Vénézuéla: Aló, presidente? Votre budget est en hausse de 638%

Dispenser la parole de la révolution bolivarienne n'a pas de prix. Le budget 2010 de la présidence vénézuélienne, présenté récemment à l'Assemblée nationale, est en hausse de 638%, nous apprend El Pais. Hugo Chavez aura donc à sa disposition 1,03 milliard d'euros (2,1% du budget total) pour couvrir ses frais de voyage et de représentation, assurer sa sécurité et financer les donations directes du palais présidentiel de Miraflores au petit peuple.

L'année 2009 de la présidence n'avait pas été un modèle d'orthodoxie budgétaire: en un semestre, les 140 millions d'euros du budget annuel avaient été dépensés. L'Assemblée avait même dû voter trois crédits additionnels. En 2010, le budget revisité d'El Comandante dépassera celui de nombreux ministères, comme ceux de l'Alimentation ou de l'Agriculture.

6,3 millions d'euros sont prévus pour les donations directes au «peuple souverain». Une pratique habituelle au Venezuela, où des citoyens viennent demander de l'aide directement au palais présidentiel, afin de contourner les lourdeurs bureaucratiques. Chavez finance également huit fondations, complémentaires selon lui des programmes sociaux.
1,75 million d'euros pour Aló, presidente

Le budget de sécurité s'élèvera à 5,6 millions d'euros, pour celui qui dit avoir été victime de 28 tentatives d'assassinat ou de coup d'Etat en une décennie au pouvoir. Son émission dominicale «Aló, presidente» disposera d'un budget de 1,75 million d'euros.

La présidence est un des rares postes du budget de l'Etat à voir sa dotation augmenter. En 2010, sur 35 ministères, 24 disposeront de financements à la baisse, comme ceux de l'Education ou du Travail, explique le journal d'opposition El Nacional. La crise économique a nettement touché le PIB vénézuélien, qui a reculé de 2,4% au deuxième trimestre de 2009, ce qui a mis un terme à 23 trimestres consécutifs de croissance pour l'économie du pays.

Néanmoins, la légère augmentation des cours du pétrole devrait permettre à Chavez de relancer ses programmes sociaux. Un élément clé de son programme, alors que sa popularité semble s'éroder. La semaine passée, une étude de la société de conseil Hinterlaces montrait que si l'élection présidentielle avait lieu actuellement, 49% des Vénézuéliens ne sauraient pas pour qui voter, 35% voteraient Chavez, et 16% pour les autres candidats. Finalement, l'inconsistance de l'opposition reste le meilleur allié du Comandante.