anti-émeutes

Tous les deux ans, chaque gendarme mobile, chargé du maintien de l’ordre se rend au centre d’entraînement de Saint-Astier, près de Périgueux. Un centre unique en Europe, créé après les évènements de mai 68, avec des zones urbaines reconstituées en pleine campagne. Les gendarmes y subissent un entraînement poussé, inspiré de situations réelles. Notre reporter, Anne Lamotte, a suivi cet entraînement.


Notre reporter Anne Lamotte en plein entraînement au centre de saint-Astier © SIRPA Gendarmerie

C’est un petit coin de Périgord, avec ses collines, ses forêts, mais pas son calme. Et pour cause, il est en permanence quadrillé par des gendarmes. Le centre d’entraînement des forces de gendarmerie de Saint-Astier ne désemplit jamais. Tous les deux ans, chaque gendarme mobile, ceux que l’ont peut voir dans les manifestations ou en cas de trouble à l’ordre public, doit y passer deux semaines, pour une énergique piqure de rappel sur les méthodes à appliquer et les situations auxquelles il pourrait faire face. Et la gendarmerie compte 16.000 “mobiles”.

Le centre de Saint-Astier a été créé au lendemain des évènements de mai 68, quand les gendarmes mobiles étaient encore en cravates et attachaient du grillage sur leurs casques. Depuis, ils ont changés et se situent entre un légionnaire romain ripoliné façon Star Wars et Robocop.


Simulation d'opération de maintien de l'ordre dans un centre urbain reconstitué © SIRPA Gendarmerie

Et pour qu’ils puissent s’entraîner à toutes les situations, en France ou à l’étranger, le centre leur propose différents environnements : de la nature forestière aux zones urbaines. Des places de villages-fantômes, des squelettes de HLM hantent les bois. Les gendarmes y jouent et rejouent des situations inspirées de la réalité. Leurs jeux de rôle recréent ainsi des émeutes type Villiers-le-Bel, des crises comme celle des Antilles, des manifestations comme celles du G8 à Strasbourg ou plus récemment du conflit des retraites. Ils revivent aussi des rassemblements contre des trains de déchets nucléaires. Chaque situation est étudiée pour en tirer des leçons. Les nouvelles méthodes utilisées par les manifestants, comme les gros bidons d’huile récemment utilisés en Allemagne pour arrêter des blindés, y sont testées, pour trouver des parades.


Les gendarmes s'entraînent ici de jour comme de nuit © LPC GAV Lizee

L’entraînement des gendarmes n’a rien d’un séjour campagnard : de jour comme de nuit, même si il gèle, les militaires respirent le “doux” parfum des gaz lacrymogènes et se font jeter de faux pavés par de faux émeutiers. Il faut courir en pleine nuit pour interpeler de faux délinquants, qui mettent les nerfs gendarmesques vraiment à vif. Mais l’une des épreuves qui demande sans doute aux gendarmes les plus précieux trésors de zénitude, c’est celle des journalistes. Des “parasites” qui viennent perturber le classique duo gendarmes-voleurs. On ne peut pas plaire à tout le monde.


Simulation d'interpellation de nuit © LPC GAV Lizee