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histoire des Rroms : peuple esclave

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histoire des Rroms : peuple esclave  Empty histoire des Rroms : peuple esclave

Message  niouze Mar 24 Aoû - 14:39

Rroms esclaves en Roumanie- Les Rroms continuent à payer le "prix fort de la liberté"


"J'appartiens à une race orgueilleuse qui dit non lorsqu'il le faut" prévient l'auteur Matéo Maximoff. Les rroms ont été esclaves en Roumanie du XIII ième siècle à 1864, des esclaves vendus, joués aux cartes, semblables à leurs frères noirs dans les états du Sud d'Amérique. Les rroms sont vendus et achetés à des foires aux esclaves, le prix, au 19ème étant généralement d'une pièce d'or par kilo, sans égard pour les liens familiaux qui unissent des Roms entre eux (malgré une loi de 1757 qui interdit de vendre les enfants séparément de leurs parents), le plus souvent » par lot « . Dans son roman, Matéo Maximoff " Le prix de la liberté " traite justement d'une révolte rrom au 19ème siècle en Roumanie . Lui-même était un écrivain tsigane, né en 1917 à Barcelone d'un père Rom Kalderash venu de Russie et d'une mère Manouche de France. Matéo Maximoff s'inspira de l'histoire de son arrière-grand-père, ancien esclave en Roumanie.

L'auteur retrace au XIXème siècle, l'épopée de Rroms évadés qui se regroupent dans les montagnes, les Carpates, anciens esclaves qui pour conserver leur liberté livrent une guerre de guérilla à l'encontre des barons qui veulent les récupérer. Poursuivis par leurs anciens maîtres, , ils se battent pour conserver leur liberté. Ecrit dans la tradition des histoires racontées, oralement, de génération en génération, ce livre permet de donner une idée de ce que fut l'esclavage en Transylvanie, et du combat mené pour s'en libérer.





Petite leçon d'histoire pour ceux qui auraient la mémoire courte.



L'esclavage en Valachie et Moldavie [1]



Partis d'Inde entre l'an 800 et 950, on estime que les Roms [2] arrivent dans le sud-est de l'Europe dans le dernier quart du 13ème siècle. Arrivés comme des hommes libres dans la principauté de Valachie, ils apportent avec eux des savoirs-faire artisanaux (en particulier dans le travail du fer) d'Inde et de l'Europe byzantine. Cette venue de travailleurs qualifiés est alors une bénédiction pour les seigneurs valaches et moldaves qui ont besoin d'une force de travail. Les seigneurs féodaux, tout d'abord en dehors de toute base légale, commencent à réduire en esclavage ce peuple. Des mesures de plus en plus sévères sont alors prises par les propriétaires terriens, les seigneurs et les monastères pour obliger cette force de travail à rester sur place. Il est à noter que face à l'esclavage, des Roms ont tenté de fuir vers l'Allemagne ou la Pologne, mais, à cause de leur teint mat, on les considérait comme des « musulmans » et, face aux cruautés qu'on leur infligeait, ils sont repartis se cacher vers les montagnes des Carpates, où ils sont retombés entre les mains des esclavagistes. Les premières traces écrites de cet esclavage date du règne de Rudolf IV en 1331-1355, où les Roms sont décrits comme étant la propriété de monastères et de propriétaires terriens. Mais ce n'est que sous le règne de Basile le Loup de Moldavie (1634-1654) qu'est instituée une loi en quarante points concernant les esclaves Roms. A partir de 1500 d'ailleurs, le terme roumain tsigan devient synonyme d'esclave.



Les esclaves sont alors divisés en tsigani de ogor, esclaves des champs, et tsigani de casali, esclaves de maison, ces derniers se subdivisant en sclavi domnesti, les esclaves des nobles, sclavi curte, esclaves de la cour, sclavi monastivesti, esclaves de l'Eglise, etc... Les esclaves sont alors soumis à différents travaux, comme laboureurs, chercheurs d'or, forgerons, serviteurs, cuisiniers, montreurs d'ours ou musiciens. Il est à noter que, si certains Roms étaient utilisés comme musiciens, il était interdit à ceux qui avaient un autre travail de posséder des instruments de musique. Le passage de la Moldavie et de la Valachie sous administration turque au 16ème siècle (tout en conservant une autonomie relative), puis sous domination ottomane directe au 18ème siècle, ne change pas grand chose pour les esclaves romani.



Au 19ème, le code de Basile le Loup est oublié, si bien que de nouvelles réglementations apparaissent. Ainsi, en 1818, le code pénal de Valachie inclut les articles suivants :

» Section 2 : les tsiganes naissent esclaves. Section 3 : tout enfant né d'une mère esclave est esclave Section 5 : tout propriétaire a le droit de vendre ou de donner ses esclaves Section 6 : tout tsigane sans propriétaire est la propriété du Prince. «



Quant au code pénal moldave de 1833, il précise :



» Section II.154 : des mariages légaux ne peuvent avoir lieu entre des personnes libres et des esclaves. Section II.162 : Les mariages entre esclaves ne peuvent avoir lieu sans le consentement de leurs propriétaires. Section II.174 : Le prix d'un esclave doit être fixé par le tribunal, selon son âge, sa condition et sa profession. «



A ce propos, Kogalniceanu, tsiganologue roumain du 19ème siècle, écrit : « Quand j'étais jeune, je voyais dans les rues de Iassy des êtres humains aux mains et pieds enchaînés, certains même portant des anneaux de fer autour du cou et de la tête. Des peines cruelles de fouet, de privation de nourriture, d'enfumage, de maintien nus dans la neige ou dans la rivière gelée, tels étaient les traitements infligés aux Gitans. La sainteté de leurs mariages et de leurs liens familiaux n'étaient pas respectés. On arrachait la femme à son mari, la fille était séparée de force de sa mère, on arrachait les enfants des bras de leurs parents, on les séparait et on les vendait aux quatre coins de la Roumanie. Ni les hommes, ni les lois n'avaient pitié de ces malheureux êtres humains«

Les » mariages » entre roms sont le plus souvent arrangés entre les propriétaires pour de simples questions de reproduction, un prêtre officialisant l'union avant qu'on les force à se reproduire. Si le code de Basile le Loup prévoit que « un tsigane qui viole une blanche doit être brûlé vif « , les propriétaires ne se gênent pas pour violer des esclaves, si bien qu'au 19ème siècle, le journaliste français Félix Colson note que de nombreux esclaves roms sont blonds. Pour avoir une idée des conditions de vie des esclaves de maison, on peut citer Félix Colson qui, en visite chez un baron roumain, indique dans ses mémoires que » la misère se lit tellement sur leurs corps qu'à les regarder, on risque de perdre l'appétit « . Il est à noter que si la loi n'autorisait pas un baron à tuer son esclave, cette pratique était néanmoins courante (la loi n'interdisant pas de toute façon les châtiments corporels qui pouvaient se terminer par la mort de l'esclave).



Vers la Desrrobireja (émancipation) ?

Bien souvent, l'histoire d'un peuple opprimé n'est écrite que comme la succession des oppressions qu'il subit, sans qu'il soit question de résistance. Cette façon d'écrire l'histoire, même si cela est fait dans un but progressiste, peut toutefois faire passer l'idée que les opprimés seraient » naturellement » soumis. Il est donc important de souligner que tous les Roms ne subissaient pas l'esclavage passivement. C'est ainsi que dans les Carpates, des Roms affranchis ou évadés, parfois liés aussi à des gadjé [3], ont formé des communautés semi-nomades, les Netoci. Considérés par l'idéologie dominante comme » les plus dépravés » des Roms, accusés de cannibalisme [4], ils sont vus comme des héros par le peuple romani soumis à l'esclavage. D'ailleurs, lorsque au début du 19ème, les barons tentent de les réduire à nouveau en esclavage, les Netoci se lancent dans une guerre de guérilla qui ne cessera qu'avec l'abolition de l'esclavage. De nombreux soulèvements d'esclaves contre leurs propriétaires ont également eu lieu [5].



Dans la société roumaine aussi, les idées progressistes se développent et des voix commencent à se faire entendre pour dénoncer l'esclavagisme. C'est ainsi que Kogalniceanu écrit en 1837 : « Les Européens organisent des sociétés philanthropiques pour l'abolition de l'esclavage en Amérique, alors que sur leur propre continent 400.000 Tsiganes sont maintenus en esclavage « . De plus, le passage du mode de production féodal au mode de production capitaliste rend l'esclavage de plus en plus dépassé. Des propriétaires terriens et l'Eglise commencent à affranchir leurs esclaves, préférant une force de travail salarié. C'est ainsi qu'en 1844, l'Eglise Moldave libère ses esclaves, imités en 1847 par l'Eglise de Valachie. La révolution démocratique-bourgeoise de 1848 est menée par les » bonjouristes « , des patriotes radicaux, contre l'empire ottoman. Les leaders révolutionnaires proclament que » Le peuple roumain rejette la pratique inhumaine et barbare de la possession d'esclaves, et annonce la libération immédiate de tous les tsiganes appartenant à des propriétaires privés « . Mais, dès 1849, les forces turques au sud et russes au nord réoccupent les deux principautés, et réintroduisent les anciennes lois, dont l'esclavage. Les barons arrivent sans trop de peine à récupérer leurs anciens esclaves. Cependant, malgré la réaction, la lutte pour l'abolition de l'esclavage continue, et l'esclavage devient illégal le 23 décembre 1855 en Moldavie et le 8 février 1856 en Valachie.



En 1856, le traité de Paris reconnaît l'autonomie des deux provinces roumaines dans le cadre de l'empire ottoman. Le nouveau dirigeant des provinces, qui s'appellent Roumanie à partir de 1861, le Prince Ioan Alexandru Couza, instaure à nouveau l'esclavage pour les Roms et le servage pour les paysans. Ce n'est qu'en 1864, suite au coup d'Etat mené par Koglniceanu, que l'esclavage et le servage sont définitivement abolis en Roumanie. Représentant de l'aile la plus radicale de la bourgeoisie, Koglniceanu prévoit même une réforme agraire qui, en théorie, devrait profiter aux serfs et esclaves libérés.

Notes de bas de page

1 Le terme officiel de Roumanie n'apparaît qu'en 1861, après l'unification des principautés de Valachie et de Moldavie. La Valachie est la région de Bucarest, tandis que la Moldavie celle de Iasi. Le pays qui aujourd'hui s'appelle Moldavie est par contre né de l'unité de la Bessarabie et de la Transnistrie.



2 "Rom" signifie "homme" en langage romani, et c'est par ce terme qu'ils se désignent eux-mêmes. Comme en roumain le terme "tsigan" est devenu synonyme d'esclave, nous n'employons le mot français "tsigane" que pour traduire des textes d'esclavagistes et/ou de racistes.



3 Gadjé : pluriel de "gadjo", terme désignant pour les Roms tous ceux qui ne sont pas originaires des "peuples du voyage".



4 Cette accusation se retrouve encore dans un article de 1929 sur les descendants des Netoci !



5 Un roman de Matéo Maximoff "Le prix de la liberté" traite justement d'une révolte romani au 19ème siècle en Roumanie (édition Wallâda).



Sources Histoire des Rroms - Sept siècles d'oppression in De HOBOCTb (n° 10 - décembre 2002)

A ce sujet : Ian Hancock, « Roma Slavery »
http://roms.blog.tdg.ch/
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Message  niouze Mar 24 Aoû - 14:42

Histoire
Légendes et controverses des origines


On connaît de mieux en mieux l'histoire des Rom, même si la transmission est non écrite. Elle est fortement liée aux légendes et à l'imagination, qui font partie de leurs traditions. L’origine des Rom a été l’objet de tous les fantasmes. Les hypothèses qui en ont fait les descendants de Caïn côtoient celles qui les affilient à Cham, fils de Noé. D'autres les font descendre de mages de Chaldée, des Atlantes, de Syrie, d'une des tribus perdues d'Israël, des Égyptiens de l’époque pharaonique, ou encore d’anciennes tribus Celtes du temps des Druides. La fascination exercée par de tels mythes a encouragé ces nomades, vivant souvent de leurs talents, à se donner eux-mêmes les origines les plus mystérieuses. Les Rom descendent ainsi (au choix, ou tout ensemble) de la divinité hindoue Rāma, ou encore de Rāmachandra, avatar de Vishnou, de Tubalkaïn le premier forgeron, des enfants de la Marie-Madeleine biblique, des manichéens de Phrygie, des Mayas, des Aztèques, des Incas, de Tamerlan, du Grand Moghol, des Mameluks.
L'origine indienne [modifier]

Les études linguistiques envisagent, vers la fin du XVIIIe siècle, des origines indiennes aux Rom, hypothèse recoupée par un récit historico-légendaire datant du milieu du Xe siècle, la Chronique persane de Hamza d’Ispahan, qui fut reproduite et embellie au XIe siècle par le poète Ferdowsi [réf. souhaitée]. Selon cette chronique, plusieurs milliers de Zott, Djâts, Rom ou Dom (hommes) partirent du Sind actuel, et peut-être de la rivière Sindhu vers l'an 900 selon les ordres du roi. Ils devaient rejoindre le roi de Perse, soucieux de divertir ses sujets grâce à leur culture musicale [citation nécessaire]. De là, ils se divisèrent et s'éparpillèrent autour du monde. Longtemps installés en Perse, ces Rom, déjà décrits comme refusant de vivre d’agriculture, finissent par se séparer en deux groupes migratoires : les uns vers le sud-ouest et l’Égypte (Rom orientaux ou Caraques, terme venant soit du grec korakia : « les corneilles », soit du turc kara : « noir »), les autres vers le nord-ouest et l’Europe (Rom occidentaux ou Zingares : mot venant peut-être d'une déformation du terme Sinti).

L'Inde du nord est aujourd'hui clairement la zone géographique d'origine des Rom, comme en témoignent la linguistique et la génétique comparées[21]. Mais étaient-ils un groupe ethnique (vativasi en sanskrit) ou un ensemble social (jata, çandal en sanskrit) ?

Linguistique, la première hypothèse, plutôt européenne et anglo-saxonne[22], les rapproche du Sind et du Pendjab, régions dont les langues sont les plus proches des langages actuellement parlés par les Rom. Sociologique, la seconde hypothèse, plutôt indienne, se réfère à la société brahmanique, où les bouchers, les équarrisseurs, les tanneurs, les bûcherons, les fossoyeurs, les éboueurs, les chiffonniers, les ferronniers et les saltimbanques exerçaient des métiers nécessaires à la communauté, mais, considérés comme religieusement « impurs », n'avaient pas le droit d'être sédentaires et étaient hors-caste (çandales), avec toutefois une grande diversité, depuis les guerriers Rajputs (liés aux castes royales, équivalent hindou des samouraï japonais) jusqu'à ceux que l'on désigne aujourd'hui comme intouchables. En Inde, où ils sont connus sous des noms comme Banjara, Doma, Lôma, Roma ou Hanabadosh (en hindi/ourdou), ces groupes sociaux/professionnels plutôt qu'ethniques, aux origines géographiquement et socialement multiples, sont beaucoup plus mobiles et perméables que les castes traditionnelles (un enfant issu d'une union non autorisée, un proscrit pour quelque raison que ce soit sont eux aussi « impurs » et peuvent donc les rejoindre)[23].
Migration d'Inde en Europe [modifier]
Mahmud de Ghazni et Ayaz
Le sultan est ici à droite, serrant la main du Sheikh, avec Ayaz debout derrière lui. Le personnage à droite est Shah Abbas Ier, qui régna environ 600 ans plus tard. Musée d'Art contemporain de Téhéran, Iran.

Quoi qu'il en soit, ces groupes (peut-être pour échapper au rejet de la société brahmanique) pourraient avoir quitté le nord de l'Inde autour de l'an 1000 vers le plateau iranien et l'Asie centrale, où on les appelle Kaoulis et Djâts, et, à travers ce qui est maintenant l'Afghanistan, l'Iran, l'Arménie, le Caucase, le sud de l'ex-URSS et la Turquie, s'être mis, comme charriers, éleveurs de chevaux, servants et éclaireurs, au service des Mongols, qui les protégèrent et leur laissèrent, en échange, une part du butin[24]. Avec la Horde d'Or et Tamerlan, les Rom parvinrent ainsi en Europe, en Anatolie et aux portes de l'Égypte[25]. Des populations reconnues par d'autres Rom comme telles vivent encore en Iran, y compris ceux qui ont migré vers l'Europe, et qui en sont revenus. Au XIVe siècle, les Rom vassaux des Tatars atteignent les Balkans, et au XVIe siècle, l'Écosse et la Suède. Quelques Rom migrent vers le sud. En 1425 ils traversent les Pyrénées et pénètrent en Espagne. On ignore si des Rom n'ont jamais transité par l'Afrique du Nord, comme certains le pensent. Les preuves manquent. De toute manière, contrairement aux savants et intellectuels, d'origine rom ou non, les intéressés n'attachent aucune importance à cette « origine indienne », quand ils ne la nient pas ; ils sont pour eux-mêmes des êtres humains, et cela leur suffit.

Tsiganoi parmi les Byzantins (d'où Tsiganes), Cingene parmi les Turcs, Romani-çel pour eux-mêmes (c'est-à-dire « peuple rom », d'où Romanichels pour les Croisés francophones), Manuschen pour les Croisés germanophones et Gypsies pour les Croisés de langue anglaise. La plupart des Rom, une fois parvenus en Europe, se mirent sous la protection des seigneurs nobles et des monastères ou abbayes, échappant ainsi à la vindicte des cultivateurs sédentaires, et continuant à exercer leurs métiers traditionnels au service de leurs nouveaux maîtres (leur esclavage était une servitude de type féodal nommée Roba dans les pays slaves, ce qui ressemble à la fois à leur nom de Roma et au mot « Robota » : travail). Au XIVe siècle, la plupart des groupes de Rom que nous connaissons avaient achevé leur installation en Europe.
Premiers signalements en Asie occidentale et Europe orientale [modifier]

En Transoxiane, en Perse et en Anatolie, les Rom apparaissent en même temps que les Ghaznévides de 998 à 1030 et que les Turcs Seldjoukides en 1071. En Russie et Europe orientale, leur arrivée est contemporaine de celle des Tatars au XIIIe siècle, à partir de 1223. Les Rom étaient traditionnellement les vassaux de ces peuples : ils élevaient leurs chevaux, défrichaient les forêts, construisaient les chariots, fabriquaient des chaudrons et des armes, reconnaissaient les gués et les territoires[26]. En Russie méridionale ils apparaissent sous les noms de Tataritika Roma, Koraka Roma et Khaladitika Roma)[27].
La lente migration des Rom à travers l'Europe

A partir de 1330, les Tatars refluent devant l'offensive des princes et voïvodes russes, lituaniens, polonais, valaques et moldaves : les Rom se cherchent alors de nouveaux protecteurs (d'autant que les paysans sédentaires leur étaient hostiles) et se vendent aux princes, aux boyards et aux monastères : c'est le début de la période de robie.

Cette migration auprès et sous la protection des tatars, étudiée notamment dans l'historiographie russe, polonaise et roumaine[28], est contestée par les contributeurs qui estiment qu'elle est en contradiction avec la présence des racines persanes, arméniennes et grecques dans les langues des Rom, tandis que les tatars étaient turcophones, ayant peu de relations avec le monde persan, arménien ou grec. Selon ces contestations, le lexique d'origine turque dans les langues des Rom ne peut venir que de l'influence ottomane. En fait ces controverses ont aussi des racines politiques : d'une part, la protection des tatars (et plus tard des boyards) a parfois été instrumentalisée contre les Rom par des politiciens populistes et racistes (Vladimir Jirinovski, Corneliu Vadim Tudor), tandis que les défenseurs des Rom pensent, en contestant cette protection, mieux combattre les assertions des racistes[29].
« Robs » dans les principautés roumaines[30] [modifier]

Le premier document attestant la présence des Rom dans les principautés roumaines (Moldavie et Valachie) est un acte de donation de 40 familles de robs Rom au monastère de Tismana, le 3 octobre 1385, en Valachie. La robie est un statut traduit en français et en roumain moderne par « esclavage », mais qui s'apparente davantage à un contrat féodal de servitude personnelle. Le rob appartenait certes à son maître qui pouvait le vendre, mais ce maître ne pouvait être qu'un voïvode, un boyard ou un monastère, et le rob lui-même pouvait racheter sa liberté, et la revendre ailleurs : c'est pour cela que traditionnellement les Rom portent leur or sur eux, bien visible, sous forme de colliers, bijoux ou dents, afin de montrer leur solvabilité et leur capacité à se racheter. Il est la marque de leur dignité. Le mot rob dérive du slave robota, le travail. En 1428, le voïvode moldave Alexandre le Bon fait don de 31 familles tsiganes au monastère Bistriţa en Moldavie. Ces principautés roumaines, vassales des Ottomans, jouissent de leur autonomie contre paiement d’un tribut à Istanbul.
Affiche de Valachie annonçant une vente aux enchères d'esclaves rom par un monastère en 1852

L'entrée de presque tous les Rom en « robie » va contribuer au paiement de ce tribut, tandis que les monastères envoient d'immenses richesses au Mont Athos. Les Rom appartiennent dès lors soit au voïvode, soit aux monastères, soit aux propriétaires terriens : les boyards. Les robs du voïvode sont libres d’aller et venir, mais payent tous les ans une redevance pour ce droit. Ils pratiquent toutes sortes de métiers : commerçants ambulants, forains, ferronniers, forgerons, bûcherons, maquignons, fossoyeurs, chiffonniers, saltimbanques, musiciens. Quant aux monastères et aux boyards, ils utilisent leurs « robs » comme domestiques ou comme contremaîtres pour faire travailler les paysans serfs. Ils offrent à quelques-uns une formation et des postes de majordomes, de comptables ou d’instituteurs pour leurs enfants. Si le maître ou la maîtresse de maison est stérile, une jeune Rom ou un jeune Rom pourvoira à la perpétuation de la famille, en toute simplicité. Les « robs » peuvent être donnés, légués ou vendus aux enchères.
Abolition de la robie[31] [modifier]

Depuis le XVIIIe siècle, des fils de boyards étudiants à Paris, initiés à l'esprit des Lumières, lancent un mouvement abolitionniste. Le processus se fait en plusieurs étapes. En 1825, en Moldavie, le Hospodar Ioniţă Sandu Sturza délie les Rom de leurs liens envers les monastères et les boyards. Cet acte officiel part d'une bonne intention : mettre fin à la « robie ». Mais en pratique, cela laisse les Rom sans protection face aux agriculteurs sédentaires qui réclament des réformes agraires. De nombreux Rom reprennent alors le nomadisme, alors qu'ils s'étaient sédentarisés en majorité autour des domaines seigneuriaux (konaks) et abbatiaux. De toute façon, Sturdza est renversé en 1828 et la « robie » est aussitôt rétablie. Plus tard, en 1865, influencé par la Révolution roumaine de 1848 et par Victor Schoelcher, le prince humaniste Alexandru Ioan Cuza sécularise les immenses domaines ecclésiastiques et abolit la « robie » en Moldavie et Valachie. Toutefois il faut attendre 1923 pour que des lois leur donnent des droits égaux aux sédentaires et les protègent contre les discriminations [32]. Mais ces lois sont remises en question entre 1940 et 1944[33].
Diaspora [modifier]

La chronique de Mahmud de Ghazni fait état d'un demi-million de prisonniers capturés par les Ghaznévides au XIe siècle au Sindh et au Pendjab, et certains auteurs y voient le début de la diaspora des Rom.

En quête d'opportunités ou à cause du rejet dont ils faisaient l'objet, les Rom ont quitté l'Inde, en cherchant sur leur route des protecteurs d'abord turcophones migrateurs, ensuite abbayes, medersas et seigneurs.
Population estimée en Europe

L'Empire byzantin en accueille un grand nombre dès le début du XIVe siècle, sous le nom d'Atsinganos (Ατσίγγανος, qui a donné Tsigane, Zigeuner, Zingari, Ciganos, etc.) ou de Gyphtos (Γύφτοs : ferrailleurs, ferronniers, chaudronniers). L'Empire est traversé par les pèlerins occidentaux se rendant en Terre Sainte. Ces voyageurs les appellent alors Égyptiens (Egitanos, Gitanos, Gitans, Egypsies, Gypsies). De l'Empire byzantin (et ensuite Ottoman) les Rom se dispersent sur les routes d’Europe, et au XVe siècle, la diaspora commence à être visible partout : Hongrie, Allemagne, jusqu'à la Baltique et en Suisse. L'été 1419, les tribus apparurent sur le territoire de la France actuelle à Châtillon-sur-Chalaronne, dans la Bresse, à Mâcon, à Sisteron[34].

En 1427, la centaine de Tsiganes qui arrive aux portes de Paris fait sensation, et leurs talents d'amuseurs les rendent vite populaires. Les groupes de « Voyageurs » se présentent souvent comme des pèlerins, se donnent des titres prestigieux comme « comte » ou « duc d’Égypte » (voir la chronique anonyme, Journal d'un bourgeois de Paris), mangent à la table de grands seigneurs ou sont nourris par les communes en échange de leurs diverses prestations (musiciens, mais aussi vanniers, chaudronniers, maquignons, dresseurs etc.). Les « bohémiens » sont connus en Europe grâce au geste du roi de Bohême Sigismond Ier, qui les aurait munis d’un « passeport » à la fin du Moyen-Âge[35][36].

L'immigration rom aux États-Unis commence avec la colonisation, avec de petits groupes en Virginie et en Louisiane. L'immigration à plus grande échelle commence dans les années 1860, avec des groupes de Romanichels ou assimilés (à tort — ainsi : les Pavees) du Royaume-Uni et les Travellers de l'Irlande. Au début des années 1900 commence une importante vague d’émigration de Rom récemment émancipés de Russie, de Roumanie et de Hongrie vers de nombreux pays d’Europe. Tous ces Rom seront appelés indistinctement « Romanichels » ou « Hongrois » dans la plupart des contrées où ils arrivent. Nombre d’entre eux s’embarqueront aussi à cette époque vers les Amériques. Le plus grand nombre d'émigrants appartient au groupe des Kalderash (Căldăraşi = chaudronniers) de Roumanie. Un grand nombre émigre également vers l'Amérique latine.
Le XXe siècle [modifier]
Mère gitane et son enfant, Hongrie, 1917

Au XXe siècle, les grandes vagues de migration cessèrent au moment de la Première Guerre mondiale.

C’est, paradoxalement, la première moitié du XXe siècle, époque de libéralisation dans toute l’Europe, qui fut la plus dure pour les « gens du voyage ». En France, une loi sur « l’exercice des professions ambulantes et la circulation des nomades » les oblige pour la première fois, en 1912, à se munir d’un « carnet anthropométrique d’identité » qui doit être tamponné à chaque déplacement. Ce contrôle administratif et de police existe toujours avec le Livret de circulation.[37]
La répression du nomadisme se conjugue avec le succès des théories eugénistes sur la « protection de la race » dans les milieux scientifiques. La Suisse et la Suède -pour citer deux démocraties considérées comme exemplaires- mettent en place une législation qui vise à détruire la culture tzigane, avec l'assentiment ou l'approbation d'une majorité de la société.
En Suisse, le département fédéral de justice et police planifie en 1930 l’enlèvement des enfants sur dix ans. La fondation Pro-Juventute a déjà mis en application en 1926 l'opération « Les Enfants de la Grand-Route ». Celle-ci enlève de force les enfants des Jenische (Tsiganes de Suisse) pour les placer et les rééduquer dans des familles d'accueil sédentaires, des orphelinats voire des asiles psychiatriques en tant que « dégénérés ». Le docteur Alfred Siegfried, directeur des Enfants de la Grand-Route considère en effet les Jenische comme génétiquement menteurs et voleurs. Non seulement les parents biologiques sont interdits de rencontrer leurs enfants (sous peine de prison) mais des stérilisations sont pratiquées sous prétexte « humanitaire » pour limiter leur reproduction. Cette opération ne prend fin en Suisse qu'en 1972. La Suède pratique une politique similaire jusqu'en 1975.[38]
Arrivée de Rom au camp de Belzec

En Allemagne, le Parti national-socialiste renforce, dès son arrivée au pouvoir, une législation déjà assez dure ; bien qu’Indo-européens, les Zigeuner ne sont pas considérés comme des Aryens mais, au contraire, comme un mélange de races inférieures ou, au mieux, comme des asociaux. Ils sont vite parqués dans des réserves (on envisage d’en classer une tribu comme échantillon, mais le projet est abandonné), puis envoyés en Pologne, et enfin internés dans des camps de concentration sur ordre d’Himmler, puis éliminés dans des camps d'extermination.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, entre 50 000 et 220 000 Tsiganes d'Europe sont morts des suites des persécutions nazies [39]. Le terme tsigane le plus courant pour désigner ce génocide est Porrajmos, qui signifie littéralement « dévoration ». Les Tsiganes ont aussi participé à la résistance armée en France, en Yougoslavie, en Roumanie, en Pologne et en URSS.

La France n’attend pas l’occupation allemande pour interner ses propres populations nomades, « par mesure de sécurité nationale ». Les décrets d’avril 1940 les obligent à se fixer dans une commune, et on parle de « camps de concentration » en toutes lettres dans les circulaires destinées aux préfets. L’invasion, qui jette des milliers de personnes sur les routes, brouille les cartes momentanément. Mais, dès que la situation se normalise, les internements par les autorités françaises reprennent. Les autorités allemandes se contentent de confirmer les décrets d’avril et sont même moins sévères ; selon Denis Peschanski, 3 000 Tsiganes ont été internés entre 1940 et 1946. Il n’y aura que peu de déportations vers l’Allemagne. Les derniers internés au camp de Jargeau ne le quitteront qu’en décembre 1945, alors que les déportés survivants sont rentrés d’Allemagne depuis le printemps[40].

D'autres massacres ont pris une forme particulièrement cruelle dans cette période de chaos : ainsi, en Roumanie, le régime d'Antonescu déporte plus de 5000 Rom vers l'Ukraine occupée par les Roumains (« Transnistrie ») : la plupart meurent de froid, de faim et de dysenterie. Quelques habitants courageux parviennent à protéger certains groupes. Le gouvernement roumain a officiellement reconnu ce génocide (en même temps que la Shoah) en 2005.

Le génocide a violemment marqué les consciences et, s’il faut attendre 1969 pour qu’une loi plus libérale remplace en France la loi de 1912, cela se fait sans opposition, ceux qui sont peu favorables aux Tsiganes craignant d'être assimilés aux promoteurs du racisme sous l'occupation allemande. En 1988, la France accepte de se souvenir de la politique conduite par le gouvernement de Vichy à l’égard des nomades entre 1939 et 1945, et dresse une stèle commémorative sur l’un des sites d’internement.

Les dernières décennies sont marquées par une conversion massive de la communauté au protestantisme évangélique. En France, 100 000 adultes au moins rejoignent l'association cultuelle Vie et Lumière fondée en 1953 et membre de la Fédération protestante de France.
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Message  niouze Mar 24 Aoû - 14:44

Histoire des Roms, sept siècles d’oppression

jeudi 23 janvier 2003

Ces derniers temps, les médias ont régulièrement traités des immigrés Roms de Roumanie. Bien souvent, ces reportages se font dans une optique raciste ou misérabiliste. Nous retraçons donc ici, dans les grandes lignes, l’histoire de ce peuple.

L’esclavage en Valachie et Moldavie [1]

Partis d’Inde entre l’an 800 et 950, on estime que les Roms [2] arrivent dans le sud-est de l’Europe dans le dernier quart du 13ème siècle. Arrivés comme des hommes libres dans la principauté de Valachie, ils apportent avec eux des savoirs-faire artisanaux (en particulier dans le travail du fer) d’Inde et de l’Europe byzantine. Cette venue de travailleurs qualifiés est alors une bénédiction pour les seigneurs valaches et moldaves qui ont besoin d’une force de travail. Les seigneurs féodaux, tout d’abord en dehors de toute base légale, commencent à réduire en esclavage ce peuple. Des mesures de plus en plus sévères sont alors prises par les propriétaires terriens, les seigneurs et les monastères pour obliger cette force de travail à rester sur place. Il est à noter que face à l’esclavage, des Roms ont tenté de fuir vers l’Allemagne ou la Pologne, mais, à cause de leur teint mat, on les considérait comme des " musulmans " et, face aux cruautés qu’on leur infligeait, ils sont repartis se cacher vers les montagnes des Carpates, où ils sont retombés entre les mains des esclavagistes. Les premières traces écrites de cet esclavage date du règne de Rudolf IV en 1331-1355, où les Roms sont décrits comme étant la propriété de monastères et de propriétaires terriens. Mais ce n’est que sous le règne de Basile le Loup de Moldavie (1634-1654) qu’est instituée une loi en quarante points concernant les esclaves Roms. A partir de 1500 d’ailleurs, le terme roumain tsigan devient synonyme d’esclave.

Les esclaves sont alors divisés en tsigani de ogor, esclaves des champs, et tsigani de casali, esclaves de maison, ces derniers se subdivisant en sclavi domnesti, les esclaves des nobles, sclavi curte, esclaves de la cour, sclavi monastivesti, esclaves de l’Eglise, etc... Les esclaves sont alors soumis à différents travaux, comme laboureurs, chercheurs d’or, forgerons, serviteurs, cuisiniers, montreurs d’ours ou musiciens. Il est à noter que, si certains Roms étaient utilisés comme musiciens, il était interdit à ceux qui avaient un autre travail de posséder des instruments de musique. Le passage de la Moldavie et de la Valachie sous administration turque au 16ème siècle (tout en conservant une autonomie relative), puis sous domination ottomane directe au 18ème siècle, ne change pas grand chose pour les esclaves roms.

Au 19ème, le code de Basile le Loup est oublié, si bien que de nouvelles réglementations apparaissent. Ainsi, en 1818, le code pénal de Valachie inclut les articles suivants :

" Section 2 : les tsiganes naissent esclaves.
Section 3 : tout enfant né d’une mère esclave est esclave
Section 5 : tout propriétaire a le droit de vendre ou de donner ses esclaves
Section 6 : tout tsigane sans propriétaire est la propriété du Prince. "

Quant au code pénal moldave de 1833, il précise :

" Section II.154 : des mariages légaux ne peuvent avoir lieu entre des personnes libres et des esclaves.
Section II.162 : Les mariages entre esclaves ne peuvent avoir lieu sans le consentement de leurs propriétaires.
Section II.174 : Le prix d’un esclave doit être fixé par le tribunal, selon son age, sa condition et sa profession. "

Les roms sont vendus et achetés à des foires aux esclaves, le prix, au 19ème étant généralement d’une pièce d’or par kilo, sans égard pour les liens familiaux qui unissent des Roms entre eux (malgré une loi de 1757 qui interdit de vendre les enfants séparément de leurs parents), le plus souvent " par lot ".

A ce propos, Kogalniceanu, tsiganologue roumain du 19ème siècle, écrit : "Quand j’étais jeune, je voyais dans les rues de Iassy des êtres humains aux mains et pieds enchaînés, certains même portant des anneaux de fer autour du cou et de la tête. Des peines cruelles de fouet, de privation de nourriture, d’enfumage, de maintien nus dans la neige ou dans la rivière gelée, tels étaient les traitements infligés aux Gitans. La sainteté de leurs mariages et de leurs liens familiaux n’étaient pas respectés. On arrachait la femme à son mari, la fille était séparée de force de sa mère, on arrachait les enfants des bras de leurs parents, on les séparait et on les vendait aux quatre coins de la Roumanie. Ni les hommes, ni les lois n’avaient pitié de ces malheureux êtres humains"

Les " mariages " entre roms sont le plus souvent arrangés entre les propriétaires pour de simples questions de reproduction, un prêtre officialisant l’union avant qu’on les force à se reproduire. Si le code de Basile le Loup prévoit que " un tsigane qui viole une blanche doit être brûlé vif ", les propriétaires ne se gênent pas pour violer des esclaves, si bien qu’au 19ème siècle, le journaliste français Félix Colson note que de nombreux esclaves roms sont blonds. Pour avoir une idée des conditions de vie des esclaves de maison, on peut citer Félix Colson qui, en visite chez un baron roumain, indique dans ses mémoires que " la misère se lit tellement sur leurs corps qu’à les regarder, on risque de perdre l’appétit ". Il est à noter que si la loi n’autorisait pas un baron à tuer son esclave, cette pratique était néanmoins courante (la loi n’interdisant pas de toute façon les châtiments corporels qui pouvaient se terminer par la mort de l’esclave).

Vers la Desrrobireja (émancipation) ?

Bien souvent, l’histoire d’un peuple opprimé n’est écrite que comme la succession des oppressions qu’il subit, sans qu’il soit question de résistance. Cette façon d’écrire l’histoire, même si cela est fait dans un but progressiste, peut toutefois faire passer l’idée que les opprimés seraient " naturellement " soumis. Il est donc important de souligner que tous les Roms ne subissaient pas l’esclavage passivement. C’est ainsi que dans les Carpates, des Roms affranchis ou évadés, parfois liés aussi à des gadjé [3], ont formé des communautés semi-nomades, les Netoci. Considérés par l’idéologie dominante comme " les plus dépravés " des Roms, accusés de cannibalisme [4], ils sont vus comme des héros par les roms soumis à l’esclavage. D’ailleurs, lorsque au début du 19ème, les barons tentent de les réduire à nouveau en esclavage, les Netoci se lancent dans une guerre de guérilla qui ne cessera qu’avec l’abolition de l’esclavage. De nombreux soulèvements d’esclaves contre leurs propriétaires ont également eu lieu [5].

Dans la société roumaine aussi, les idées progressistes se développent et des voix commencent à se faire entendre pour dénoncer l’esclavagisme. C’est ainsi que Kogalniceanu écrit en 1837 : " Les Européens organisent des sociétés philanthropiques pour l’abolition de l’esclavage en Amérique, alors que sur leur propre continent 400.000 Tsiganes sont maintenus en esclavage ". De plus, le passage du mode de production féodal au mode de production capitaliste rend l’esclavage de plus en plus dépassé. Des propriétaires terriens et l’Eglise commencent à affranchir leurs esclaves, préférant une force de travail salarié. C’est ainsi qu’en 1844, l’Eglise Moldave libère ses esclaves, imités en 1847 par l’Eglise de Valachie. La révolution démocratique-bourgeoise de 1848 est menée par les " bonjouristes ", des patriotes radicaux, contre l’empire ottoman. Les leaders révolutionnaires proclament que " Le peuple roumain rejette la pratique inhumaine et barbare de la possession d’esclaves, et annonce la libération immédiate de tous les tsiganes appartenant à des propriétaires privés ". Mais, dès 1849, les forces turques au sud et russes au nord réoccupent les deux principautés, et réintroduisent les anciennes lois, dont l’esclavage. Les barons arrivent sans trop de peine à récupérer leurs anciens esclaves. Cependant, malgré la réaction, la lutte pour l’abolition de l’esclavage continue, et l’esclavage devient illégal le 23 décembre 1855 en Moldavie et le 8 février 1856 en Valachie.

En 1856, le traité de Paris reconnaît l’autonomie des deux provinces roumaines dans le cadre de l’empire ottoman. Le nouveau dirigeant des provinces, qui s’appellent Roumanie à partir de 1861, le Prince Ioan Alexandru Couza, instaure à nouveau l’esclavage pour les Roms et le servage pour les paysans. Ce n’est qu’en 1864, suite au coup d’Etat mené par Koglniceanu, que l’esclavage et le servage sont définitivement abolis en Roumanie. Représentant de l’aile la plus radicale de la bourgeoisie, Koglniceanu prévoit même une réforme agraire qui, en théorie, devrait profiter aux serfs et esclaves libérés. Or, les fractions les plus réactionnaires de la bourgeoisie et les barons complotent pour donner en février 1866 le pouvoir au roi Charles 1er de Hohenzollern. De plus, malgré l’autonomie, la Roumanie reste très dépendante de l’empire ottoman et de ses structures féodales.

Ainsi, même libérés de l’esclavage, les Roms continuent de vivre dans des conditions dramatiques. Nombreux d’ailleurs sont les Roms qui fuient le pays, craignant un retour à l’esclavage, d’abord dans les pays voisins, puis jusqu’en Scandinavie ou en Europe de l’Ouest, voire en Amérique. Les Roms qui ne quittent pas la Roumanie restent le plus souvent dans les villages où ils vivaient quand ils étaient esclaves, près des monastères. Tous les reportages de l’époque parlent de la misère dans laquelle vivent les Roms : habillés de guenilles, soumis à la faim, la " liberté " offre aux Roms un statut guère plus enviable que celui qu’ils connaissaient esclaves. En plus de la pauvreté, les Roms doivent subir le racisme à leur encontre. C’est ainsi par exemple que deux voyageurs américains, au début du 20ème siècle, racontent comment, alors qu’ils offraient du chocolat à deux petits mendiants roms, les deux enfants se sauvent en criant " Moarte ! Moarte ! " (Mort ! Mort !). En effet, à de nombreuses reprises après leur " émancipation ", les Roms se sont vus offrir de la nourriture empoisonnée, un moyen utilisé pour se débarrasser d’eux, si bien qu’une des premières leçons qu’apprennent les enfants roms à cette époque est de ne jamais accepter de nourriture d’un étranger.

A partir de la fin du 19ème, des Roms, essentiellement ceux qui ont réussit à faire des études, commencent à s’organiser pour exiger l’égalité avec les gadjé.
La dictature d’Antonescu et la déportation en Transnistrie

C’est dans cette atmosphère de misère et de racisme que les Roms traversent l’histoire de la Roumanie, son indépendance (reconnue par le congrès de Berlin en 1878), la participation de la Roumanie à la première guerre mondiale de 1916 à 1918 aux côtés des alliés, puis le rattachement à la Roumanie de la Bucovine et de la Transylvanie (prises à la Hongrie) ainsi que de la Bessarabie (prise à la Russie).

Face à la crise mondiale de 1929 et aux grèves ouvrières qui ripostent à la misère (notamment les grèves des chemins de fer et des ouvriers de l’industrie pétrolière), le parti de la " Garde de Fer ", groupe fasciste créé dans les années 20 par Horia Sima (et où on trouve notamment Ionesco, Mircea Eliane ou Cioran) est soutenu par une fraction croissante de la bourgeoisie. Une atmosphère raciste devient de plus en plus pesante dans le pays, avec des pogroms fréquents en Moldavie et en Bessarabie à l’encontre des juifs et des roms. Par le biais de l’influence du nazisme et en particulier des thèses de Ritter, le racisme anti-rom se construit un corpus idéologique " scientifique ". Il ne s’agit plus seulement de décrire les Roms comme des " voleurs " et leurs femmes comme des " débauchées ", mais aussi, comme Ion Facaoaru, le principal théoricien roumain du racisme anti-roms, de lutter contre " le péril tsigane d’appauvrissement génétique du peuple roumain ". Dès 1938, un Commissariat Général aux Minorités est créé, chargé particulièrement, de la " question tsigane ". Les universités, et en particulier celle de Cluj, se tournent vers l’étude de l’anthropologie eugéniste. L’idéologie du " sang pur " de la " race roumaine " menacée par " l’impureté tsigane " se développe.

En 1940, le roi Carol II abdique en faveur de son fils Michel I, qui appelle au pouvoir le fasciste Antonescu, soutenu par la Garde de Fer, et qui se proclame Conductator de la Roumanie, tandis que l’URSS, dans le cadre du pacte germano-soviétique occupe la Bessarabie et la Bucovine, et que la Hongrie du fasciste Horty annexe le nord de la Transylvanie. La Roumanie devient un Etat " National-Légionnaire " et s’allie avec l’Allemagne nazie.

En 1940, le ministère de l’intérieur interdit aux Roms " nomades " de " rôder pendant l’hivers ".

En 1941, Hitler offre la Transnistrie à la Roumanie, en compensation de la Transylvanie. C’est cette même année que la stérilisation des femmes roms est instituée. En mai 1942, Antonescu ordonne un recensement général de la population rom, 208.700 Roms sont recensés dans le pays. Le 1er juin, commence la déportation des Roms " nomades et semi-nomades " en Transnistrie. Le 11 août, l’Inspecteur Général du Recensement déclare que 84% des Roms " nomades et semi-nomades " ont traversé le Dniestr. Les ordres précisent de n’informer en rien les déportés sur leur destination. Une fois en Bessarabie, ils doivent changer leur argent en Reichsmarks et sont ensuite assignés à une localité. Un maire de village publie en 1945 ses souvenirs sur cette période : " Fin août 1942 commencèrent à arriver à Trihai, sur le fleuve Bug, des Roms. Ils furent répartis dans les fermes environnantes ; en une semaine, ils furent quinze milles Roms à arriver. Ils étaient dans un état incroyable de misère. Il y avait beaucoup de vieillards, certains étaient nus ". A partir du 12 septembre 1942, commence la déportation des Roms sédentaires. Ils sont déportés en train, y compris les enfants non accompagnés. Ils ne sont autorisés à prendre qu’un seul bagage à main, tout le reste (terrains, maisons, animaux, etc.) est confisqué. La rafle des roms sédentaire dure huit jours. Les seuls Roms qui évitent la déportation sont ceux des familles de soldats, une mesure prise à la suite de mutineries de soldats roms sur le front lorsqu’ils apprenaient la déportation de leur famille.

En Transnistrie, les conditions de vie sont dramatiques : famine, froid, et typhus, sans compter ceux qui sont abattus parce qu’ils tentent de s’évader. Certains, y compris l’hivers, étaient nus. La famine est telle que certains Roms mangent des chevaux, alors que pour la majorité d’entre eux la viande de cheval est taboue. Entre 1941 et 1943, trois cent mille juifs furent également déportés en Transnistrie. Dès fin 1943, Antonescu comprend que l’Allemagne ne gagnera pas la guerre, les déportations cessent, le roi Michel dissout le gouvernement Antonescu le 23 août 1944, puis déclare la guerre à l’Allemagne. De 1941 à 1943, on estime à 36.000 le nombre de Roms morts en déportation en Transnistrie [6].
Le stalinisme

L’armistice est signé le 13 septembre 1944, et le ministre de l’intérieur exhorte alors les Roms à reprendre leurs activités traditionnelles en Roumanie. En 1948, la Roumanie devient une démocratie populaire, sous le joug de l’URSS stalinienne. De nombreux assassinats, tortures, arrestations arbitraires, etc. sont organisés pour permettre à un PC qui ne regroupait que quelques centaines d’adhérents en 1945 de prendre le pouvoir. Il ne semble pas que sous le pouvoir de Gheorghiu Dej, alors secrétaire du PCR, une différence existe entre le sort réservé aux Roms et ceux des autres citoyens de Roumanie, les discriminations racistes s’exerçant plus particulièrement à l’encontre de Hongrois, de Serbes ou de Croates. Les Roms restent néanmoins essentiellement utilisé comme main d’œuvre non-qualifiée de l’industrie et de l’agriculture.

En 1965, Nicolae Ceausescu prend la tête du PC. La Roumanie connaît la plus forte croissance économique de tous les pays d’Europe, et prend ses distances avec l’URSS. Seul pays du pacte de Varsovie qui n’envoie pas ses chars à Prague en 1968, la Roumanie de Ceausescu devient le plus convenable des pays de l’Est pour l’Occident. De Gaule, en voyage officiel en Roumanie en 1968, proclame " La Roumanie aux Roumains ".

Plutôt indépendante par rapport à l’URSS, la Roumanie développe une idéologie ultra-nationaliste. Ceausescu déclare à plusieurs reprises la supériorité de la race " Dace " [7]. En dehors de la campagne nationale de 1977 qui confisqua tout l’or (bijoux en particulier) appartenant aux Roms, il existe peu de documents sur la situation particulière des Roms durant la dictature de Ceausescu, mais un fait est avéré : sur les 80.000 enfants trouvés dans les orphelinats roumains en 1990 (en fait de véritables mouroirs), 80% étaient des enfants Roms (alors que les roms ne représentent que 10% à 20% de la population roumaine). Et on connaît les conditions de " vie " dans ces orphelinats : un minimum d’attention, de soin, et de confort, des épidémies de sida, d’hépatites, et de choléra provoquées par du matériel de transfusion non stérile, etc. Si bien qu’on évalue entre 50 et 60% le taux de mortalité annuelle dans ces orphelinats. Selon l’article de Ian Hancok, " La race des seigneurs de Ceausescu et la force de travail robotisé des tsiganes ", ce nombre incroyablement élevé d’enfants roms dans ces orphelinats serait le résultat d’une politique raciste cohérente du régime totalitaire. Au nom de la supériorité raciale des Daces, il aurait fallu transformer les Roms en un peuple de travailleurs serviles, avec un statut proche de celui de l’esclavage, et ces orphelinats auraient eu pour but d’exterminer le surplus de main d’œuvre rom.
De la " révolution " à nos jours

La " révolution " roumaine de décembre 1989 n’a finalement été qu’un coup d’Etat, une clique proche du pouvoir se débarrassant du couple Ceausescu. La chute du régime Ceausescu est marqué par une atmosphère de racisme dont les Roms sont les premières victimes. Des rumeurs circulent comme quoi les Roms auraient tous étaient des agents de la Securitate ou même que Ceausescu lui-même aurait été un Rom. La presse, elle, ne cesse de publier des articles sur des foules de Roms, sans tickets mais armés de couteaux, qui sèmeraient la terreur dans le train Sofia-Bucarest, ou que l’Orient express devra être placé sous surveillance policière pour éviter les raids roms. Dans cette atmosphère de haine raciste, de nombreux roumains se rendent en plus compte que la fin du régime Ceausescu se matérialise essentiellement par des conditions de vie plus précaires encore. Dès lors, une véritable campagne de pogroms anti-roms se développe dans toute la Roumanie. Le 24 décembre 1989, dans le village de Virghie, des villageois assassinent deux Roms et brûlent leur maison. A Turulung, 36 maisons appartenant à des Roms sont incendiées le 11 janvier 1990. Le 29 janvier, ce sont cinq maisons qui sont incendiées à Reghin, quatre Roms sont assassinés et six maisons incendiées à Lunga le 5 février, etc.

Du 13 au 15 juin, des mineurs ont été amenés en train à Bucarest par le gouvernement pour réprimer des manifestations anti-Illescu (alors chef du gouvernement). Encadrés par des officiers de police, ces mineurs se sont aussi dirigés vers les campements roms de la banlieue de Bucarest : des campements ont été détruits, des hommes battus jusqu’à ce qu’ils perdent connaissance et des femmes violées. De nombreux Roms ont alors été emprisonnés et relâchés seulement quelques semaines plus tard, sans qu’aucune charge ne puisse être retenue contre eux. A Cuza Voda, 34 maisons appartenant à des roms sont incendiées et 29 à Catinul Nou le 12 août, etc. De telles violences, quasiment quotidiennes, ont lieu, parfois accompagnés de lynchages. Il arrive que la cause officielle de ces flambées de violences racistes soit une simple rixe à une sortie de bal entre gadjé et roms. Dans ce cas la police intervient, après les pogroms, pour arrêter les roms qui avaient participés à la rixe. Après un tel pogrom dans la nuit du 12 au 13 octobre 1993, une commission gouvernementale publie un rapport où l’on peut lire que " les évènements n’ont pas motivations ethniques ", puis expliquent que la communauté rom a sa part de responsabilité puisque :

- Elle est un danger pour la stabilité ethnique du village puisqu’ils ont entre cinq et dix enfants par famille ;
- Ils ne sont pas natifs du village et ne s’y sont installé qu’après 1977.
- Ils ne possèdent pas de terre, et donc " certains vivent du vol ".
- " Le niveau culturel est très bas et nombreux sont ceux qui sont illettrés ".
- " Ils appartiennent à la religion orthodoxe mais n’observent pas les rites et cérémonies traditionnels de cette religion ".
- Contrairement aux Roumains et aux Hongrois, ils n’ont pas formé de société agraire.
- Ils perturbent l’ordre par des violences verbales, des discussions obscènes, un langage trivial, volent le bien d’autrui et commettent parfois des coups et blessures.

Ce rapport, véritable synthèse des préjugés racistes dont sont victimes les Roms, est significatif de la façon dont la police et la justice roumaines traitent alors ces pogroms meurtriers.

Ce genre de violences de grandes envergures à l’encontre des Roms a perduré pendant toutes les années 90. Depuis, si on en croit le rapport de la Commission Européenne contre le Racisme et l’Intolérance (rendu public le 23 avril 2002), " les affrontements violents, comme ceux qui se sont produits durant les années 90 entre les groupes majoritaires et minoritaires de la population, notamment avec la communauté rom/tsigane, se sont apaisés ". Pourtant, les discriminations subsistent à tous les niveaux : violences policières régulières, politiques municipales dont le but est de chasser les Roms de la ville, ségrégation dans les écoles, discriminations à l’embauche (même dans les ANPE, il arrive que des annonces d’offres d’emplois précisent clairement qu’elles ne s’adressent pas aux roms), discriminations quant à l’accès aux soins ou à certaines aides sociales, articles de presse et reportages télévisés présentant régulièrement les roms comme un peuple de délinquants, etc. A cela s’ajoute les partis d’extrême droite raciste, essentiellement le Parti Romania Mare (Parti de la Grande Roumanie) et leur propagande anti-roms (et aussi antisémite et anti-magyars). La Nouvelle Droite colle régulièrement des affiches avec pour slogans " Mort aux tsiganes ! " ou " Les roms hors de Roumanie ! ".

Dans cette situation, comment s’étonner que les Roms de Roumanie restent toujours victimes de violences racistes. C’est ainsi que le 13 mars, une quinzaine d’hommes armés de battes de base-ball ont attaqué un quartier rom dans le village de Sabolciu, le 8 mai 2002, environ 200 supporters de foot ont attaqué un quartier rom à Bucarest. Tout en criant " les tsiganes hors de Roumanie ", les agresseurs tabassaient des Roms, cassaient les carreaux des maisons et détruisaient les portes pour entrer dans les habitations. La Desrrobireja des roms de Roumanie reste toujours à conquérir.

Quelques sources :
Ian Hancock, "Roma Slavery" & "The Pariah Syndrome" in "Patrin"
Claire Auziaz "Samudaripen, le génocide des tsiganes", Editions L’esprit Frappeur, Paris 1999

Article de HOBOCTb n° 10 - décembre 2002
Pour tout contact : HOBOCTb C/o CESL - BP 121 - 25014 Besançon cedex
E-mail : solidarite@club-russie.net

[1] Le terme officiel de Roumanie n’apparaît qu’en 1861, après l’unification des principautés de Valachie et de Moldavie. La Valachie est la région de Bucarest, tandis que la Moldavie celle de Iasi. Le pays qui aujourd’hui s’appelle Moldavie est par contre né de l’unité de la Bessarabie et de la Transnistrie.

[2] " Rom " signifie " homme " en langage romani, et c’est par ce terme qu’ils se désignent eux-mêmes. Comme en roumain le terme " tsigan " est devenu synonyme d’esclave, nous n’employons le mot français " tsigane " que pour traduire des textes d’esclavagistes et/ou de racistes.

[3] Gadjé : pluriel de " gadjo ", terme désignant pour les Roms tous ceux qui ne sont pas originaires des " peuples du voyage ".

[4] Cette accusation se retrouve encore dans un article de 1929 sur les descendants des Netoci !

[5] Un roman de Matéo Maximoff " Le prix de la liberté " traite justement d’une révolte rom au 19ème siècle en Roumanie (édition Wallâda).

[6] On estime à 500.000 le nombre de tsiganes d’Europe victimes du génocide sous le nazisme, un chiffre qui, en proportion, est équivalent à celui du génocide juif. Dans la majorité des pays, le sort réservé au Roms fut semblable à celui des juifs : massacre par des unités de la SS en URSS, extermination dans les camps de la mort pour les Roms et Sintis d’Allemagne, d’Autriche et de Pologne, etc.

[7] Les Daces étaient le peuple qui habitait l’actuelle Roumanie avant la conquête romaine l’an 101.
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Message  niouze Lun 30 Aoû - 12:04

Ils sont fous, ces Roms, hein ?

Avant d’aller plus loin, qu’est-ce qu’un Rom ? Rom vient du mot Rrom, en langue romani (l’orthographe a été amputé d’une lettre en français, la double consonne initiale n’existant pas dans cette langue), qui signifie « homme » au sens d’être humain (féminin : Roma ; pluriel : Romané). Il s’agit d’un peuple parti, semble-t-il (la transmission de la culture étant orale chez les Roms, il n’existe pas de source historique fiable, mais tant la langue romani parlée par les Roms que la génétique confirme l’origine géographique indienne), du Nord de l’Inde (Région du Sindh, dans l’actuel Pakistan, et du Penjab pakistanais et indien) aux alentours de l’an 1000 après Jésus-Christ, sans doute pour fuir la société brahmanique de l’Inde qui les rejetait comme intouchables (c’est donc une vieille tradition pour eux que d’être regardés de travers par leur voisin).

Ils sont arrivés en Europe via la Turquie au XIVe siècle, suivant les invasions des Tatars et de Tamerlan, et s’installèrent dans l’Empire byzantin (qui les appelle Ατσίγγανος , Atsinganos, « non touchés », du nom d’une secte pré-islamique disparue, dont les zélotes refusaient le contact physique ; quand les Roms arrivèrent, les byzantins, qu’on a connu plus rigoureux dans leur réflexion, les prirent pour des membres de cette secte), ce qui donnera tsigane, Zigeuner en allemand et Zingaro en italien. Ceci explique que leur foyer historique se situe dans les actuelles Turquie, Roumanie, Bulgarie, pays qui restent les trois principales populations de Roms, et dans les Balkans (ex-Yougoslavie).

Outre des professions liées au spectacle ambulant, les Roms se sont spécialisés dans des professions comme ferronniers et chaudronniers, Γύφτοs, Gyftos, ce qui donnera Gypsies en anglais, Gitano en espagnol, et Gitan et Égyptien en Français (dans Notre Dame de Paris, la Recluse appelle Esmeralda « Égyptienne » ; et Scapin appelle Zerbinette « crue d’Égypte »).

Le roi de Bohême (actuelle république Tchèque) leur accordera au XVe siècle un passeport facilitant leur circulation en Europe, d’où leur nom de Bohémiens. De même, le Pape leur accordera sa protection (Benoît XVI est donc une fois de plus un grand conservateur) Leur arrivée en France est attestée à Paris en 1427 par le Journal d’un Bourgeois de Paris (qui leur fit très bon accueil) — C’est d’ailleurs à cette époque que se situe l’action du roman d’Hugo Notre Dame de Paris.

Pour en finir avec les différents noms qu’on leur donne, Romanichel vient du romani Romani Çel, « groupe d’hommes », Manouche semble venir du sanskrit manusha, « homme », soit le mot Rrom en romani, et Sinti semble venir du mot Sind, la rivière qui a donné son nom à la province du Sindh dont sont originaires les Roms. Sinti et Manouche désignent la même population rom établie dans les pays germanophones et presque intégralement exterminés lors de la Seconde guerre mondiale C’est pourquoi le mot Tsigane, évoquant l’allemand Zigeuner, d’où le Z tatoué sur les prisonniers roms, est considéré comme blessant aujourd’hui .

Il convient ici de rappeler que les Roms ont été, aux côtés des Juifs, les cibles prioritaires de la politique d’extermination nazie. Le nombre de victimes du génocide, que les Roms appellent Samudaripen (« meurtre collectif total »), se situe aux alentours de 500 000, avec pour les Sinti allemands entre 90 et 95% de morts.

Ces mots peuvent être utilisés indifféremment pour désigner les Roms, encore que les siècles d’installation dans des pays différents ont fait apparaître des différences culturelles profondes. Même la langue romani n’est plus un dénominateur commun, puisque les Roms d’Espagne et du sud de la France, les Gitans, parlent le kalo, un sabir mâtiné d’espagnol, depuis qu’une loi espagnole punissait de la mutilation de la langue le fait de parler romani (les espagnols ont un atavisme profond avec les langues, mais c’est un autre sujet).

En 1971 s’est tenu à Londres le Congrès de l’Union Rom Internationale (IRU) qui a adopté le terme de « Rom » pour désigner toutes les populations du peuple rom, d’où l’usage de ce terme dans ce billet (ce que les gitans refusent, eux se disent kalé). Le mot rom ne vient donc absolument pas de Roumanie, ni de Rome, bien que ce peuple se soit installé en Roumanie et auparavant dans l’Empire romain d’Orient.

Je ne puis conclure ce paragraphe sans vous inviter à lire les commentaires de cet article, où je ne doute pas que des lecteurs plus érudits que moi apporteront de précieuses précisions ou, le cas échéant, rectifications.

tirer du blog de maitre éolas
niouze
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