[film]A.C.A.B.

ACAB, ou “All Cops are Bastards”, était un slogan initialement utilisé en Angleterre dans les années 1970 par les skinheads. Rapidement il s’est propagé dans les rues et les stades, propices aux guérillas urbaines. Cobra, Nero et Mazinga sont 3 « flics bâtards » qui, à force d’affronter le mépris quotidien, ont pris l’habitude d’être les cibles de cette violence, reflet d’une société chaotique dictée par la haine. Leur unique but est de rétablir l’ordre et de faire appliquer les lois, même s’il faut utiliser la force…

ACAB nous plonge au coeur d'une compagnie de CRS dans l'Italie du début des années 2000, et nous fait vivre au travers du quotidien de quatre d'entre eux, les anciens Cobra (Pierfrancesco Favino), Negro (Filippo Nigro) ,Mazzinga (Marco Giallini), et le "bleu" Adriano (Domenico Diele)leur rapport à la déliquescence de la société au travers de la violence quotidienne, qu'elle s'exprime par la mise en concurrence des travailleurs entre eux, ou bien autour des stades avec les groupuscules qui gravitent dans le giron des clubs. C'est d'ailleurs ce dernier point qui fait le lien avec le titre, puisque ACAB est l'acronyme qu'utilisent les skinheads et hooligans pour "bouffer du flic" dans des luttes urbaines féroces. Pauvreté rampante, montée des haines et extrémismes entre communautes, néo-fascisme presque omniprésent, perte de confiance envers les élites, c'est en fin de compte notre société moderne qui est ainsi passée au crible sans appel de Stefano Solima. Film sombre, dur, âpre, autour d'une mise en scène efficace, ACAB est un film choc, qui nous amène à sortir de la facilité qui guette chacun d'entre nous, lorsqu'il s'agit de juger celles et ceux qui plongent dans le repli sur soi, sans pour autant le justifier ou le condamner. Solima nous malmène, et nous laisse juge du regard à porter sur cette dérive. Un film à voir sans aucun doute!