Economie-fiction

On va se projeter dans le temps ce matin. Imaginons que nous nous réveillons le 28 janvier 2012. A quoi ressemblerait le paysage économique ?
Version audio : l’Europe résiste, des prix flambent, la campagne de 2012 n’est pas comme les autres... (2'58")

On va commencer par la bonne nouvelle. L’euro a tenu. Mieux, il s’impose désormais comme une véritable monnaie mondiale, aux côtés du dollar. Une étude parue il y a pile un an, fin janvier 2011, montrait déjà qu’à côté du dollar, il occupe une place de plus importante dans les échanges mondiaux. Car même s’il y a eu des résistances, même si ça s’est fait dans la douleur, les Européens ont su mettre en place les mécanismes de solidarité qui ont empêché les pays les plus fragiles du continent de faire faillite. Les politiques économiques se rapprochent. Face à la Chine conquérante, les Européens ont compris qu’ils ont intérêt à jouer en pack et non plus chacun pour soi. Et le paradoxe aujourd’hui, c’est que le FMI, le Fonds monétaire international, naguère si critique, montre maintenant en exemple l’Europe pour ses efforts d’assainissements budgétaires, qui ont déjà permis de réduire fortement les déficits. Plus d’avis de sanction mais des louanges. Aujourd’hui en 2012, l’Europe rassure. Elle attire de plus en plus d’investisseurs chinois, indiens, américains qui viennent installer des bureaux et des usines sur le continent, en France en particulier, parce qu’on a su y développer des filières d’excellence : par exemple pour la voiture électrique ou les énergies du futur, comme l’éolien. Ca c’est un espoir pour faire baisser le chômage

Et ce qui va moins bien alors ?

Le point noir. C’est le retour de l’inflation. On approche les 2 et demi pourcent. C’est parti des matières prmières qui ont flamblé, le pétrole, aujourd’hui à 120 dollar le baril, les denrées agricoles, blé, riz, coton. Ca a fini par se répercuter sur les prix de la vie quotidienne qui grignotent le pouvoir d’achat des Français. D’où des tensions sociales qui se focalisent sur la question des salaires. La Banque centrale européenne a été obligée de relever ses taux de crédit, ce qui risque de ralentir une reprise encore fragile.

Et la présidentielle, comment ça s’annonce ?

Il y a douze candidats. Je ne vais pas vous détailler les programmes. Mais il y a un point commun : quelque chose qu’on n’avait jamais vu dans une présidentielle. Personne ne promet de baisser les impôts. Pour s’en sortir, et redresser ses comptes, la France doit remplir ses caisses. Alors on sait qu’il va falloir augmenter certaines taxes. Le débat fait rage en revanche sur la manière de répartir l’effort. Rendre les impôts plus justes, pour que ça soit supportable pour tous. Faut-il une TVA sociale ? Un impôt sur la super-fortune ? Tiens, cette fois-ci, la campagne est vraiment passionnante.

En 725 chroniques, depuis l’été 2007, j’ai partagé des moments passionnants avec les équipes de France Info et avec vous tous, auditeurs et lecteurs. Un très chaleureux merci à tous. Et à bientôt, là ou ailleurs...

(Emmanuel Kessler rejoint le groupe TF1/LCI comme chef du service économie, ndlr)