Trafic de drogue : héroïne des champs

Et si la campagne était aussi droguée que les villes ? La consommation d’héroïne ne cesse d’augmenter en France : en quatre ans, les saisies de "brown sugar" ont doublé, et pas seulement dans les grandes villes. Les zones rurales sont également touchées…

Le reportage complet d’Anne Lamotte, ce matin, sur France Info. (4'26")


Montargis (Loiret), à une heure et demie de Paris. Une ville de 15.000 habitants avec autour Briare, Montbouy, Saint-Gondon, Château-Renard ou encore Giens : des petites villes, des bourgs, des villages. Bref, une campagne tranquille ou depuis deux ou trois ans l’on trouve de l’héroïne de plus en plus facilement. Les usagers le confirment, ils sont unanimes : l’héroïne circule partout.

Plus tranquille de consommer en campagne et surtout beaucoup moins cher qu’avant : le gramme d’héroïne coûte aujourd’hui dans les 40 euros, deux fois moins cher qu’au début des années 2000.

A Montargis, le Caarud (Centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques des usagers de drogue) reçoit des toxicomanes de tous âges et issus de tous milieux sociaux, nous assure-t-on. Quelque 40% d’entre eux sont des usagers d’héroïne et autres opiacées. Ils n’étaient que 25% il y a deux ans. Le Caarud est un endroit où ils peuvent rapporter leurs seringues usagées et les échanger contre du matériel propre. On y distribue à volonté des kits d’injection.
Micro diffusion de l’héroïne partout en France

Le Caarud reçoit entre 100 et 150 personnes par an. C’est peu et c’est pourtant le seul lieu où l’on peut trouver des seringues propres et gratuites dans tout l’est du département du Loiret. Mais comme le rappelle Sébastien, l’un des animateurs du centre : "à la campagne, tout le monde se connaît. Pousser la porte d’un tel centre, c’est prendre le risque de se faire repérer, d’être catalogué comme drogué". L’animateur estime que 25% seulement des héroïnomanes du secteur viennent lui rendre visite.

De son côté, la police confirme le phénomène. Elle assiste à une diffusion voire une micro diffusion de l’héroïne partout en France.
En 2008, plus d’une tonne de "brown sugar" a été saisie sur le territoire, soit deux fois plus qu’il y a quatre ans.
Les saisies d’héroïne ont doublé en quatre ans en France, précise le commissaire Jean-Michel Colombani, patron de l’OCTRIS (Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants) (3'01")


Ces micro trafics sont préoccupants même s’il faut rappeler que l’héroïne est loin derrière la cocaïne ou le cannabis en termes de consommation. En effet, l’année dernière, pour une tonne d’héroïne saisie en France, les forces de l’ordre ont fait main basse sur huit tonnes de cocaïne et 75 tonnes de cannabis.

deux fois moins cher qu’au début des années 2000.