Licenciés pour l'exemple

Des salariés toulousains des filiales de distribution des deux groupes, tous militants CGT, ont reçu une lettre de licenciement pour s’être mobilisés au printemps. Ils sont des dizaines dans ce cas, syndicalistes qu’on veut bâillonner.
L’éditorial de l’Humanité du vendredi 30 octobre : La France moche .

Changeons l’énergie ensemble. Voilà un beau slogan d’EDF. Moyennant quoi, la répression syndicale dans le groupe n’est jamais allée aussi loin. Tout est bon pour criminaliser l’action des salariés fusse en les traitant de voyous, en manipulant les faits, en utilisant des méthodes qui ne sont même pas de police mais d’officines policières, en fichant, en filant, en espionnant, en dénonçant, en choisissant au hasard les salariés que l’on veut sanctionner, licencier.

Et cela, à Toulouse et en Midi-Pyrénées pour leur faire payer une lutte victorieuse au printemps contre une externalisation d’activités qui devait entraîner plus de 500 suppressions d’emplois et la fermeture de plus d’une vingtaine de sites de proximité. Mais c’est dans toute la France qu’EDF s’est engagée dans ce qui ressemble à un bras de fer avec les salariés, leurs syndicats et singulièrement la CGT.

L’enjeu en est clair. EDF est désormais soumise à la recherche de la rentabilité, engagée dans une lutte mondiale entre grands groupes de l’Energie, sa direction, appuyée par l’Etat, entend gérer en éradiquant tout ce qui lui reste de culture de service public.

De ce point de vue et sans que l’on puisse encore en envisager toutes les conséquences, la nomination à sa tête d’Henri Proglio, qui va, en même temps, rester PDG du puissant groupe Véolia et siège dans six autres conseils d’administration est confondante. Mais il n’y pas qu’EDF. Voici quelques mois encore, le chef de l’Etat affectait de n’avoir pas de mots assez durs pour stigmatiser les patrons « voyous ».

Avant l’été déjà, le ton avait changé et ce sont les salariés de Caterpillar, de Continental, de Molex qui étaient dénoncés comme des fauteurs de troubles. Déjà, Nicolas Sarkozy avait entrepris de mobiliser l’électorat de droite dans ce qu’il de plus réactionnaire en opposant à la France « qui travaille et qui souffre » la France qui proteste. Désormais il est entré dans la deuxième phase de son quinquennat avec le côté obscur de la force.

Identité nationale, instrumentalisation éhontée des thèmes de l’immigration et de l’insécurité. C’est de la démagogie électoraliste et c’est plus que cela. Il s’agit de façonner une autre France. La rupture avec le modèle social français, la volonté d’éradiquer l’esprit de mai 68 entendent redessiner les paysages sociaux, idéologiques et symboliques qui ont fait la nation. Mais ce n’est pas seulement par l’effet d’une nostalgie de cette vieille droite française qui hante toujours la droite d’aujourd’hui. L’enjeu c’est la soumission de la démocratie aux lois du capital.

Tout ce qui a été entrepris par Nicolas Sarkozy et son gouvernement va dans ce sens qu’il s’agisse de la réforme de la justice, de la réforme des collectivités territoriales, de celle des universités… La répression syndicale à EDF n’est pas une anecdote ou un accès d’autoritarisme de sa direction. Avec ses 150 000 salariés, avec sa culture, avec ce qui lui reste d’acquis sociaux, EDF reste un puissant pôle d’ancrage et de résistance face à ces projets et si la répression est aussi violente en Midi-Pyrénées, c’est parce que le succès obtenu en mai doit être payé par ceux qui l’ont obtenu. C’est à juste titre que la CGT parle d’un acharnement revanchard. C’est le visage de la nouvelle France que voudrait Nicolas Sarkozy. Il est moche.

PARIS, 4 nov 2009 (AFP) - Deux des licenciements prononcés contre des syndicalistes d’ErDF, filiale de distribution d’EDF, seraient transformés en mutation d’office dans d’autres filiales du groupe, a-t-on appris mercredi de sources syndicales, à la veille de l’assemblée générale des actionnaires du groupe.

"Deux syndicalistes CGT d’ErDF Toulouse, qui ont reçu des lettres de licenciement vont finalement être mutés d’office, l’un dans le nucléaire et l’autre chez RTE (Réseau de transport d’électricité)", a indiqué à l’AFP Yann Cochin, de Sud Energie. "Un autre doit toujours être mis à la retraite d’office et un dernier est toujours licencié, celui qui travaillait chez GrDF", ajouté la même source, selon qui les conseils de discipline ont aussi prononcé le licenciement d’un syndicaliste CGT à Grenoble et d’un militant Sud en Région parisienne. "Ce sont des décisions de la +tête de branche+" (la maison-mère), a confirmé la CGT-Energie à Caen, selon qui "163 personnes ont participé jeudi à une votation citoyenne contre la sanction d’un camarade, après une pétition qui a rassemblé les signatures de plus de la moitié des agents de Normandie". EDF a déclaré à l’AFP avoir "souhaité que la situation des personnes concernées fasse l’objet d’un examen attentif pour examiner au cas par cas les modalités d’accompagnement individuel". La Fédération CGT de l’énergie n’était pas disponible pour commenter. Elle avait annoncé un rassemblement jeudi devant l’assemblée générale des actionnaires d’EDF. Chez GrDF, 9.000 clients ont été affectés mercredi par des coupures de gaz naturel dans huit communes proches de Toulouse. En milieu d’après-midi, l’alimentation de quelque 3.200 d’entre eux avaient été rétablie, mais le retour total à la normale ne se fera que jeudi. La grève des gaziers et des électriciens, lancée la semaine dernière pour protester contre le licenciement de trois syndiqués CGT d’ErDF et un de GrDF se poursuit, a indiqué à l’AFP Marc Courdès, de la CGT. M. Courdès a fait état d’une "avancée très significative" dans les discussions syndicats-direction sur le cas des trois électriciens licenciés, qui a salué "la volonté d’apaisement" d’EDF.

TOULOUSE, 4 nov 2009 (AFP) - Quelque 9.000 clients de GrDF ont été affectés mercredi par des coupures de gaz naturel dans huit communes proches de Toulouse, a annoncé Gaz réseau Distribution France, dénonçant des actes de malveillance. "GrDF dénonce fermement ces actes de malveillance et a déposé plainte", a indiqué la direction de GrDF, condamnant "des interruptions non autorisées de l’alimentation en gaz naturel", alors que le secteur est touché depuis une semaine par une grève des gaziers et des électriciens pour protester contre des licenciements. "Ces actes délibérés ne respectent pas les principes fondamentaux de notre métier de distributeur de gaz naturel. Ils fragilisent la sécurité du réseau et celle des clients", ajoute GrDf. "D’ores et déjà, les équipes de GrDF ont rétabli l’alimentation des 17 clients prioritaires (établissement scolaires, maisons de retraite et supermarchés)", ajoute le communiqué. En milieu d’après-midi, l’alimentation de quelque 3.200 clients avaient été rétablie par les 80 techniciens mobilisés, dont certains venus de Pau et d’Agen pour renforcer les effectifs locaux. Le retour total à la normale ne se fera que jeudi, a précisé la direction régionale. La grève des gaziers et des électriciens, lancée la semaine dernière pour protester contre le licenciement de trois syndiqués CGT d’ErDF et un de GrDF, à la suite de mouvements revendicatifs au printemps 2009, se poursuit, a indiqué à l’AFP le responsable régional de la CGT Energie, Marc Courdès. M. Courdès a fait état d’une "avancée très significative" dans les discussions syndicats-direction sur le cas des trois électriciens licenciés. Il a salué "la volonté d’apaisement de la direction du groupe EDF pour une solution" qui pourrait permettre selon lui leur réintégration dans le groupe. "Les négociations sont bien engagées, mais pour l’instant il est un peu tôt pour conclure", a pour sa part indiqué Christian Poncet, délégué régional EDF pour Midi-Pyrénées. Une cinquantaine d’agents d’ErDF et de GrDF ont manifesté mercredi matin au centre toulousain de GrDF, où un syndiqué CGT a été licencié, pour demander sa réintégration, a par ailleurs indiqué Marc Courdès.