Le canard enchainé

Canard enchainé, 26 janvier 2011 a écrit:
Tremblez, voyous...

Jusqu'à la dernière seconde de la dernière minutes de la dernière heure du dernier jour de son mandat, Sarkozy se battra de toutes ses forces contre les méchants. Il le répète sur tous les tons : Le 30 juillet dernier, il est allé à grenoble déclarer la "guerre nationale" contre les "voyous" ; guerre qu'il avait déjà déclaré le 21 avril 2009 : "Je vais engager une lutte sans merci contre les voyous et les délinquants" ; lutte qu'il avait déjà lancée le 3 juin 2005 : "Je suis là pour faire un travail, et mon travail, c'est de débarasser la France des voyous.Charité bien ordonné commence toujours par soi-même... Je ne vais pas me gêner." ; travail qu'il avait déjà entamé le 7 mai 2002, lorsqu'il devint le premier flic de france dans le gouvernement raffarin... Ca commence à faire un bail que les voyous devraient être rayés de la surfaces de la terre sarkozyste, mais curieusement il en reste encore.

La preuve par Horteufeux : Jeudi 20 janvier, l'ami, le clone, l'élève de Sarkozy, devenu à sont tour premier flic de france, publiait sont bilan flicatoire de l'année (établi à partir de chiffres fourni par les flics, donc à prendre avec des pincettes). Il se rengorgeait: la délinquance a reculé de 2,1%! Certes, c'est mieux que rien, mais les délinquants ne se sont pas tourné les pouces, puisque les services d'Horteufeux ont dénombré pas moins de 3 447 000 crimes et délits l'an dernier. Au rythme de baisse revendiqué par le flic en chef, la France devrait être un havre de paix dans un peu plus de deux siècles...

En attendant mieux vaut ne pas regarder de trop près ce pourcentage de baisse, car il englobe aussi bien les voleurs de carottes que les violeurs, les fumeurs de pétards du dimanche que les tueurs en série. Et il suffit de creuser un peu pour s'apercevoir qu'il cache des tendances pour le moins contrastées. Si les escroqueries baissent, et le crime organisé, et les atteintes au biens, enn revanches les cambriolages augmente (de 1,1%), et les violences à la personnes aussi: plus de 2,5%. Or, s'il est généralement peu réjouissant d'être vicitme d'un escroc, il est encore plus désagréable de subir une violence physique...
Plus fort encore : la lutte contre les violences faites au femmes avait été désignée "grande cause nationale" l'an dernier. Elles ont augmenté en 2010 de 13%!
Mais qu'importe : dès aujourd'hui, les voyous peuvent se mettre à trembler. Car il est à prévoir qu'à l'approche de la présidentielle ils apprennent une nouvelle sidérante : Sarkozy va leur livrer une guerre sans merci! Totale! Au karcher! Au lance-pierre! Tous aux abris...

J.-L. P.

Le canard enchainé 26 janvier 2011 a écrit:

Au nombre de suicide la police bat France telecom

Brice Hortefeux s'est réjouis de présenter, en janvier, des chiffres de la délinquance" en baisse de 2,1% pour 2010. Mais le ministre a bêtement oublier sur son bureau d'autres statistiques : celles qui figurent dans le "bilan social de la police nationale". Pourtant depuis quelques semaines, il dispose d'un rapport officiel sur le sujet; Le premier du genre.
Comme patron des flics, son bilan est plus catastrophique encire que celui de l'ex pédégé de France Télécom, didier Lombard. L'opérateur téléphonique avait suscité un une vive émotions et provoqué la mobilisation des syndicats en dénombrant, en 2009, 17 suicides (24 en 2010), pour un peu plus de 100.000 agents. Parmi les quelque 146.000 flics, "Le nombre de suicide en 2009 s'est élevé à 42, contre 49 en 2008 et 47 en 2007, ecrivent les rapporteurs. Sur ces 42 cas, 22 personnes ont utlisé leur arme de services." Ca jette un froid.
Sans trop de bruit, Hortefeux cherche à stopper cette hémorragie. Après avoir confié une étude sur le sujet à l'Inserm, Frédéric Péchenard, directeur général de la Police nationale, à adressé à ses troupes, Le 22 décembre 2009, " Une instructions portant sur la mobilisations de tous les acteurs dans la détection des fragilités et des situations difficiles vécues par le personnels de la polices." Le "bilan social" fait état de 358 "actions de prévention du suicide", traités par les 48 "psychologues opérationnels" du ministère de l'Intérieur, contre 501 e 2008.

Maintien du désordre

Les psys ne chôment pas pour autant. Le même bilan social recense le nombre "d'accident du travail". Là encore, les données statistiques sont impressionnantes: près d'un flic sur 10 (10 957 précisement) est devenu une victime. Parmi eux, ont dénombre 13 morts (dont 6 sur le terrain) 4401 fonctionnaires ont été blessés "en mission" : 550 en opération de maintient de l'ordre et 3851 dans la lutte contre la délinquance. Si ont ajoute les 6519 accidentés en services, pendants les heures de boulot ou sur le trajet domicile-travail, on obtient des chiffres qu'aucune autre entreprise privée ne pourrait tolérer.

Et pourtant, les syndicats restent discrets. Le sens du service public, sans doute. La retraite à 55 ans, peut-être. Mais aussi un système de primes: prèt de 1 fonctionnaires sur 5 a eu droit à ube prime de 544 Euros et plus de 1 sur 7 à une gratification collective de 600 euros. Pour "résultats exeptionnels".
Et ca, c'est un "bilan social" présentable au 20 heures sur TF1.

Didier Hassoux

Hostyr a écrit:Non, recopiage manuel, j'ai été l'acheter ce matin pour l'occasion

le Canard enchainé, 26 janvier 2011 a écrit:
Coups de barre

"Ca suffit, monsieur le procureur!"

Tribunal de Paris

Juste avant noël, dans le RER, Ali, 26 ans, ivre, tenté de "toucher le ventre et la poitrine" d'une touriste. Depuis, ali est en prison, et s'est fait beau, pour le box. Gominé et veste trop longue.

"Vous avez reconnu un usage de stupéfiant, mais pas le reste...
-J'entends pas!
-vous avez un problème d'oreille?
-Non, y'a trop de brouhaha...
-Chut monsieur le gendarme..."

Vrrrr réponde les travaux dans le couloir.

"Bon, vous vouliez la toucher ou non?
-J'ai pas besoin de ça pour obtenir les faveurs des dames!
-Et votre main passant sur votre gorge en menaçant: " je vais te tuer!"?
-Elle doit pas avoir inventé, mais bof..." souffle ali, l'air navré.

Tout à coup, le proc' se lève:

"Désolé madame la présidente, le délai pour entendre le prévenu suivant expire à 14h15, et il est 14h10!
-Un peu de décence, monsieur le procureur, pour ce prévenu qui s'explique! Les décisions du conseil constitutionnel ne sont pas faites pour que les audiences deviennent n'importe quoi!
-Je dis juste...
-Ca suffit, monsieur le procureur."

On fait donc lever un jeune indien, SDF et sans papier, qui dans le métro, aurait frotté son sexe sur les fesses de deux jeunes filles.

"Monsieur l'interprète, expliquez-lui qu'il aura la parole tout à l'heure... Voilà c'est fait! Tout le monde est content? Et moi je ne sais plus où j'en étais! ah oui!"

Huit fois condamné, ali est déménageur et vit en concubinage. Le procureur veut 1 an, dont 6 mois avec sursis, et l'avocat s'emporte:

"Très surprenant, cette détention provisoire! soi-disant pour éviter les pressions sur une victimes qu'il ne connaît pas, et dont chacun savait, il y'a un mois déjà, qu'elle était repartie au Pérou!"

Deux mois pour les menaces, relaxe pour le reste.

"Vous sortez, merci!"

On revient à l'Indien. Dans les rames bondées, les policiers ont vu "un nord africain... eh oui, monsieur... très éxcité, se frottant sur deux filles". Elles ont 20 et 11 ans, et confirme avoir senti "un truc dur". Et voilà l'interpréte qui cafte:

"Le prévenu menace de me taper si je ne traduis pas bien!
-Quoi?
-C'est faux! crie l'avocate
-Il vous l'a dit, monsieur l'interprète?
-Non, mais il est véhément et il nie tout?
Enfin, ça n'a rien à voir! Ne dites pas de choses aussi graves!"grondent la présidente, écarquillant des yeux affligés sur ce qu'elle lit :

"Les policiers ont administré à cette fillette de 11 ans une véritable leçon d'éducation sexuelle! Et sans ses parents! On lui explique ce qu'est une érection, une pénétration, et elle dit : "Non, il n'y a pas eu pénétration." Vraiment, c'est..."

Elle fait une moue dégoutée, le proc' réclame 1 an ferme et 3 ans d'interdiction du territoire. Un mois avec sursis pour la situation irrégulière, relaxe pour les frottements, "Les fait n'étant pas assez caractérisés"...

Dominique Simonnot

spike a écrit:

Hostyr a écrit:Non, recopiage manuel, j'ai été l'acheter ce matin pour l'occasion

Courageux monsieur !

Le Canard Enchainé, 26 janvier 2011 a écrit:

Plouf!

Merci!

Ils n'ont toujours pas trouvé les mots. Maintenant que michèle Allio-Marie s'est mille fois (vaguement) excusée, maintenant que les caisses de grenades lacrymogènes destinées aux flics tunisiens sont restées bloquées à Roissy (avant de repartir vers une autre dictature "éclairée"? -La notre, par exemple-), maintenant que les affreux caffouillages gouvernementaux sur notre-ami-ben-ali-qui-n'a-jamais-été-notre-ami sont derrière nous, ont attendait des princes qui nous gouvernent le minimum : des mots vrais, de simples mots d'admiration et d'encouragement pour le peuple tunisien. Après tout, la France est le pays de la Révolution et des droits de l'homme, elle est ce pays dont le président est tellement passinné par la résistance à la tyrannie qu'il à fait lire la lettre de guy môquet dans les écoles et va se recueillir chaque année aux glières en hommage aux résistants tombés les armes à la main...

D'un tel pays, si attaché aux libertés et aux infirmières bulgares, le monde entier attendait un geste historique, un discours fondateur comme il en pond tant, l'éloge enflammé du peuple tunisien qui a versé son sang, arraché sa liberté des mains du tyran, et une humble question : Tunisiens, qu'attendez vous de la France? Comment pouvons nous vous aider? Nous vous avons déjà envoyé le Club Med, Groupama, Carrefour, les centres d'appels Orange, et Alliot-Marie : nous comprenons aujourd'hui que vous avez besoin d'autre chose. Vos manifestations, vos merveilleux slogans comme "du pain et de l'eau, mais dans la liberté" nous le disent clairement : l'essentiel à vos yeux, c'est d'avoir enfin un pays juste, démocratique et ouvert ; un état de droit, où les élections sont libres, ou chacun dispose des mêmes droits, d'expression de réunion d'association de culte d'entreprendre, sans oligarchie ni parti unique ni ordre moral islamiste. Mille dangers vous guettent : nous savons qu'après 89 peuvent venir le désordre, la Terreur, l'homme fort. Certain parmi nous ont déjà décrété votre échec, comme cette éditorialiste du Figaro qui, interviewé, par "Marianne" (22/1), décrit ainsi l'avenir qu'il envisage pour votre "pays féodal" : "Au mieux c'est l'aristocratie qui va reprendre les rênes et mettre en place une polyarchie. Au pis, (ça, c'est le bouquet) ce sera l'Anarchie". L'homme tunisien serait rentré dans l'histoire pour mieux retourné au néant! Votre révolution, vous le voyez, ne fait pas plaisir à tout le monde...

Oui, on comprend qu'ils n'aient pas encore trouvé les mots. Exporter des armes Made in France et le savoir faire de nos flics triclolores, ils savent. Trouver les mots justes, non. Il en existe un, pourtant, très simple et très bref : merci. Amis tunisiens, grâce à vous, nous aussi nous nous remettons à rêver. Car, reconnaissons le, chez nous non plus, ça ne rigole pas tout les jours : déprime générale, jeunesse sans avenir, chômage massif, oligarchie qui s'en met plein les poches, président battant tout les records d'impopularité et "securitocratie" en marche, ça doit vous rappeler quelqu chose...
Amis tunisiens, encore merci!

Jean luc Porquet

clair moi y a souvent des fois ou j'ai envie de mettre un article du canard, mais si il est introuvable sur le net je suis généralement trop feignant pour le faire ! beau travail mr hostyr

Le canard Enchainé, 26 janvier 2011 a écrit:

Insondable "pessimisme" français

Ils fait couler des torrents d'encre. Il nourrit la délectation morose d'une armée d'éditorialistes. Le sondage de BVA-Gallup réalisé du 11 Octobre au 13 décembre dans 53 pays le proclame: les français seraient les "champions du monde du pessimisme". Certes moins inquiets que les britanniques quand à la situation de l'emploi, les sondés tricolores enfoncent tous les autres peuples lorsqu'il s'agit d'envisager l'avenir, économique en particulier.

Mais rien de tel qu'un sondage pour en cacher un autre. Le programme des Nations Unies pour le dévelloppement vient de publier, parmi différents tableaux, des "indicateurs du bien être et du bonheurs des individus" réalisés à partir d'un sondages dans... 169 pays. Surprise, la france y apparaît dans les 15% des populations les plus "heureuses". Et elle devance de grand peuple optimistes comme les japonais, les coréens, les italiens, etc. Voilà qui explique peut-être mieux pourquoi cet Hexagone rempli de dépressifs possède l'un des plus hauts taux de natalité des pays riches.

Explication valable toutefois jusqu'à la parution du prochain sondage en sens inverse.

faut investir dans un scanner .... ^^

Le Canard Enchainé, 26 janvier 2011 a écrit:

Les noix d'honneur de MAM


Le 19 janvier, moins d'une semaine après la fuite du président tunisien, Michèle Alliot-Marie a présenté ses vœux à la presse diplomatique. Au parterre de journaliste et de haut fonctionnaires du quai d'Orsay invité pour l'évènement, elle a infligé un discours dont les meilleurs passage méritent de figurer dans les annales de son ministère. Pour les amateurs, précisons que ce beau morceau d'éloquence est publié dans son intégralité sur le site du Quai.
Après les politesses d'usage aux "chers confrères", auxquels elle souhaite du bonheur (sic), la ministre, d'emblée, tente de mettre les points sur les "i", avec ce ton martial qu'elle cultive depuis des années : "Je pense que la grandeur de la France et la grandeur de la diplomatie s'accommodent mal des petites polémiques, surtout quand il s'agit de petites polémiques sans fondement." Tandis que "la grandeur de la France" s'accommodait très bien de la proposition, formulée par elle-même le 11 janvier dernier, d'une coopération de la France avec la Tunisie de Ben Ali en matière de maintien de l'ordre.
A l'issue d'un interminable numéro où MAM se félicite, comme il se doit, de la qualité du personnel de son administration, elle lance : "Il ne faut jamais oublier qu'on ne s'improvise pas diplomate." Et ministre des affaires étrangères?
Avant de préciser son ambition : "Je veux donner aux diplomates les moyens d'affirmer leurs compétences, leur talents, leurs savoir faire (ouf!) en renforçant, notamment, nos capacités d'anticipation et de prospective. Cela veut dire, effectivement, envisager les sujets à 15-20 ans." Si la diplomatie française était déjà parvenue à anticiper de 24 heures la révolte des tunisiens, ça n'aurait pas été si mal.
Il ne manquait plus qu'une perle pour donner toute sa saveur à ce discours. La voici dans sa pureté : "Je pense que, dans un contexte éminemment concurrentiel au niveau international, la diplomatie doit aussi s'imposer par son excellence". Et par l' "excellence" de sa ministre et de son ambassadeur à Tunis, Pierre Ménat, aujourd'hui dans le cœur de tous les tunisiens.

Le canard enchainé, 26 janvier 2011 a écrit:Minimares

[/b[b]]-Numéro de sarko, lors du petit déjeuner de la majorité le 13 janvier ("l'Expres", 19/1) : "On s'est déjà souhaité les voeux 40 fois, mais il faut le faire quand même: c'est de la courtoisie, et la courtoisie est importante dans notre pays..." C'est même la qualité dominante de l'auteur de l'impérissable "Casse toi, pauvre con!"

-Brice hortefeux le martèle ("le Figaro", 21/1) : "Après avoir identifié et interpellé un suspect, si celui-ci s'avère coupable, il doit être mis hors d'état de nuire." Voilà le travail.

-Le ministre de l'industrie, Eric Besson, se dit ("le monde", 21/1) "persuadé que nous irons vers un financement accru de la protection sociale par l'mpôt". Car c'est "une des réponses possibles pour un transfert partiel des cotisations sociales, patronales au moins." Traduction: Les impôts vont bel et bien augmenter.

Observation des experts électoraux de l'UMP ("le Monde", 22/1) : "En cas d'abstention élevée, ce sont ceux qui ont le sens civique le plus ancré, à savoir les personnes âgées, qui vont voter. C'est plutôt bon pour nous." Abstention et 3eme âge sont les deux mamelles de l'UMP.

-Trompette guerrière embouchée par le secrétaire général adjoint de l'UMP, Marc philippe Daubresse ("Le Parisien", 20/1): On va attaquer Marine Le Pen sur ses idées et son programme pour démontrer l'incohérence de ce qu'elle propose." Ce n'est donc que de l'incohérence...

Le canard Enchainé, 2 février 2011 a écrit:

Le cri du Caire

Certes avec un grand sens de la perspicacité et de la poésie, l'agence de notation économique Moody's, arguant d'une "augmentation récente et significative du risque politique", vient de coller une sale note à l'Égypte. Mais, s'il existait les mêmes arbitre en matière de soulèvement populaire, celui qui, venu de tous les horizons d'Égypte, s'amplifie du Caire à Alexandrie vaudrait déjà la meilleur note du peuple de ce pays. Car depuis que l'armée, en jugeant "légitimes" les revendications des foules de la place Tahrir, a encore isolé Hosni Moubarak, vieux satrape accroché depuis trente ans à son pouvoir autocratique et confiscatoire, il y a incontestablement en Égypte "une augmentation récente et significative du risque démocratique".
Lâché par l'armée, dont il est issu et qui est grandement financée par les Etats -Unis, lesquels ont les premiers pris leurs distances, Moubarak a déjà perdu la face et la partie. il peut bien s'agripper, tenter de s concessions trop tardives, ou poser au rempart vivant contre l'Islamisme des frères musulmans, le raïs est irrémédiablement poussé vers la sortie par la rue, qui n'en veut plus.
Le risque d'une récupération du mouvement et d'un rapt du pouvoir par les islamistes n'est évidement pas inexistant. Et la diplomatie européennes, dont la nôtre (si après ses fulgurances en Tunisie on peut encore l'appeler ainsi), justifient la prudence timorée de leurs communiqués sur Moubarak par ce danger. Les États-Unis, qui ont plus de poids dans la partie, ont, eux, changé d'avis. Ils considèrent que les mouvements qui se sont levés en Égypte comme en Tunisie ne doivent pas grand-chose au fondamentaliste religieux. Et que c'est, au contraire, en soutenant les dictateurs comme Moubarak ou Ben Ali, et leurs régimes dictatoriaux et corrompus, qu'on facilite la montée des islamistes. Mais, même si ce danger n'est pas négliger, surtout en Égypte, où le fondamentaliste n'a cessé tout au long des années Moubarak de progresser dans l'ombre, il n'est pas d'actualité. A voir la détermination et l'énergie des manifestants, qui, après 120 morts, continuent à revendiquer dans les rues du Caire pour réclamer le départ de Moubarak, ils n'entendent apparemment pas pousser un raïs dehors pour se retrouver avec un ayatollah. Les cairotes ne descendent pas dans la rue pour remplacer un régime autoritaire et corrompu par une tyrannie barbue.
Il n'y a pas d'assurance tous risques dans les insurrections, et les frères musulmans ne se priveront évidemment pas de tentatives de récupération. Mais n'en déplaise aux agences et aux Cassandre de la diplomatie, avant de redouter les "risques politiques" et islamistes, dans cette révolte populaire qui ressemble fort à une révolution, l'heure est d'abord à saluer le courage et la détermination des centaines de milliers de ceux qui, au péril de leur vie, la font.
Erik Emptaz

Le canard Enchainé, 2 février 2011 a écrit:
Très classe, cette prime à la casse

"comme dans l'immense majorité des entreprises de notre pays" : c'est ainsi que doit se comporter l'éducation nationale, selon son ministre (France Info, 25/1). Luc Chatel commentait la mise en place d'une prime au mérite dont vont bénificier, après les recteurs, les chefs d'établissements. Cette gratification pouvant atteindre 6.000 Euros, tous les trois ans a été approuvée par deux syndicats, Unsa et CFDT, mais pas par la centrale majoritaire chez les enseignants, le Snes-FSU. Censée récompenser les "résultats scolaires" ou la "capacités d'intégrer les élèves", elle est perçue par beaucoup comme une "prime à la casse", pardon, à la gestion de la pénurie, au moment où le ministère supprime 16.000 postes.
Pour le recteurs (leur "grat'" peut, elle, culminer à 22.500 Euros annuels), cette "prime de responsabilité" récompensera forcément leur habileté à manier la manchette. Car, pour la première fois, ces hauts fonctionnaires devront trouver eux-mêmes les postes à sabrer dans leur académie.
Ne Pourraient-ils pas obtenir que les profs fassent des gosses décrocheurs ou scolairement défavorisés des éléments "performants" et "compétitifs" "comme dans l'immense majorité des entreprises"?
J.-F. J.

Le cri du Caire

Le canard Enchainé, 2 février 2011 a écrit:

Aux larmes, citoyens!

Mieux que la gastronomie, il y'a la grenades lacrymogène française, Môssieu. Le fbricant Alsetex n'est pas peu fier d'expliquer son savoir-faire dans "le Monde" (27/1):
"Notre molécule lacrymogène est la plus pure au monde, elle permet d'amener les gars devant le juge en bon état, notre grenade est estampillée démocratie française." Vite un label!
Le 14 janvier, jour de la fuite de Ben Ali, Alsetex s'apprêtait à livrer deux commandes à la Turquie de ces grenades démocratiques à la Tunisie. Les services de nos avisés ministres de l'intérieur, de la Défense et des Affaires étrangères avaient donné leur feu vert à la livraison deux jours plus tôt, en pleine répression, de l'aveu même de François Fillon ("Le Monde", 2/2). C'est à dire si Alliot-Marie ne parlait pas en l'air lorsqu'elle a proposé, le 11 janvier, alors que ces autorisations de livraison étaient en cours, que la France fournisse son "Savoir-faire" à la Tunisie en matière de "Techniques de Maintien de l'ordre"...
La livraison des grenades lacrymogènes a finalement été bloquée à Roissy le 14 janvier par les douaniers pour un problème technique et "non pour des motifs politiques", assure la Direction générale des douanes. Le fait que la police tunisienne défouraillait sur les manifestants n'avait donc rien à voir avec cette annulation. La France aurait fourni le régime de Ben Ali sans états d'âme.
Là où y a de la lacrymo, il n'y a pas de gêne...

Le canard Enchainé, 2 février 2011 a écrit:
L'escapade de MAM-la-Gaffe dans un jet privé du clan Ben Ali

Deux ministres, dont celui des affaires étrangères, en goguette dans un jet privé du clan Ben Ali-Trabelsi alors que les manifestations commençaient à être violemment réprimées dans toutes la Tunisie, c'est plus qu'une fausse note: un symbole. Intérrogée Lundi 31 janvier par "le Canard", Michèle Alliot-Marie a reconnu avoir pris place, avec son compagnon, Patrick Ollier, ministre des Relations avec le Parlement, et ses parents à bord d'un avion de 9 places Challenger 600, immatriculé TS-IBT, appartenant à l'homme d'affaires Aziz Miled et à Bell-Hassen Trabelsi, le beauf de Ben Ali Soi-même.
MAM était alors en vacances, entre Noël est le premier de l'an. Après quelques jours passés a Hammamet, elle voulait se rendre à Tabarka, au sentido Beach, un hôtel qui appartient au même Aziz Miled. Tout comme le Phenicia, où en août dernier, elle avait déjà séjourné quelques temps dans la résidence réservée aux VIP, à l'abri des regards indiscrets et de la promiscuité populaire. "C'est un ami de longue date", a-t-elle répondu au "Canard". Et, si la route entre Tunis et Tabarka n'est pas très longue, elle est un peu sinueuse et éprouvante car l'autoroute s'arrête à Beja.

La file de l'air

L'ami obligeant a donc proposé son avion pour éviter une inutile fatigue aux vieux parents de MAM. Un coup d'aile et hop! merci M. Miled, qui n'avait sûrement aucune arrière-pensée, comme toujours quand un riche homme d'affaires traite royalement des responsables politiques.
Mais, attention, ajoute le porte parole de MAM, "Aziz Miled qui n'est pas, pas du tout un proche de Ben Ali. " Ce serait plutôt un opposant. Sans doute. Mais alors de la 25eme heure, très fraîchement converti. Et pas du genre féroce, à balancer des pierres. Car il était associé à l'un des personnages les plus détestés du pays: Belhassen Trabelsi, frère de l'épouse du président déchu, qui a quitté le pays et s'est réfugié au Canada avec son magot. Resté seul en piste, l'ami Miled a, du coup, été nommé patron de la compagnie d'aviation Nouvelair, dont il partageait la direction avec Trabelsi. Un bel acte de résistance.
Autre preuve de son aversion profonde pour la tyrannie, l'"ami de longue date" de MAM a signé, l'été dernier, un émouvant appel au président Ben Ali l'exhortant à se représenter pour un nouveau mandat en 2014. Avec plusieurs dizaines de "personnalités tunisiennes", il suppliait celui dont "les visions perspicaces" ont gagné "la confiance de notre peuple" de bien vouloir rester pour "parachever" son œuvre grandiose. Miled était aussi, à l'insu de son plein gré sans aucun doute, l'un des organisateurs et bailleurs de fonds des campagnes électorales de Ben Ali.

Trop rebelle pour toi

C'est quelques jours après avoir accepté les largesses de cette impétueux rebelle que MAM à sorti son immortelle tirades sur le "savoir-faire" français et l'aide technique qu'elle proposait d'apporter aux forces de l'ordre tunisiennes. Ce qui donne encore d'avantage de relief à cette épisode. Même si la ministre répète en boucle qu'elle à été mal comprise et qu'il s'agissait seulement de limiter le nombre de victimes.
L'autre bévue, de moindre calibre mais qui s'ajoute à la précédente, c'est ce petit mensonge par omission au parisien qui l'interrogeait justement sur une éventuelle invitation de Ben Ali. "J'ai payé mes vacances", affirme-t-elle, indignée que l'on puisse soupçonner le contraire. La facture de l'hôtel de Tabarka (propriété de Aziz Miled), MAM ne se souvient plus à quel nom elle a été établie, fait-elle dire au "canard". Alliot? Marie? Ollier? Mais, juré-craché, elle a été réglée. Qund on aime, on ne compte pas. MAM a donc bien payé ses vacances... Exception faite de l'épisode le plus coûteux.
A voyager sans cesse dans les avions de la république, depuis près de dix ans qu'elle est ministre sans interruption, elle a vraiment pris de mauvaises habitudes.

Brigitte Rossigneux

Journalistes et ministre en goguette chez leur ami

Avant MAM, son ex-collègue Hervé Novelli ne refusait pas, à l'occasion, une escapade tous frais payés en Tunisie. En octobre 2008, alors sous ministre du Tourisme, Novelli s'était rendu à Zarzis pour décorer le dénommé Hosni Djemmali, fait chevalier de la Légion d'honneur par ses soins.
L'émouvante cérémonie s'était déroulée dans l'un des établissements de ce riche homme d'affaire franco-tunisien, ami du régime et patron du groupe hôtelier Sangho, au milieu d'une belle brochette de personnalités françaises. Avion et week-end les pieds dans l'eau financés par Tunisair et Djemmali.
Parmi cette quarantaine de veinards, Jean-louis Debré, Président du Conseil constitutionnel, ou michel Boyon, patron du CSA. Et, surtout, une armée de journaliste : un contingent du "Figaro", conduit par Etienne Mougeotte, un second du "Parisien" et d'autres patrons, comme Christian Villeneuve, à l'époque au "Journal du dimanche", ou François d'Orcival ("Valeurs actuelles").
Lobbyiste de talent homme de réseaux au carnet d'adresses impressionnant, Djemmali a ainsi joué, en France, et pendant des années, les attachés de presse de Ben Ali. Son sport favori : inviter les journalistes à Zarzis ou organiser des dîners mondains avec eux, à Paris, autour de ministres tunisiens et de personnalités (Frédéric Mitterrand en était très friand).
Parmi les confrères préférés, Christian de Villeneuve a même investi à Zarzis, en 2008, en achetant la villa témoin d'un complexe (une quarantaine de 200 à 350m²) que Djemmali construit actuellement sur ses terrains.
Quand à Mougeotte, autre grand pote, il distribue gratuitement, chaque trimestre, avec le "Figaro", le supplément "Tunisie Plus", un magazine lancé par Djemmali pour faire la promo de son pays. La semaine dernière, en pleine révolution, la une de "Tunisie Plus" annonçait... Une interview de Jacques Seguela, un sujet sur les beaux-arts et un autre sur les agrumes du cap Bon.
A la pointe de l'info...

Christophe Nobili

Le canard Enchainé, 2 février 2011 a écrit:
COUAC!
Le "refuznik" de la Pentecôte

THIERRY JEANNE est du genre obstiné. Ce délégué syndical, qui travail à Chole comme cariste chez Logidis, le pôle logistique de Carrefour, n'a toujours pas digéré le coup de Jean-Pierre Raffarin, qui a décidé, en 2004, que le lundi de Pentecôte servirait à financer la journée de solidarité pour les personnes âgées et handicapées.
Le syndicat FO a bien tenté de faire constater que cette loi de 2004 était contraire à la convention internationale du travail, mais le conseil d'Etat et la cour de cassation ont estimé qu'un pays avait le droit d'imposer un devoir civique. Depuis le 11 décembre 2009, cependant tout citoyen peut invoquer devant les juge l'inconstitutionnalité d'une loi. Thierry et son avocat, Bertrand Salquain, ont donc sauté sur l'occasion et soutenu devant le conseil des prud'hommes d'Angers que la déclaration des droits de l'homme, reprise par la constitution de 1958, exigeait que l'impôt soit partagé par tous à hauteur des moyens de chacun. Et, surprise, le ministère public a décidé d'appuyer sa demande de transmission d'une question prioritaire de constitutionnalité à la cour de cassation.
L'affaire à été examiné le 21 janvier et le délibéré sera rendu en audience publique le 28 février. Il faudra ensuite que la cour de cass' puis le conseil constitutionnel se prononcent. En jeu, la bagatelle de 2,21 milliards d'Euros de recettes pour l'Etat.
De là à dire que tout ça est la faute d'un cariste de mauvaise humeur...
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NELLY vient de relire plusieurs fois le contrat d'assurance qu'elle a signé avec Quatrem, un filiale du groupe Malakoff Médéric. Cette habitante de Suresnes (92) a découvert qu'était exclu des garanties "le suicide conscient ou inconscient, volontaire ou involontaire de l'assurée survenu au cours de l'année qui suit la signature du bulletin d'adhésion".
Nelly a interrogé son assureur pour tenter de comprendre la différence entre un suicide volontaire et conscient et un suicide involontaire et inconscient, mais ce dernier s'est efforcé de la rassurer en parlant d'une figure de style.
Humour conscient ou involontaire?

Jean-Yves Viollier.

Le canard Enchainé, 2 février 2011 a écrit:

COUP DE BARRE

"Moi je dis : c'est bien fait!"

Tribunal de paris

La présidente est de mauvais poils, et les trois roumains qui lui font face n'arrange rien. Un déménageur, un peintre et un chômeur qui ivres, ont croisée Adama, un africain, près de la gare de l'Est.

"Bonsoir, mon frère, t'as une cigarette?
-Je suis pas ton frère, t'es noir et je suis blanc!" a répondu un des prévenus.

Adama a fini sur le trottoir, le nez et le rocher fracturés, des plaies et des hématomes partout. Il est SDF et n'est pas là.

"Selon vous, il a porté le premier coup, mais vous l'avez frappé alors qu'il était à terre, pourquoi ce comportement?
-C'est lui qui était agressif!
-Il était seul, vous étiez trois!"

Incompris, les prévenus s'exaspèrent :

"S'il avait pas demandé une cigarette, rien ne se serait passé! dit l'un.
-Et sans bonsoir ni rien, sans respect aucun! ajoute l'autre
-J'ai dit "je suis pas ton frère!" il a dit "t'es raciste!" mais c'est pas vrai, mon ex est africaine! Il avait bu ou il était drogué, en tout cas il était pas normal!"

La juge le fusille d'un œil furieux:

"Vous massacrez un inconnu pour une cigarette!
-C'est la façon dont il l'a demandée! J'ai pas à lui donner une cigarette et c'est pas mon frère!
-Ça va, on a compris!"

"Mon frère, reprend la proc', c'est une approche chaleureuse, culturelle et sûrement pas outrageante! Pas comme leur réponse: "casse toi ou on te casse la gueule!" et ils n'ont même pas l'air de s'en rendre compte!"

Un avocat commence: " Où est l'injure raciale? L'un est noir, l'autre est blanc! c'est une réalité!"

Dans la salle pleine de visages colorés, il fait un tabac, et poursuit :

"Nous ne savons rien de cette prétendue victime! A-t-il un casier? Est-il drogué? Il est SDF, et, sans stigmatiser cette population, on sait assez qu'elle est plus sujette que d'autre à la violence... Bon, il est blessé, mais on est loin du passage à tabac!"

Il montre son client :

"Au commissariat, il a été menotté au banc! Un peu maladroitement, il a appelé une policière "ma belle!", et elle l'a humilié en lui touchant le visage, et...
-Maître! cingle la présidente, restez en au fait, je vous prie!
-... Et cette prétendu victime, est elle vigoureuse? Des types comme ça, parfois, il en faut trois pour les maîtriser..."


La salle se vide pour le délibéré. L'un des roumains tourne en rond comme un fou :

"Mon portefeuille!
-Madame, on a volé le portefeuille de mon client!
-Oui, eh bien, sortez! Nous avons autre chose à faire!"

Les roumains prennent 6 mois avec sursis, et le dépouillé, incarnation de la justice outragée, se lamente :

"Mon portefeuille, c'est une honte!..."

Mais les gendarmes se marrent:

"Moi, je dis : c'est bien fait! Ces connards, à trois contre un! J'avais envie de les taper!
-On n'est pas la pour garder leurs affaires, hein!
-J'espère que c'est un Noir qui l'a volé...
-Pour une fois que ça tombe sur un Roumain!"

Euh...


Dominique Simonnot

Le Canard Enchainé, 9 février 2011 a écrit:

Tu parles d'or...


C'est la méthode Sarkozy dans toute sa splendeur : imaginer un truc qui ne sert à rien, à part piéger le PS, et prétendre que ce truc et formidable, d'intérêt public, un grand pas en avant, y a que moi qui ose, etc. Le truc, cette fois-ci, consiste à proposer d'inscrire dans la constitution l'interdiction des déficits publics - ou du moins leurs limitations drastique. Pour cela, il faudrait convoqué les deux assemblées, solennellement réunis en congrès, et obtenir les trois cinquièmes des voix des parlementaires.
Les socialistes ont déjà grimpé aux rideaux. "Grotesque!" s'est écriée Martine Aubry. Du coup, il ne voteront pas cette "réforme", laquelle ne passera donc pas (à moins que certains eux ne refassent le coup de Jack Lang à Versailles, voilà deux ans: voter pour, malgré les consignes du PS...). Si sa "réforme" est repoussée, Sarkozy pourra les traiter d'irresponsables, de dilapidateurs des deniers publics. D'ailleurs, il a déjà menacé : "Au PS de reconnaître publiquement qu'il ne veut pas mettre un peu d'ordre dans les finances publiques!"
Et, si la réforme passe, admirablement qualifiée de "règle d'or" en matière d'équilibre des fonds publics, elle ne le concernera pas, puisqu'elle ne s'appliquera qu'au prochain gouvernement...
Le piège est grossier. Surtout de la part de celui qui a mis un sacré désordre dans les finances publiques. Le déficit budgétaire a en effet atteint 149, 8 milliards d'euros l'an dernier, soit environ 7,7% du produit intérieur brut - le pourcentage définitif sera connu en mars. Comme le note le socialiste Michel Sapin, "ce gouvernement est celui qui a le plus creusé les déficits depuis 1945". Il pulvérise notamment les engagements du traité de Maastricht, par lesquels les pays européens s'obligent à rester sous la barre des 3%...
Mais voilà : la crise ayant bon dos, on multiplie les cadeaux fiscaux aux plus riches, on offres 73 milliards d'euros d'exonérations fiscales aux entreprises, bref on creuse le trou à larges pelletées, et ensuite on veut inscrire dans la constitution la rigueur, le serrage de ceinture généralisé, la baisse des dépenses publiques... Pourquoi ne pas y inscrire carrément la méthode Sarkozy?

J.-L. P.

Le Canard Enchainé, 9 février 2011 a écrit:

Fillon en goguette dans le jet de Moubarak


Le premiet ministre et sa famille ont visité abou-Simbel à noël grâce à l'avion gentiment prêté par le raïs. Après MAM et son escapade en Tunisie, c'est le chef du gouvernement qui prend de la hauteur.

Tout s'explique! Si François Fillon, d'ordinaire si vigilant, observait ses chaussures avec attention, le 2 février, alros que la pauvre Michèle Alliot-Marie tentait de se justifier devants les députés, c'est qu'il avait une bonne raison de se faire tout petit. Motif de cet embarras: son propre voyage au bord du Nil, en famille, pour les fêtes de fin d'années. Mieux que MAM: un vol entre Assouan et Abou-Simbel dans un jet aimablement prêté non par un simple ami du régime, mais par le sympathique Hosni Moubarak en personne. La hiérarchie est respectée, le premier ministre encore plus fort que la ministre d'Etat.


Vol planant

L'escapade de la famille Fillon en Egypte n'a fait l'objet d'aucune communication officiel. (Si, la veille de la parution du "canard", par François Fillon himself) Tout juste si une agence locale, francophone, a signalé en deux lignes que lors d'une tournée d'inspection en Haute-Égypte Moubarak était venu à Assouan saluer "le Premier ministre français, François Fillon, en visite privée dans la ville à l'occasion de noël.". Point final. L'entretien d'une heure et demi a eu lieu le 30 décembre. Deux jours plus tard, un bref communiqué de Matignon signalait que le premier ministre s'était rendu à la cathédrale d'Assouan pour "exprimer sa solidarité à l'égard de la communauté Copte", qui venait d'être victime d'un attentat à Alexandrie. C'est tout pour le volet officiel.


L'Etec éthique

Dès son arrivée en Égypte, l'auguste touriste et sa tribu ont pris leurs quartiers, à l'abri des regards, dans une maison privée dépendant de l'hôtel Movenpick, sur l'île éléphantine. L'endroit est idéal pour quelques excursions dans les environs. Notamment au temple d'Abou-simbel, à 280 km au sud d'Assouan. On peut s'y rendre soit par la route (éprouvant), soit en bateau (un peu long), soit en avion.
Plusieurs compagnies aériennes font la navette, à longueur de journée, pour un prix moyen de 250 euros aller et retour. Mais un avion privé, c'est plus chic. surtout l'un des jets du raïs. Matignon a confirmé au "Canard", que la petite famille avait embarqué " à l'invitation du président" pour une visite privée du site, envahi, pour l'occasion, par des forces de sécurité.
Un voyage aussi bref que ceux de MAM et les sien enTunisie.Le temps de monter, il est déjà l'heure de descendre.
Pour le trajet entre Paris et Assouan, en revanche, c'est Falcon 900 de l'Etec qui a trimballé les Fillon, a également confirmé Matignon. C'est la règle : "le premier ministre effectue tous ses voyages dans des avions de la flotte gouvernementale pour des raisons de sécurité et de disponibilité", précise son service de presse.
Mais, puisqu'il s'agit d'un voyage privé, les billets ont été facturés "au tarif fixé par l'armée de l'air.", proche de celui d'un avion de ligne. Pour un jet privé, c'est donné. Surtout que la facture, elle, est plutôt salée. L'heure de vol d'un Falcon 900 coûte 9400 euros à l'état. A quoi il faut ajouter le prix du stationnement sur le Tarmac d'Assouan, plus l'entretien et le séjour de tout l'équipage. L'avion est resté immobilisé pendant dix jours, et tout ce petit monde, remarqué par d'autres visiteurs pour sa bonne humeur, était logé non loin de la famille Fillon, à l'hôtel cinq étoiles Pyramisa. S'il fallait faire le compte de tout ces menus frais, la facture serait hors de portée, même pour la bourse d'un (premier) ministre. Mais la République est bonne fille. Et "irréprochable, surtout au moment de sortir le carnet de chèques.

Brigitte Rossigneux



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Le catalogue des souffrances infligées à l'ami de MAM


Un proche de clan Ben Ali, le prévenant Aziz Miled, qui a trimballé la famille MAM? Jamais de la vie, à répété en boucle la ministre des affaires étrangères. Ce serait plutôt une "victime" du régime. Le pedigree du très généreux ami milliadaire dessine du mot "victime" une nouvelle définition.
Miled est propriétaire de Tunisian Travel Service, LA grosse boîte de tourisme du pays.
Il est l'associé de BelHassen Trabelsi, beauf de Ben Ali, dans nouvelair, né de la fusion de deux compagnies aériennes. Une opération menée, en 2008, par la financière de Rothschild, dans laquelle Miled n'a pas été lésé. Les bénéfices de Nouvelair cette années s'élève à 40 millions d'euros. Avec ce même Belhassen, aujourd'hui en fuite, il possède le jet privé qui a pris MAM en stop sur le Tarmac à Tunis.
Avec Slim Chiboub, gendre de Ben Ali, Aziz Miled avait fondé Nouvelair. Aujourd'hui, il s'éclate dans l'immobilier, avec ce projet de grand complexe, la Marina de la Baie, à Gammarth. Sur ce terrain de 12 ha qu'il a obtenu grâce à la femme de Ben Ali, en échange d'un actionnariat pour son président de mari et son fiston de 10 ans, le prix de vente de certains appartements pourra atteindre 600.000 euros.
Avec Marouane Mabrouk, autre gendre, Miled est associé dans la première banque privée tunisienne, Biat. Avec Shakr El-MAteri, le plus riche riche des trois, il est actionnaire d'un autre établissement bancaire, Zitouna.
Et, si Aziz Miled a été une "victime" du régime privé, il fut plutôt du genre consentant. Voire complétement maso, puisqu'il se démenait pour consolider le pouvoir de ses tourmenteurs. Comme l'a relevé "le Canard" la semaine dernière, il a, en août 2010, avec quelques dizaines de personnalités, appelé Ben Ali à briguer un quatrième mandat. Il était aussi bailleur de fonds du RCD et membre du "comité électoral présidentiel". En 1995, déjà, il faisait du recouvrement au siège de la permanence électorale du candidat président, installée rue du 1er Juin, à Mutuelleville (Tunis), comme plusieurs témoins l'ont raconté au "Canard". En remerciement de tous ses services rendus, il a été décoré par le dictateurs de la plus haute distinction du pays, le "grand cordon du 7 novembre", date de l'avènement de l'immense Ben Ali en 1987.
Vite, une cellule de soutien psychologue pour cette malheureuse "victime".

B.R.

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La défense (de rire) de la ministre

C'est bien la peine d'avoir été ministre de la Défense pour se défendre aussi mal! Depuis que ses vacances font la une, MAM a multiplié les versions, les gaffes, les contradictions et les mensonges. Voici un pot-pourri de ses meilleurs remarques.
Dans le registre "tout et son contraire". Sur France Info, le 5 février : "Quand je suis en vacances, je ne suis pas ministre de affaires étrangères." deux jours plus tard, dans "le Parisien", après le tollé soulevé par cette déclaration : "Je suis évidement ministre 365 jours par an, 24 heures sur 24."
A la rubrique "nez qui s'allonge". "Je n'ai voyagé que vingt minutes à bord de ce jet privée". Contre-attaque-t-elle, dès mercredi, à la télé. Quatre jours plus tard, plus question de vingt minutes. Outre le retour Tabarka/Tunis, "nouvleobs.com" révèle que la ministre a aussi fait une petite virée d'une journée au sud, à Tozeur. Encore une fois grâce à ce bon Miled, qui a toujours un avion garé sur le tarmac au moment ou MAM passe par là.
Deuxième échantillon de qualité: "Ben Ali, je ne l'ai vu que deux fois en tête à tête. La dernière, c'était en 2006", confie-t-elle, crispée, le 1er février en petit comité au quai d'Orsay, alors que courent déjà les infos du "Canard". Un petit trou de mémoire à la Chirac? Le 30 novembre dernier, Alliot-Marie a rencontré Ben Ali à l'occasion du sommet de Tripoli entre l'Europe et l'Union Africaine.
Dans la rubrique "approximations sur la situation en Tunisie", la ministre des affaires étrangères affirme tranquillement sur france 2,le jour où sa balade est rendue publique: "il n'y avait aucune répression au moment de mon voyage." Pour la seule journée du 24 décembre, veille de son arrivée, le bilan s'élevait déjà à un mort et dix blessés. Et la police continuait de tirer.
"Le suicide de Bouazizi s'est passé à la fin de mon séjour". assène t'elle encore. Le jeune home c'est immolé le 17 décembre, soit une semaine avant l'arrivé de MAM sur place. Son malheureux époux ne fait pas mieux. Devant les sénateurs, patrick Ollier, dit POM explique : "l'immolation, c'était le jour de notre arrivée."
"Je ne remonterai pas dans un avion privée", finit par promettre la ministre, qui concède dans une interview au "parisien" (7/2), que "des gens ont été choqués".
Choqués par quoi? Trois jours auparavant, elle affirmait ne pas s'intéresser à "des choses qui n'existent pas" et dénonçait "des mensonges et des allégations". Rideau.


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Introuvables factures

Elle n'est pas très aimable avec son bienfaiteur, Michèle Alliot-Marie. A plusieurs reprises, elle a affirmé que la facture de son hôtel avait été payée. Autant traiter Aziz Miled de mufle et de goujat! quoi? voilà un homme que l'invite dan son avion, brûle le kérosène sans compter. Puis, dans un incompréhensible mouvement de mesquinerie, présente une note d'hôtel? Pas très classe, car il faut le rappeler, le palace dans lequel la famille Alliot-Marie a séjourné appartient à l'obligeant Aziz Miled.
Cette Histoire de facture d'hôtel semble beaucoup préoccuper MAM. Elle apporte Elle a toujours prétendu que la note avait été payée. Par qui? Au "Canard", Elle a d'abord expliqué qu'elle ne s'en souvenait plus. Mais, quelques jours plus tard, à Munich, devant des journalistes qui n'en demandaient pas tant, elle a précisé le partage familial. Les billets d'avion Paris-Tunis pour elle. L'hôtel pour ses parents. "Faut-il que je demande à mes parents, âgés de 92 ans, de produire des factures?" s'est-elle indignée. Du coup, personne n'en a vu la couleur. Mais un témoin a rapporté au "canard" avoir vu la ministre régler les extras pour 914 dinars, environ 450 euros.
Au cours des années précédentes, Aziz Miled s'était montré moins regardant. L'ami fidèle avait mis son yacht à la disposition de MAM. En août 2009, puis en décembre dernier, elle a aussi eu les honneurs de la suite présidentielle, d'ordinaire réservée à Leïla Trabelsi, l'épouse de Ben Ali. C'est trop d'honneur. Un peu trop.