent que l’on reconnaisse à égalité la qualification du régime communiste avec le régime nazi. Le Parlement européen le fait à petits pas. Si on ne remodèle pas le socle mémoriel en fonction de ce qui s’est passé après la guerre, on sera toujours confronté à des tensions.

R.B. : Le projet de communauté puis d’Union, répondait à une intention morale «Plus jamais ça», et pas à une intention économique. Les pères fondateurs de l’Europe au début des années 50 avaient pour principal objectif de rendre impossible une nouvelle guerre entre la France et l’Allemagne. Aujourd’hui c’est le marché qui nous réunit. C’est peut-être économiquement louable et efficace, mais il n’y a plus cette intention d’établir avant tout un monde de paix.

G.M. :L’Europe est confrontée à d’autres types de conflits. Elle doit préserver une stabilité interne mais aussi aider à stabiliser le monde. Le supplément d’âme, c’est paradoxalement le bras armé de l’Union européenne. La fin du bloc communiste c’est aussi la Yougoslavie et le problème de la purification ethnique, qui pose la question du statut des minorités à l’intérieur de l’Union. Les populations déplacées ont aujourd’hui des revendications. Le «plus jamais ça» reste complexe.

R.B. : Je voudrais rebondir sur la formule de Bergson, sur le supplément d’âme dont l’humanité moderne aurait besoin. Vous dites que cette âme coïncide avec un bras armé. Ça m’embête un peu, je pense à la notion que Philippe Muray a proposé dans son livre l’Empire du bien et je crains qu’un bras armé sachant qu’il est au service du bien, fasse encore plus de dégâts qu’un autre bras qui s’imaginerait simplement défendre des intérêts platement et sordidement économiques. C’est une tentation aussi pour l’Europe actuelle de se prendre pour le gentil entouré de méchants, au sens hollywoodien.

G.M. :Nous avons là une divergence de taille. Quand je parle du bras armé de l’Union européenne, je ne parle pas d’un moralisme quelconque, je parle du rapport de force international. L’Union européenne y joue un rôle extrêmement positif en cherchant à éliminer les conflits. C’est pourquoi il faut créer un rapport de force favorable à l’Union. Cela ne veut pas dire que l’Europe deviendra une va-t-en guerre, mais qu’elle aura les moyens de sa politique. Il y a un besoin de rééquilibrage parce que les Etats-Unis, puissance dominante, tombent souvent dans le travers du moralisme, du «missionarisme» international au nom duquel toutes les exactions sont possibles. Le système créé par l’Union européenne empêche les déviations militaro-moralistes.
Par rapport au travail sur la mémoire, faut-il se venger, pardonner ou oublier ?

R.B. : On ne peut vraiment oublier que si l’on peut pardonner. La notion de pardon est très lourde. Je pense pourtant qu’il faut chercher dans cette direction, parce que je vois une amnésie d’un côté et un excès de mémoire de l’autre, la tentation de regarder le passé comme une suite ininterrompue de crimes. Le problème c’est que nous nous livrons à une sorte de confession sans l’espoir du pardon.

G.M. :La frontière est ténue entre la réconciliation, l’oubli et la justice historique. Cette frontière est dangereuse, le passé peut se venger aujourd’hui. Il y a des gens qui raniment certains passés conflictuels pour diviser, stigmatiser l’autre. L’Europe essaie de construire des manuels historiques qui recouvrent les différents récits, sans amalgame. Ce ne sont pas des manuels lénifiants, mais une juxtaposition de récits parfois opposés permettant de mieux apprendre ce qui s’est passé. La justice historique est une forme de pédagogie, pour éviter que cela ne se répète. Je suis personnellement opposé à l’idée d’«absolutiser» ces questions.
Il y a deux exemples, récents en Europe, l’Espagne qui est passée de la dictature à la démocratie par un oubli volontaire et puis le modèle polonais. Comment peut-on l’analyser ?

G.M. : Le modèle polonais s’est inspiré du modèle espagnol, mais en découplant l’amnésie et l’amnistie ; c’est-à-dire amnistie oui, amnésie non. Les forces politiques polonaises ont immédiatement exigé une justice transitionnelle. C’est un processus compliqué où les instrumentalisations sont très fréquentes et le pardon difficile. Aujourd’hui, en Espagne, la mémoire se venge. Les fils des républicains construisent des caravanes de la mémoire et demandent qu’on ouvre les charniers anonymes. La mémoire se niche toujours quelque part, parfois dans des populations qui sont provisoirement inaudibles et qui le deviennent à la faveur d’une nouvelle conjoncture.

R.B. : Le couple franco-allemand, cellule germinale de la construction européenne, fournit aussi un modèle aux autres couples d’ennemis prétendument héréditaires. Quant à la complication du fonctionnement des institutions européennes, peut-être a-t-elle aidé l’Europe à résister à la tentation manichéenne et guerrière.
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